Bonjour à tous,

J’ai commencé à aimer la pipe bien avant même de la fumer : n’ayant jamais été fumeur, et étant même facilement rebuté par l’odeur de la cigarette et du cigare (sans parler d’en consommer…), j’ai depuis longtemps été fasciné par l’objet-pipe, son esthétique, la beauté du bois mis en valeur par la main de l’artisan, etc. Je me rappelle, il y a de ça quelques années, sortir de la Sorbonne et m’arrêter regarder la vitrine du Caïd (paix à son âme) alors même que l’idée même de fumer ne me traversait pas du tout l’esprit.

Mais ce qui devait arriver arriva : j’ai commencé par avoir une première expérience de fumeur de pipe au cours de mes études, mais qui n’avait pas été entièrement concluante ; d’une part car mes économies ne me laissaient que très peu de marge (sinon aucune) pour explorer et découvrir de nouveaux tabacs, et d’autre part car j’essayais d’avancer dans ce monde sans aucune méthode et aucun guide, ce qui fait que je m’y suis perdu et m’en suis finalement lassé assez vite. D’une part ma maîtrise des techniques de base était très faible : je ne savais pas bourrer correctement, je ne laissais rien sécher, je rallumais sans arrêt ma pipe, je tirais comme un dératé, je faisais presque systématiquement glouglouter, et finissais la plupart du temps avec la langue en feu et le foyer encore à moitié rempli de tabac et plein de tunnels creusés par la pointe de mon bourre-pipe. D’autre part, je fumais n’importe quoi : de mémoire, de l’English Mixture sans avoir jamais goûté de latakia (ça fait drôle), du MB Navy Flake sans savoir ni le bourrer ni le fumer, du gris (ça fait également drôle quand on est pas fumeur à la base) et enfin du Kentucky Bird mais qui m’arrachait trop les muqueuses. Bref, toutes les conditions étaient réunies pour que l’expérience ne soit pas parfaitement concluante.

J’ai toutefois eu l’envie de la retenter il y a quelques mois. J’ai découvert, entre temps, le goût de la dégustation du whisky, et je me suis dit que je pouvais essayer d’avoir la même approche du tabac : découvrir des arômes, des tabacs, le tout dans un savant mélange d’hédonisme et de curiosité. Cela implique donc que je ne fume aucunement par besoin de nicotine et que j’ai en même temps envie de fumer beaucoup de choses (je me limite donc à des tabacs peu forts et j’utilise systématiquement un filtre 9mm). Mais pour ne pas ruiner à nouveau ma tentative, j’ai décidé de procéder dans les règles de l’art : j’ai acheté une somptueuse Chacom Churchill courbe à la Pipe du Nord et ai lu beaucoup de sujets sur ce forum, où j’y ai trouvé les meilleurs conseils possibles pour débuter. J’ai ainsi correctement culotté ma pipe et assimilé petit à petit ces fameuses techniques de fumeur de pipe : je bourre désormais comme un grand et correctement du premier coup (ça va vous faire rire, mais quand on débute c’est un grand pas) et j’arrive à garder ma pipe allumée avec assez peu de rallumages. Chaque pipe est ainsi un très agréable moment de dégustation et je retrouve en effet des sensations ou plutôt une ambiance similaire à une bonne dégustation de whisky.

Ma démarche étant donc essentiellement exploratoire, voici un petit peu les tabacs que j’ai pu me procurer et que je fume avec une certaine rotation à raison de 4-5 pipes par semaine (c’est pour moi déjà beaucoup, mais vu que j’ai tous ces tabacs ouverts, il me faut bien les fumer…) :

- j’ai commencé par de l’Alsbo Gold que j’ai trouvé sans intérêt, assez plat, mais qui se fume assez bien et qui m’a permis de me familiariser avec le fumage. Mais j’en ai encore une demi-blague dont je ne sais guère que faire…

- j’ai poursuivi avec de l’Amphora Full Aroma, aisément disponible, et que j’aime bien même si je le trouve parfois un peu fort en tabac

Puis voici une liste des tabacs un peu plus « recherchés » que je me suis procurés, et qui représentent ma véritable rotation du moment :

- du Peterson Connoisseur’s Choice, qui est pour le moment mon top 1 : j’étais assez déçu au cours des premiers fumages, car je n’y retrouvais pas en bouche ce que j’avais au nez dans la boîte (et quel nez !). Pourtant, à force de fumage, j’y distingue quand même des arômes très agréables.

