"Boisson préférée du Che, le maté est consommé par nombre de Sud-Américains depuis plusieurs siècles, grâce aux Amérindiens qui en sont les découvreurs. Au XVIe siècle, les missionnaires jésuites, qui ne manquaient jamais une bonne affaire, en ont développé la culture, au point que cette infusion typiquement amérindienne s’appelle un temps « Thé des Jésuites ». Le maté est la boisson nationale de l’Argentine.

En fait, le maté n’a de thé que le nom, car il n’est pas issu de la famille des théacées, mais de celle des aquifoliacées dont le représentant le plus connu est le houx commun (illex aquifolium). Aux Amériques poussent le houx américain commun (ilex opaca) et le houx du Paraguay (ilex paraguariensis). C’est ce dernier qui est appelé maté, ou plus précisément yerba mate (herbe à maté).


Le mot maté vient du quechua mathi désignant une petite calebasse utilisée traditionnellement pour préparer et boire l’infusion de yerba mate. Cultivé aujourd’hui principalement en Argentine, au Brésil, au Paraguay et en Uruguay, il a été domestiqué par les Guaranis et diffusé à toute l’Amérique du Sud par les Jésuites. C’est un arbre maintenu à une taille humainement exploitable, pouvant en toute liberté atteindre 20 mètres de hauteur. Il pousse naturellement au bord des cours d’eaux, dans les forêts situées ente 500 et 700 mètres d’altitude. Ses feuilles persistantes contiennent de la caféine et de la théophylline. D’où très probablement l’intérêt que lui portait Che Guevara, grand asthmatique et impénitent fumeur de cigares !

Jouant le même rôle social que le café ou le thé, le maté a ses rituels. Rituels qui, de la préparation à la consommation de cette infusion, donnent du sens, et appellent au respect. Le maté ne se consomme pas comme le Coca Cola ou la Heineken ! Il faut d’abord une petite calebasse portant le nom de mate (prononcez maté), une bombilla (tube métallique équipé d’un filtre à sa base), de la yerba mate et de l’eau chauffée dans une pava ou caldera (récipient issu du croisement entre une bouilloire et une cafetière).


C’est souvent l’aîné qui prépare le maté, il occupe alors la fonction de cebador, et boit la première infusion par nature très amère. Ensuite, il remet de l’eau chaude sur la yerba mate, et fait passer la calebasse qui tournera jusqu’à plus soif, toujours dans le même sens, suivant un cercle imaginaire constitué par les mateadores. Le temps consacré à cette activité est appelé mateada (partie de maté). Il est d’usage de respecter scrupuleusement le cercle établi, de ne pas souffler dans la bombilla, de dire gracias uniquement lorsqu’on ne veut plus en boire, et lorsque l’infusion manque d’eau d’en rajouter avant de passer le mate à son voisin.

Pour le savourer, les gauchos se mettent en cercle et se passent la boisson de main en main selon un rituel très précis qui invite, par exemple, les participants à faire circuler la calebasse dans le sens anti-horaire afin de faire passer le temps moins vite."

Quel goût a le maté ? 

Le maté est amer. Très amer. Extrêmement amer. L'expression exacte qui te viens à l'esprit lorsque tu goûtes du maté pour la première fois serait d'ailleurs assez proche de “'tain, sa mère !”, c'est tout dire. La solution de survie consiste donc à disposer une quantité de sucre assez conséquente sur l'herbe, avant d'y verser l'eau. Cela permet de ne pas être trop ridicule en société en t'évitant de grimacer sous l'effet de l'amertume. Par-contre, se faire, peut être considéré comme un crime par les puristes.


Pourquoi en mettre autant ?

La préparation du maté consiste à remplir la gourde aux trois quarts de "Yerba maté". Cette quantité sert à prolonger l'infusion des feuilles et ainsi faire durer la consommation du breuvage en ajoutant de l'eau, lorsque le niveau de liquide diminue. On ajoute à nouveau de l'eau très chaude, ne dépassant surtout pas les 85°C.; car il ne faut pas brûler le maté.

Enfin, les rayons des magasins vendent le maté, aujourd'hui, sous diverses versions : douces, plus amères et même aux fruits.

Pour en savor plus : (clic) Yerba-Maté

  Je suis très heureux, camarade Lightmyfire, que mon article t'ait plu et que tu n'as pas perdu la face devant la demoiselle. Et en plus, à 2 euros, tu as conclu une bonne affaire (et vue d'ici, il ne manque rien à ta "bombilla").

Si d'autres bouffardeux adoptent cette boisson au goût inimitable, pour ses propriétés énergisantes et thérapeutiques mais surtout pour son rôle social, son rôle fédérateur, il ne nous restera plus qu'à célébrer ensemble le rituel du Maté; car le Maté ne se boit pas seul chez soi, non, il s'offre, se partage, pour se connaître, pour discuter, pour être ensemble.