Je suis complétement perdu.
Ma tête est un foutu mélange du Procès et d’Alice au Pays des Merveilles. Tout cela me semble irréel.
 Pourtant le porte-document noir est bien là. Je suis bien à Atlanta Dans un hôtel de grand luxe. Dans une suite pour laquelle je ne paie pas un centime.
 J’ai l’habitude de ne pas payer mon hôtel quand je suis en mission. Des hôtels confortables. Pas des palaces.
J’ai l’habitude d’avoir des fonds disponibles pour les dépenses courantes et le paiement des achats. Ils sont mis à disposition dans une agence bancaire ou versés au fournisseur sur ma signature au bas d’un bon à payer.
Pas cinq mille dollars. En liquide ! Et sans reçu de caisse !
Jamais !
Jamais je n’ai changé deux fois de nom en deux jours.
Jamais on ne m’a demandé de laisser mes vêtements dans un hôtel.
Jamais on ne m’a donné des ordres sans que je sache qui me les donnait.
Jamais on ne m’a demandé de faire semblant de cacher mon activité pour donner l’air vrai à quelque chose de faux.
 
J’ai besoin de comprendre.
Je décide d’appeler Jo.
 
Je regarde ma montre. Onze heures. Plus six, dix-sept. C’est bon.
- Bonjour, vous pouvez me passer Jocelyne.
- De la part de qui ?
- William
- Ne quittez pas
Temps mort.
- Jocelyne est en déplacement en Iraq avec le Directeur.
- Elle rentre quand ?
- Elle n’a pas laissé d’information.
- Ah…
Et la communication est coupée.
 
Je reste là avec mon appareil à la main.  Je le repose. Lentement.
Bizarre, bizarre. Voilà que Jo et le boss deviennent injoignables.
Que penseriez-vous à ma place ?
Vous arriveriez à quelque chose de logique ?
Vous êtes plus fort que moi.
 
Mais yeux se posent sur le porte-document noir. Et s’il contenait la réponse à mes questions ?
Au point où j’en suis, je suis prêt à croire au Père Noël. Vous me direz : à Atlanta, pourquoi pas ?
J’ai besoin de sortir de ce charivari cérébral.
Je récupère Totoche et l’informe avec délicatesse que je vais avoir besoin de ses services
Elle me donne son accord en mode heureusement que je suis là.
Je récupère le bristol qu’Hercule m’a remis à Amsterdam et je compare le numéro avec celui que m’a donné le ‘’colonel ce n’est pas mon nom’’. C’est le même !
J’ouvre le porte-document. Sors les dossiers
Cartonnés, assez minces, fermés par un élastique.
Numérotés de 1 à 4
Un cinquième porte la mention ‘’retour en France’’
J’ouvre le n° 1 . Autant commencer par là.
Il contient une dizaines de feuilles.
Dès le premier regard je comprends que j’aurai mieux fait d’utiliser la fonction couchette de mon fauteuil de première classe.
Plus rien à voir avec ce que m’avait remis Jo.
Je remets les feuillets dans le dossier, le pousse vers le haut du bureau.
J’ouvre chacun des trois suivants.
Le premier document comporte, sous l’en-tête d’une société qui n’est pas la mienne, un nom de ville, le nom d’une société, son adresse, un numéro de téléphone et le nom d’une personne.
Au-dessous une indication simple :
Contacter la personne indiquée pour prendre rendez-vous au nom de la société en en-tête.
Je comprends déjà que je vais avoir besoin d’une carte des USA pour m’organiser.
L’avantage d’être dans un palace ? Demandez au service de conciergerie. Vous recevrez.
Je commence à éplucher le premier dossier. Me faire une première idée de la situation.
Les sociétés :inconnues.
Les produits : inconnus. Leurs noms n’évoquent rien.
Je fais de même avec les trois autres dossiers : Même chose.
Un seul point commun : Ces noms en anglais (ce qui n’est pas particulièrement étonnant ni gênant pour la compréhension normale) comportent tous, à un endroit ou à autre, le mot ‘’titanium’’.
J’essaie de deviner de quoi il s’agit.
On frappe.
- Entrez.
Un garçon d’étage avec une bourse siglée du nom de l’hôtel
- Votre commande Monsieur.
Je prends la bourse. Le garçon repart
Je retourne au bureau, vérifie le sachet :
Un road atlas et une carte routière pliante des USA.
Je décide de commencer par définir un itinéraire pour la ‘’mission’’.
- premier dossier : Atlanta Ga
- deuxième dossier : Monroe NC
- troisième dossier : Indanapolis Ind
- quatrième dossier : Winston  Douglasville Ga 




 
Cinquième dossier :  Retour en France
On verra plus tard.
 
