« Bonsoir mon cher William (le prénom est de règle tout comme le ‘’ mon cher ‘’)
Je vous présente le commissaire-lieutenant Alain Desclaux. »
Le commissaire-lieutenant est un jeune homme. Apparemment trente ans à peine.
Nous nous serrons la main.
Le consul nous entraîne vers l’arrière de la résidence, dans le jardin, près de la piscine.
Sous un grand parasol, une table et des chaises sont installées.
Le soleil a presque disparu. La chaleur commence à baisser, mais quand même. J’aurais préféré rester à l’intérieur.
Nous nous asseyons. Le consul nous demande ce que nous désirons prendre et appelle un employé de la résidence
Quelques instants plus tard il revient avec les boissons.
Je suis intrigué par la présence de ce commissaire-lieutenant.
Je ne vois pas ce qui peut nous relier.
 
« Le commissaire-lieutenant Desclaux a souhaité vous rencontrer .
Je crois que vous pouvez lui être très utile. »
Immédiatement, les sonnettes d’alarme se déclenchent.
Cela se voit sur mon visage.
Desclaux enchaîne :
« Je suis ici en élément précurseur pour installer l’antenne du GSL à Yanbu
- ?????
- Pardonnez- moi.
Vous savez, comme tout le monde je suppose, que la France est engagée dans le cadre de l’ONU à participer à la libération du Koweït.
L’antenne du GSL, groupe de soutien logistique, que nous mettons en place à Yanbu doit permettre le débarquement de certaines de nos forces.
- Et en quoi cela me concerne ?
- Vous avez une solide carrière de gestionnaire. Vous êtes aussi quelqu’un de fiable.
Je voudrais pouvoir compter sur votre collaboration pour résoudre, lorsque cela sera nécessaire, les problèmes d’approvisionnement  qui pourraient se poser localement dans l’accomplissement de ma mission. »
Je ne réponds pas.
La pommade, cela m’inquiète toujours.
Ma tête fume.
Oh put…. !
Est-ce que ça va recommencer !?
Le commissaire, et le consul voient bien qu’il y a écrit NON ! en lettre majuscules sur ma figure.
Le consul, qui a l’air d’en savoir sur mon compte bien plus qu’il ne m’en a jamais dit, prend la relève.
« Il n’est pas question pour vous d’agir mais seulement de faire profiter le lieutenant de votre connaissance du terrain.
- Je vais devoir procéder à de nombreuses acquisitions sur place et je ne connais absolument rien des marchés et commerces locaux. Dans l’instant je ne sais pas où trouver quoi.
 C’est dans ce cadre que je souhaite votre collaboration»
Je reste méfiant. Chat échaudé….
« Pouvez-vous me donner un exemple concret ?
- Oui. Par exemple, J’aurai besoin de machines à écrire.
- Des machines à écrire !?
- Oui dans certaines situations sur le terrain elles sont indispensables.
Il voit bien que je suis incrédule et que je commence à me demander à quoi on joue.
Il poursuit
- je vous assure que c’est très sérieux.
Il faut des machines à moyen et grand chariot
- ????
-Les moyens chariots peuvent accueillir les feuilles A4 en large. Les grands chariots peuvent accueillir des feuilles A3 et des stencils en large. Elles sont indispensables pour certains tableaux. »
Il voit que j’ai compris l’histoire des pages et des stencils et que je suis moins méfiant.
Le consul profite de la césure.
- Si nous nous rafraîchissions avant que nos gin tonic ne soient transformés en tisane.
Toute en sirotant nos boissons nous accordons nos violons avec le lieutenant.
Je lui donne les numéros de téléphone et fax de mon bureau et de la villa.
Il me donne un numéro pour le joindre et un numéro de fax.
Nous finissons nos verres et je me lève. Le consul et le lieutenant aussi.
Arrivés dans la rue nous nous saluons. 
En montant dans ma voiture je les vois retourner dans la résidence.
Un  P4 avec son chauffeur est stationnés à quelques mètres.
 
20.30
J’ai fini mon repas.
Je regarde la télévision.
Un parabole de trois mètres permet de recevoir à peu près tout ce qui passe par les satellites.
Y compris canal +
C’est théoriquement interdit.
La parabole n’est pas visible de la rue. Les autorités ne se préoccupent pas des européens dans ce domaine.
Nombre de saoudiens sont également équipés. Tant que l’on ne voit rien….
J’ai allumé une pipe en écume avec du n°…  6 acheté dans la boutique Davidoff. Très agréable mais rien à voir avec celui de Rolite. Ou bien le souvenir embellit tout ? Va savoir…
Je regarde un moment les émissions françaises.
Tout le monde ne parle que de l’entrée en guerre de la France.
 
Du Clémenceau et des autres navires déployés ou en cours de déploiement. Des efforts diplomatiques. De l’ONU etc….
Pas un mot sur Yanbu. On ne parle que du ‘’Golfe’’.

A la bourre !!
Va falloir que je reprenne le fil de toutes ces aventures et creuser aussi dans mes souvenirs ...
En février 91, je devais trainer dans la banlieue chic de Tunis, à la Marsa chez des amis coopérants du Lycée Français.
Ambiance étrange.
Aucun touriste, rien, nada ....
Temps suspendu.
Plus tu t'enfonces dans le pays, plus les breaks "pigeot" arborent des portraits de Sadam, dernier défenseur - selon les légendes locales - du moyen-orient contre l'occident  ..... froid dans le dos malgré la douceur de la météo ....
Mais (déjà) barbu et avec les bonnes lunettes de soleil pour masquer des yeux clairs, on passe facilement inaperçu ...
Des connaissances algériennes sont en transit .....
Rien n'y fait ...
Malgré des soirées de discussions à grands coups de packs de bières pour les en dissuader, ces amis sont bien décidés à rejoindre les rangs de l'armée irakienne .....

Bref, tes évocations me rappellent plein de trucs, cher William ...

"Tout le monde ne parle que de l’entrée en guerre de la France."

Brase d'Anjou a écrit:

"Tout le monde ne parle que de l’entrée en guerre de la France."

Merci Brase pour cette photo de notre ancien porte-avion

Vivement la suite

Lecram Effuahc Zella a écrit:

a écrit
Bref, tes évocations me rappellent plein de trucs, cher William ...

Citation :

Citation :

L'occasion de nous en faire tous profiter!