Albert Einstein fumait la pipe, et il parait que le tabac qui marquait ces papilles qu'on lui connait bien était le Revelation - d'aucuns prétendent que le nom a fait l'anecdote, et non l'inverse.

La vérité et sa recherche, l'histoire, le passé, ayant visiblement assez peu de valeur au regard des nouveaux programmes scolaires, je ferai allégeance au ministère de l'Education Nationale de mon pays en clamant haut et fort que je me moque de savoir qui a raison dans cette affaire. Ce qui m'intéresse, moi, c'est cet Epiphany que ma pipe fume : une copie du Revelation de l'époque. Je verrai à la fin si je me sens plus génial ou pas - bien que j'aie déjà ma petite idée, puisque je n'en suis pas à mon premier bol.

C'est un tabac bigarré comme le quartier du Mirail un samedi, avec un peu de jaune et de noir mais surtout des variations de brun, en flocons homogènes. L'odeur n'est pas celle du latakié tourbé, mais une sorte de foin et de tannerie : il y a du Burley. Mauvais point pour moi, qui apprécie d'assez loin cette feuille lorsqu'elle ne subit pas des traitements spéciaux ; mais bon, maman m'avait éduqué à manger de tout.

C'est un anglais plutôt généreux sans être riche, qui tire sur certaines cordes du Burley pas désagréables. Il y a quelque chose du roux de la béchamel, un peu toasté mais pas trop, ou des brocolis braisés. Pas vraiment de sucre, ou alors par associations d'idées.

C'est plutôt réjouissant. L'évolution suit un chemin d'abord amusant, après l'apéro on passe au barbecue au second tiers : l'ensemble commence à sentir le fumé. Je me demande s'il y a du latakia. Peut-être un peu, ça expliquerait. Un tout petit peu. En tout cas, s'il y a du Virginia il se cache bien.

Pas forcément doux, pas vraiment rond, c'est un tabac plutôt anguleux. Un peu les plats de viande à la sauce au vin des restaurants à 15 euros.

Après l'apéro et le barbecue, le troisième tiers saute directement au café. Tout se torréfie. Et là, ça fait un peu mal.

Déjà parce que la nicotine se fait sentir. Le Burley est assassin. Y aurait même du Perique, pire encore. Ça va pour le moment, mais je crains pour la fin du bol - maman m'avait aussi éduqué à finir mon assiette.

Ensuite parce que le café est mauvais. Un café tiédasse, mal dosé entre arabica bas de gamme et robusta âcre. Ce qu'on peut avoir de fruits secs se fond dans une amertume sans subtilité.

Le goût qui reste en bouche n'est pas désagréable, mais ce mélange m'a bien coupé les jambes comme après quelques verres de soupe de Champagne.

Je ne sais pas si c'est le tabac d'Einstein, mais moi, après l'avoir fumé, je me sens toujours un peu con.

Merci pour tes impressions cher Munch !
Encore une herbe à fumer que je ne connais pas... La curiosité me poussera sans aucun doute à tester ce tabac qui laisse con... Ceci dit, pour se prendre pour un génie après avoir fumé, il probable qu'il faille goûter autre chose...

Merci cher Munch pour cette revue sur cet aro/anglais léger au goût américain pour un public américain. Encore un que je vais fuir ! http://www.tobaccoreviews.com/blend/2894/cornell-diehl-068-epiphany

En gros, ce que tu nous expliques, c'est de l'Elizabethan Mixture version camioneur US avec une bonne dose de Burley qui t'assomme. D'après ce qu'on m'a dit du Philip Morris Revelation, il avait un goût prononcé de grillé. Retrouve-t-on cette caractéristique dans ce blend ?

little smoke a écrit:

Une revue qui porte bien la signature typique de notre ami Munch mais qui ne me donne pas envie de devenir plus con que je ne le suis !

Merci Munch !

Merci beaucoup Munch pour cette revue de plus à ton actif. Elles se lisent toujours avec délectation où règne simultanément une "ambiance" et une description précise.

