Avec sur les bras une quantité non négligeable de Camel à tuber (+300g) — merci les copains qui passent au Lux — et une envie de fumer la pipe, mais sans avoir de tabac qui me plaise assez sous la main — palais non encore raffiné aux joies de la bouffarde, sans budget ni bonne adresse, mon rêve serait d'avoir de l'American Spirit en coupe large, sauf que ça n'existe pas, mais je digresse; je me suis mis en tête de le convertir en tabac fumable à la pipe. Avec succès. 
Détail des opérations, je l'ai fait 2 fois en 3 jours, je mélange les deux, il n'y a que peu de variantes — vous rappelant que je n'ai lu aucun matériel à ce sujet au préalable. 

Donc mon problème, c'est que du tabac j'en ai, moult, mais ça ne fonctionne pas : en tabac à pipe, j'ai deux paquets de Cellini, aro italien sympa mais fort et trop riche en arômes, qui m'écoeure assez vite. J'ai aussi plein de Camel à tuber, mais il est quand même fort saucé à la glycérine, et ça chauffe à une vitesse effrayante dans une pipe — en plus de ne pas avoir un goût super une fois passé le premier tiers, faut le rallumer tout le temps et entre chaque il brûle à une vitesse effrayante (normal, c'est pas fait pour !).

Qu'à cela ne tienne, fort de mes lectures faites lors de mon année et demi de buraliste et mes 20 ans de tabagisme, je sais qu'on peut faire à peu près tout ce qu'on veut au tabac — suffit de ne pas mégoter. 

Alors c'est parti, je prends un pot, je lui colle dedans à peu près 30g de Camel, quelques grammes de Cellini (très sec, l'équivalent de 3 ou 4 bols), et quelques gouttes de concentré de vanille. Je remplis d'eau, et je secoue bien le tout pour laver la sauce du Camel, diluer les arômes du Cellini et les faire passer dans le reste, et baisser un peu le taux de nicotine, bref adoucir et uniformiser le tout. Je laisse reposer une demi heure et je reviens égoutter tout ça, en pressant grossièrement à la main (passoire et linge propre). Ça sent bon ! C'est bon signe. 

J'en mets une petite quantité (entre 1 à 2 cm) dans un pot de confiture lisse en verre dont j'ai coupé le fond, pour pouvoir presser contre le couvercle et démouler facilement l'affaire. Je presse en poussant avec un mortier pour égoutter encore au max, je me fais 3 ou 4 gateaux comme ça, et je colle le tout au four à 85° pour évaporer l'eau. 

N'évaporant pas grand chose, je finirai après 3h au four par les coller au soleil une journée avec beaucoup plus de succès. Je me passerai du four sur le deuxième essai, par mesure d'économie d'énergie, mais en évacuant l'eau de manière bien plus efficace en pressant mécaniquement mes cookies de tabac. 

Etant plutôt pressé, aucun curage supplémentaire, le constat est bien évident que l'humidité reste très présente au coeur des cakes, aussi je les brise en 3 avant mise au soleil. 

La première fournée étant délicieuse, j'ai donc fait la deuxième dans la foulée, je ne l'ai pas encore goutée formellement — je m'apprête à le faire après vous avoir écrit ces lignes. En tout cas suit mon CR de goût de la première. 

Très léger, gentiment mordant, à la room-note agréable (facile avec la vanille et la légère sauce Cellini), le bonheur étant qu'il prend en développement aromatique à mesure que le bol avance et la magie absolue c'est que je le trouve délicieux jusqu'au dernier brin. Je l'effrite à la main, faisant de petits morceaux d'aggloméré, tapissant le fond du bol de deux ou trois un peu plus conséquents, ensuite j'alterne entre morceaux et brins lâches. Il brûle de manière assez constante, un ou deux rallumages par bol, ne chauffe plus autant. Et comme il est assez léger, je n'ai aucun scrupule à inhaler quelques bouffées pour avoir mon taf de nicotine de la manière avec laquelle je suis jusqu'ici habitué. 

