Abasourdis
Abasourdis
Je restais planté là pendant de longues minutes, incapable de faire quoi que ce soit….
Je retournais travailler tel un robot auprès des bovins que l’on m’avait confié… Et plus je travaillais, plus une idée folle fomentait en moi, je savais ce que je devais faire…
La nuit de pleine lune venue j’avais fait mon sac, des principaux objets qui devrait s’avérer utile à mon départ de cet endroit. Je ferme la porte de ma bâtisse, et me dirige le plus silencieusement de la propriété… et plus j’avance, plus j’ai du mal à me résoudre de partir sans savoir… ça devient obsessionnel, Je n’ai que cela en tête.
JE DOIS SAVOIR !
Je fais demi-tour et me dirige vers la cour principale de la propriété, il est environ deux heures du matin et pas un bruit. Je file, tel un petit mulot, sans un bruit sous le hangar ouvert. Je retire la bâche et découvre mon obsession. Elle est là impeccable. J’ouvre la portière qui, à ma grande surprise, ne couine pas.
Merde pas de clé ! Où est cette putain de clé ???? Je fais une fouille rapide de l’avant de l’engin : rien… Je vais me faire choper, me dis-je, faut pas que je reste là. Je passe à l’arrière, que dalle !!!! Puis le coffre en me haussant sur les sièges arrière, 4 jerricans. Donc du carburant, ils ont bien trouvé du carburant pour faire fonctionner cette voiture.
Je sors de la bagnole, sans la clé ça va être compliqué !!! je n’avais qu’une envie, c’est de me barrer avec cette bagnole !!!
Pas de clé !!!
Je suis déçu, je fais gaffe à ne pas faire trop de bruit… Au bout de quelques minutes, je me résous à partir. Je fais le tour du hangar comme un au revoir et je commence à sortir.
Et là brillant par les rayons séléniques, accrochée à un clou sur un des montants de l’entrée du hangar, le trousseau de clés… Je le prends avec une excitation intense en moi. Une poussée d’adrénaline comme je n’avais jamais ressentis.
Je m’installe côté conducteur, la clef rentre, avant d’enclencher. Je retrace dans mon esprit mes souvenirs de la conduite de mon grand-père. J’appuie sur les trois pédales l’une après l’autre en répétant dans ma tête : embrayage, frein, accélérateur. Répétition en boucle, pendant que j’essayais le levier de vitesses au tableau de bord. Après avoir répéter silencieusement, je souffle un grand coup. Je devais réussir du premier coup, sinon je le savais, j’étais mort.
Alea jacta est !!! la paris est lancé !!!
J’enclenche la clef et appuie sur l’accélérateur, broum broum tacatac tacatac, broum broum. J’appuie sur l’embrayage passe la première vitesse et appuie sur l’accélérateur. Ça avance et c’est poussif, ça broute. Je sors du hangar, en tournant sans encombre. Passe la deuxième et sors de la propriété, je ne regarde pas ce qui se passe dans la propriété, je ne suis concerné que par les vitesses que j’enclenche et par ce qui est devant moi…
Deux heures que je roule et le voyant d’essence est bas, je m’arrête, je fais le tour du véhicule. J’ouvre le coffre, prends un bidon surnommé Paul, je dévisse le bouchon et visse le bec verseur trouvé avec les bidons, je refais le plein. Je repars…
Trois jours que je roule, aucunes nouvelles de mes poursuivant, je poursuis ma route vers l’est, je cherche une sorte d’El Dorado. Toujours à l’affut des ex propriétaires de la deux-chevaux, mais je suis inquiet car j’ai flingué dans l’histoire trois bidons, m’en restait plus qu’un. Je me gare sur le côté pour refaire le plein. J’avais roulé, sans me demander où j’allais, ni pourquoi que je roulais. Juste l’ivresse de la vitesse, de la route, de la conduite.
J’ouvre le coffre et prends le dernier bidon, je dévisse le bouchon pour me mettre le bec verseur, comment s’appelle celui-ci me dis-je, je me penche pour regarder le nom sur le côté du jerrican…
RAYMONDO…
FIN