- du Davidoff Danish Mixture, que m’avait recommandé la personne à la Pipe du Nord : là encore grosse surprise car je m’attendais à un aro du type du précédent, et aux yeux du parfait débutant que je suis, je ne sens aucune aromatisation particulière. Cependant, il me procure des fumages assez agréables aussi, avec un arôme assez présent de chocolat tant à mon palais qu’à mon nez.

- du Dunhill EMP : je l’ai acheté précisément en sachant qu’il n’allait peut-être pas me plaire, mais vu que je suis convaincu que les goûts se saisissent mieux dans la confrontation et la distinction les uns des autres, je me suis dit que j’allais le goûter pour mieux reconnaître, par contraste, les saveurs de mes autres tabacs. Ayant donc acheté une maïs pour ne pas faire de cross-over latakié dans ma chacom, je n’ai goûté pour l’instant qu’un demi bol de ce tabac (acheté la semaine dernière…) et mon impression est pour l’instant contrastée : d’un côté je ne déteste pas ce goût de latakia car je suis un grand amateur de whisky tourbé (notamment du laphroaig pour ceux qui connaissent) et le nez de la boîte m’a vraiment beaucoup plu ; cependant au fumage d’une part je n’ai pas retrouvé ces arômes et j’avais l’impression de crapoter une cigarette (j’ai vu sur tobacco review que la quantité de latakia est assez faible et qu’il est donc assez normal de ne pas beaucoup le sentir), et surtout ce demi-bol m’a tabassé et presque dégoûté en raison à mon avis de la nicotine. Je n’ai pas fait d’ « overdose nicotinique » mais je me sentais un peu barbouillé après cette pipe. Donc pour l’instant, j’hésite à retenter l’expérience même si le latakia n’attire bien.

- et enfin du SG Grousemoor, que j’ai trouvé un peu hasard et que j’ai pris pour le test. J’en ai fumé 4 pipes et je suis toujours aussi partagé : d’un côté il n’est pas désagréable en soi et correspond un peu à mes yeux à un tabac d’été, léger et frais, à fumer au soleil avec une bonne bière ; mais en même temps, il a ce goût de savon auquel je n’arrive toujours pas à me faire. En fait je le trouve sympa 10 minutes et très très vite écœurant. Mais là en l’occurrence, je retrouve vraiment en bouche ce qu’il sent au nez ! Donc je pense que ce n’est pas un tabac que je reprendrai à l’avenir.

Voilà un peu là où j’en suis actuellement, j’explore, je débroussaille, etc ! J’en profite aussi pour dire que je serais ravi de pouvoir envoyer des échantillons ou faire des échanges avec des intéressés : ma démarche étant celle que j’ai décrite plus haut, j’ai vraiment envie de découvrir des choses (donc pour l’instant peut-être dans l’esprit de ce Connoisseur’s Choice, j’ai repéré les Winslow mais je n’arrive pas à mettre la main dessus… si vous avez d’autres conseils, je suis vraiment preneur !) ; et surtout je crains que je ne pourrai pas fumer seul tout ce que j’ai acheté (je ne sais pas combien de temps se garde une boite ouverte, mais ce qui est sûr c’est que mon stock ne descend pas vite…) donc n’hésitez pas si ça vous dit ! (et c’est vraiment l’un des grands intérêts de ce type d’endroit !).

À très vite !

Ps : sinon dans la vie j'ai 26 ans, j'habite à Paris et je suis prof

La bienvenue en ce lieu. 

Une bien belle présentation que voilà, riche de détails et très, très, bien écrite (et orthographiée, ce que j’apprécie tout particulièrement !)

Bonnes découvertes et n’hésite pas à poser des questions.

Bienvenue et bravo pour cette présentation !

Tu décris parfaitement les errances du débutant. Heureusement, de nos jours on trouve beaucoup d'infos sur Internet et je vois que tu as su en tirer profit.

