« Jansomme ?
- oui
- Lannié. Tu es chez toi ?
- oui
- Tu peux venir chez Léon ?
Pendant un instant la tentation de répondre non.
- D’accord. Trois quarts d’heure.
- J’y serai »
Il a failli lui demander ce qu’il faisait du Sig.
Il n’aime pas avoir une arme quand il n’est pas en mission.
Avoir une arme avec soi, cela veut dire que l’on est en danger.
Est-ce qu’il est encore en danger ?
Apparemment non. Cette affaire est terminée et, à cette heure, ceux qui étaient après lui doivent avoir été mis hors d’état de nuire.
 
Il sort.
Sa pipe et sa blague remplacent le pistolet dans sa poche droite.
Malgré lui pendant le trajet il surveille la rue autour de lui.
On est entre chien et loup. Les réverbères ne sont pas encore allumés -économies-
En arrivant devant la brasserie il aperçoit Lannié à l’intérieur .
Il entre et se dirige vers lui :
« Henri, tu vas bien ?
- Aussi bien que possible. Mon dos.
- Ты в порядке? (Tu vas bien ?)
- Да, уверяю вас. (oui, je t’assure)
- Четыре (quatre)
- И конец  (Et fin)
- Qui peut savoir?
- Moule-frite pression? 
- D’accord mais c’est pour moi. Je te dois bien ça.
- Adopté
- Mais avant j’ai quelque chose pour toi.
Il lui tend une enveloppe.
- Qu’est-ce que c’est ?
- Regarde
Jansomme ouvre l’enveloppe
Elle contient un avis de congé exceptionnel d’un mois au titre d’un retour de mission.
Effectif ce jour même.
- Si je comprends bien je suis allé bosser alors que j’étais en congé
- Donc tu n’étais pas au service aujourd’hui. C’est écrit là.
-Comment ?
Tu sais bien que les agents en congé n’ont pas le droit d’entrer dans la boîte.
- J’ai compris.
Je leur ai fait si peur que ça ?
- Je les ai prévenus. Je savais que tu ne lâcherais pas l’affaire.
Et que je ne pouvais pas savoir ce que tu ferais de ce que tu trouverais.
- Ça m’a fait bizarre de faire équipe avec toi.
Comme si le temps n’avait pas passé. »
La serveuse est plantée devant leur table.
« Vous avez choisi?
- Deux moules frites et deux sérieux pression »
La serveuse repart.
Ils se regardent.
Les films déroulent dans leurs tête.
« Sacré Henri!
- Salopard! »
La serveuse revient avec leur commande.
Ils commencent à manger en silence.
Quand ils ont terminé Lannié va payer. Jansomme le suit.
Arrivés dehors, Lannié met la main dans sa poche et en sort…
Une pipe.

- Tu as quelque chose à mettre là-dedans
- Tu t’es mis à la pipe ?
- Il n’y a pas d’âge pour mal faire
- Ce sont les беломорканал (Belomorkanal) qui te manquent
- Tu te rappelles ces saloperies qu’il fallait fumer pour passer inaperçu ?
Un tiers de tabac, deux tiers de tube en carton qu’il fallait écraser pour servir de filtre.
Le bout avec le tabac tournait dans n’importe quel sens.
- Sers-toi. -il lui tend sa blague- Je te préviens c’est du caporal.
- Ça ne peut pas être plus raide que ce qu’on fumait là-bas.
Tu mettais quoi déjà dans ton tuyau ?
- Makhorka
- Ah oui! C’était du tabac à rouler si je me souviens ?
- C’était ce que j’avais trouvé de moins mauvais. »
Lannié bourre sa pipe, Jansomme la sienne. Ils les allument et marchent lentement ensemble sur le parvis de la place de la République.
La terrasse d’un troquet.
Ils s’asseoit
« Messieurs
- Deux cafés.
- Déca pour moi
- C’est parti. »
Le garçon revient…





Ils fument en silence et sirote lentement leur café
Ils pensent à ce qu’il s’est passé, à ce qu’il se passe.
Brusquement Jansomme se lève.
«  Je vais y aller. A bientôt.
- A bientôt »
Jansomme s’éloigne en traversant la place.
Lannié le regarde partir. De dos il lui trouve l’air d’un vieil homme…

Brase d'Anjou a écrit:

Ils fument en silence et sirote lentement leur café
Ils pensent à ce qu’il s’est passé, à ce qu’il se passe.

Superbe!
Les 2 têtes avec les cheveux blancs!

Ça pourrait s'arrêter là. La dernière mission ensemble, les retrouvailles toutes en sobriété, le retour à la fin de carrière et ai mal de dos après une sorte de baroud d'honneur pour Jansomme.

Ce 33e épisode est assez émouvant. Bravo et merci William