Bonjour,
Il y a un petit moment que je vous lis et que je suis inscrit sur le forum. J’y ai appris beaucoup de choses et, même si je ne serai probablement pas un contributeur très prolixe, il est désormais temps de me présenter.
Je m’appelle Nico, j’ai 48 ans et je vis à Besançon, en Franche Comté.
J’ai fumé la pipe dans les années 90 alors que j’étais étudiant, objecteur de conscience, vacataire au théâtre puis emploi jeune. J’avais commencé tout seul dans mon coin, en achetant une bruyère au bureau de tabac en bas de chez moi pour une centaine de francs - il se trouve qu’elle était siglée « P. Piazzolla, confrère pipier ».
Ma décision de tester la pipe pas été influencé par un grand-père fumeur ou une tradition familiale, plutôt, je pense, par l’image un peu fantasmée du fumeur de pipe calme et tranquille, dans un fauteuil et si possible entouré d’une immense bibliothèque. J’ai toujours été plus intéressé par les photos d’écrivains à leur bureau ou de peintres dans leur atelier que par celles de sportifs ou d’acteurs. La pipe allait bien dans ce tableau.
Je fumais, à l’époque, des clops ainsi que des cigarettes additionnées d’herbe qui font rire et la pipe s’est ajoutée à ces autres pratiques. J’ai fumé la pipe ainsi pendant une dizaine d’années avec plus ou moins de constance. Je fumais les tabacs que je trouvais, une pochette à la fois : des Alsbo, du Kentucky bird, du Nappa Valley, de l’Amphora, du Clan et d’autres dont je ne me souviens plus. J’évitais les tabacs les plus coûteux et je me cantonnais au milieu de gamme. C’était une époque sans internet et avec des buralistes qui n’y connaissaient pas grand-chose rien, je pense que j’ai raté de bons tabacs.
Je pouvais fumer une pipe et allumer une clop dans la foulée pour avoir ma dose de nicotine. Je ne me suis pas attaché à un tabac particulier mais petit à petit j’ai appris à apprécier les formes et les finitions différentes des pipes, à les voir comme autre chose qu’un outil permettant de consommer du tabac.
J’étais suffisamment intéressé pour en acquérir 4 (ce qui représentait un joli budget pour mes finances d’alors) et un ou deux bouquins sur le sujet - c’est ainsi que j’ai appris que je pouvais retirer cette petite pièce métallique bien enquiquinante, le « système » - mais, finalement, ma vie a pris un tournant inattendu et j’ai remisé mes pipes sans trop y penser. Je pensais qu’un jour ou l’autre j’arrêterais aussi la clop…
Le temps a passé et je ne me suis pas débarrassé des cigarettes malgré plusieurs tentatives d’arrêt. J’ai envisagé d’essayer la vapoteuse en remarquant que celles que je voyais dans les rues ou lors des « pauses clop » au boulot, au lieu de devenir de plus en plus légères, discrètes et pratiques, avaient tendance à ressembler de plus en plus à des pipes en terme d’encombrement et de poids.
Et puis l’hiver dernier, je me suis retrouvé sur youtube à regarder des vidéos sur la pipe et le tabac, découvrant, grâce à Internet la folle diversité des tabacs existants. J’ai ressenti une espèce de nostalgie mais, toujours convaincu que j’allais arrêter le tabac bientôt, je n’ai pas pensé à me remettre à la pipe.
C’est arrivé au printemps suivant : un soir, ma fille de 8 ans qui avait lu un livre dans lequel il était question d'un vieux monsieur qui fumait la pipe me demande comment ça fonctionne et à quoi ça sert. Je lui explique comme je peux et voilà que je lui dis que j'en ai quelques-unes, que je peux lui montrer. Il m'a fallu moins de 10 secondes pour les retrouver au fond d'un placard, bien emballées dans leurs étuis en feutre, et lui expliquer leur histoire, ce qu'elles avaient de spécial, laquelle je préférais.
Il y avait aussi un fond de paquet d'Alsbo black, le dernier tabac que j'avais fumé. Je crois que c'est le lendemain que j'ai réhumidifié à l'arrache ce fond qui avait surement plus de 15 ans et que j'ai rallumé une pipe. Ce qui a bien fait rire ma gamine. Le soir même je suis allé sur Internet me renseigner, me rendre compte que le tabac ne se commande pas quand on est en France et qu'il ne serait surement pas aussi simple que ça de me procurer ces jolies boites colorées qui, je m’en suis rendu compte à ce moment-là, me faisaient rêver…
C’est aussi comme cela que j’ai trouvé votre forum.
