L'Envoyé 2
La Grande Transformation fait son œuvre et en cette fin du 29ème siècle la situation de l’empire terrien a beaucoup évolué.
Au cours des six cent dernières années, les Terrestres pour alimenter en énergie de toutes sortes leur système solaire surpeuplé, se jetèrent dans une conquête spatiale effrénée. Leur technologie assimila celle d’autres mondes et d’autres peuples souvent plus évolués qu’eux mais bien plus pacifiques. Ils conquirent bien des planètes de haute lutte et en colonisèrent un grand nombre avançant toujours plus loin de leur point de départ. Cette course folle est arrivée à son apogée il y a presque un siècle et demi. Pour conserver leurs possessions les Terriens eurent recours à d’innombrables vilenies, abus, violences, massacres, répressions et manipulations en tout genre.
Dans les grandes villes de la Terre la situation devint explosive. Elle ressemblait un peu à celle du vieil empire Romain. Une aristocratie toute puissante venue de la haute finance entourait un empereur pas toujours très droit dans ses bottes, des amiraux avides de gloire commandaient des légions de vaisseaux de guerre peuplés d’équipages enrôlés sur Terre et un peu partout sur les planète conquises. Des intrigues de palais faisaient et défaisaient de fausses amitiés et des alliances souvent provisoires. La vie à Terranna la grande capitale impériale était hypocrite, brillante et mouvementée pour ceux qui avaient les moyens de s’y montrer. Que ne ferait-on pour être remarqué par les nouveaux Césars ?
Dans des banlieues malfamées et surpeuplées la plèbe tentait de survivre dans une misère sans nom. De ces lieux sans espoirs naquît un mouvement aussi inattendu que rapide qui en moins de 120 ans transforma radicalement le monde terrestre et ensuite presque toute sa zone d’influence. A ce jour la Grande Transformation avançait lentement mais sûrement vers les frontières de ce qui avait été l’Imperium Terrien.
Les nouveaux responsables se gardaient bien de crier haut et fort ce qui se passait, orchestrant la Grande Transformation à leur aise, prenant soin de laisser les territoires terriens non encore transformés dans un silence évasif sur la situation politique de Terra.
Nombre de planètes occupées par les hommes de la Terre n’avaient pas encore été touchée par le changement car elles se trouvaient aux frontières du défunt empire. Sur ces mondes conquis depuis peu, les humains luttaient contre le ou les peuples indigènes qu’ils voulaient asservir ou éliminer, selon les cas. Parfois même ils entraient en guerre avec des systèmes solaires voisins qui eux aussi connaissait le voyage spatial. Ces conquérants, loin de leur base et ne sachant ce qui ce passait sur Terra, réclamaient à corps et à cris de l’aide militaire, des renforts en hommes, en vaisseaux ou en matériel. Le gouvernement parfois après de longs mois et même des années leur expédiait alors un Envoyé spécial chargé de régler les choses.
Julius Vangor est l’un de ces agents de Terra. Il vient de prendre connaissance de la situation de Verdana. Un truc assez classique somme toute, les Terrestres ont débarqué là il y a environ 40 ans, venant de l’un des derniers systèmes solaires soumis, pour se lancer impétueusement dans l’occupation d’un nouveau monde. Hélas pour eux les choses ne se passent pas bien du tout et les indigènes moins évolués techniquement sont cependant en train de donner beaucoup plus de fil à retordre qu’on ne l’avait imaginé au moment du débarquement. Les colons sans cesse attaqués par les premiers habitants se sont retranchés derrière de solides défenses technologiques, protégés par l’armée et l’autorité militaire qui assure le gouvernement tant que l’ennemi n’est pas pacifié. La population végète et depuis des années le général commandant la place bombarde Terra de demande de troupes supplémentaires, d’arme lourde, etc.
Vangor range calmement le dossier qu’il vient de parcourir, retourne à son fauteuil et semble se plonger dans une profonde méditation.
Comme cela se passe habituellement en pareil cas, dans les minutes qui suivent l’atterrissage un véhicule officiel se présente au sas de son vaisseau. Julius laisse monter à bord un grand officier maigre et nerveux, tendu et presque agressif.
- « Je suis le général Karl Varlock de la garde spatial, gouverneur militaire de Verdana et commandant en chef des troupes en opération sur cette planète. Se présenta t-il vivement. Où sont les renforts que je demande depuis des années ? »
L’Envoyé regarde le général et lui sourit poliment, il est coutumier de se genre de situation et garde tout son calme.
- « Je me nomme Julius Vangor, voulez-vous vous asseoir général ? » Propose t-il aimablement en lui indiquant le fauteuil de sa cabine.
- « Où sont mes renforts ? » répète le galonné en s’asseyant du bout des fesses.
- « C’est pour discuter de tout cela que je suis là général. »
- « Mais il n’y a rien à discuter, glapi le militaire, la situation ici est intenable, l’ennemi est technologiquement inférieur mais beaucoup plus nombreux, malgré nos armes nous ne faisons que résister. Il nous faut des troupes et des armes lourdes et un soutien aérien pour en sortir ; On ne lit donc pas les rapports au quartier général ? »
- « Calmez-vous général, les choses ont énormément changés sur Terra notre politique d’expansion a évolué vers… »
- « La politique ! Crache la baderne avec mépris, ce n’est pas la politique qui va régler nos problèmes, vous êtes un civil ça se voit, je demande des renforts pour sortir du bourbier et on m’envoie un politicien ! »
- « Veuillez rester poli général, je ne suis pas un politicien, j’appartiens au corps des Envoyés spéciaux du gouvernement. Veuillez réunir votre état major et les représentants des colons. Je m’adresserai à tous ce soir à 20 heures, venez me prendre ici à 19 heures 30 » Vangor s’est exprimé d’une voix cassante et dure.
L’homme en uniforme n’a pas l’habitude de recevoir des ordres il bondi du fauteuil et regarde Julius avec colère, il tremble de rage.
- « Je ne vous permet pas… »
- « Vous n’avez rien à me permettre ou non Monsieur, sourit doucement Vangor, vous avez à obéir aux ordres de l’autorité supérieure, et ici pour le moment l’autorité supérieure c’est moi. Allez maintenant général et faite ce que je vous ai demandé, tout sera expliqué ce soir ».
- « Mais ? »
- « Allez Monsieur, ajoute t-il aimablement, tout sera clair ce soir je vous le promets. »
Varlok n’ose rien ajouter et s’en va en maugréant, il est un soldat et sait obéir quand il le faut, l’Envoyé représente une autorité supérieure qu’il ne peut réfuter, mais il est mal à l’aise le général après ces années sans réponse claire, on lui envoie un civil pour analyser la situation.
- « Galaxie ! Ils deviennent tous barge sur Terra. » Jure t-il entre ses dents.
à suivre !