Je vais me rallier au constat de Little ! (ayant déjà mille peine à finir un Half & half qui doit s'approcher de ta description !)

Ma beutche a écrit:

little smoke a écrit:

Une revue qui porte bien la signature typique de notre ami Munch mais qui ne me donne pas envie de devenir plus con que je ne le suis !

Merci Munch !

Merci beaucoup Munch pour cette revue de plus à ton actif. Elles se lisent toujours avec délectation où règne simultanément une "ambiance" et une description précise.

Je vais me rallier au constat de Little ! (ayant déjà mille peine à finir un Half & half qui doit s'approcher de ta description !)

Half & Half, une blague il y a un peu plus de vingt ans, mais plus jamais !

Très mauvais souvenir !

Non mauvaise blague !!!

Très mauvaise blague et j'ai peu apprécié, j'ai même détesté !

Munch a écrit:

...Je ne sais pas si c'est le tabac d'Einstein, mais moi, après l'avoir fumé, je me sens toujours un peu con.

Merci Munch, toujours un grand plaisir à lire tes revues,

Epiphany, le tabac qui vous laisse con.  

Betelgeuse a écrit:

Merci cher Munch pour cette revue sur cet aro/anglais léger au goût américain pour un public américain. Encore un que je vais fuir ! http://www.tobaccoreviews.com/blend/2894/cornell-diehl-068-epiphany

En gros, ce que tu nous expliques, c'est de l'Elizabethan Mixture version camioneur US avec une bonne dose de Burley qui t'assomme. D'après ce qu'on m'a dit du Philip Morris Revelation, il avait un goût prononcé de grillé. Retrouve-t-on cette caractéristique dans ce blend ?

Je n'ai pas eu envie de connaître l'Elizabethan, du coup je ne sais pas trop. Il y a certes du grillé, mais de là à en faire une caractéristique de ce tabac... Ça ferait marrer les fumeurs de caporal. Côté grillé il est aux bruns ce que la lager US est à la bière, ou ce que le café américain est au café.

Je suis tenté de te rejoindre : un tabac fait par les Américains pour les Américains.

 J'adore ta description !!!

Betelgeuse a écrit:

 J'adore ta description !!!

Tout pareil ! Tes revues toujours un peu décalées sont un must mon cher Munch !

Super revue comme toujours !