Par chance, le bureau de tabac dans lequel j’achetais du tabac à l’époque en propose encore. Le buraliste n’y connait toujours pas grand-chose rien mais c’est le seul de la ville à avoir un peu de choix : une dizaine de références en pochettes souples et une demie douzaine en boites métalliques, des Peterson et des Davidoff. Cela ne fait pas beaucoup mais j’ai pu goûter et apprécier différents types de tabac, satisfaire une (toute petite) partie de ma curiosité et perdre le goût de la cigarette, comme ça, presque sans m’en rendre compte, sans avoir l’impression que je prenais une décision historique et difficile.
Je suis un fumeur, je fume entre 6 et 10 pipes par jours, souvent des foyers de tailles moyennes ou petites qui permettent des pauses d’une durée acceptables au boulot.
Chez moi aussi je fume dehors, des bols plus copieux, en écoutant pousser les fleurs et en surveillant que tout se passe bien dans le ciel nocturne.
Ma préférence va vers les mélanges anglais, « Old Dublin » et « Royalty » qui sont, avec le nouveau Chacom « n°1 » les seuls auquel j’ai accès facilement mais je nourris une saine curiosité pour tous les tabacs. J’ai gouté « la Brumeuse » dont une collègue m’a rapporté un paquet directement de la boutique de V. Manil, le « Sherlock Holmes » de Peterson, divers aros plus ou moins haut de gamme (du Larsen « Golden » un peu écœurant, du « Scottish blend » de Mac Baren, sympa mais finalement assez quelconque, du « Deluxe mixture » de Peterson plus intéressant et quelques autres).
J’apprends petit à petit, je ne me brûle presque plus la bouche avec le Sherlock Holmes, je crois que je reconnais le Burley, au moins quand il est très présent dans un mélange, je commence à appréhender la gamme aromatique des virginias et je sais préparer un flake mais je n’ai pas un palet très fin. 30 ans de Camel et de pétards me laissent bien peu d’espoir d’amélioration.
Je ne serai pas capable d’écrire la revue d’un tabac et j’avoue que l’exercice ne me tente pas vraiment. Ça ne me dérange pas outre mesure. J’apprécie vraiment les pipes que je fume. Je deviens même, parfois, capable de renoncer à un fumage si je pressens que je n’en tirerai pas le plaisir attendu.
Je vieillis, je crois.
A part cela, je suis un lecteur de roman, depuis toujours ou presque. J’apprécie beaucoup ce que l’on appelle désormais la « littérature de l’imaginaire » : science-fiction (mon premier amour), fantasy - heroic ou non - fantastique, ce genre de choses. J’ai également eu une longue période de lecture des auteurs russes du 19ème, j’aime beaucoup Joseph Conrad et je vénère Raymond Chandler pour ses romans autour du personnage du détective privé Philip Marlowe.
Je ne suis pas technophile, je ne possède pas de smartphone et je n’ai aucune idée de la manière dont la télé est reliée à la box. C’est mon épouse qui s’en occupe. je pense toutefois que j’essayerai de poster des photos de mes pipes comme c’est peu la coutume ici mais, entre la prise de photo, compliquée avec un vieil appareil, l’édition des photos avec un logiciel que je n’ai pas encore téléchargé (mon disque dur est mort il y a quelques mois et le nouveau est encore à peu près vide) et la publication, il risque de se passer du temps.
Par contre je cuisine, à peu près tous les jours pour ma famille et je me débrouille plutôt pas mal.
Le temps de rédiger cette présentation et de me décider à la publier, j’ai fait une virée en Allemagne, chez Stefan Meier Tabakwaren à Freiburg, adresse que j’ai découverte sur le forum (mille mercis !) et j’ai un bon stock de tabacs variés à goûter, des anglais et des virginias.
Et à Noël je recevrai une pipe de François Dal. Je suis un pétuneur heureux…C’est cool.
Si vous êtes arrivé au bout de ce texte, merci de votre attention.
Merci et encore bravo pour ce forum.
A+