Bonjour à tous,

il y a la première, dont on dit souvent que ce n’est pas forcément la meilleure mais nous avons beaucoup appris ensemble. C’est une Chacom Churchill sablée légèrement cintrée avec le tuyau en acrylique. Elle épouse à merveille ma main, mais son poids en fait une bouffarde de fauteuil plus que de vadrouille. Soumise très tôt à des entreprises de dévergondage frénétiques à coup de Nightcap, elle est initiée au tabac qui tape et a gardé de ses débuts mouvementés l’habitude de résonner très agréablement avec du latakia. Tabac actuel : Dunhill Nightcap

La seconde est une canadienne Chacom sablée toute noire, comme si elle avait été taillée dans un bloc de charbon, à l’exception de la bague argentée. Encore une sablée me direz-vous. Et alors ? Ce petit côté rustique me rappelle la vie de paysan ou de trappeur que je n’ai jamais eu. Cette canadienne m’a l’air faite pour traverser de grands espaces à pied, en prenant son temps, puis pour se reposer du voyage au coin d’un feu de camp sur lequel cuiraient quelques truites. D’ailleurs, elle s’est spécialisée dans les virginias, tabac des terres vierges, au cas où il en resterait, c’est-à-dire en supposant que les 4 coins de la planète ne soient pas déjà violés. Proposition hautement suppositoire certes, et l’on sait où finissent ce genre de suppositions. Tabac actuel : Skipper’s Flake de Dan Tobacco

La troisième est une Ropp régence courbe et lisse avec de jolis yeux de perdrix sur un côté. Elle est simple, légère et l’air y passe mieux qu’une lettre à la poste. C’est sa deuxième vie, après une résurrection supervisée par JR. Elle a eu du mal à trouver son tabac. Pour le moment, elle est affectée au service des aros mais il n’y a pas assez de boulot de ce côté-là (mes préférence vont plutôt aux tabacs naturels). Il est mal vu de brasser de l’air vu la surcharge dans les autres services. Il se pourrait qu’elle se fasse muter dans la section des Semois. Tabac actuel : 4th generation 1957

La quatrième n’est pas jalouse. Normal, elle s’est attirée mes faveurs en se taillant la part du lion : les Semois et burleys, biens corsés de préférence. Quand la vie vous donne des claques, mettez-vous en une plus forte et vous aurez peut-être le sentiment de mener la danse. Elle est courbée, lisse, mate. De jolis yeux de perdrix valsent sur un côté. Son tuyau s’emmanche directement dans la tige, la jonction étant ornée d’une petite bague en acier. J’oubliais presque : fabrication Courrieu. Tabac actuel : C&D Burley Flake #1

La cinquième est une Savinelli de luxe rougeoyante et courbée. Légère, elle tient admirablement dans la version « mains libres ». Pour elle aussi c’est une deuxième vie. Cette fois-ci, la résurrection est signée NG. N’en déplaise à De Gaulle, son petit foyer fait un bon ménage avec les anglais. Avec elle on perd le côté rustique pour tirer sur le côté gentleman, les deux n’étant pas nécessairement contradictoires d’ailleurs. Quoiqu’il en soit, on s’en tient à un niveau tout à fait normal d’incohérence. Tabac actuel : Dunhill Nightcap

Enfin, il y a une vieille Saint Claude (Gardhill de luxe) dans un style cocarde dénichée dans les affaires de mon grand-père. Son état confirme la douceur indécelable dont mon grand-père était coutumier d’après les témoins : née lisse, elle a fini quasi-sablée par « le temps ». Il faudra que je la fasse rénover un jour.

M'est avis que le tableau est bien beau et qu'il y reste de la place !