Je vais essayer de rester basé dans cet hôtel.
Je prends le Road Atlas et je cherche les villes.
Atlanta, pas de problème.
 
Je cherche ensuite Winston-Douglasville. Etat Georgia. Comme Atlanta. L’index m’indique un carré. C7
Bonne surprise. Avec l’échelle je calcule : environ 30 miles d’Atlanta.
Donc : Voiture. Aller-retour possible en quelques heures
 
Indianapolis
Première question :
Il faudrait que je puisse faire l’aller-retour dans la journée.
Donc connaître les possibilités de liaisons aériennes.
J’appelle la conciergerie de l’hôtel. Ils savent tout ces gens.
« - je souhaiterais avoir une flight time table entre Atlanta et Indianapolis
- Taking care of it sir monsieur.”
 
En attendant, je me penche sur le problème de Monroe.
D’abord ne pas se tromper. Des Monroe il doit y en avoir des douzaines dans ce pays.  Il s‘agit de Monroe en Caroline du Nord.
Retour au road atlas. Etat North Carolina Index. D7
Je ne pense pas qu’il y ait un aéroport.
Question : Quel est le plus proche ?
Charlotte.
Voir avec la conciergerie.
Ils vont finir par m’envoyer bouillir.
- Je voudrais savoir s’il y a des liaisons aériennes entre Atlanta et Charlotte en Caroline du nord. Si c’est le cas je souhaiterais avoir une flight time table.
- Taking care of it sir.
Pas à dire ils sont bien rodés.
Je n’ai plus qu’à attendre.
Totoche déclare forfait au moment où je tends la main vers le dossier n°1 pour continuer.
Midi trente. Le temps passe vite.
Je décide de manger sur place. J’appelle le room service et commande un repas.
J’aimerais bien appeler à ma femme. Pour la rassurer. Même d’Iraq, cela ne prend pas plusieurs jours pour téléphoner
Je réalise que, justement, elle me croit en Iraq et que je ne peux pas l’appeler de l’hôtel.
J’appelle le Consulat. Le poste 99. De Lavière répond immédiatement.
Je lui dis que j’aimerais bien téléphoner à mon épouse pour la tranquiliser.
Petit temps mort.
« - Vous l’appellerez du consulat. Une voiture viendra vous prendre à quatorze heures.
- Merci
- A tout à l’heure. »
Il raccroche.
En attendant mon repas je prends la première feuille du dossier Atlanta
J’appelle le n° indiqué sur la première page.
Après une brève discussion l’entrevue est fixée. Demain. Neuf heures.
Le garçons du room service arrive avec mon repas sur un chariot. Je lui dis de tout laisser sur place.
Il file sans rien dire.
Je commence à manger en prenant directement sur le chariot. On frappe à la porte.
Un sac en papier siglé de l’hôtel.
- Your requests sir.
J’arrête de manger et inventorie le sac. Flight time table Atlanta/Indianapolis. Flight time table Atlanta/ Charlotte.
Ils sont redoutables. Mais bien pratiques. Sans cela il m’aurait fallu me rendre à Harstfield ou dans une agence de voyage pour récupérer ces informations.
Je suppose qu’ils les ont en réserve pour tous les aéroports des Etats Unis.
Je décide de finir mon repas et de descendre boire un café au bar de l’hôtel en attendant la voiture.
Totoche, tu viens ? D’accord. Mais d’abord elle exige que je la vide et la nettoie.
Je m’exécute. Elle accepte de reprendre du service, m’accompagne au bar.
Je bois tranquillement un vrai café (c‘est rare dans ce pays).
Totoche apprécie l’ambiance générale et ronronne doucement.

Le mystère continue, vivement demain

Le prochain James Bond sort bientôt... Mais du coup, j'ai même plus envie d'aller le voir.

Brase d'Anjou a écrit:

Très drôle!
Est-ce qu'il faut prévoir une édition illustrée?

Jaufré Cantolys a écrit:

Le prochain James Bond sort bientôt... Mais du coup, j'ai même plus envie d'aller le voir.

Jaufré! M'enfin!
Messie! Messie!

Le cinéma a besoin de nous.
Même si le coronavirus lui rend la compétition difficile avec les productions quotidiennes des chaînes d'information. Surtout dans le registre du comique et de la farce. C'est sans doute le seul virus qui fait autant de dégât sur les cerveaux des gens sans les avoir contaminé. Là aussi il y des populations manifestement plus à risques que d'autres. Faut-il envisager de les confiner? Coluche! reviens!