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L’Ambassadeur est assis derrière son bureau.
« Monsieur l’Ambassadeur, ce sont les deux…
- Je sais François.
Merci. Laissez-nous et envoyez-moi Irène. »
Le Premier Conseiller sort sans un mot.
Les lèvres pincées.
L’Ambassadeur, une bonne quarantaine sportive, des lunettes cerclées d’or sur le nez, se lève et leur tend la main.
« Je vous en prie, posez vos bagages »
Jansomme et Lannié s’exécutent et posent leurs sacs de voyage sur la moquette du bureau.
Lannié garde la serviette.
La poignée de main est franche, quasi cordiale.
On sent le diplomate, c’est travaillé. La juste mesure. Ni trop, ni trop peu.
Il leur indique des fauteuils et une table basse dans un coin de la pièce.
« Asseyez-vous »
Le ton est vif, le phrasé un brin péremptoire.
« Bien (Jansomme ne peut s’empêcher de murmurer ‘’aïe !’’
Pardon ?
- Rien Monsieur l’Ambassadeur »
Monsieur l’Ambassadeur avait été perturbé par cette interruption.
Le ‘’Monsieur l’Ambassadeur » lui redonne son calme et sa dignité.
« Bien, (dit-il en regardant Jansomme qui ne bronche pas.)
Les diplomates n’aiment pas beaucoup jouer les James Bond.
Cela n’est vrai que jusqu’au moment où les intérêts du pays nous demandent d’aller au-delà de notre mission de représentation.
Je vais être bref car nous avons peu de temps.
Il y a dans cette serviette des documents que le Directeur de l'Intcen veut récupérer rapidement.
La personne qui vous l’a remise, pour diverses raisons qu’il vous expliquera s’il le juge utile, ne pouvait pas les lui faire parvenir directement.
D’après ce qu’il m’a été dit, cela pouvait mettre en péril une opération d’envergure de nos services de sécurité.
Les dispositions que l’on m’a demandé de prendre (et là, on entend : je le fais parce que ce sont les ordres mais berk !, je n’aime pas ça.)sont les suivantes:
Vous prendrez le vol Air France de seize heures.
Vous disposerez de lettres de valise pour l’accompagnement de valises diplomatiques
Ainsi, ni vous, ni vos bagages ne pourront être fouillés par les autorités polonaises
Je suppose que vous n’avez rien de particulier dans votre bagage personnel?
(Petit temps mort. Jansomme et Lannié ne répondent pas)
Ils seront donc scellés du sceau de l’Ambassade et vous pourrez les prendre avec vous dans la cabine.
Vous voyagerez en classe business, ce qui vous permettra d’avoir votre bagage près de vous. »
A ce moment un buzzer vibre sur le bureau.

SAUTRY EST MORT 61 L'illustration est de Brase d'Anjou Irene_10

« Entrez Irène »
Lance L’ambassadeur.
Une belle rousse d’une trentaine d’années, avec des yeux verts splendides, cheveux courts frisés et un visage passé au tamis entre dans le bureau.
« Tout est prêt Irène ?
- Oui Monsieur l’Ambassadeur.
(Le ton sur lequel elle dit ces mots fait dresser l’oreille de nos deux compères.
Il ne ressemble pas à celui d’une secrétaire sans autorité – bizarre.)
- Bien (encore pense Jansomme sans rien en laisser paraître).
Emmenez déjà les bagages pour les faire sceller »
Elle récupère les sacs tend la main vers Lannié pour récupérer la serviette.
« Désolé, mais cette serviette ne me quitte pas.
(L’Ambassadeur lève un sourcil irrité)
- Cette serviette particulièrement doit être scellée et étiquetée valise diplomatique.
- Je suis désolé, Monsieur l’Ambassadeur mais j’ai des consignes très strictes du directeur de l’Intcen.
(Il sort son cellulaire)
Si vous souhaitez en avoir confirmation directement… »
Monsieur l’Ambassadeur pince les lèvres et fait un geste de refus.
« C’est bon. Irène, posait les lettres de valise sur mon bureau et apportez les bagages au bureau des scellés.
Il y a bien trois valises mentionnées sur chaque lettre ?
(Irène ne regarde même pas)
- Oui Monsieur L’Ambassadeur.
Vu les circonstances, je les ai rédigées moi-même. »
Jansomme et Lannié se regardent
(Il se tourne vers Lannié.
Son excellence est mécontent)
« Allez avec elle
- Vous me suivez s’il vous plait. »
Et Lannié décolle derrière un gentil cours de mécanique ondulatoire.
Les deux sacs ne sont pas très lourds mais l’obligent à se tenir les épaules en arrière.
Rien de vraiment provocateur.
De la retenue
Mais c’est presque pire.
Tout en suivant Nathalie - heu, pardon Irène, Lannié se demande comment cela se passe avec Jansomme.
Ils arrivent dans une pièce où se trouvent plusieurs appareils bizarres posés sur une grande table
« Pierre-André, tu pourrais me sceller ces trois valises tout de suite.
Monsieur l’Ambassadeur les attend.
(Pierre-André lance un regard interrogateur sur Lannié)
Aucun souci
C’est à la demande de l’Ambassadeur »
Sans un mot, Pierre-André prend le premier bagage, place un lien plastique autour des deux ouvertures et les scelle à la cire en y apposant un tampon métallique à chaud.
Il procède de même avec le deuxième sac puisse se retourne, cherchant la troisième valise.
Lannié lui tend la serviette.
Pierre-André regarde Irène.
Il prend la serviette et scelle de la même façon les deux fermetures.
Lannié ne l’a pas quitté des yeux
Quand il a terminé il tend la serviette à Irène.
Lannié la devance et saisit la serviette.
Pierre-André fait un pas en avant, mais Irène intervient :
« C’est bon. Merci Pierre-André.
- Venez. »
Elle prend les deux sacs et repart en direction du bureau de l’Ambassadeur.
Lannié la suit.
« Vous connaissez le capitaine Darlinger ?
(Elle s’arrête pile).
- Pourquoi cette question ?
Parce que je ne crois pas que vous soyez une simple secrétaire.
Et vous savez qui nous sommes. »
Elle ne répond pas et reprend sa marche.

"« Entrez Irène »
Lance L’ambassadeur."

Brase d'Anjou a écrit:: "« Entrez Irène »
Lance L’ambassadeur."

Et pourtant Lannié n'a pas laissé son esprit vagabonder.
Le métier a repris le dessus.
Merci Brase.

» SAUTRY EST MORT 68 Les illustrations sont dues au talent de Brase d'Anjou. MERCI BRASE
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