Bonjour,
Je me suis aussi posé cette question, et je ne suis certainement pas le plus qualifié pour y répondre - mais justement, cela permettra aux autres membres de corriger mes bêtises, au passage...
De ce que j'ai lu, compris, mais aussi un peu expérimenté : certaines bruyères peuvent avoir été mal bouillies (les ébauchons qui sont taillés dans la "racine" de bruyère - en fait : dans l'excroissance dominant la racine, qu'on appelle le "broussin -, doivent en effet être bouillis, pour éliminer la sève accumulée dans ce broussin).
(j'imagine même que selon la saison d'arrachage, voire les phases de lune, la quantité de sève est plus ou moins forte dans le broussin, et que cela influe sur la qualité de la pipe ---- comme j'imagine qu'une bruyère qui aura poussé au Nord d'un versant et en altitude, aura connu, comme les bois les plus recherchés pour faire des instruments de musique, une croissance plus lente, donc un grain plus serré, et par conséquent un autre goût qu'un arbuste ayant poussé dans une situation plus facile - mais là-dessus je n'ai pas d'éléments de réponse; si quelqu'un en a, je suis très preneur).
Les ébauchons peuvent, de plus, avoir été mal séchés, et/ou mal conservés.
Bref, dans ces cas là, la bruyère de nos pipes peut dégager, avec la chaleur - et avec la nicotine, les différentes substances issues de la combustion et les jucs de tabac, qui l'imprègnent au fur et à mesure -, des odeurs désagréables, très perceptibles au fumage.
Par ailleurs, la densité du bois, la qualité du grain me semblent intervenir fortement sur le goût. Il y a des bruyères dont le veinage est extrèmement serré, le bois extrêmement sec, qui se carbonisent (se culottent) nettement plus vite que les autres, et dont j'ai le sentiment qu'elles restituent alors l'arôme du tabac de façon plus "nette", plus sèche et plus marquée (parmi mes différentes bouffardes, c'est flagrant pour mes Dunhill, par exemple - ou pour une Gentod hyper flammée que je fume depuis 27 ans - elle a eu le temps de sécher, au moins !)....
Comme il existe, à l'inverse, des bruyères moins "serrées", qui, tout en étant "de qualité" (je veux dire : sans goût désagréable du tout) mettent bien plus de temps à se culotter, mais fument alors plus "doux" voire plus "moelleux" (c'est, me semble-t-il, le cas pour pas mal de Peterson de milieu de gamme).
Ce qui fait que tu peux jouer à harmoniser ces 3 éléments que sont : ton tabac, tes pipes; et le moment où tu fumes - pour varier les plaisirs; depuis un goût sec et vif, relevé de Latakia, pour une promenade dans un joli matin d'hiver; jusqu'à des goûts langoureux et plus suaves, en dégustant un aromatique à la fin d'un bon dîner...
(Mais je serai curieux d'avoir le sentiment des membres de la noble confrérie bouffardière sur ce point.)
Enfin, bien sûr, il est tout à fait possible de ruiner une bonne qualité de bruyère, en la laissant mariner dans le jus de pipe, après l'avoir fumée sans la nettoyer; mais ceci est une autre histoire.
Certes, tu pourrais te dire (puisque je me suis moi-même posé la question !
) : mais au fond, quelle importance peut avoir la qualité de la bruyère, au bout d'un moment ?
Car enfin : une fois le fourneau bien culotté, et parfaitement recouvert d'une couche de carbone de 1 voire 2 millimètres, on ne devrait plus sentir le goût du bois, qui n'est plus en contact avec le tabac ?
Et pourtant... d'expérience, cette qualité (bonne ou mauvaise) joue encore, même lorsque la pipe est bien culottée - et je ne sais pourquoi, elle transparaît à travers le carbone.
Voilà ce qui me semble.
Mais cela peut parfaitement n'être que le fruit de mes ignorances, voire de mes partis-pris.
Reste, de toute façon, que cela ne résoud pas la question cruciale : comment choisir une "bonne bruyère"... A quoi la reconnaît-on, à l'achat - puisque cela ne dépend pas seulement du veinage du bois ?
Peut-on faire aveuglément confiance à des marques réputées, pour la qualité des bruyères ? ?
Mais là, je laisse des membres plus expérimentés répondre !