Plusieurs hommes en tenue militaire venaient d’entrer.
Un lieutenant s’avance et dit :
« Vous voulez bien me donner ces armes »
Nous nous regardons avec Pierre et nous lui tendons nos pistolets.
Il les prend et les passe à l’un des hommes qui le suivent.
« Monsieur Jacquard ?
- C’est moi.
- Le général de la Roussière va nous rejoindre.
En attendant nous allons prendre en charge vos agresseurs.
Il fait signe aux militaires qui l’accompagnent.
Le Pakistanais est remis sur ses pieds et désentravé. Conduit face au mur, près du comptoir d’accueil.
L’Afghane est conduite à côté de lui.
Un militaires se tient à deux mètres derrière eux, Famas en main.
Nous sommes décontenancés par l’arrivée de ces militaires.
Nous attendons bien sagement. Sans rien dire.
La situation se prolonge pendant un petit quart d’heure.
De la Roussière arrive accompagné de Crozatier.
Ni bonjour, ni comment allez-vous : « On peut aller dans votre bureau ?
Monsieur Lacombe vous voulez-bien venir aussi ? »
Il se tourne vers moi : « Vous êtes ?
- Henri Jansomme
- Ah !Monsieur Jansomme. Vous êtes le responsable de la sécurité de LOGUIDEL.
Venez aussi. Vous ne serez pas de trop. »
Et il se dirige vers le bureau de Pierre. Il connait le chemin.
Nous lui emboîtons le pas. Crozatier suit.
Arrivez dans le bureau de Pierre, Crozatier ferme la porte.
De la Roussière s’adresse à Crozatier : « Allez-y mon cher. Expliquez la situation.
- Toute l’opération avait pour seul but de mettre la main sur l’homme qui est dans le hall : Ali Raza Gelani,
Il est le responsable du réseau d’agents de l’ISI chez nous. Nous l’avions identifié, mais nous n’arrivions pas à loger.
Nous ne savions pas qui il était jusqu’à ce que le piratage provoqué du module nous permette de le loger.
L’arrestation de plusieurs de ses agents l’a obligé à se découvrir.
Rizoah Eniadha nous a aidé. En se faisant passer pour une patriote Pakistanaise, elle a réussi à lui être présentée.
Elle l’a convaincu qu’elle pouvait l’aider.
Gilani avait reçu d’Islamabad l’information que les plans qu’il avait transmis étaient des faux.
Il lui était demandé de se procurer les vrais.
Rizoah a accepté de le convaincre que la seule solution pour aboutir était de voler les plans directement dans l’entreprise.
Nous lui avons fourni les renseignements pour qu’elle puisse l’inciter à tenter de voler les plans lui-même.
Il avait étudié la situation et savait que le samedi et le dimanche l’entreprise était fermée.
Il venait avec Rizoah depuis plusieurs semaines, chaque week end. Elle lui permettait de passer pour un couple qui se promène.
Il connaissait visuellement Mr Jacquard et Mr Lacombe.
C’est par hasard qu’il a vu arriver Mr Lacombe.
Il a décidé d’agir alors immédiatement. Vous connaissez la suite.
- Comment avez-vous pu être là aussi vite?
- Par mesure de précaution, nous avons depuis plus de deux mois une quinzaine d’hommes qui sont stationnés à deux rue derrière les locaux de LOGUIDEL.
Quand le général de la Roussière nous a appelé, nous sommes intervenus immédiatement.
- Il n’y a donc pas eu de piratage des plans dans l’entreprise.
- Non. Nous avons utilisé les plans dont dispose le général de la Roussière pour fabriquer les faux plans que nous avons fait aboutir entre les mains des agents de l’ISI… Qui nous ont payé!
Mais nous voulions la tête du réseau. Rizoah a fait un travail formidable en arrivant à le convaincre de passer à l’action lui-même.
- Vous avez mis nos vies en danger sans nous demander si nous étions d’accord.
- Nous ne savions pas que Gilani passerait à l’action aujourd’hui. Lui non plus d’ailleurs.
- Vous nous avez quand même mis en danger avec votre combine de faux plans.
- Il nous fallait bien amener Gilani à se découvrir. En le privant d’une partie de ses agents, nous l’obligions à agir lui-même.
Sa capture va nous permettre de l’interroger et de d’arrêter les agents restants.
- Que va-t-il se passer pour Rizoah.
Elle va être arrêtée devant lui puis incarcérée. Elle sera bien sûr libérée et restera au service de la SM puisque sa volonté est de lutter contre les Pakistanais.
- Finalement, intervient Pierre, vous nous avez manipulé et utilisés comme leurre pour mener à bien votre petite cuisine.
- Nous ne pouvions pas risquer de compromettre l’opération en vous informant.
- Vous ne reculez devant rien pour parvenir à vos fins.
- Jamais quand la sécurité militaire de notre pays est en jeu »
Il ouvre la porte : « Mon général, je vais m’occuper de des transports. Je vous retrouve ensuite dans vos bureaux. »
Et Crozatier s’en va sans un mot de plus.
De la Roussière se dirige aussi vers la porte : « Monsieur Jacquard, je viendrai vous voir lundi matin. »
Et le général s’en va.
Nous nous regardons tous les trois.
Pierre va dans le meuble derrière son bureau et sans un mot sort des verres et la bouteille de Caol Ila.
Il verse une bonne rasade dans chaque verre, nous les tend :
« Je ne sais pas vous, mais moi, j’en ai besoin. »
Nous buvons de concert, sans un mot.