Bravo aussi pour ta démarche d'exploration des tabacs. L'acquisition d'une maïs pour goûter de l'anglais est un bon réflexe. On voit que tu fais le truc sérieusement.

Pour ma part, le premier bol de mélange anglais, dans mon cas du Old Dublin, a été une révélation et j'ai su que c'est ce type de tabac que je fumerais à l'avenir. J'ai continué à goûter des tas de tabacs mais les aros ne me tentent quasiment plus. Tu verras et tu feras ton chemin de découverte. Heureusement les goûts et les préférences évoluent avec le temps, l'expérience et on n'est pas figés dans une pratique, avec la bouffarde, comme on peut l'être avec les clopes. 

Le Davidoff Danish est bien un aro, simplement il a cette qualité de laisser apparaître le gout du tabac et de ne pas être abominablement sucré.

Il y a plein d'infos sur les tabacs sur le site et puisque tu connais tobaccoreview tu vas pouvoir découvrir pas mal de choses - habitant à Paris tu as accès à de bonnes civettes proposant du choix, c'est loin d'être le cas de tous le monde ! 

Profite ! 

Bonnes volutes !

Bienvenue parmi nous!

salut romain b  bienvenue dans le monde de la boufarde

Merci à tous pour l'accueil !

nico onoko a écrit:

Pour ma part, le premier bol de mélange anglais, dans mon cas du Old Dublin, a été une révélation et j'ai su que c'est ce type de tabac que je fumerais à l'avenir.

Ta réponse m'a faite envie, donc je me suis fait un bol d'EMP en fin de matinée : pour cette seconde impression, j'avoue que le fumage n'a pas été désagréable et j'y ai un peu mieux perçu, par moments, les nuances fumées du latakia. Mais c'est resté un plaisir un encore un peu "intellectuel", celui d'arriver peu à peu à distinguer des arômes, et pas encore un vrai plaisir gustatif : non pas que je le trouve mauvais, au contraire, mais je le trouve un peu plat (mon inexpérience est probablement en cause), j'aimerais peut-être avoir plus souvent et de manière plus prononcée ce goût de fumé/épicé. Le problème, avec un tabac plus latakié, c'est que j'ai peur de rentrer dans la cour des grands, avec des tabacs plus charpentés et plus forts ; déjà, là, le bol complet d'EMP dans ma missouri m'a mis un peu "paf", mais il faut dire que le foyer de celle-ci est plus gros que ma chacom habituelle (j'ai ce modèle). J'pense aussi que je suis un fragile 

Hello,

Belle et sympathique présentation.

Welcome au Village et bonne balade dans les ruelles du forum.

En fait je ne suis pas sûr qu'un tabac riche en latakia soit par définition plus chargé en nicotine. 

En tant qu'ex fumeur de clopes, le taux de nicotine ne m'a jamais trop fait réfléchir et je n'ai pas trop d'info là dessus (il me semble que le burley et le périque sont, parmi les mélanges que l'on trouve communément, les plus chargés en nicotine mais je suis peut être complètement à côté de la plaque).

Je pense qu'il ne faut pas confondre "fort en goût", "fort en latakia" et "fort en nicotine".C'est toute la complexité du truc. 

En ce moment je fume un mélange qui s'appelle "Star of the east" qui contient 50% de latakia et une bonne proportion d'orientaux. Je trouve qu'il a du goût, il est peut être un peu corsé mais je le qualifierais de doux. Pour moi c'est du petit lait. Il évolue tranquillement au fumage, il ne chauffe pas, n'est pas agressif pour la bouche. Du velours.

Par contre, l'autre jour j'ai fumé un bol de Chacom aromatique (N°2 ou N°3, je ne sais plus) : je l'ai trouvé fort et agressif avec un arôme surpuissant de vanille, autant de sucre que dans un caramel et un tendance à chauffer et à mordre la langue qui ont fait que je ne suis pas aller jusqu'à la fin du bol.

Dun côté un tabac qu'on pourrais penser être réservé "aux vieux de la vieille" qui est, en fait, doux et tranquille et de l'autre une sucrerie qui m'a transformé la langue en steak haché sauce caramel vanille (beurk).

Voilà mon expérience.

a+

Bienvenue à toi Romain. 

