Le lendemain, j’attends le patron devant son bureau.
« Qu’est-ce qu’il se passe ?
De l’inquiétude nait dans ses yeux
- J’ai une question à te poser : Est-ce que les plans sont définitifs ou bien est-ce qu’ils sont modifiés pendant la réalisation du prototype expérimental?
- Non. Pourquoi?
- C’est-à-dire ?
Non, ils ne sont pas modifiés. Le prototype a été finalisé par informatique et maintenant nous sommes à la phase de sa fabrication avant les essais.
- Donc le plan général qui est dans ton coffre et les plans des quatre parties qui sont entre les mains des responsables de secteur n’ont pas été modifiés depuis le début des travaux ?
- Non. On a d’abord réalisé un projet en CAD pour répondre à la demande particulière que nous a soumise l’armée.
Puis on a travaillé sur les problèmes techniques posés par la fabrication et on a établi le plan définitif et rédigé les fiches de fabrication. Et on a tiré un plan partiel pour chacune des quatre équipes
- Qui a travaillé sur ces éléments
- Moi, bien sûr, Lacombe, et Verrier pour la partie programmation du module.
- Qui est ce Verrier ? Le nom ne me dit rien. Il travaille toujours ici ?
- Non c’est un spécialiste militaire que l’armée nous a fourni.
- Pourquoi l’armée t’a fourni ce gars ?
- C’est une femme. Elle est spécialisée sur le missile pour lequel nous fabriquons ce module et donc elle nous a permis de créer les circuits adaptés aux dispositifs de commande du missile. Qui eux ne peuvent pas être modifiés.
Le module que nous réalisons est destiné à remplacer celui qui gère le missile mais avec des performances nettement supérieures.
Les caractéristiques du guidage du missile sont secrètes bien entendu et il nous fallait donc quelqu’un qui les connait pour que le module soit compatible au plan des branchements et du langage des commandes.
- Elle avait accès au plan ?
- Non, et elle ne s’y est pas intéressée. Elle se limitait à nous donner les informations nécessaires puis à valider les sous-programmes en termes de compatibilité avec le missile.
- Aucune possibilité de fuite à son niveau donc ?
- Pas que je puisse imaginer.
- Et tes autres employés que faisaient-ils pendant que vous travailliez à trois?
- Ils étaient sur la fabrication de dispositifs que nous réalisions pour des dispositifs de distribution de carburant destinés au Service Des Essences Des Armées. Rien de vraiment sensible.
Pourquoi me demandes-tu tout ça ?
- Je cherche à comprendre pourquoi les plans que t’a remis la DGSI sont des montages.
- Et ça t’a aidé?
- Oui.
- Tu peux m’expliquer?
- Pas encore.
- ????
- Non, je ne fais pas l’intéressant.
Après la réunion de cet après-midi avec Loursain je viendrais te voir pour t’exposer mon idée.
- Pas avant dix-huit heures, je serai à l’extérieur.
- OK dix-huit heures. Dans ton bureau. »
Je file vers le mien.
Je prends les documents dans mon coffre. Les pose mon bureau.
Je bourre ma pipe, prend du papier et étale les plans ‘DGSI’ du premier segment à côté de la photo de celui venant du bureau de Pierre.
J’allume ma pipe et….
Je réfléchis.
Toujours la même question qui me revient par la figure:
Pourquoi avoir fait un montage alors que le document a toujours été présent en une seule pièce?
Si je trouve la réponse à cette question, je serai tout près de trouver le ou les salopards.
Je laisse la folle du logis s’agiter en arrière-plan et je reviens à la préparation de ma réunion avec Loursain.
Je sais qu’il est là en service commandé et qu’il n’aime pas ce rôle de second couteau .
Je devrais pouvoir utiliser ce sentiment pour lui soutirer quelques informations supplémentaires.
Si tant est qu’il en ait et ne soit pas, ici, qu’un simple exécutant.
Bon, je ne l’aime pas. Mais il me le rend bien !
Il faut que je sache qui sont ces ‘’intermédiaires’’. Ou que j’ai la certitude qu’il n’en sait rien.
Ce qui voudrait dire que la nature de ces intermédiaires permettrait de savoir qui sont les commanditaires. Et que donc, la SM n’a rien dit à la DGSI
Facile à dire. Mais comment faire ?
Il n’est pas complètement idiot.