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Jaha lève les yeux vers elle et voyant son visage angoissé, il promet de la mettre au courant. Ajoutant aussitôt qu’il lui promet aussi, si jamais elle en dit un seul mot à ses commères d’amies, qu’il lui brisera un fagot de bois sur l’échine.
Sa femme ne s’émeut pas pour si peu.
Jaha menace beaucoup mais il ne frappe jamais
C’est un brave homme.
Elle lui fait remarquer que ce n’est pas la première fois qu’il est confronté à des soucis et qu’avec son intelligence il a toujours trouvé des solutions satisfaisantes pour sa bourse et son honneur.
Elle ajoute sur un ton détaché que ce n’est pas en laissant perdre un bon couscous qu’il trouvera plus facilement une issue convenable à la situation.
Jaha se lève et lui dit : « Femme tu ne réalises pas l’importance de ce qu’il se passe. Mais tu as raison sur un point : cela ne justifie pas que je te fasse l’affront de laisser perdre le couscous que tu as préparé. »

Après le repas, problème ou pas problème, Jaha fait la sieste.
Mais si le corps y est, l’esprit n’y est pas. Et notre homme ne parvient pas à trouver ce sommeil si paisible qui accompagne normalement chez lui un bon repas.

Il finit par se lever et retourne sur son divan.
Il garnit sa chibouque et commence à fumer.
Le rythme de sa pipe traduit en petits nuages parfumés le cheminement de sa pensée
Tantôt saccadée, tantôt lente et faible, tantôt brève et vive, tantôt longue et ondulante, tantôt suspendue pendant des minutes entières.
Jaha réfléchit. Et sa pipe est le métronome de sa pensée.

Après une bonne heure, Jaha pose sa chibouque qui est éteinte, se lève et se met à marcher dans le salon.
C’est une chose rare et qui traduit une très forte excitation intellectuelle.
Sa pensée n’est pas du genre péripatétique.
Plutôt du style divan, pipe, thé, loukoum.
Que se passe-t-il donc dans la tête de Jaha pour que son comportement soit perturbé à ce point ?

Il marche, s’arrête secoue la tête, agite tantôt une main, tantôt l’autre, lève les bras devant lui, soupire, fait la moue, s’asseoit, se relève vivement (Pourtant Jaha a toujours considéré que la dignité d’un mouvement est directement proportionnelle à sa lenteur).
Finalement il stoppe net et reste planté au milieu du salon.
Il a sur le visage l’expression que dut avoir Archimède en sortant de sa baignoire.

Il appelle sa femme, va s’asseoir sur le divan et se prépare une nouvelle pipe.
« Apporte-moi du thé et des loukoums »
Celle-ci s’empresse de lui apporter l’un et l’autre.
Elle est contente de le voir ainsi et s’enhardit à lui demander s’il a trouvé une réponse à ses soucis.
Jaha, la regarde et lui dit » :
« Va te chercher un verre et viens me rejoindre. »
Surprise par cette demande tout à fait inhabituelle, si inhabituelle qu’elle ne se souvient pas que cela se soit déjà produit, elle reste sur place interloquée.
« Eh bien! Qu’y a-t-il? Tu as vu Fatima? »
Elle s’en va lentement et reviens avec un verre.
« Eh bien? Assieds-toi! Sers-toi! »
Encore perturbée par ce qu’il se passe elle s’installe sur un pouf en face de lui.
Elle le regarde. Cherche à comprendre.

La conscience de Jaha 2 L'illustration est de Brase d'Anjou Femme110

"Encore perturbée par ce qu’il se passe elle s’installe sur un pouf en face de lui.
Elle le regarde. Cherche à comprendre."

La conscience de Jaha 2 L'illustration est de Brase d'Anjou Femme10

Brase d'Anjou a écrit:: "Encore perturbée par ce qu’il se passe elle s’installe sur un pouf en face de lui.
Elle le regarde. Cherche à comprendre."

Merci Brase.
Là on sent bien qu'il va falloir qu'il explique.

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