Compte tenu des dimensions importantes du Dissim : 92x48x15, largement supérieures à celles d'un briquet ordinaire, cette pipe est d'une dimension plus honorable qu'il n'y parait avec une longueur avoisinant les 153 mm une tête de 37 mm de diamètre et de 41 mm de haut et un foyer de 24 mm de diamètre . . . un réglet eut rendu le dimensionnement plus aisé.

Quoiqu'il en soit nombre de pipes en matériaux diverses le plus souvent du buis mais également du chêne, du hêtre ou du fruitier ont été réalisées en marge du merisier lorsque l'approvisionnement en bruyère était compromis, ce qui était le cas durant les guerres mondiales mais pas que. 

Durant la seconde guerre mondiale les allemands, notamment, tournaient des pipes en fruitier (pommier prunier ou poirier avec des inserts en tôle dont j'ai un exemplaire ramené par mon grand-père paternel de son séjour en stalag en Poméranie. 

De tout temps, outre les paysans qui avaient coutume de tailler des pipes au couteau dans du noyer, du noisetier ou des tailles de haies de bocages, utilisant un départ de branche secondaire pour le tuyau ou les bouchers qui taillaient des pipes dans des os de bœuf, les ateliers de tournerie fourbissaient également nombre de pipes dans les bois qu'il avaient coutume de travailler, ne disposant que de bois ils réalisaient soit de simples foyers avec tuyau cylindrique rapporté, droit ou courbe, soit des pipes droites monobloc dont la durée de vie du foyer était sensiblement égale à celle de la lentille.

Nous avons là un exemplaire de tournerie soigné avec une tête tournée et une tige-tuyau droite monobloc avec un élargissement sur l'arrière du tuyau aplati par ponçage et une lentille assez épaisse, le rapage de la tête étant réalisé au lapidaire. Il n'est pas possible de se rendre compte si le quarteron de bois à été bouilli ou non (on utilise un quartier de bois pour éliminer le cœur trop tendre, le faire bouillir puis le sécher en étuve élimine la sève qui donne le mauvais goût au fumage et durci le bois, le rendant plus résistant au feu) mais, le plus souvent, les tourneurs disposaient de stocks de bois sec et ne pratiquaient pas le bouillage. L'état de la lentille permet de se rendre compte que la pipe n'a été que très peu fumée on note néanmoins une coloration du tuyau jusqu'au niveau de la lentille due aux goudrons et à la nicotine ainsi qu'une coloration au bas du foyer due également aux jus développés lors de la combustion du tabac. Ces diffusions s'établissent naturellement dans l'axe de la fibre et n'apparaissent pas sur le haut du foyer qui n'est jamais humide. les fentes telle que celle qui apparait en haut du foyer donnent lieu, à terme, à une combustion du bois dans l'épaisseur du foyer et à sa destruction. 

Un objet, quel qu'il soit, ne vaut que que ce que le client potentiel est prêt à y mettre. S'agissant d'un objet courant doté d'une faible valeur initiale mais en très bon état, je pense qu'un prix de 15 à 20 € est raisonnable.