BELLINI. Cette marque italienne est en fait une gamme détenue et fabriquée par Planta en Allemagne.
Cette gamme comportent notamment une fratrie de trois tabacs : le Torino (aromatisé au vin Barolo et aux extraits de fruits), le Venezia (aromatisé à l’orange), et celui qui nous intéresse ici, le Toscana.
Il est à savoir que ce n'est donc pas trouvable en France, mais en Allemagne, Suisse et Italie (sauf le Venezia qui n'est pas trouvable en Allemagne non plus selon Planta),et aux USA.
J’ai découvert Bellini en me rendant en juin dernier à Porrentruy, en Suisse, au magasin « la Tabatière » , formidablement tenu par Maria. Etant a l’époque attiré par les virginias à cause de Weston qui passait son temps à en vanter les mérites, me voilà ressorti de la boutique avec une boite de Robert Mac Connell Special London ( un pur VA) et le Bellini Toscana.
Quel rapport ? Et bien tel que présenté par Maria, le Toscana était le non aromatisé de la fratrie, de plus à base de virginia. En plus, à lire la pochette, il n’y a en effet que du tabac là où les deux autres (le Torino et le Venezia mettent en avant leurs aromatisations respectives). Je suis donc ressorti ravi de mes emplettes.
Depuis j’avais bien entendu déjà gouté le Special London (quitte à gouter du VA, autant prendre du « straight »).
J’ai donc ouvert la semaine dernière ma blague de Toscana. Dans ma Lacroix (grand mal m’en a pris), puis ce matin dans ma Chacom Marseille, pour confirmer mes sensations. Il est donc grand temps de procéder à vous parler comme il faut de ce tabac.
D’abord la pochette.
Celle si se présente sous un très beau vert émeraude, pouvant évoquer les cyprés de cette magnifique région italienne et ses vertes collines. En haut apparait le logo de Bellini, suivi en dessous du nom de la marque et du tabac, puis une image façon peinture représentant le fameux paysage typique de la toscane : une vieille bâtisse entourée de cyprés et de collines paisibles.
J’admets que je trouve cette pochette agréable, évoquant l’évasion, le calme, la sérénité, une sorte de contemplation, bref, propice à l’art de pétuner en paix (la fameuse pax romana ?)
Nous passerons évidemment à l'as le sempiternel et inévitable message sanitaire...
Ensuite, le tabac :
Selon la blague (je parle du paquet de tabac et non d’une résurgence carambaresque), le BELLINI Toscana se compose de Virginie blond accompagné de Black Cavendish et de Burley. Il est ensuite mentionné qu’il se présente en coupe longue déjà émietté.
Super, moi qui voulait du tabac naturel, me voilà servi, ouvrons… **Sniiiiiifffffffff** Euh… C’est naturel ça ?
Comme je le disais, bien mal m’en a pris, j’ai sorti ma Lacroix, et j’ai été crédule. Après mon premier fumage, j’ai directement contacté Planta qui m’a confirmé que le Toscana était bien un tabac aromatisé également. Horreur ! Malheur ! (ou pas finalement ? La suite vous le dira, moi je connais déjà la fin).
Reprenons donc dans l’ordre.
J’ouvre la blague, et je hume. Ca sent bon. Très bon. Trèèèèès bon. Pour un aro. Car disons le clairement, ça ne sent pas le tabac. Ca sent l’aro. Un bon aro, un aro appétissant même, mais un aro quand même.
Le nez est donc doux, rond, mais puissant dans le sens ou il embaume vite l’air qui vous entoure.
Des fruits mûrs, juteux, d’été (pêche jaune bien mûre, nectarine, voir même quelques fruits exotiques bien mûrs aussi, genre ananas ou orange, mais c’est très secondaire, en tout cas il n’y a pas le côté piquant que peuvent avoir ces derniers). Une très discrète note poivrée (sûrement des relents dus aux tabacs), une douceur, comme de noix de coco, qui arrondi vraiment bien tout ca, quelques douces épices.
C’est très gourmand et appétissant. Il y a même un côté crêmeux, sans être tout à fait pâtissier. A la rigueur, si on doit partir sur ce terrain, ce serait une tarte tatin tabagique à base de fruits jaunes. Ou une charlotte. J’en ai le ventre qui s’entortille d’envie rien que de le sentir (véridique).
Sortons le tabacs.
