Après le Sir John's Flake Virginia de la même maison, qui s'est avéré être un parfait délice, c'est avec une certaine appréhension que je décidai aujourd'hui de rouvrir mon bocal de Luxury Flake - Un autre Straight Virginia - inviolé depuis plus de 9 ans.
En tabac et en bien d'autres choses, je le confesse : je suis volage.
J'aime naviguer au gré du vent, m'enthousiasmer d'une découverte comme si elle était l'aboutissement définitif d'un long voyage, et recommencer.
C'est ainsi que je passe d'un mélange à l'autre, d'une bouffarde à l'autre.
Et ce soir, ce tabac m'a offert le rare bonheur de la
pipée parfaite, où la bouffarde est exactement celle qu'il fallait choisir, l'hygrométrie du tabac absolument juste, et l'esprit bien reposé, à même d'apprécier pleinement l'ici et maintenant.
Comme tous les Virginia, ce tabac demande de la lenteur, beaucoup de lenteur.
Comme eux, il se révèle à petits pas, on passe du foin à la brioche sans vraiment voir venir, avec juste parfois la surprise d'une bouffée plus ronde, plus goûteuse que la précédente.
Le début de bol - Une canadienne sans filtre - ne promettait pas bien plus que de ne pas m'agresser la langue - bon début - que j'ai sensible aux volutes trop chaudes, trop humides.
Ca m'a permis de continuer mon pétunage en dessinant tranquillement.
Et puis ça a commencé : De la réglisse.
L'idée de l'ombre d'un soupçon d'arrière-gout, mais de la réglisse quand même.
Je suis sûr qu'on pourrait aussi trouver du pain grillé, du bois, tout ça, mais moi, cette
idée de réglisse suffit à me rendre Jean Baptiste Grenouille à la poursuite de sa première rouquine, tout absorbé à isoler l'infime parfum, à le nettoyer de tout ce qui l'entoure.
A ce moment là, j'avais déjà cessé de dessiner, enfui le tabac gentil qu'on fume avec l'esprit ailleurs.
Je suis resté là, souriant comme un con avec mon
idée, et au moment d'écrire ces lignes je suis impatient de bourrer une autre pipe de ce cadeau du ciel.