J'ai hésité à créer ce fil, par crainte de sembler quelque peu redondant.
Mais au diable ! Cette bouffarde là mérite au moins d'être racontée.
J'ai acquis cette pipe au Danemark, en 2015.
Pas par amour pour Tolkien, que j'apprécie beaucoup mais pas au point de me laisser pousser les pieds, mais pour la seule beauté de l'objet aperçu en vitrine.
Je me souviens n'avoir pas eu l'intention de la fumer, la voyant comme un joli bibelot à déposer quelque part entre une choppe allemande et un bol japonais.
Le temps passa, et j'ai rangé bouffardes et tabacs au profit des havanes que j'ai ardemment fréquenté.
Jusqu'à récemment, quand à l'occasion d'un déménagement j'ai eu un coup de nostalgie coupable devant ces pipes injustement délaissées.
Parmi elles, cette belle silencieuse, que j'avais peut-être fumé une fois ou deux, pour voir, avant de presque l'oublier.
C'est aujourd'hui sans l'ombre d'un doute celle de mes pipes que j'affectionne le plus.
En plus d'avoir bénéficié d'une construction impeccable, elle s'est avérée être une fumeuse hors pair.
Pas malgré, mais un peu grâce à ce bec rond un peu curieux, que j'ai d'abord vu comme une concession à la fonction au profit de la forme.
Point nenni : Cette pipe différente se fume différemment, et cette lentille s'est révélée d'une pertinence aussi rare qu'inattendue.
Amateur de Churchwardens et en possédant quelques unes, j'ai toujours douté de l'aptitude des longs tuyaux à délivrer une fumée relativement plus fraiche, pensant - à juste titre me semble t'il encore - que le voyage de la fumée du foyer vers la lentille était bien trop court et trop rapide pour quelques centimètres de plus puissent réellement influer sur la température ressentie.
Là, non.
Le tuyau en bois, très long, est aussi très épais, est bien plus inerte thermiquement qu'un autre en acrylique ou en ébonite.
J’'affectionne particulièrement les virginias, que j'ai appris à fumer avec beaucoup de lenteur,
Le fameux voyage s'en retrouve allongé, et ce rythme infiniment doux invite les timides bouffées à stationner à l'arrêt quelques secondes au cœur du tuyau avant destination.
Un bol de Capstan ou d’Orlik Golden Sliced, même bien aéré, peut ainsi durer vraiment longtemps, et révéler toute la profondeur de ces tabacs.
Pour peu qu'on apprécie les belles liseuses, cette pipe est rien moins qu'une perle.
Et puis, l'avoir découverte comme telle presque par surprise, après l'avoir benoitement sous-estimée, n'enlève rien au plaisir de la fumer, tout au contraire ..
C'est un peu comme si je m'étais offert deux cadeaux.
A ceux qui la possèderaient, et qui la traiteraient comme je l'ai d'abord fait, c'est urgent : fumez là.
Et fumez là encore.
Aux autres, je souhaite que la série Auenland réserve les mêmes joies, la collection "Lord of The Rings" étant apparemment aujourd'hui épuisée voire introuvable.
Bonnes volutes à tous !
- J'alimenterai ce fil avec quelques photos plus tard -