Ce tabac a atterri sur ma liste puis dans mes bouffardes par accident.
Lors d'une discussion, l'ami Boby m'avait recommandé le Red Carpet, et je me suis planté.
Ca m'avait étonné, venant de lui ...
Un Burley Based assaisonné au rhum et à la mélasse, c'est pas très Ganache Friendly.
Mais bon, la boite est arrivée, et il a bien fallu voir de quoi il s'agitait.
A l'ouverture, ça sent la cerise confite, peut être un peu le pruneau d'Agen aussi.
Phoque, j'ai commandé un aro, me dis-je.
Par crainte de souiller mes fourneaux virginaux périqueux, c'est dans une écume que j'ai inauguré la chose.
Le premier bol fut .. Disons curieux.
Armé de mon amour tout relatif pour les aros, teinté de presque colère de m'être auto enduit d'erreur, avant d'allumer j'étais déjà plein de mépris.
De la cerise confite, mais qu'est ce que t'as foutu, sérieux ..
Avec un peu plus de présence d'esprit tu serais en train d'allumer un bol de bon VaPer des familles, mais non, te voilà comme un con avec ton écume aux lèvres.
Allumage, donc.
Ah oui, j'aime pas les ribbon cut trop fins, ça flambe comme un feu de paille, ça s'éteint tout le temps et ça m'énerve, bonjour la punition.
Ce tabac là n'en est pas un, mais je n'allais pas en plus le laisser me priver de le percevoir comme tel ... Un ribbon cut avec des gros morceaux de feuilles comme de la cape de cigare, saloperie de cerises.
Allumage.
Fumée épaisse de burley, pas de picotage, pas de figue, pas de réglisse, rien.
Rhum ? Tiens, fume.
Mélasse ? Hélas - Ce tabac me donne au moins des libertés de perception ET de rimes minables - même pas, ça lui aurait peut-être donné un peu de présence, comme un parfum Tom Ford sur la peau d'une mégère.
C'est après que ça devient curieux.
Tout occupé à ruminer mes aigreurs, figurez vous que j'ai fini le bol, et que j'étais étonné qu'il se termine si vite.
Pas étonné "tiens ?? ..", non non, étonné "Ah bah merde ...
".
J'ai reniflé la boite une dernière fois avant de la remiser entre un Anglais et un Mac Baren qui pique, me disant qu'un jour je n'aurai plus de Bayou, plus de Va, plus de .. Plus rien.
Et que peut-être, par dépit, j'apprendrai à aimer la cerise comme on aime le Campari.
Et un jour, allez comprendre, je m'en suis refait un bol.
Dans une bruyère innocente, en plus.
Je sais pas, peut-être que j'étais malade.
Vous devinez la suite ?
Il est BON, bordel.
Fumer un tabac d'une boite tout juste ouverte dans une pipe qu'on aime à peine, en se disant que ça va être pénible, bingo : C'est pénible.
On efface tout et on recommence.
C'est un Burley Based avec assez de Va pour que je poste ici ( y a pas vraiment de rubrique burlesque ), et la cerise confite est tout juste l'idée d'une suggestion, son ramage est l'inverse de son plumage : y en a pas.
Pas plus que de rhum et de mélasse, mais ça, on le savait.
C'est un tabac très doux, un all-day à tendance matinale à la fumée généreuse qui s'arrondit très gentiment en fin de bol, sans l'once du moindre désagrément.
Enfin si : J'en ai presque plus.