Le garçon montre Jaha du doigt. L’homme vient vers sa table.
Il le salut et se présente: Souleiman El Nouri.
Il entre tout de suite dans le vif du sujet.
« Je crois  que vous avez du tissu à vendre ?
- En effet, répond Jaha, Comment le savez-vous ?
- Aucune importance, dit Souleiman avec un geste évasif de la main,
C’est vous qui avez acheté la cargaison de l’Amira?
- Oui
- Seriez-vous disposé à me la revendre ? »
Jaha fait mine de réfléchir et de peser le pour et le contre de la proposition.
«  Cela dépend du prix que vous êtes prêt à offrir.
Le Beylicat paie bien.
-  Mais il paie tard.
- Je ne suis pas vraiment pressé. 
- Je vous offre vingt-cinq pour cent de plus que le prix que vous avez payé au capitaine. »
C'est une très belle offre.
Jaha ne répond pas
Il réfléchit
Il commence à comprendre qu’en fait ce qu’EL Nouri ne veut pas, c’est voir arriver un nouveau fournisseur sur les marchés du beylicat.
Ce type doit au moins doubler les prix à l’intendance.
Si c'est pareil pour tous les achats du beylicat, pas étonnant que le Bey ait besoin d’autant d’argent. D’où les collectes exceptionnelles d’impôts ce dit Jaha.
«Trente pour cent et les rouleaux sont à vous.
- Vous êtes dur.
- Je vous l’ai dit je ne suis pas pressé pour avoir mon argent.
A l’intendance j’obtiendrai sans doute plus.
- Va pour trente pour cent de votre prix d’achat.
Nous sommes donc d’accord pour quatre-vingt onze mille maravédis ? »
Jaha le regarde d’un air surpris
Une idée vient brusquement de germer dans sa tête
Il va tenter un gros coup.
« Quelque chose ne va pas ?
- Trente pour cent de quatre-vingt dix font vingt-sept.
Quatre-vingt dix plus vingt-sept font cent dix sept et pas quatre-vingt onze.
- Mais vous avez bien acheté le tissu à soixante et dix mille maravédis ?
- Non. Quatre-vingt dix mille. Et Jaha montre le titre sur la table. »
El Nouri le lit soigneusement, le repose en murmurant: « Quel voyou ce capitaine »
‘’Pas tant que toi pense Jaha’’
El Nouri réfléchit.
Jaha ne veut pas lui laisser trop de temps.
« Alors?


- D’accord. Venez avec moi. Mes bureaux sont en face, sur la place.
- Vous voulez voir les rouleaux?
- Inutile. Je suis sûr que vous les avez examinés avant de les payer.
Allons-y. »
 
En ressortant du bureau d’El Nouri, Jaha a presque envie de danser.
 
Il se dirige immédiatement vers le terminal de la diligence.
Il espère ne pas être obligé de passer la nuit en ville avec l’argent qu’il a sur lui.
La dernière part dans une demi-heure.
Cela lui laisse juste le temps d’acheter une boîte de loukoum pour tenir jusqu’à la maison.
Il monte dans la diligence avec deux autres voyageurs.
Le cocher à l’air de les connaître.
Cela le rassure un peu.
Il a sur lui une somme très importante et n’a pas envie de se faire voler.
Il se dit qu’il n’y a aucune raison pour que ces gens soient au courant.
La diligence s’ébranle et Jaha commence à réfléchir à ce qu’il va raconter à sa femme en arrivant.
Et à Selim et aux autres demain matin.

« Ce type doit au moins doubler les prix à l’intendance. »

Quand on voit des soldes de vêtements à -95% et qu’on sait que la vente à perte est interdite, on se dit que ce monsieur est finalement très modeste dans ses ambitions !

" Venez avec moi. Mes bureaux sont en face, sur la place."

Les3Ours a écrit:

« Ce type doit au moins doubler les prix à l’intendance. »

Quand on voit des soldes de vêtements à -95% et qu’on sait que la vente à perte est interdite, on se dit que ce monsieur est finalement très modeste dans ses ambitions !

Il ne s'agit ici que du tissu... Reste encore la confection du vêtement avec la marge des importateurs, celle des grossistes, des présentants et finalement des détaillants. Ça laisse rêveur  

Mais c'est ainsi depuis la nuit des temps, c'est ce qui fait marcher notre société avec en final toutes les taxes qui alimenteront notre budget national.

Brase d'Anjou a écrit:

Les3Ours a écrit:

« Ce type doit au moins doubler les prix à l’intendance. »

Quand on voit des soldes de vêtements à -95% et qu’on sait que la vente à perte est interdite, on se dit que ce monsieur est finalement très modeste dans ses ambitions !

Il ne s'agit ici que du tissu... Reste encore la confection du vêtement avec la marge des importateurs, celle des grossistes, des présentants et finalement des détaillants. Ça laisse rêveur  

Mais c'est ainsi depuis la nuit des temps, c'est ce qui fait marcher notre société avec en final toutes les taxes qui alimenteront notre budget national.

Je crois que Jaha est un précusrseur qui a inventé la devise payer moins et gagner plus.
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression qu'elle convient à beaucoup. non?
N'oublions pas que les Romains (ah! Les Romains!) avaient fait de Mercure le Dieu des comerçants et des voleurs.

Brase, merci pour cette photo que tu as du prendre en suivant Jaha.