Nous avons eu cette belle définition du tabac (à pipe, il faut le préciser...) par Gimli, dans le fil Gris bandeau vert: "Une herbe qui remet les choses en place dans la tête".

J'y ai souvent repensé en déambulant d'un pas de petit vieux dans le quartier, me demandant quel pouvait être le lien entre cet usage du tabac et l'état en effet contemplatif dans lequel nous nous sentons plongés.
Cela peut sembler d'autant plus étonnant qu'aucun fumeur de cigarettes ne dirait cela à propos de son expérience, j'en sais quelque chose.
Alors peut-être ne s'agit-il que d'une sorte de jeu que nous jouons quand nous avons la pipe à la lippe: nous avons une idée de ce qu'implique le rôle de fumeur de pipe et nous endossons le personnage et son air pénétré, parfois avec l'aide de quelques accessoires: barbe ou moustache, chapeau, setter... Peut-être...
Mais il me semble que des fonctionnements plus profonds sont à l'œuvre. D'abord, la pipe et ce qui s'y passe demande de l'attention, bien sûr. Mais surtout fumer est une affaire de souffle. Aspirer et respirer, en respectant mon rythme et celui de ma pipe oblige à la lenteur et à prêter attention à ce qui est en train de se passer. Et cela me met un peu en retrait du monde dans lequel je marche pourtant. Et me donne un certain recul sur les choses...

Déjà, le fait que l'on prenne le temps de bien goûter la fumée que l'on a en bouche, d'en distinguer les saveurs, la concentration que cela demande, prédispose à la méditation, cela est un fait indéniable et non juste un jeu que l'on
joue. De nos jours, on trouve plus ' santé ' de donner des calmants ou des anxiolytiques que de considérer ce simple moyen.

berny a écrit:

Déjà, le fait que l'on prenne le temps de bien goûter la fumée que l'on a en bouche, d'en distinguer les saveurs, la concentration que cela demande, prédispose à la méditation, cela est un fait indéniable et non juste un jeu que l'on joue. De nos jours, on trouve plus ' santé ' de donner des calmants ou des anxiolytiques que de considérer ce simple moyen.

Absolument convaincu et absolument d'accord avec toi, cher Berny. Bien sûr que c'est là l'essentiel, parce que c'est lié à un plaisir conscient et cultivé!
Mais le stress ambiant et coutumier pourrait nous empêcher de trouver le calme qu'il faut pour cela. Et j'ai le sentiment que l'outil pipe agit comme une sorte de compagnon exigeant, qu'on ne peut pas ne pas "écouter", ce qui nous porte à ce "recentrage" que tu évoques...

Bref, pétunons, pétunons!

Les anciens disaient que la fumée établissait un lien entre les hommes et les dieux. Les volutes de fumée permettent l'introspection et nos pensées chevauchent dans les milles circonvolutions qu'elle effectue. C'est d'ailleurs valable pour le cigare. Dieu n'est-il pas un fumeur de havanes? comme disait Gainsbourg ... Par contre je n'ai jamais compris pourquoi ça ne marchait pas avec les clopeux mais c'est sans doute à mettre sur le compte de l'intention et de l'état d'esprit dans lequel on se plonge. Un clopeux ... clope. Ce qui l'attire dans la cigarette c'est peut-être justement cette dimension de la non-pensée et l'absence total du désir de vouloir se retrouver en face de soi. Ceci étant dit sans vouloir juger les clopeux en aucune manière. Moi quand je fume la pipe (et avant le cigare), c'est parce que j'ai envie avant tout de me parler, de me bichonner, de consacrer un peu de temps avec moi-même ou simplement rêvasser un peu. C'est aussi pour me souvenir des évènements du passé, de mes parents ou de mes amis. Je fume pour apprécier le moment présent, "ici et maintenant" diraient les bouddhistes.

SmokingDragon a écrit:

Moi quand je fume la pipe (et avant le cigare), c'est parce que j'ai envie avant tout de me parler, de me bichonner, de consacrer un peu de temps avec moi-même ou simplement rêvasser un peu. C'est aussi pour me souvenir des évènements du passé, de mes parents ou de mes amis. Je fume pour apprécier le moment présent, "ici et maintenant" diraient les bouddhistes.

Je plus que plussoie !

Le problème avec la cigarette (je le dis parce que j'en ai fumé pendant quinze ans), c'est qu'elle s'accommode de tout: n'importe quelle heure n'importe quel endroit, très chaud, très froid, vent, pluie... On peut ne plus la toucher quand elle est allumée, elle s'en fout et continuera à brûler dans son coin. On peut au contraire, en fumer une en cinq bouffées rageuses: la braise s'allonge, mais elle s'en fout aussi. Et puis surtout, on peut faire n'importe quoi pendant: discuter, travailler, manger (!!!...), s'engueuler, marcher vite, skier... Tout lui est indifférent. Pour finir, on se retrouve tout à la fois à ne plus pouvoir s'en passer et à ne plus la remarquer...
J'ai comparé dans d'autres pages la clope à une catin de bas étage: je maintiens... Et en plus, on parvient à nous faire croire qu'on l'a librement choisie, qu'on l'aime et qu'elle est le signe de notre force de caractère...

Le plus triste je trouve, c'est qu'à cause de la cigarette, tout ce qui est lié au tabac est jugé comme étant nocif, néfaste, mortel et abominable. On en serait pas là aujourd'hui, si la pipe était resté le seul moyen de consommation, mais les
' faiseux ' de piastres ont vite compris que la cigarette rapportait plus que la pipe, et ils ont pris les moyens pour que les gens s'accrochent à ce mode de consommation.

Bien d'accord avec vous, mes amis. Il doit se passer quelque chose de spécial dans notre cerveau lorsque nous fumons notre pipe. Indépendemment du plaisir et des sensations organoleptiques suscités par un très bon tabac, ces instants de concentration, de détente, de méditation, de comtemplation, de sérénité et de relaxation, sont précisément ce à quoi je suis le plus attaché en fumant ma pipe.

berny a écrit:

les ' faiseux ' de piastres ont vite compris que la cigarette rapportait plus que la pipe, et ils ont pris les moyens pour que les gens s'accrochent à ce mode de consommation.

++1!