J'ai exhumé cette "vieille vidéo" que j'ai tournée en 2012. Vous noterez que je suis assez maladroit avec ma Poker: je l'allume 3 fois pour ne tirer que 3 bouffées. Je débutais dans la pipe à l'époque, et de plus, je ne sais pas faire deux choses à la fois: tirer sur ma pipe et raconter des galéjades! L'anecdote que je raconte m'a été rapportée par mon père, qui lui même la tenait de mon grand-père. C'est l'histoire d'un chien appartenant à un dénommé Pépeschi, qui un jour avala une éponge et dont le ventre se mit à gonfler à mesure qu'il buvait. L'histoire a donné naissance à une expression(encore usitée aujourd'hui dans certains quartiers de Marseille): "être malheureux comme le pauvre chien de Pépesque". Voici l'anecdote mise en vers, ainsi que la vidéo:
https://vimeo.com/37690024LE PAUVRE CHIEN DE PEPESQUEIl y avait, au Cours Julien,
A Marseille, un vieil italien
Au nom cocasse et pittoresque.
Ce fieffé mangeur de gnocchi.
S’appelait
Pepe Pepeschi. On le rebaptisa Pépesque.
Tous les matins, en bon chrétien,
Pépesque promenait son chien :
Un basset grêle
comme une esche,
Au ventre maigre et l’os saillant.
On disait tous, en le voyant :
« Oh, le pauvre chien de Pépesque ! »
Ce matin-là, sur la placette,
Pépesque abreuvait sa luette
De bon pastis et de moresque.
Le chien lapait à la fontaine,
Si goulûment qu’il faisait peine.
Ah, le pauvre chien de Pépesque !
Il advint qu’au bout de sa longe
Le chien découvrit une éponge.
Curieux, il se demanda : est-ce que
Cette moelle, sans nul danger,
Serait comme un os à ronger ?
Ah ! Le pauvre chien de Pépesque !
Incontinent il avala
L’éponge qui se trouvait là.
Il en devint éléphantesque.
Car à mesure qu’il buvait,
L’éponge enflait et s’imbibait.
Ah ! Le pauvre chien de Pépesque !
Quand il eut terminé de boire,
On le regardait sans y croire :
« Vé, ce molosse gigantesque !
Quel est cet énorme mâtin,
Au ventre comme un tonneau plein ?
Serait-ce le chien de Pépesque ? »
O peuchère, quelle avanie !
Le pauvre était à l’agonie.
L’enfer qu’il connut fut dantesque.
Il trépassa d’hydrophagie.
Sur sa tombe on grava : « Ci-gît
Le malheureux chien de Pépesque »
L’expression devint proverbiale,
Quoiqu’assez vulgaire et triviale.
Il paraît que notre Archevesque,
Au cours d’un sermon, l’usita.
Le pape même la cita.
Ah, le pauvre chien de Pépesque !
Depuis, lorsque sur la cité
Survient une calamité :
Tremblement de terre à Lambesque
Ou feu de calanque à Sormiou,
On s’écrie tous « Pauvres de nous ! »
Comme pour le chien de Pépesque.
A la pétanque, après un
narri,S’il faut baiser le
tafanariDe Fanny peint sur une fresque,
On râle plutôt deux fois qu’une.
On compare son infortune
A celle du chien de Pépesque.
Lorsque la fumée de ma pipe
La garce ! me brûle la lippe,
Je pousse des jurons grotesques :
Je peste, je maudis son bois,
Je râle, je jappe et j’aboie
Ainsi que le chien de Pépesque.
Et si, devant mon verre vide,
J’ai la gorge sèche et aride
Comme les gorges de la Nesque,
M’imaginant un verre plein
Je me lamente et je me plains
Comme pour le chien de Pépesque.
Quand je pense au pauvre Tantale,
Qui ne pouvait rincer sa dalle
Même quand il y était « presque »…
(Est-il supplice plus affreux ?)
Je dis qu’il fut plus malheureux
Que le pauvre chien de Pépesque.
Jaufré Cantolys