Il se carre dans son fauteuil, se gratte la tête et dit :
« Ça t’embête si je fume?
- Tu fumes?
- J’avais arrêté. J’ai repris après l’affaire Chanlier.
- Eh bien dans ce bureau, c’est comme dans le mien à la DGSE:
On peut fumer. »
Il sort une boîte de ninas et en prend un
Je vais prendre un cendrier sur un meuble et le pose sur le bureau
Pendant qu’il allume son cigarillo, je bourre ma pipe.
Il attend que je l’aie allumée et se lance.
« La SM nous a contacté parce qu’ils avaient un problème d’effectifs pour surveiller des suspects.
Ils ne nous en pas dit plus – en tout cas pas à moi
(cling. Menteur !)
- Mais ils ont bien été obligé de lâcher des informations pour que vous puissiez mener les filatures de façon efficace?
- Ils nous ont donné des noms et des adresses.
Après quelques jours nous avons pu découvrir qu’ils formaient un réseau qui approchaient des gens de chez vous et que deux d’entre-eux se rencontraient régulièrement des types de l’ambassade….
- Du Pakistan?
- ……Oui
- Comment ont-ils repéré ces agents pakistanais ?
- Je ne sais pas. Mais ce ne sont pas tous des Pakis.
- Et nos employés ? tu ne vas pas me laisser dans le brouillard. Tu as des noms ?
- Non.
- Comment as-tu su que c’étaient des personnels de chez nous.
- On a simplement filé les contacts qu’ils nous ont indiqués.
- Ecoute, là je peux t’aider. Vous avez fait des photos je suppose.
- Bien sûr. Mais elles sont à la boîte.
- Si tu me les montre je pourrais identifier les personnels concernés et vous pourrez intervenir.
On est gagnants tous le deux. Toi tu as les noms sans te compliquer la vie.
Mission accomplie. Tu as tes salopards et moi je peux dire au boss que grâce à ton aide efficace, l’affaire est terminée en ce qui nous concerne puisque les éléments pourris ont été arrêtés par la DGSI. »
Je m’arrête. Est-ce qu’il va mordre à l’hameçon.
Je peux presque voir les engrenages de son cerveau tourner à plein régime.
« Je vais voir ce qu’il est possible de faire.
Tu sais bien que les photos vont devoir être nettoyées
(Nettoyer un cliché c’est ne laisser que les éléments que l’on accepte de montrer.
Ôter par exemple tout environnement… ou en ajouter un autre.
Enlever tous les personnages que l’on ne veut pas montrer… ou en ajouter d’autres
Etc….).
- Je comprends. Mais tu sais bien que je ne dirai pas un mot sur ces photos. Des visages. C’est tout ce qu’il me faut.
Avecle fichier des personnels nous pourrons identifier tout suite ces individus. Je ne les garderai pas tu t’en doutes.
Ce serait stupide de me laisser chercher des personnes dont vous avez déjà les portraits et moi les noms. Non?
Moi, ce ne sont pas les gens du réseau qui m’intéressent. Ce sont ceux de la boîte.
Toi, ce sont aussi ceux de la boîte, puisque, si j’ai bien compris, la DGSI est chargée de la source et la SM s’occupe de la partie destination. Ils doivent travailler peut-être aussi avec la DGSE.
Finalement, c’est une chance que je sois un ancien des services. Tu sais que je ne dirai pas un mot sur la façon d’ont j’aurai détecté les employés coupables.
Qu’est-ce que tu en penses?
- Je vais voir ce que je peux faire et je t’appelle.
- Tu veux un autre café ?
- Non merci. Il faut que je file.
A plus
- A plus. »
Ça s’est mal emboîté. Je n’ai pas pu lui faire dire sur quel support étaient les plans qui ont été récupérés.
Mais les photos m’ont semblé plus importantes.
Je le regarde partir. Il y a tellement de brouillard dans sa cervelle que j’ai l’impression d’en voir sortir de sa tête. Il a juste allumé un autre ninas.