AH !  FUMER !
Ah ! fumer ! Sans rien faire !

Rien d’autre que fumer !
Voir s’élever dans l’air
Le panache léger
Que la pipe libère
De son antre embrasé.


 Le suivre dans l’espace
Et le voir s’envoler,
Emportant avec grâce
Notre esprit enjôlé
Vers un monde sans place,
Des lieux incalculés.
 
Voguer parmi les astres !
Frôler l’éternité !
Revenir sur nos traces
Le regard égaré.
Par un autre panache
Être à nouveau porté
 
Jusque dans les nuages.
Et puis les traverser,
Les yeux saoulés d’images
Et le cœur emballé,
Comme un cheval sauvage
Cherchant sa liberté.
 
Voyageur titanique
Des espaces incertains.
Evadé tellurique.
Il n’y a plus de frein.
Et ce monde onirique
Est un monde sans fin.
 
Et quand soudain s’enfuit
Ce fin support magique,
Que le ciel s’obscurcit
Tel un poème orphique,
Quand la pipe est finie
Au coin de notre lippe,
 
Nous restons là, songeurs,
Le regard dans l’espace,
Cherchant, dans les vapeurs
Que notre cerveau brasse,
A revoir ces splendeurs
Qui lentement s’effacent.
 
Et la pipe à la main,
Nous comprenons, soudain,
Que nous sommes des nains.

"Voir s’élever dans l’air
Le panache léger
Que la pipe libère
De son antre embrasé."

Ce poème fait magnifiquement écho à ce que je pense (ou j'espère) tout fumeur de pipe peut un jour ressentir en compagnie de sa bouffarde, plus ou moins souvent. Merci William !

Brase d'Anjou a écrit:

"Voir s’élever dans l’air
Le panache léger
Que la pipe libère
De son antre embrasé."

Merci Brase pour cette illustration