Salut à tous,
voici une très très belle histoire sur laquelle je suis tombé, bonne lecture et bonne journée à tous
Selon l'histoire, un jeune et aventureux Bushongo du nom de Lusana Lumunbala était parti voyager loin dans le Monde et sa tribu n'avait plus de ses nouvelles depuis bon nombre d’années. Il réapparut soudainement et après de nombreuses réjouissances on lui demanda quelles richesses il avait découvert.
Le voyageur chercha dans sa sacoche et en tira quelques feuilles de tabac desséchées et un petit paquet de semences.
"Hommes de Bushongo" dit-il solennellement, " remerciez moi du fond du cœur de vous avoir rapporté ceci."
Les anciens se passèrent les feuilles de main en main et secouèrent la tête; l'un d'eux dit sévèrement:
"Crois- tu donc, Lusana Lumunbala, que l'heure est à la plaisanterie? En quoi cette mauvaise herbe est elle bonne pour nous?
"Je crains", dit un autre en se moquant," que cet homme n'ait rien gagné du tout dans ses voyages dont il se vante tant, et que les épreuves qu'il a subi lui aient fait perdre quelque chose." Et il se frappa la tête de façon significative.
Lusana Lumunbala sourit. "Je n'ai pas perdu l'esprit, O sages de Misumba, car cette herbe dont je vous ai rapporté quelques feuilles est vraiment très précieuse."
"Est-ce bon à manger?"
"Non, ça ne l'est pas."
"Est-ce un remède à une maladie quelconque?"
"Il les guérit toutes. Sa fumée, quand on l'inhale, est à l'âme tourmentée comme la caresse d'une mère à un enfant malade."
Et disant cela, il sortit une pipe de son sac, la bourra d'un peu de tabac, l'alluma avec quelques braises et commença à fumer, et en le faisant, son visage s'illumina de plaisir.
Les anciens parlèrent tous à la fois : "Notre frère est certainement devenu fou; il respire du feu et boit de la fumée".
Mais l'un d'entre eux, plus courageux que les autres, lui demanda de le laisser essayer cette herbe extraordinaire, et prenant la pipe inhala une grande bouffée de fumée. Il fut pris d'une violente quinte de toux et tomba à terre en haletant. Quand il fut remis il injuria le voyageur, et le menaça du poing.
"Tu es…" le réprimanda Lusana Lumunbala, "…comme un enfant qui s'étrangle à la première bouchée de nourriture solide que sa mère lui donne, et toutefois, à mesure qu'il s'habitue, devient un bon compagnon de table.
Tu étais trop gourmand. On remplit le panier petit à petit comme le dit le proverbe. Tu aurais dû essayer juste un peu. Si tu l'avais fait tu aurais aussitôt pu apprécier l'effet magique de la fumée comme je l'ai fait. En ce qui concerne cette herbe, qu'on appelle Makaya (tabac), c'est le plus grand plaisir de l'homme.
J'en ai appris l'usage dans le pays de Pende, dont les habitants, les Tupende, l'avaient appris d'un peuple étrange qui venait de l'autre côté des eaux salées. O Makaya, Makaya, quelles merveilles tu accomplis!". Et Lusana Lumunbala ferma les yeux d'extase.
« Comme le feu adoucit l'acier, Makaya adoucit le cœur. Si un jour ton frère t'a offensé, et que la colère te fait monter le sang à la tête, et que tu vas chercher ton arc et tes flèches pour le tuer, prends ta pipe et fume. Ta colère s'envolera avant que son parfum disparaisse.» Tu te diras "sûrement je ne dois pas tuer le fils de ma mère, lui qui est de mon propre sang. Je vais le battre avec un gros bâton pour lui donner une leçon. Mais comme tu te lèves pour prendre ta massue, prends ta pipe et et avale sa fumée. A mi-chemin tu t'arrêteras, tu souriras et diras 'Non, je ne peux pas battre mon frère, le compagnon de ma jeunesse. Ce serait mieux que je puisse le réprimander – que je le fustige avec des mots durs plutôt que de le frapper d'un bâton. Et au moment où tu vas le faire, fume, fume ! Et avec chaque bouffée ton cœur deviendra plus charitable et incliné au pardon, et en t'avançant vers le coupable tremblant, tu te jetteras à son cou et tu diras : Mon frère, mon frère, le passé est le passé. Viens dans ma hutte, et buvons et mangeons ensemble, et réjouissons nous, et aimons nous l'un l'autre."
« Et chacun d’entre vous sait », conclut Bilumbu, « que Lusana Lumunbala a dit la vérité ;
chaque fois que votre cœur se remplit de colère ou de tristesse, buvez la fumée de Makaya et la paix et la joie règneront à nouveau en vous."