En ces temps là, j’étais seul ou du moins il n’y avait plus personne digne de mon intérêt, de ma passion ou quelque chose qui ressemblerait à de l’amour.
De l’amour, de l’amitié j’en ai eu autrefois, j’ai vibré comme tout le monde.
Là rien, j’étais sec, lyophilisé. Après le nombre de morts que j’avais vu et tous mes proches disparus, il me serait peut-être resté de la compassion, voir de la tristesse. J’aurai pu être habité par le rouge de la colère ou le fumier de la vengeance…
Mais rien juste quelqu’un sans vie, sans couleur, il me restait l’ardeur de la survie !
Je ne cherchais plus le comment, ni le pourquoi de vivre, mais j’enclenchais les actions, les objectifs comme des legos sans savoir ce que j’assemblais.
Donc solitaire je marchais cherchant de quoi serait fait mon lendemain : où manger, boire, dormir, pisser…
Je débouchais dans une cour champêtre printanière où s’empilaient des caisses à bouteilles en bois craquelés, des roues éparses de toutes dimensions, des futs, des tonneaux… Tout le bric-à-brac d’une ferme sans âge où les générations de fermiers, métayers se superpose en strates hétéroclites de tôles ondulées. Au milieu de la cour, un trône et son roi vêtu de braie de velours côtelé, chemise à carreau et gapette de tissus claire en guise de couronne.
Assis sur le capot d’une deux chevaux, l’homme la clope au bec me regarde avec ses yeux plissés me scannant de la tête aux pieds. Un sourire en coin se dessine au fur et à mesure de ma progression au milieu du bazar…
«- Salut ! mon gars tu viens pour le boulot ?
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Tu n'as pas une âme, tu es une âme. Ce que tu as c'est un corps...