Je me propose d'arbitrer impartialement un match entre ces deux pays. Pas un match de rugby, non, un match de pipes. Voici les équipes:
. A gauche la France (Ropp en Bas et Sommer en haut)), à droite L’
Irlande (Sherlock Holmes Fish Tail à gauche, Péterson 302 P-Lip à droite). C’est parti !
1)
Le « système ». Ayant actuellement la ‘’Péterson 302 P-Lip’’ au bec (mes deux mains étant prises par le clavier), je ne peux qu’abonder dans le sens des éloges : ce système fait parfaitement son boulot. Le jus résultant de la combustion descend bien dans le ‘’réservoir’’ prévu à cet effet. La pipe ne glougloute absolument pas, la fumée est très agréable
. Oui MAIS, la plupart des pipes courbes Saint Claudiennes possèdent ce système et on n’en entend parler nulle part. Je trouve ça bien dommage. En particulier, ces deux pipes (la Ropp et la Sommer) n’ont absolument rien à envier à une Péterson courbe pour ce qui concerne le « système ». Je suis désolé de ne pas satisfaire votre curiosité en les sciant en deux pour bien voir les perçages, je les aime trop.
Je me dois d’être impartial. Alors je dois dire que pour certaines Françaises courbes, ce système est moins prononcé que sur mes deux Irlandaises ou que sur ma Ropp et sur ma Sommer ici présentes, donc moins efficace. Il en résulte une petite possibilité de « glougloutage » due à un « réservoir à jus » moins profond » ou à un écartement insuffisant entre ce réservoir et l’orifice distribuant la fumée en sortie de foyer..;
1)
Le P-Lip. Tout d’abord, j’ai un exemple de faux P-Lip sur une de mes pipes française. Sans généraliser, je mets en garde contre ce faux, le voici
Sur cette image, cette pipe possède une lentille ressemblant à à un P-Lip. Mais si on passe la chenillette, ça rentre comme dans du beurre, le conduit de fumée est parfaitement rectiligne. Donc aucune différence avec un tuyau « normal » pour l’arrivée de la fumée en bouche. Le véritable P-Lip de Péterson inclut une courbe du conduit de fumée juste en amont de la lentille afin de bien orienter la sortie de la fumée vers le haut, vers le palais et non vers la langue.
Ayant la gueule aussi culottée que mes pipes et fumant très peu, voire pas du tout de Virginia pur (tabac dont la fumée est très acide), je n’ai aucun souci avec ma langue quand je fume n'importe quelle pipe. Ce P-Lip m’a un peu surpris au début, mais je pense que c’était parce que je portais une attention particulière à ce qui se passait quand j’aspirais la fumée et parce qu’aussi, mes à priori de vieux con étaient bien là. En fait, avec l’habitude, je ne fais pratiquement pas de différence entre ma Péterson 302 P-Lip et la Sherlock Holmes Fish Tail quand je fume. La fumée va dans la bouche qui contient la langue et le palais, donc tout va bien. Elles sont très bonnes toutes les deux. Mais il est bien possible que ce P-Lip soit un plus pour les « langues de jeunes filles » ou les très fines gueules, les fins palais sans que ça agresse le leur. Je note quand même un point positif pour moi avec le P-Lip, c’est quand je tiens la pipe au bec. Ma langue a tendance à chercher un « appui », et avec le P-Lip cet appui est confortable sous la lentille alors qu’avec le fish tail (comme sur toutes les tuyaux classiques) la langue a tendance à s’appuyer très prés de l’orifice par lequel sort la fumée et c’est moins agréable car cet orifice se salit au fur et à mesure de la combustion. Je dirai donc en résumé que ce P-Lip est dans l’ensemble agréable et confortable. Mais à mon avis, il n’apporte absolument rien au « système », ce dernier fonctionne parfaitement, récupère parfaitement le jus avec le tuyau fish Tail. Quant à l’effet calabash dont parlent certains, il me semble absent en raison du petit volume représenté par le système.
3)
Le tuyau. C’est ce que j’apprécie beaucoup, il est robuste et l’emmanchement conique est un gros plus qui permet de le démonter pipe chaude sans rien abimer, d’autant plus que le bague « Army » renforce la mortaise.
4)
Le nettoyage. Je n’ai pas attendu de lire la méthode recommandée par Péterson. Avec un minimum de logique on la pratique naturellement quand on sait comment sa pipe est faite et qu’on a un minimum de connaissance sur l’écoulement des liquides. Vu que mes Saint Claudiennes courbes ont au moins quarante ans, j’ai eu le temps de découvrir tout seul cette méthode après avoir dans les débuts fait n’importe quoi. Par exemple incliner la pipe en fumant ce qui fait que le jus contenu dans la réservoir se déverse dans la tuyau. Deux possibilités : on comprend et on s’améliore ou on dit c’est une pipe qui glougloute et on n’avance pas…. Mais sur les Françaises il faut attendre un minimum de refroidissement avant de les nettoyer alors qu’avec les Péterson, j’apprécie beaucoup cette possibilité de démontage à chaud. Il faut quand même noter que je possède une Française BC courbe parfaitement démontable à chaud. Le tuyau a un emmanchement conique et la mortaise ne possède pas de bague mais un renflement de la bruyère au niveau de l’emmanchement donnant une résistance comparable au montage « army ».
En conclusion, je dirai que les Pipes Péterson sont à la fois belles, bonnes fumeuses et robustes. Les françaises sont belles, bonnes fumeuses mais on doit attendre qu'elles refroidissent pour bien les nettoyer, ce qui n'est pas un inconvénient majeur compte tenu de leurs qualités. Il semblerait que les deux pays, France et
Irlande, aient chacun marqué un essai. Mais la France aurait-elle raté la transformation de son essai en étant obsédée par les "zigouigouis" ?
N.B. notez bien que ce sujet ne concerne que les pipes courbes pour la partie « système ». Je reste très réservé sur l’efficacité du système pour les pipes droites Péterson. Il serait intéressant d’avoir l’avis de ceux qui en possèdent.