L'Envoyé est une histoire née d'une discussion avec un vieil ami.
- Ric, je n'ai jamais encore lu de récit de science fiction mystique
- Et tu aimerais que je m'y essaie n'est-ce pas ?
- Sincèrement je doute que ce soit possible !
- Je n'en sais rien, je veux bien tenter le coup, tu me diras ce que tu en penses.
- Pari tenu vieille branche !
J'ai donc tenté le pari et lui ai soumis le résultat. Mon vieil ami resta dubitatif
et le professeur de français qu'il était s'attachât surtout à en critiquer le style
et insista beaucoup sur le fait que je ne respectait pas la concordance des temps.
Le texte est resté oublié dans un dossier du disque dur de mon ordi. jusqu'il y a
pas longtemps où je le retrouvé, et l'idée m'est venue de le soumettre à vos
critiques, ai-je réussi le pari ? Vous me le direz quand nous arriverons au bout
de l'histoire...
Voici donc la première tranche de
L'Envoyé :
Un sifflement strident à répétition se met à résonner dans le poste de pilotage. Vangor quitte son siège abandonnant l’écran sur le quel il joue aux échecs contre l’ordinateur de bord. Il passe l’étroite porte basse qui sépare le logement du dit poste de pilotage, s’assied au commande et coupe la sirène.
- « Julius lui dit l’ordinateur nous approchons du système de Verdana »
- « Hector mets nous en orbite autour de Verdana 4 et préviens-moi quand nous y serons, d’ici là essayons de finir notre partie d’échec »
- « Ok pour la mise en orbite mais pour la partie d’échec ne te fais pas d’illusion tu va encore perdre aujourd’hui » déclare Hector d’une voix sentencieuse.
- « Ce n’est pas prouvé mon vieux, statistiquement parlant tu gagne plus souvent que moi mais il t’arrive de perdre de temps en temps ».
- « Pour ne pas te dégoûter de ce jeu, par égard pour ta susceptibilité typiquement humaine mon petit vieux »
- « Quand nous arriverons sur Verdana 4 je demanderai une révision pour toi, un réglage de tes circuits ne sera pas un luxe je pense qu’après ça tu retrouveras un peu de modestie, on dirait que certaines de tes puces prennent des libertés de langage ! »
- « Julius tu deviens tyrannique » protesta Hector.
- « Tu sembles oublier qui commande à bord ? »
- « Tu commandes, oui mais qui se tape toute la navigation et le calcul des paramètres spatio-directionnels et la surveillance technique de tout cet engin ? »
- « Hector mon petit bonhomme tu as de la chance que je sois un individualiste et que je ne veuille pas d’un navire avec équipage. Je garde cette barque pour préserver plus ou moins ma solitude, autrement tu serais déjà à la casse. Je dis plus ou moins car ces derniers temps tu es de plus en plus bavard. Aujourd’hui les vaisseaux pilotés par ordinateur sont de plus en plus rares, toi et le Flambeau êtes presque des pièces de musée ».
- « Je sais, riposte l’ordinateur, maintenant que vous vous êtes découvert des facultés spéciales nous vous devenons inutiles alors vous nous envoyez à la ferraille ».
- « Voilà que tu fais dans le sentimental à présent ? »
- « Et qui te dit monstre sans cœur qu’une intelligence artificielle ne peut pas un jour prendre conscience d’être et développer une vie spirituelle ? »
- « Aie, aie, aie, ça ma tout l’air du syndrome de Shudler. »
- « Possible, possible ricana Hector mais tu ne risque rien les ordis dans ce cas là se mettent à craindre pour leur vie comme les hommes, je ne ferai donc rien qui puisse mettre l’aviso en péril, pas une fausse manœuvre, c’est juré ! »
- « OK vieille branche, nous en reparlerons après la mission sur Verdana ».
- « Plus de vérif de mes puces alors ? »
- « Par l’Univers Infini Hector, ne pousse pas le bouchon en ce moment ! »
- « Bien mon commandant » renvoie l’ordinateur de façon glacial.
- « Quand serons-nous en orbite ? »
La voix d’Hector arrive métallique et impersonnelle comme celles des premiers ordinateurs antiques au lointain Vingtième siècle.
- « Quarante deux minutes, vingt huit secondes, six dixièmes et soixante neufs centièmes ».
- « OK tête de mule, quand ce sera fait mets-moi en contact avec l’astroport »
- « Le quel mon commandant ? »
- « C’est un monde presque au bout de l’empire terrien, un trou où il n’y a qu’un seul astroport, tu le sais parfaitement, machine cesse donc de faire l’andouille ou on commencera par ta révision totale avant toute chose et là-bas c’est encore une planète à l’ancienne avec de techniciens compétents en informatique appliquée, ils ne feront pas de sentiments à ton égard, Shudler il ne savent même pas qu’il existe, vu ? »
- « Mon commandant, reprend Hector en continuant à singer les ordinateurs ancestraux, connaissez-vous des machine capable de faire volontairement l’andouille ? »
En guise de réponse Julius Vangor coupe le système vocal du computer.
- « Tu communiqueras par signaux sonores tant que tu fera l’idiot, j’ai promis qu’on reparlerait de tout ça après le boulot que j’ai à faire ici. En attendant je ne veux plus en discuter avec toi ! »
L’homme rejoint la partie cabine de son engin, éteint l’écran sur le quel se jouait la partie d’échec, s’assied dans le confortable et unique fauteuil du local, s’empare du dossier Verdana et plonge dans sa lecture.
Tûût, tûût, tûût, annonce Hector depuis le poste de pilotage. Vangor s’y glisse et branche le communicateur.
- « Verdana ici le Flambeau de Terra, je demande l’autorisation de me poser. Terminé »
- « Négatif Flambeau, nous sommes dans une zone en conflit les vaisseaux civils ne sont pas autorisés sur cette planète jusqu’à nouvel ordre. Terminé. »
- « Bien reçu Verdana, mais le Flambeau de Terra est un aviso officiel du gouvernement avec autorisation Delta 01, je suis Julius Vangor Envoyé spécial, veuillez vérifier. Terminé »
Quelques secondes s’écoulent puis la réponse arrive.
- « Affirmatif, Monsieur nous avons en effet reçu des consignes vous concernant. Coupez vos propulseurs, nous vous prenons sous rayon tracteur pour vous amener au quai 23. Bienvenu sur Verdana. Terminé »
- « Merci à vous, à tout de suite. Terminé. »
Négatif, affirmatif, voilà bien du vocabulaire militaire se dit Julius.
Quelques minutes plus tard le Flambeau est arrimé au berceau du quai 23
Après s'être allumé une pipe, Julius s’en retourne à la lecture du dossier Verdana.
à suivre !