« La roue tourne, la roue tourne » chantonnait Françoise Boumeur. Elle marchait joyeusement le long de l’avenue bordée de cerisiers du japon tout en fleur. Le printemps était superbe, sa vie s’annonçait merveilleuse venait de lui dire Madame Lune, la grande voyante qu’on entendait tous les jours à la radio.
« La roue tourne » avait insisté la pythonisse, fini la galère. » « L’amour et l’argent arrivent vers vous à la vitesse d’un cheval au galop, oui, oui, la roue tourne ! »
En sortant de chez Madame Lune Françoise se sentait légère, des bulles de joie et de bonheur pétillaient dans sa tête et tandis qu’elle continuait à fredonner « la roue tourne, la roue tourne », elle se disait : - « je vais être quelqu’un d’important, fini les surnoms stupides qu’on me collait à cause de non nom de famille, plus de Boumeur-boum boum, non plus que de Boumeur-boumerang, je vais être riche on osera plus se moquer de moi et puis j’aurais un homme pour veiller sur moi. »
Maintenant sous son crâne ce sont plus des bulles de joie mais les lampions d’une grande fête, un orchestre joue la marche nuptiale de Mendelssohn. « Oui, oui, l’Amour, le grand mariage, le bonheur dans la richesse »
Ah que ce printemps est beau, comme la ville lui semble belle sous le soleil et sa vie si géniale. « La roue tourne, la roue tourne » chante Françoise Boumeur toute émerveillée de cet avenir brillant et heureux qui l’attend.
Émerveillée et mais aussi bien distraite, toute à ses rêves la voilà qui traverse l’avenue en dehors des clous.
Les témoins affirment qu’elle criait « la roue tourne » quand un camion transportant des chevaux l’a écrasée !
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