Voilà une très belle et agréable présentation, complète, dans laquelle je me retrouve (sauf sur les 4 5 pipes par semaines, la tu me dépasses allègrement  ).

Tu as déjà de beaux tabacs, et tu vas te fair eplaosir a les alterner et les comparer, en attendant d'en découvrir d'autres. Et oui, le Caïd, snif (enfin je dis ça mais en tant que provincial je n'y ai jamais mis les pieds, mais c'est toujours triste de voir disparaître des institutions). 

Juste par curiosité, tu es prof de quoi ?

Et les whiskies, rassure toi, nous sommes nombreux à les apprécier ici aussi (et comme toi j'ai la même démarche avec les whiskies, mais je bois plus de drams que je ne fume de bols)

Bienvenue, superbe qu'elle entrée ... Bonjour Paris 

nico onoko a écrit:

Je pense qu'il ne faut pas confondre "fort en goût", "fort en latakia" et "fort en nicotine".C'est toute la complexité du truc. 

Oui bien sûr, mais parmi les tabacs latakia "facilement" disponibles, j'ai l'impression qu'ils sont tous relativement costauds aussi : je pense par exemple aux autres dunhill. Mais après, ce n'est que par les quelques infos que j'ai pu glaner, il faudrait que j'essaye directement.

Pierrot Gourmand a écrit:

Juste par curiosité, tu es prof de quoi ?

Mon avatar est un indice : de philo   C'est aussi pour ça que je fume pas mal en ce moment (là, je suis carrément à 1 pipe par jour depuis une semaine, mais c'est exceptionnel), car outre le nombre de tabacs ouverts, je suis en pleine période de correction du bac et je dois trouver un moyen de me détendre plus que d'habitude en fin de journée 

Bonjour et bienvenue au village 
Merci pour cette présentation détaillée d'une belle plume... Ça fait plaisir à lire. 
Je vois qu'on a un parcours bouffardesque assez similaire: un essai ancien avec toutes les erreurs du débutant puis l'abandon et un regain d'intérêt étayé par internet avec la volonté de faire les choses bien 
Même analogie en ce qui concerne les tabacs... Une approche par les aromatiques puis l'exploration des mélanges anglais.... L'EMP constitue en la matière une bonne entrée et permet de se familiariser en douceur avec le Latakia.... Si tu le trouves plat, il faut bien dire que c'est parce qu'il l'est... Non qu'il soit mauvais, loin de là, mais il est léger... Pour un plus corsé et plus représentatif du genre, j'aurais tendance à préconiser le Squadron Leader de Samuel Gawith... C'est celui par lequel j'ai abordé les côtes de la perfide Albion et ce fut une révélation 
Je te souhaite de bonnes volutes et déambulations au sein du village... Au plaisir de te lire 
                    

Bonjour et bienvenue, ami philosophe! Je pense qu'on se reconnaît tous dans tes tâtonnements de débutant.
J'aimerais avoir ton retour sur ce que t'apporte le fumage de pipe dans l'exercice de la philosophie. Pour moi les deux expériences ont toujours été intimement associées. Je me souviendrai toute ma vie du jour où j'ai (enfin) compris l'argument ontologique de Saint-Anselme en tirant des bouffées sur ma pipe. C'était pourtant du Borkum Riff aromatisé à la cerise. Comme quoi...

Bienvenue au village l'ami, un plaisir de te lire! 

Sois le bienvenu au Village, cher RomainB ! Puisses-tu faire ici de plaisantes rencontres !

Bienvenue au village Romain ! Très belle présentation !

Roland de V a écrit:

Pour un plus corsé et plus représentatif du genre, j'aurais tendance à préconiser le Squadron Leader de Samuel Gawith...

Le SQL est-il nettement plus corsé que l'EMP ? J'ai vu aussi, chez SG, le Skiff qui a l'air d'être dans un autre style (oriental et non anglais stricto sensu), mais je ne suis pas sûr de pouvoir encore bien distinguer le latakia des orientaux.

Jaufré Cantolys a écrit:

J'aimerais avoir ton retour sur ce que t'apporte le fumage de pipe dans l'exercice de la philosophie. Pour moi les deux expériences ont toujours été intimement associées. Je me souviendrai toute ma vie du jour où j'ai (enfin) compris l'argument ontologique de Saint-Anselme en tirant des bouffées sur ma pipe.

