Jeudi 13 Octobre 1983
Onze heure quinze.
J’appelle Jo
« Salut Jo
- William ?
Je suis désolée mais il faudrait que tu viennes à Paris.
- Ecoute, je suis en congé et j’aie encore quinze jours à prendre.
Vous pouvez pas me lâcher un peu ?
- Juste un allez-retour. Demain.
- Ok mais juste la journée.
- Oui. C’est juste pour faire le point après Atlanta.
- D’accord. Je fais comment pour les billets ?
- On les fait mettre à dispo au comptoir Air Inter de Montpellier.
Tu me rappelles en fin d’après-midi pour l’heure.
- A demain
- A demain »
Et elle raccroche.
Ce doit être pour ces fameux dollars. Ils vont finir par leur coûter cher. Billets d’avion plus frais de bouche…
J’avertis ma femme.
« Ils ne peuvent pas te lâcher un peu pendant tes congés ?
Tu avais besoin de leur téléphoner ?
- C’est pour régler une histoire de reliquat de fonds. Je pensais pouvoir régler ça par téléphone. Apparemment ils ont besoin de savoir exactement à quoi je les ai utilisés. ».
 
Cinq heures. Je rappelle.
J’ai la standardiste et je demande que l’on me passe Jo.
Jo n’est pas disponible. Elle a laissé un message pour moi.
« Le billet est pour le 14 octobre. Six heures trente à Montpellier-Fréjorgues. 
« - Merci »
Je raccroche.
 
Vendredi 14 Octobre 1983
 
05.15 Je retire mon billet à l’agence d’Air Inter, aéroport de Fréjorgues.
Je demande pour le billet de retour. L’employé ne trouve rien.
Je me dis que je pourrais prendre un billet pour le premier vol-retour après avoir réglé le problème de ces foutus dollars
05.30 Je suis à l’enregistrement pour Paris.
J’ai pris une serviette dans laquelle j’ai placé le reliquat de dollars, Totoche et ma blague que j’ai garnie de 6. Elle mérite bien ça !
06.30 on embarque dans le Mercure.


07.50 Je sors dans le hall des arrivées d’Orly Ouest.
Jo est là.
Avec l’attaché militaire de Bagdad !
Surpris ? C’est très en dessous de la vérité !
Puis je me dis que c’est peut-être lui qui doit récupérer les dollars.
Taxi pour le siège de la société.
Pendant le trajet échange des banalités.
Arrivés au siège, Jo nous conduit dans une salle de réunion.
Là il y a de Lavière et quelqu’un que je ne connais pas. Petit, la quarantaine, blond et moustachu, allure raide. Un militaire ?
Salutations.
La porte de la salle s’ouvre et le boss entre suivi d’un quasi-colosse, la bonne cinquantaine, d’aspect aussi aimable que lui.
Ils ont dû oublier leur boîte à bonjour à la maison.
Ils s’asseoient et nous font signe qu’on peut.
Je commence à trouver que c’est beaucoup de tremblement pour une reliquat de frais de mission.
Le boss nous regarde.
« Bien.
Et là j’ai l’estomac qui se noue. Chaque fois que ce type a dit ‘’bien’’ devant moi, tout est parti en vrille pour mon devenir personnel.
Il se tourne vers son homologue en amabilité :
- Nous vous écoutons. »
Manifestement il connait tout le monde. Sauf moi.
Il me regarde et dit d’une voix étonnamment douce, qui détone avec son physique et son attitude
« - Je vous remercie d’avoir pris sur votre congé pour nous rejoindre. »
« Tout d’abord je tiens à être sûr que vous avez bien signé l’engagement secret défense.
Je suis un peu abasourdi par la question.
- Oui
Je vois l’hypothèse du reliquat de dollars s’éloigner à grande vitesse. Quoi que…
- Bien
Encore oh put….
- Nous pouvons donc poursuivre cette réunion.
Vous avez sans doute entendu parler de l’opération Sugar.
Je m’attends à ce qu’il donne des explications sur ‘Sugar’.
Rien. Rien non plus sur les dollars.
J’ai l’impression que Jo m’a un peu berluré
Il se tourne vers le boss qui enchaîne :
« Dans le cadre de cette opération notre société est amenée à apporter son concours aux autorités françaises et irakiennes pour la réalisation d’un certain nombre d’opérations particulières qui doivent garder un caractère confidentiel. Tant par leur nature, que pour leur destination.
Nous avons besoin d’un responsable sur place pour ce projet. 
Il se tourne vers moi :
- Il semble que vous puissiez être l’homme de la situation.
Je vais laisser ses Messieurs vous donner les détails techniques.
Après la réunion vous passerez voir Jocelyne pour les problèmes administratifs. »
Il se lève. Jo en fait autant.
Il regarde les quatre autres par-dessus ma tête.
« Nous nous verrons après le briefing
Au revoir Messieurs »
Et ils sortent.
Il sait dire au revoir de face. C’est une des facettes de sa personnalité – dire au revoir de face - que je n’avais jamais eu le privilège d’explorer.
Je me sens un peu seul.
De Lavière s’adresse à celui qui est arrivé avec le Boss.
« Monsieur le Directeur, peut-être est-il utile que vous expliquiez exactement ce que nous attendons de Monsieur ? »
Monsieur, c’est moi.
Il me regarde et de sa voix douce et tranquille dit :
« -Les détails vous seront donnés par les attachés de défense et – il regarde le troisième larron, le moustachu - par le Chef dans nos services, du projet Sugar Assistance.
Votre rôle au sens le plus large sera de contrôler que tout soit exactement conforme à ce qui est prévu dans les projets.
Vous aurez à veiller à ce qu’aucune installation pirate, aucun matériau ou matériel non-programmé et prévu soit amené sur ou emporté des sites sous votre responsabilité en échappant à votre connaissance. Vous aurez donc à assurer personnellement tous les contrôles
Si vous constatez des anomalies, vous ne ferez en aucun cas de remarques aux Irakiens.
Vous en rendrez compte directement à Monsieur l’attaché de défense à Bagdad qui vous donnera les directives nécessaires pour gérer la situation. Nous aurons périodiquement des réunions à Paris pour faire le point sur le déroulement des opérations et décider de la conduite à tenir en fonction de l’évolution de la situation.
Je vous remercie encore de votre collaboration.
Ils se lève.
« - Messieurs. »
Et il sort.
Moi, j’ai encore la bouche ouverte !
Je commence à réaliser que je suis en train d’entrer dans une opération et que personne n’a envisagé un instant que je puisse refuser.
La mécanique Atlanta est à nouveau à l’œuvre :
Pour être sûr que quelqu’un ne dira pas non,  ne pas lui demander son accord avant de s’être assuré qu’en fait il ne lui restera plus que oui comme option. Mieux : L’amener à accomplir ce que l’on attend de lui sans jamais lui laisser l’impression qu’il avait une possibilité de choix.
 
Il y a un silence.

Brase d'Anjou a écrit:

Bonjour Brase d'Anjou
Merci pour cette image.

ll y a un petit problème:
Cet appareil n'est pas un Mercure
Sa porte arrière ronde fait penser à un Vickers.
Les portes du mercure étaient rectangulaires (ça j'en suis sûr)
C'était un appareil à 4 turbopropulseurs.
Je ne crois pas q'il était encore en service dans les années 80 à Air Inter
Merci encore pour tes recherches

Voilà un Mercure William  

Brase d'Anjou a écrit:

Voilà un Mercure William  

Yessss.
Merci Brase. Je le transfère illico.