Je n'ai certes pas le talent de notre ami Munch pour des revues délicieusement décalées, mais je vais essayer de vous donner mon avis sur ce tabac que je viens de découvrir suite au don d'une boite par notre cher Passeur que je remercie chaleureusement.
Disons le tout de suite. J'ai été assez dérouté par ce tabac et ma revue va peut-être le refléter. Ne m'en voulez donc pas s'il y a quelques digressions…
Je n'ajouterai rien quant à l'anecdote sur Einstein ni la composition de ce mélange anglais. Je me contente donc d'une photo…
Ceci réalisé, venons en donc à la description de ce tabac. A l'ouverture du couvercle, je me jette donc prêt à l'olfaction, pressé que je suis de retrouver la bonne odeur du latakia. Et je la retrouve effectivement, mais il y a un mais… Latakia certes, mais qu'on aurait fait généreusement fermenter, ce qui donne un parfum de fond d'écurie ou de pommes un peu pourries. Bref vous voyez quoi. Et ce n'est pas fini. Après avoir mis ce tabac un peu à sécher voilà-t-il pas que Bretonnette (qui est fumeuse comme vous le savez) vient me supplier de vite ranger ce mélange dans sa boite car l'odeur la rend quasiment malade, avec des céphalées et tout et tout… Quelle entrée en matière…
Si je dis cela c'est que le tabac me semblant initialement à une très bonne hygrométrie je ne me suis pas donné la peine de le laisser sécher un peu pour mon premier fumage, ce qui m'a amené à un nombre assez invraisemblable de rallumages suite à une obstruction du fond de pipe par un tabac ayant donné un bouchon humide. Je n'ai donc pas répété l'erreur pour les fumages suivants, toujours au grand désespoir de Bretonnette…
Compte-tenu de la coupe, le bourrage s'effectue sans problème et l'allumage également. J'ai testé ce mélange dans une écume puis une bruyère, celle qui me sert à faire mes tests et que je nettoie très régulièrement pour ne pas avoir de cross-over. Le ressenti a été différent suivant la pipe. Ce qu'on peut dire quand même c'est que dès l'allumage on ne baigne pas dans le vague en se demandant quel tour va prendre le dessus, là on est dans le bain tout de suite ! Dans l'écume le latakia s'est à chaque fois tout de suite mis en avant et a perduré sur la majeure partie du fumage, le parfum sucré et rond des virginia se glissant au milieu de tout cela comme dans l'interstice d'une fenêtre. Dans la bruyère surprise c'est l'inverse qui s'est passé. J'ai été dans un premier temps confronté au virginia dans tout ce qu'il peut avoir de doux voire miellé, et ensuite c'est le latakia qui est arrivé mais là il ne s'est pas glissé subrepticement, il a bien pris sa place…
Le fond de chaque bol a été assez identique. Persistance de latakia mais de façon très atténuée, et irruption de goût torréfié. Et là une mise en garde s'impose. Le caractère torréfié voire un peu âcre n'est pas gênant en soi, il n'y a pas de morsure de langue, on peut même retrouver une petite pointe ammoniaquée mais qui ne me gêne pas (j'aime les semois), mais le danger peut résider dans la charge nicotinique qui apparaît vers les 2/3 du bol et qui peut être assez explosive tout à la fin du bol, avec une ivresse qui n'est pas trop loin…
En résumé un tabac anglais que je ne recommanderais certes pas à des débutants. On peut y trouver du plaisir mais à condition d'y aller doucement, et l'appropriation de tabac peut se faire à condition d'y aller avec patience et d'y revenir. C'est sans doute ce que je ferai car ce tabac ne m'a pas rebuté contrairement à certains autres mais il faut accepter de faire des efforts, d'avoir de l'humilité. Une chose est certaine: ce cher Albert ne fumait pas un tabac de fillette !

Je pense que ce que tu appelles du latakia fermenté est du Burley avec une pointe de latakia.

Car c'est bien le Burley qui mène la danse ici.

Merci pour tes précisions mon cher Munch. Cela éclaire bien des choses...

Un grand merci cher Tabadoc pour cette belle revue qui donne envie de goûter à ce tabac qui se mérite ! 

Et merci à notre cher Munch pour les précisions !

Merci cher Tabadoc pour cette revue pleine de nuances !

Cependant, nos diverses réunions et rencontres pipesques n'ont pas réussi à me faire pencher sur ces tabacs d'homme !

Merci cher Tabadoc pour tes impressions sur ce tabac. Ma conclusion est que si c'était bien plaisant à lire, ce doit être une autre paire de manches pour le fumer !

merci pour cette revue qui ne laisse pas indifférent cher Tabadoc.

hi everybody ,
après quelques temps sans me manifester , me voilà ouvrant une boite d'Epiphany ce soir.Je passe mon tour , les descriptions données correspondent en tout point , constat : ça  m'attaque un peu trop.Bref , si certains sont intéressés pour récupérer ma boite quasi neuve .... (échange à priori... je suis  sur les latakia plutôt ).
Bonne soirée à tous ,

C’est très aro ? 

Pooooooooop !! 
Edit : tu devrais peut-être lui redonner une chance dans quelques jours … 

Et voilà, Tirider il est comme les enfants, sur toute la galette il prend sa part, mais s'il devine qu'il a pas la fève il boude 

Bon je n'ai lu que Munch et Tirider, après sans être transcendant il ne doit pas être si catastrophique que ça il doit bien pouvoir plaire à quelqu'un.

Perso je le testerais bien si j'avais pas déjà tant de tabacs à fumer.