Au niveau des couleurs c’est magnifique. De superbes brins blonds de Virginia, contrastés par les brins bruns et noirs des BC et Burley, un plaisir pour les yeux. La coupe est plaisante, les brins sont gros sans tomber dans la démesure. On est sur du tabac à pipe. Le mélange est parfaitement homogène. Les brins sont parfois agglomérés, mais se séparent aisément. L’hygrométrie est pour moi parfaite et ne nécessite aucune aération préalable.
Quelques morceaux plus durs de temps en temps, mais restant rares. Ca ne colle pas au doigt comme certains aros trop saucés et tâchants, vraiment, pour le moment ce tabac est bien agréable. Et cette odeur qui continue de m’appeler.
Le bourrage se fait aisément, et je n’ai pas de difficulté à trouver le bon tassage.
Je craque l’allumette (j’adore l’allumette, il y a vraiment un plus dans le rituel je trouve). Je caresse le tabac avec la flamme, l’allumage se fait bien. Un coup de tasse braise histoire de, une deuxième flamme légère pour bien lancer la machine et c’est parti.
La fumée est d’un gris clair légèrement bleuté, mais sans être trop épaisse.
Oh, en bouche c’est une sucrerie. Pour sûr que Papaalino et sa « gueule à sucres » ne seront pas déçus ! (Christophe renvoie moi ton adresse, il faut que tu goutes ça).
Bizarrement, tout est différent entre le nez à froid, le ressenti en bouche, et la room note que je ressens. D’ailleurs c’est la première fois, quand je suis le fumeur, que je remarque autant les arômes que je dégage.
La bouche d’abord. Ce que je ressens ici, bizarrement (peut-être à cause de mon manque d’habitude et mon palais pas encore assez dévellopé ?), c’est à la longue, après le premier tier sur la pêche, et bien du cassis. J’ai cherché, ça m’évoquait un fruit rouge/noir plutôt fort, pas la griotte, ni la framboise, ni la mure, mais bien le cassis (ou à la rigueur de la myrtille). J’ai l’impression que ma langue va finir toute bleue ou violette. Mais le gout reste naturel, ça ne m’a pas donné de sensation aussi chimique qu’un tabac à la cerise il y a des années que j’avais fini par jeté. Là c’est plaisant, très plaisant, même trop, on en veut toujours plus. C’est bien simple, si je fume ce tabac, j’ai envie d’une deuxième pipe dans la journée (si ce n’est pas tout de suite après, j’essaie de me contenir). Pouah c’est addictif.
Pour ce qui est de la room note par contre, justement là je sens plutôt de la griotte et d’autres fruits rouges bien mûrs, et des fruits jaunes au sirop. Mais là encore pas de fruits en boite, non. Si c’est une salade de fruit, c’est une faite maison. A aucun moment je n’ai ressenti ne serait-ce qu’un début de picotement à la langue. Ca a été rond et agréable jusqu’au bout. Les arômes évoluent, mais c’est bon. Peut-être une légère âcreté en toute fin de bol avec la Marseille, mais rien de dramatique à ce niveau là.
Vous aurez compris, ce tabac m’a réconforté avec les aros. Je dirais même qu’il serait mon préféré dans les aros « intenses ».
Le point négatif que je pourrais lui trouver (et que certains lui trouveront), c’est que finalement les tabacs passent à l’as. On est vraiment sur une pure sucrerie aromatisée. Il pourrait presque évoquer en matière de gout le tabac des pipes à eaux appréciées des jeunes. De l’arôme, du gustatif, mais pas vraiment de tabac au final. C’est loin d’être déplaisant quand on aime les aros, là ce tabac mérite le détour, mais si on aime goûter les tabacs qui le composent, on risque, je pense, d’être déçu. Sinon, si vous aimez les aros qui ont du gout sans être agressif du tout, alors jetez vous dessus si vous le croisez (si les Torino et Venezia sont de la même qualité, alors je pense qu’il faudra les gouter également).
Pour finir, Marion Rülcke de Planta a fini donc par me répondre. En plus de la composition tabagique, elle m’a confirmé que les arômes proviennent de pêche (je ne m’étais donc pas trompé) et de Grappa (la fameuse eau de vie de marc de raisin italienne, que je n’ai hélas jamais eu l’occasion de tester, d’ailleurs si certains des villageois veulent en parler dans la distillerie au passage).
Je vous laisse il va falloir que je passe mon envie de pétuner une seconde fois de la journée d’une manière ou d’une autre