Bien le bonjour à cette auguste communauté,

je me suis fait certes très discret ces derniers temps, mais la faute n'est pas tant à l'envie qu'aux nécessités impérieuses de la vie. Comme promis, après avoir conté mon expérience de restauration de ma bouffarde, je vais à présent vous raconter l'invention de mon mélange à fumer.

Mais bien évidemment, d'abord un peu de contexte : j'ai débuté mon expérience dans le monde fabuleux du tabac avec un Amsterdamer acheté dans un petit bureau de tabac. Mal m'en a prit, car la fumée a manqué de m'étouffer, le goût n'était pas au rendez-vous et quant au plaisir, n'en parlons pas. J'ai bien failli mettre un coup d'arrêt à mes tribulations tabacologiques, mais c'était sans compter sur mon naturel persévérant.

J'ai donc radicalement changé mon fusil d'épaule en me procurant du Virginia blond pur, qualité premium par feuilles entières. Je me suis employé à le hacher du mieux que j'ai pu à l'aide d'une lame affûtée par mes soins. Non, je n'aime pas faire les choses à moitié et oui, j'ai été mu par une motivation des plus sérieuse. Dès les premières volutes dans mon bol en bois de cerisier, l'expérience m'a fort plu et les sensations ont été des plus agréables ainsi que surprenantes. Bon, je l'avoue, il y avait également un petit goût de culpabilité, mais bien vite surmonté. Rien à voir avec ma première expérience.

J'ai donc vite fait mon parti de me constituer mon propre mélange et d'éviter au maximum les mélanges industriels comportant des substances douteuses (non, je n'ai pas vraiment la possibilité de me procurer du Semois ; quant au 1667, je n'en ai pas trouvé). De plus, je me suis pris au plaisir de préparer moi-même mon tabac car cela ajoutait quelque-peu au plaisir et à l'authenticité de l'expérience globale.

À force de recherches et tâtonnement, après avoir testé un burley pur (que je n'ai pas aimé, car trop fort à m'en faire tourner la tête au bout de trois bouffées) et testé de l'oriental, je me suis mis en quête d'un mélange odorant, frais, doux et fruité qui soit à la fois bon en bouche et agréablement odorant. J'ai donc fini par me constituer le mélange suivant : 60 % tabac oriental, 20 % sauge, 20% menthe le tout légèrement aromatisé avec de la pelure de pomme et un peu de miel dilué dans de l'eau.

Je dois avouer que, ma foi, ce mélange convient plutôt bien. Mais je voudrais récidiver sur une base de Virginia avec un peu d'oriental (peut-être un soupçon de burley) en adjonction de la sauge et de la menthe.

La problématique ensuite reste le contrôle de l'humidité. Exercice d'autant plus périlleux que je ne fume que rarement et que je me déplace souvent avec mon mélange (conservé dans une boîte à thé en métal), ce qui implique des variations de température et d'hygrométrie.

Voici donc pour mon partage d'expérience. Si vous avez des remarques ou des suggestions, je me ferai un plaisir de vous lire, comme à chaque fois.

bonjour, 

de mon coté j'aurai plutôt une question ; comment as tu "mélangé" le miel au tabac? 

Cordialement,

Adalrick a écrit:

[...] 60 % tabac oriental, 20 % sauge, 20% menthe le tout légèrement aromatisé avec de la pelure de pomme et un peu de miel dilué dans de l'eau.[...]

Si on était vieux potes, et si t'étais devant moi, et si j'étais vraiment sûr de pas m'en prendre une, je dirais - avec beaucoup d'affection, et une jovialité absolument pas moqueuse (c'est plus des gants, c'est une double amputation) : Mais t'es un grand, grand malade ! 

Mais bon on est pas potes et même si mon écran me protège, je me contenterai bien lâchement de : 

P.S : De la folie qui fait les grands inventeurs, hein, dit-il en agitant ses moignons gantés.

De bien belles expériences !

Les pelures de pommes ont été efficaces pour parfumer ?

Je pense me retrouver dans quelques temps dans ta position de testeur de mélange et je commence à prendre des informations à droite à gauche pour faire des plans sur la comète avant les plans de tabac.

Merci pour ton partage.

lepoulperouge a écrit:

comment as tu "mélangé" le miel au tabac? 

Cordialement,

J'ai dilué le miel dans de l'eau chaude (dosage au pif, mais au goût on devait sentir le miel suffisamment sans aller dans le sirop non plus). J'ai pris une cuillère à café et mis l'équivalent d'une et demi dans mon mélange, dans sa boîte. J'y ai ajouté les pelures de pomme, mélangé, fermé laissé reposer. Le lendemain, un poil trop humide, j'ai laissé sécher à l'air libre sur une feuille blanche à impression. Une fois l'humidité souhaité atteint (vraiment au feeling, mais c'est là que comparer avec des tabacs du commerce peut être utile), j'ai réintégré le tout dans sa boîte.

roark a écrit:

Adalrick a écrit:

[...] 60 % tabac oriental, 20 % sauge, 20% menthe le tout légèrement aromatisé avec de la pelure de pomme et un peu de miel dilué dans de l'eau.[...]

Si on était vieux potes, et si t'étais devant moi, et si j'étais vraiment sûr de pas m'en prendre une, je dirais - avec beaucoup d'affection, et une jovialité absolument pas moqueuse (c'est plus des gants, c'est une double amputation) : Mais t'es un grand, grand malade ! 

Mais bon on est pas potes et même si mon écran me protège, je me contenterai bien lâchement de : 

P.S : De la folie qui fait les grands inventeurs, hein, dit-il en agitant ses moignons gantés.

Pas la peine de prendre autant de précaution et annule tout de suite ton amputation : je suis bien conscient que ce que j'expose relève de la plus pure hérésie. Disons que c'est une expérience pour la gloire et la science. Après, je t'assure, c'est pas mauvais du tout, ça se fume très bien.
Mais oui, on est pas du tout sur du tabac de puriste. Mais les indiens, sur lequels nous avons copiés cette activité ne fumaient-ils que du tabac ? Certainement pas. Nos ancêtre les gaulois étaient aussi des partisans de la fumée, mais ils n'avaient pas de tabac sous la main. Et pourtant..

LongMarcheur a écrit:

De bien belles expériences !

Les pelures de pommes ont été efficaces pour parfumer ?

Oui très. Il ne faut pas lésiner sur la pelure, mais ça dépend aussi de la quantité de ton mélange. La menthe apporte une très bonne odeur, aussi bien à la fumée qu'en ouvrant la boîte. Et entre ça et la sauge, pour moi qui ait des problèmes d'allergies, eh bien cela s'est avéré être une médecine bien efficace que ne m'aurait pourtant jamais prescrit un homme de l'ars médical.

la menthe et la sauge je confirme, j'ai fait ce genre de tests de mon coté (on est effectivement loin des puristes), la patate j'aurai pas osé

En 65 ans j'en ai fumé des mélanges et des trucs bizarres. Des feuilles de tabac kurdes juste séchées t qu'il fallait écrasser entre les doigts, aux cheveux d'ange des Chaouias des Aurès qu'ils mélangeaient à du thé noir. Laisse de côté tout ce qui peut se fumer dansla campagne turque....
Mais là j'avoue que je suis bleuffé.
Ceci dit, à partir du moment où on n'oblige personne à fumer son mélange et où on le trouve à son goût, je ne vois pas de quel droit je formulerais la moindre critique.
Alors, bonnes volutes.