Le soir venu, un véhicule vient à l’heure dite chercher Julius et le dépose au centre de la petite ville devant un grand bâtiment que le chauffeur annonce comme étant le parlement local. Un officier subalterne l’attend d’un air compassé pour le guider vers une grande salle de réunion. Dès qu’il entre le Général Varlok vient à sa rencontre.
- « Comme vous le vouliez tous les représentant du peuple sont là ainsi que mon état major, mais je pense que c’est avec moi seul que vous auriez du discuter de tout cela. »
Vangor sourit et se dirige vers l’estrade des orateurs, regarde paisiblement l’assemblée d’un air tranquille attendant que le brouhaha se calme, quand enfin un silence relatif s’installe il en profite pour se présenter à tous.
- « Mesdames et Messieurs, bonsoir, je suis Julius Vangor du corps des Envoyés spéciaux du gouvernement. » Le silence est maintenant total et la voix bien timbrée de l’Envoyé s’élève nettement dans ce lieu à l’acoustique conçue pour les orateurs.
- « La toute première chose que je dois vous apprendre ce sont les grands changements de la politique d’expansion de Terra depuis plus d’un siècle maintenant. Nous sommes dans un grand courant de transformation et de paix. L’expansion telle que vous l’imaginez avec des vaisseaux en grand nombre et des combattants par milliers est terminée et…
Vangor ne peut continuer tant les cris fusent de partout tous sur le même thème. « Où sont les renforts ? Quand viendront les navires de la garde spatiale ? Où sont les commandos d’intervention planétaire ? Quand arriveront les armes lourdes demandées ? Etc, etc.
Dans le chahut Julius lève les bras pour réclamer le silence, « c’est toujours la même chose » pense-t-il.
Les plus bruyants finissent par se calmer à force de s’égosiller et Monsieur l’Envoyé hausse le ton d’une manière ferme et catégorique.
- « Puisque vous préférez la manière brusque aux explications calmes je vais être brusque, Terra ne possède plus de vaisseaux de guerre, plus de commandos, et pour tout dire plus de militaires si ce n’est comme ici sur les planètes les plus éloignées. Il ne viendra aucun navire de combat, la garde spatiale n’existe plus ! »
Le calme est tombé comme une chape de plomb sur l’auditoire, on entendrait voler les mouches s’il y en avait eu en ce lieu. Bien sûr cela ne dure que quelque seconde puis le vacarme monte vers le représentant du gouvernement comme une lame de fond qui s’amplifie au fur et à mesure qu’elle progresse. Ils s’y mêlent des cris de haine, des hurlements de désespoir, des râles de colère et à peu près toutes les invectives possibles dans ce genre de situation. Julius accroché à l’estrade se prépare à recevoir le tout comme un navigateur solitaire des temps anciens à la barre de son voilier face à une énorme vague roulant vers lui.
Lorsque cette sorte d’onde de choc est passée, il fait face et hurle « silence » avec une force jusque là insoupçonnée, une force telle que les pantins s’agitant devant lui s’asseyent surpris et Vangor de reprendre avec une voix presque suave
- « On ne vous a pas abandonné puisque je suis là pour régler votre problème ».
Un cri s’élève
- « Mais que peut on faire sans renforts ? Vous nous condamnez à mort » !
- « Personne ne vous condamne à mort, je vous ai dit qu’il n’y aurait pas de renforts militaires, je n’ai pas dit que Terra vous abandonnait, que du contraire dans le temps présent la vie a plus d’importance au regard de Terra qu’elle n’en a jamais eu encore dans l’histoire humaine. Même une seule vie est désormais importante pour le gouvernement. Vous avez ma parole la situation sera réglée dans les plus brefs délais. »
Debout au pied de l’estrade Karl Varlok rouge comme une tomate hurle à la limite de la crise d’hystérie :
- « Et comment allez vous faire Monsieur ? Comment arrêter des hordes de barbares avec vos beaux mots ? Comment faire sans renforts ? »
- « Je suis les renforts » !
Après les tensions soulevées par les déclarations de l’Evoyé l’effet de cette petite phrase est libératoire, ses auditeurs se tiennent les côtes dans un vaste éclat de rire, on à maintenant les larmes aux yeux, on se tape mutuellement dans le dos, « ce grand maigre tout seul contre des centaines de milliers de Zorks et Frals on se décroche la mâchoire à n’en plus finir. Le rire va et revient comme une bourrasque annonciatrice de tempête.
Afin d’éviter qu’elle n’arrive, Vangor relance un terrible et impératif « silence ! » qui produit le résultat escompté.
- « Demain matin je m’occuperai de cela avec le général Varlok. Dès que possible vous serez convoqué ici pour plus amples informations quant aux résultats de mon travail. Mesdames et Messieurs, merci d’être venus. Je vous souhaite le bonsoir ! »
Les délégués du peuple et l’état major sidéré voient Julius l’air serein descendre du perchoir et se diriger vers Karl Varlok
- « Veuillez me ramener à mon aviso général. Nous avons à discuter de notre emploi du temps. »
C’est dit calmement et poliment mais en fait sous l’amabilité apparente il y a un ordre et en soldat le grand galonné ne peut s’y soustraire, d’autant qu’il est encore sous le choc de ce qu’il vient d’entendre.
Dans la voiture, Varlok retrouve un peu ses esprit, il se sent trahi par Terra et son nouveau gouvernement. Sous son crâne militaire un tas de solutions radicale et folles défilent, prendre le pouvoir et proclamer la sécession contre ceux qui les trahissent… mais il sait que la chose est impossible à court terme l’ennemis va les écraser. Ou alors, au moins pour la satisfaction faire fusilier cet Envoyer du diable… mais à quoi bon cela ne sauvera pas les Terrestre en difficulté ici sur Verdana, ou encore, et puis encore… . Le général se rend compte que jamais il n’a eu autant d’idées stupides en si peu de temps et comme pour s’en débarrasser il dit d’une voix lugubre
- « Vous êtes l’ange de la mort, Monsieur ! ».
Julius éclate de rire, un rire presque joyeux.
- « Depuis que j’appartient corps des Envoyés j’ai connu souvent ce genre de situation mais être traité d’ange de la mort ça c’est bien la première fois. Général je suis un humain, rien de plus, pourtant c’est la Vie que j’amène ici. Pour le moment vous ne pouvez le comprendre, quand tout sera terminé vous verrez que j’avais raison. La solution est au-delà de votre champ de compréhension parce que depuis toujours vous vivez dans une logique de guerre, moi je travail dans une logique de paix et d’amour depuis des années et j’ai un regard différent du vôtre et la connaissance de moyens radicaux que vous ne pouvez pas même imaginer.
Nous voici à mon vaisseau, venez me chercher demain au lever du jour. Nous ferons une reconnaissance aérienne du territoire adverse. Bonne nuit Monsieur. »
- « Vous croyez que je vais pouvoir dormir après ces mauvaises nouvelles ? »
- « Ainsi nous serons deux car le travail qui m’attend demain demandera une bonne quantité d’énergie et je dois m’y préparer. »
Vangor rejoint son aviso sous le regard presque meurtrier du militaire aux limites d’un désespoir sans fond.
à suivre !