Quelques images de mes humbles "cookies". 


jeI
pronom :je, moi

Detected language : English

Intéressant ça a l air pas mal, je pensais pas que du tabac à tuber pouvait être '' reconfiguré'' de cette façon

Ah bravo ! Premiere fois que je lis quelqu'un satisfait d'avoir rincé son tabac, tu pourras donner plus de détail ? Volume d'eau ajouté / retiré m'intéresse.

Encore bravo d'avoir innové comme cela.

Bravo pour cette innovation réussie.

Merci pour ton retour et bravo pour ton inventivité 

PetuneurBreton a écrit:

Ah bravo ! Premiere fois que je lis quelqu'un satisfait d'avoir rincé son tabac, tu pourras donner plus de détail ? Volume d'eau ajouté / retiré m'intéresse.

Encore bravo d'avoir innové comme cela.

Je n'ai pas été très "clinique" et ai fait ça un peu à vue d'oeil, je me fie à la couleur et au nez. Pour 35g de tabac j'ai dû mettre entre 40 et 50 cl d'eau, secouer 5 minutes et laisser reposer 20 ou 30, j'égoutte quand l'eau prend une teinte dorée profonde, comme un thé très infusé. 
La couleur est à mon avis un bon moyen de se faire des références, si l'on ne dispose pas d'une quantité suffisante pour tester trop de trucs, on doit pouvoir se contenter de faire des éprouvettes sur un ou deux bols, il suffit de comparer la couleur en utilisant toujours le même récipient, un tube à essai me semble adéquat.
 J'imagine qu'il doit aussi être possible, si l'on a trop lavé, de remettre l'eau du bain (qu'on aura gardé) avec le tabac et de faire une évaporation lente pour lui refixer de la nicotine/des arômes.

Pipeman a écrit:

Intéressant ça a l air pas mal, je pensais pas que du tabac à tuber pouvait être '' reconfiguré'' de cette façon

C'est beaucoup plus "flexible" qu'on ne l'imagine. De plus, ce tabac est quasiment toujours "expansé", c'est à dire qu'il subit un traitement de "gonflage", où les brins de tabacs (et les morceaux de feuille de tabac reconstitué — l'industrie transforme les tiges et autres déchets végétaux de la plante, très concentrés en nicotine, en pâte à papier, qui est ensuite aromatisée et pressée en feuille puis découpée en brins. Dans les clopes et le tabac à tuber, ainsi que du tabac à pipe de mauvaise qualité, on trouve entre 10 et 30% de cet ersatz de tabac selon les marques, de mémoire) sont soumis à une forte humidification qui vient gonfler les fibres, puis par traitement cryogénique l'eau est glacée puis sublimée à vitesse flash, laissant les fibres pleines d'air, et donnant ainsi du volume. De cette manière, l'utilisateur a très peu de chances de se tuber une cigarette infumable puisque trop tassée s'il blinde sa machine de tabac. De fait, du moment que l'on mouille ce tabac et qu'on l'égoutte, le presse ou laisse l'eau s'évaporer, il prendra moins de place qu'à l'origine (ce qui nous intéresse dans ce cas de figure où la coupe fine n'est pas toujours la plus adaptée).

Léopoldus a écrit:

Pipeman a écrit:

Intéressant ça a l air pas mal, je pensais pas que du tabac à tuber pouvait être '' reconfiguré'' de cette façon

C'est beaucoup plus "flexible" qu'on ne l'imagine. De plus, ce tabac est quasiment toujours "expansé", c'est à dire qu'il subit un traitement de "gonflage", où les brins de tabacs (et les morceaux de feuille de tabac reconstitué — l'industrie transforme les tiges et autres déchets végétaux de la plante, très concentrés en nicotine, en pâte à papier, qui est ensuite aromatisée et pressée en feuille puis découpée en brins. Dans les clopes et le tabac à tuber, ainsi que du tabac à pipe de mauvaise qualité, on trouve entre 10 et 30% de cet ersatz de tabac selon les marques, de mémoire) sont soumis à une forte humidification qui vient gonfler les fibres, puis par traitement cryogénique l'eau est glacée puis sublimée à vitesse flash, laissant les fibres pleines d'air, et donnant ainsi du volume. De cette manière, l'utilisateur a très peu de chances de se tuber une cigarette infumable puisque trop tassée s'il blinde sa machine de tabac. De fait, du moment que l'on mouille ce tabac et qu'on l'égoutte, le presse ou laisse l'eau s'évaporer, il prendra moins de place qu'à l'origine (ce qui nous intéresse dans ce cas de figure où la coupe fine n'est pas toujours la plus adaptée).

