Grâce aux éléments fournis par Nom d'une Pipe, j’ai pu retrouver l’acte de mariage de Léopold, et ensuite deux actes de naissance qui m’avaient échappés. J’ai donc pu trouver deux autres Lichtblau, l’aîné Marcel, né en février 1881 et malheureusement décédé à dix ans le 5 juin 1891, et le second, Adrien, né le 26 juin 1882.
C’était vraisemblablement lui le A. de la raison sociale Lichtblau L & A que Leopold avait fièrement fait paraître dans le Bottin de 1909. Adrien était destiné à prendre la suite de Leopold le jour venu.
Adrien avait épousé en novembre 1912 Yella Singer, née à Vienne en novembre 1890, fille du Professeur Richard Singer de Vienne. Le mariage avait eu lieu dans la station balnéaire de Velden am Wörthersee, au bord du Wörthersee en Carinthie (à l’Est du Tyrol Autrichien).
Adrien, citoyen de Paris, y était cité comme résident de Velden. Y travaillait-il en liaison avec son père, tentait-il d’y établir un commerce, était-il allé voir de la famille en Autriche ? Nous ne le saurons jamais.
Son père Léopold assistait au mariage, mais pas sa mère Maria, car ils avaient divorcé en 1900. Toujours est-il qu’il vient s’établir quai de Jemmapes (près du domicile paternel) avec son épouse Yella, peut être juste avant la guerre, puisqu’un enfant, René, y naît le 28 août 1914, une vingtaine de jours après le déclenchement de la Guerre.
Bonheur très précaire, puisqu’Adrien, mobilisé comme sergent fourrier à la 20ème Cie du 354ème Régiment d’Infanterie, décèdera le 7 octobre 1914 à l’Ambulance Annexe du Val de Grâce (hôpital temporaire de guerre) des suites de ses blessures reçues probablement dans l’Aisne, à la bataille d’Autrêches le 24 septembre 1914, où son régiment essuya de lourdes pertes.
Le petit René mourra lui le 9 décembre de la même année (à trois mois).
Le frère cadet d’Adrien, Lucien, mobilisé lui aussi en 1914, lieutenant au 2ème Tirailleurs Algériens, recevra la croix de guerre et la Légion d’Honneur en 1917 le 18 juin (vraisemblablement lors de l’attaque de la Cote 304 où son régiment était engagé à cette date. Il y sera grièvement blessé, puisque inscrit comme mutilé de guerre à 100% sur le registre de la Légion d’Honneur).
Il se mariera quand même à Paris en 1930 avec Angèle Dublanchet et décèdera en 1957 Boulevard Flandrin dans le XVème arrondissement. Il était alors inscrit comme agent immobilier.
Tout ceci nous explique pourquoi la maison Lichtblau n’a pas survécu à son fondateur, à l’inverse de plusieurs grandes maisons parisiennes (Sommer, Guyot), dans lesquelles les fils voire les petit fils ont repris les rênes de la boutique, et pourquoi Lichtblau L&A est rapidement redevenu Lichtblau L.
Cette fois ci je crois en avoir fini avec l’histoire de la famille Lichtblau, pipiers de Vienne et de Paris, à qui la Première Guerre Mondiale fut fatale, comme à beaucoup d’autres.