J'ai aussi composé des poésies mais en prose, et surtout en 2013. Je me souviens avoir connu, à l'époque, plusieurs crises de dépression pénibles, et peut-être le sentiment de douleur et de misère qui m'accompagnait alors reste encore vif et perceptible en eux. J'en donne un aujourd'hui, de facture hermétique, quoique j'y sente avec le recul, l'influence du poète Hölderlin et de René Char que je lisais assidûment.


En exil

Jetée à la croisée des falaises de fer, où les couleurs s’éloignent, la tête de bélier erre sur la ligne de crête et se heurte aux portes des citadelles de justice. La tragédie aux arêtes de glaive se regarde elle-même, mollement, comme un théâtre aux bancs vides. Le tortionnaire se plaît à décliner ses instruments. Quand l'ombre dévore la lumière au creux du manteau, la voix du baptême s‘impose, ce percuteur de matière, avant le dénouement. Le souffle regagné s’étage, dissipe les sortilèges, oppose dans le ciel aéré, ses colombes à l’orage.

Juin 2013

Je te remercie pour ce touchant partage qui marque une fracture ancienne, toutefois visible en cette courte prose. 
On sent effectivement une note de Char que j'aime beaucoup, mais ton écrit à bien ça touche personnelle. 

Tu devrais reprendre la plume...

très belle prose JOM. Merci du partage

"À chaque effondrement des preuves, le poète répond par une salve d'avenir" (René Char)
Bravo JOM pour ce texte très dense et évocateur

Jaufré Cantolys a écrit:

"À chaque effondrement des preuves, le poète répond par une salve d'avenir" (René Char)

Je me retiens d'ajouter (respect pour le Maître) : "et par une bouffée de sa pipe" 

Merci à vous les amis !  

Ce qui est sûr, c’est que je n’écrirais plus de la même façon aujourd'hui : je préfère la clarté à « l’absconsité » poétique. En tous cas, j’ai corrigé le poème sur un point de détail.

À bientôt !

Et bien Julien, c'est fort bien écrit, jaimj' beaucoup 

Merci pour ces belles proses !