Merci pour toutes ces infos.

Qu'il est bien ce forum !

Si tu as des sources sur les procédés de l'industrie du tabac, ça m'intéresserait d'en lire plus

Capenosse a écrit:

Merci pour toutes ces infos.

Qu'il est bien ce forum !

Si tu as des sources sur les procédés de l'industrie du tabac, ça m'intéresserait dans lire plus

Avec plaisir ! Le souci en France c'est que la loi interdisant la publicité (et les publications) pour le tabac au grand public, il est difficile de trouver des ressources sur le web. Personnellement j'utilise un VPN (gratuit, du style celui intégré dans le navigateur web Opéra) pour aller sur les sites des fabricants, où on peut glaner quelques infos sur la composition — types de tabacs employés, procédés de séchage, traitements et coupes — qui sont de fait souvent inaccessibles depuis la France. La pub est autorisée pour les professionnels cela dit, et les buralistes reçoivent des magazines spécialisés à leur destination tous les mois, tu peux donc te rapprocher des plus sympa que tu connaisses pour leur demander de te prêter ou donner leurs exemplaires — d'autant qu'ils ne sont pas très nombreux à les lire. Il y est surtout question de chiffres mais de temps en temps on y trouve des dossiers intéressants — et pas mal d'"infomercial", de la pub scientifique, pas toujours dispo depuis les sites web desdits magazines (comme revuedestabacs.com ou buralistesmag.fr), mais qui permettent quand même d'être un peu au fait des procédés comme j'ai pu détailler.
Il y a aussi les quelques livres-enquêtes-choc-lançage d'alerte qui font toujours un peu un carton à charge contre l'industrie.

Léopoldus a écrit:

Capenosse a écrit:

Merci pour toutes ces infos.

Qu'il est bien ce forum !

Si tu as des sources sur les procédés de l'industrie du tabac, ça m'intéresserait dans lire plus

Avec plaisir ! Le souci en France c'est que la loi interdisant la publicité (et les publications) pour le tabac au grand public, il est difficile de trouver des ressources sur le web. Personnellement j'utilise un VPN (gratuit, du style celui intégré dans le navigateur web Opéra) pour aller sur les sites des fabricants, où on peut glaner quelques infos sur la composition — types de tabacs employés, procédés de séchage, traitements et coupes — qui sont de fait souvent inaccessibles depuis la France. La pub est autorisée pour les professionnels cela dit, et les buralistes reçoivent des magazines spécialisés à leur destination tous les mois, tu peux donc te rapprocher des plus sympa que tu connaisses pour leur demander de te prêter ou donner leurs exemplaires — d'autant qu'ils ne sont pas très nombreux à les lire. Il y est surtout question de chiffres mais de temps en temps on y trouve des dossiers intéressants — et pas mal d'"infomercial", de la pub scientifique, pas toujours dispo depuis les sites web desdits magazines (comme revuedestabacs.com ou buralistesmag.fr), mais qui permettent quand même d'être un peu au fait des procédés comme j'ai pu détailler.
Il y a aussi les quelques livres-enquêtes-choc-lançage d'alerte qui font toujours un peu un carton à charge contre l'industrie.

 Génial

Est ce que des écrits postés sur ce forum en partie privée tomberaient sous le coup de cette Loi ?

Si non, pourquoi pas en profiter pour y partager ce type d'infos ?

Je vais me rapprocher de mon buraliste.

Capenosse a écrit:

Est ce que des écrits postés sur ce forum en partie privée tomberaient sous le coup de cette Loi ?

Si non, pourquoi pas en profiter pour y partager ce type d'infos ?

Je vais me rapprocher de mon buraliste.

Non, je pense que c'est complètement oké, en plus il n'est pas très référencé. Perso je n'ai pas gardé les quelques exemplaires que j'ai lu, les ayant surtout parcourus au boulot les jours sans clients (ces interminables journées de confinement).

Ben ils sont pas mal tes cookies, Leopoldus, pas trop secs ?