Pour l'instant, en ce qui me concerne, les deux expériences sont plutôt dissociées : je n'arrive pas à me concentrer sur deux choses à la fois ! Donc je dirais que le fumage ne change pas vraiment mon approche de la philosophie, et encore moins d'Anselme  Plus tard, j'aurai une liseuse avec laquelle je pourrai faire les deux, mais il faut d'abord
que je maîtrise bien mieux le fumage pour que ça devienne presque mécanique et que je puisse déporter mon attention sur la lecture ; mais est-ce que ça ne perdrait pas aussi de son charme et de son intérêt ?   Je suis un peu à l'inverse de Sartre qui écrit (dans ce très beau texte de L'Être et le Néant dans lequel, je crois, certains d'entre vous pourraient se reconnaître) :

Sartre a écrit:

Il y a quelques années, je fus amené à décider de ne plus fumer. Le début fut rude, et, à la vérité, je ne me souciais pas tant du goût du tabac que j’allais perdre que du sens de l’acte de fumer. Toute une cristallisation s’était faite : je fumais au spectacle, le matin en travaillant, le soir après dîner, et il me semblait qu’en cessant de fumer j’allais ôter son intérêt au spectacle, sa saveur au repas du soir, sa fraîche vivacité au travail du matin. Quel que dût être l’événement inattendu qui frapperait mes yeux, il me semblait qu’il était fondamentalement appauvri dès lors que je ne pouvais plus l’accueillir, et que, au milieu de cet appauvrissement universel, il valait un peu moins la peine de vivre

J'ai le sentiment que justement, c'est à mélanger le plaisir du tabac et celui d'une autre activité, que j'ôterais tant à celle-ci qu'à celui-là leur intérêt respectif !

Tu pratiques donc aussi la philo, Jaufré ?

Le SQL a un goût bien plus présent que l'EMP (qui porte bien son nom... c'est bien un tabac léger pour le matin). Disons qu'il représente l'archétype des mélanges anglais. 
C'est un tabac qui me faisait un peu peur lors de mon premier essai mais qui m'a tout de suite plu car en fait il est fort en goût sans être agressif (tu comprendras en lisant le fil sur ce tabac, ce que je te conseille vivement si tu ne l'as déjà fait).
Le Skiff mixture est également très fort en gout et excellent dans le genre oriental (si je ne m'abuse), et dans le genre balkanique, tu as aussi le Balkan Flake du même Samuel Gawith... je ne sais pas si tu as déjà fumé un tabac en flakes... cela me rebutait un peu au début car je ne savais pas vraiment quoi faire de ces tranches de tabac compressé. Finalement, on émiette, on laisse un peu sécher à l'air libre et on bourre normalement sa pipe, c'est bête comme chou une fois qu'on a compris comment ça marche... personnellement j'aime beaucoup   
Tu l'auras compris, je suis un fan des productions de SG... d'autant plus qu'aux dernières nouvelles, elles ne sont pas appelées à disparaître comme les Dunhill (bien que ces derniers ressortent sous d'autres marques). 
Attention, toutefois, si tu te lances à goûter les tabacs de cette marque: ils sont généralement très humides en sortie de boîte... il faut en sortir l'équivalent d'un bol et le laisser sécher à l'air libre sur un papier absorbant jusqu'à atteindre l'hygrométrie adéquate, ce qui peut prendre un peu de temps... la qualité ça se mérite 

Je l'ai en effet déjà constaté avec le Grousemoor ! En revanche, les boîtes n'ont pas l'air très hermétiques, le tabac doit un peu s'assécher au fur et à mesure, non ?

Oui, les boîtes laissent sécher le tabac... Mais ça va très vite. À moins de fumer la boîte sur une semaine, il vaut mieux transférer le tabac dans un bocal ou une cave à cigares une fois ouverte (voir les fils sur la conservation du tabac  ).

Tu parles des boîtes SG en particulier, ou bien pour toutes les boîtes de manière générale ? Autant j'ai l'impression qu'effectivement les SG risquent de vite s'assécher, autant j'ai tendance à être plus confiant avec les autres boîtes vu la difficulté que j'ai déjà à les réouvrir...

