Alors voilà, un tabac pas encore référencé
C'est une honte !
Bon maintenant faut que je vous explique pourquoi
Merci à Brase d'Anjou pour l'échantillon qu'il m'a fait parvenir et sans qui cette revue n'existerait pas.
La boite, que je ne vois qu'en photo est jolie et n'est désormais trouvable qu'au US facilement et peut-être moins facilement hors de l'hexagone mais je ne fais que supposer.
La description commerciale indique un non-aromatique, de type Balkan (on va le classer en anglais pour bien énerver les puristes et simplifier pour les autres).
Latakia, Oriental/Turkish, Virginia
D'après Tabacco reviews. Est-ce que les noms sont classés selon les proportions ? J'aimerais dire que... oui.
Le tabac sorti et mis en séchage montre clairement qu'il est foncé ce mélange, très foncé. La belle teinte blonde du virginia est difficile à décerner.
La coupe est grossière, on arrive même à déplier des bouts de feuilles de 6-8 mm². Ces bouts sont parsemés de miettes. On a un petit peu de blond, moyennement de marron et beaucoup de noir.
L'odeur qui se dégage du tabac en train de sécher est forte. On a l'impression d'avoir le nez collé sur un poteau télégrahique traité à la créosote. Ca sent bon ! (pour qui aime, et j'adore). En insistant, on a des notes charbonneuses, d'humus mycosé.
J'ai testé dans des bruyères. L'écume ou la terre ne me semblant de prime abord pas envisageables.
Le bourrage est facile malgré les grands brins buns (ah, ah... seuls nos amis québéquois prononceront correctement ces deux homonymes)
Un peu d'appréhension avant l'allumage. J'ai peur de me faire agresser. La flamme du briquet au-dessus du bol est attirée doucement par mon aspiration retenue. L'orange pétant de la flamme lèche amoureusement la surface du tabac et met en combustion les brins qui ne se rebellent pas. Ils restent callés dans leur bourrage initial et émettent de plaisir une fumée dense, un peu grisée qui m'envahit la cavité buccale. Je n'en ai pas conscience, les effluves en bouche ne se sentent pas. La fumée expirée laisse exploser une succession de saveurs toutes admirables. On est assailli par le latakia et son côté fumé, tourbé. Les encens des orientaux empaquetant le tout d'effluves intrigantes, fugaces mais renouvellées.
Vite, avant d'avoir les naseaux saturés, je renifle les anneaux de fumée qui s'échappent loin de moi. La room-note, la room-note ! Heu... Beurk. Bon, à réserver aux grandes balades en solitaire. Il semblerait même que si on décide de partir à plusieurs on se retrouvera très vite seul. C'est acre, comme un fusible cramé.
Je continue mon fumage. Je dois rallumer 3 ou 4 fois, le tassage n'est pas aisé, le tabac solidifie à la chaleur.
C'est moelleux en bouche et tellement satisfaisant au nez. Je suis un fan d'orientaux c'est sûr et ils se marient à merveille avec le latakia. C'est pour moi comme écouter de la musique baroque : Le latakia représentant le bourdon des violes de gambe et les orientaux les festons improvisés des violons ou des flûtes. On pourrait se laisser aller pendant des heures, les yeux mi-clos, hors du monde.
C'est cependant un voyage sur routes cahoteuses (Je suis Laura Ingalls !!). On est loin des douceurs sucrées virginesques ou de la vaporeuse gaze d'un Squadron Leader.
Les fumeurs de Nightcap ou d'Old Dublin me comprendront. J'ai même eu l'impression qu'un Nightcap rechargé en orientaux pourrait s'en approcher.
On atterrit vers la fin du bol. La bouche commence à saturer un peu de tous ces molécules de combustion, j'ai l'impression d'avoir maché un chewing-gum de caoutchouc brûlé. La langue commence à se sentir engourdie par les vapeurs de bitume qui perlent du tuyau.
Un léger tourni dû à la nicotine qui arrive en fin de pipe me décide à stopper là.
Je repose ce moteur à combustion. Le goût en bouche reste; acre, comme si j'avais combattu un feu de transformateur électrique toute la nuit (Je suis un héros !)
Conclusion : Ce ne sera sans doute pas un all-day car il est puissant en saveurs et il pourrait saturer les sensations trop rapidement. Mais en faire un hebdomadaire alors là oui !
Les tabacs semblent de très bonne facture et le mélange organisé de belle façon.
Maintenant je vous le demande : On retourne au bal quand ?