RomainB a écrit:

Tu parles des boîtes SG en particulier, ou bien pour toutes les boîtes de manière générale ? Autant j'ai l'impression qu'effectivement les SG risquent de vite s'assécher, autant j'ai tendance à être plus confiant avec les autres boîtes vu la difficulté que j'ai déjà à les réouvrir...

Oui, je parle des boîtes SG en particulier... et de toutes celles qui sont de la même forme.
Les boîtes rondes pourvues d'un pas de vis permettent de conserver le tabac humide pour peu qu'on ait un rythme de fumage assez rapide mais ce n'est pas la panacée.
le mieux, sans avoir de cave à cigare, ça reste de petits bocaux étanches (style pour la confiture ou autre) de la plus petite dimension permettant d'y loger la totalité d'une boîte afin d'y enfermer le moins d'air possible.
En cas de séchage trop important, un simple rond de carotte pendant un jour ou deux remédie facilement et à peu de frais à la chose... Cependant les aros perdent un peu de goût en séchant, c'est moins sensible pour les anglais ou les Virginias par exemple.

Merci !

RomainB a écrit:

Sartre
"Il y a quelques années, je fus amené à décider de ne plus fumer. Le début fut rude, et, à la vérité, je ne me souciais pas tant du goût du tabac que j’allais perdre que du sens de l’acte de fumer. Toute une cristallisation s’était faite : je fumais au spectacle, le matin en travaillant, le soir après dîner, et il me semblait qu’en cessant de fumer j’allais ôter son intérêt au spectacle, sa saveur au repas du soir, sa fraîche vivacité au travail du matin. Quel que dût être l’événement inattendu qui frapperait mes yeux, il me semblait qu’il était fondamentalement appauvri dès lors que je ne pouvais plus l’accueillir, et que, au milieu de cet appauvrissement universel, il valait un peu moins la peine de vivre"

J'ai le sentiment que justement, c'est à mélanger le plaisir du tabac et celui d'une autre activité, que j'ôterais tant à celle-ci qu'à celui-là leur intérêt respectif !

Tu pratiques donc aussi la philo, Jaufré ?

Merci Romain pour ce témoignage, et pour ce beau texte de Sartre que je ne connaissais pas. Oui je pratique la philosophie, mais en amateur (si j'ai des questions techniques, je saurai désormais à qui m'adresser! )

Voici un texte de Giono qu'on trouve dans Les Terrasses de l'IIe d'Elbe:
"Ce qu'est le tabac? Une sorte d'aliment. La religion dit: le pain et le vin. Avec le vin, il ne s'agit déjà plus de ventre pur et simple. En cherchant à satisfaire plus complètement ce que le vin satisfait en partie, on trouve le tabac. (C'est pourquoi j'ai parlé d'érotisme). Un aliment aussi délicat, et qui s'adresse à des appétits aussi particuliers, ne doit pas être bâfré."

Ce texte fait écho pour moi au Phèdre de Platon (247d):
« La contemplation du vrai nourrit l’âme et lui apporte le bien-être ».

La vérité a une saveur. Sans cette saveur la vérité ne vaudrait pas d'être cherchée. Le tabac me rend cette saveur tangible, il suscite mon appétence pour la vérité. A tel point qu'à une époque, je m'étais imposé comme discipline de "ne jamais allumer une bonne pipe sans me poser une question" (prenant à rebours la maxime d'Einstein qui disait "ne jamais répondre à une question avant d'allumer une bonne pipe").

Mais je suis bien conscient qu'il s'agit là que d'une "cristallisation" (selon la juste expression de Sartre) - et que la même saveur pourrait être révélée par d'autres moyens, comme par exemple les souvenirs personnels, la contemplation d'un paysage, la musique ou la littérature.

Je dois reconnaître qu'aujourd'hui, j'en suis venu (comme toi) à recentrer mon intérêt sur la dégustation du tabac en lui-même et pour lui-même.

Ceci dit - amis de la philosophie, bonsoir!

Quand un philosophe me répond je ne comprends plus ma question (Pierre Desproges) 

Et pour citer le même sur Sartre et Cie