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A la Noble Bouffarde
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 Les tribulations d'un Québécois en Gaule

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MessageSujet: Saint-Claude, me voici!!!   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeMar 7 Juil 2015 - 18:48

Les tribulations d'un Québécois... Saint-Claude, me voici!!!

Maintenant que l’autobus roule en direction de saint Claude, mon regret me revient en force. Sans être géologue, Mélu est nettement plus ferrée que moi en la matière. Je ne pense pas, je sais qu’elle aurait aimé voir cette route à flanc de montagne, la voir sinueuse, s’harmoniser avec le paysage plutôt que de voir la Nature littéralement violée par l’homme pour lui imposer une signature rupestre.
« Ici sont passés des hommes et ils se sont imposés; la nature a été forcée de comprendre que l’homme peut, est en droit de faire ce qu’il veut, ici comme ailleurs; partout. À lui, et à lui seul, l’univers doit se soumettre. Le Tout Puissant lui a donné l’univers pour que l’homme le domine. »
Je suis également déçu parce que, à l’heure où nous arriverons à saint Claude, il fera noir; enfin, ce sera entre chien et loup. Je ne pourrai pas voir les montagnes sur tout le parcours. Peut-être que je les verrai sur le retour, si c’est le chemin qu’on emprunte.
Heureusement que j’ai pris soin de faire ma réservation à l’hôtel de la Poste. Je suis tellement mouillé de transpiration, j’ai les mêmes vêtements qu’hier (les sous-vêtements aussi, mais ils n’ont pas beaucoup de chance de les voir, à moins qu’ils viennent dans la chambre pendant que je serai sous la douche), je dois avoir une tête de clochard. De SDF, comme y disent. Je sais bien ce que ça veut dire. Je parierais qu’ils sont tellement habitués de les appeler comme ça qu’un bon nombre d’entre eux ne savent même plus ce que veut dire cet acronyme.
Ça continue à me couler dans le dos, je suis fatigué, je m’endors, j’ai besoin d’une douche, de me changer, j’ai faim... Il me semble me souvenir que la gare d’autocars n’est pas loin de l’hôtel de la Poste, mais je m’en fous. Je suis fatigué de me battre avec la valise et ce n’est pas vrai que je vais m’exténuer. Désolé, mais si je trouve un taxi, même pour 500 m, je le prends. Au diable le reste. Je prends une douche pour relaxer un peu et je vais manger. Je pense que rien ne me fera du bien comme une douche, changer de vêtements et aller manger un peu.
Tiens, je commence à voir les reflets de l’éclairage d’une agglomération. Compte tenu de l’heure, je ne serais pas étonné que ce soit saint Claude. Ce que j’ai hâte d’être arrivé. Je n’en peux plus. J’ai hâte d’être sous la douche, d’être propre.

Qu’est-ce que je mangerais bien pour souper?
Oh je m’en fous. N’importe quoi, pourvu que ce ne soit pas fait par / pour un hôpital ou pour une compagnie d’aviation. Je ne me montrerai pas trop difficile. De toute façon je ne suis pas en position de me montrer difficile, premièrement je ne sais pas ce qu’il y a comme restaurants à saint Claude. Est-ce que les épiceries sont ouvertes comme chez nous? au cas où je ne trouverais pas de restaurant ouvert? Et quelle est leur spécialité, ces restos de saint Claude? On verra bien en temps et lieu. Et si ça ne fait pas, je prendrai mes médicaments après la douche et je me coucherai tout de suite. Quitte à être debout à une heure du matin, ça n’aurait rien d’étonnant. De toute façon, avec le décalage horaire, je pourrais bien faire le tour de l’horloge.
Oups! je viens de me rappeler, tout d’un coup, que je dois aller prendre un verre ce soir. Je ne me souviens même plus avec qui. Mon seul souvenir c’est qu’on doit se rencontrer devant l’hôtel. Tant pis. J’ai quand même encore le temps de prendre une douche. Et j’ai aussi le temps d’aller manger.
Sitôt rapporté à l’Hôtel de la Poste, ayant pris possession de ma clé, je me suis dirigé vers ma chambre et la porte de celle-ci fermée, j’ai arraché mes vêtements comme s’ils avaient été enflammés. Un paquet de sous-vêtements propres posé sur le lit, ma trousse de toilette accompagnant ces sous-vêtements, j’ai « pris le bord » de la douche, comme on dirait chez nous, expression qui se traduit mal. Peut-être quelque chose comme « je me suis élancé à vive allure vers... » Enfin, je me suis empressé d’y aller.

(pas de photo sous la douche. Désolé mais c’est censuré!)

Ce que c’est bon, deux jours de transpiration éliminés sous la douche, sous une douche brûlante. Mais je ne sens pas cette chaleur. En fait j’aurais envie de fermer la froide, pour me contenter de l’arrivée de l’eau chaude, mais ne faut rien exagérer. Je me rends bien compte qu’elle est chaude à voir la vapeur qui s’en dégage, mais je ne la sens pas. Je n’en ai pas encore conscience, mais a posteriori, j’ai l’impression que la fièvre commençait à s’emparer de ma pauvre petite personne. Et ce n’est que le début.
Je découvrirai, en sortant de la douche, une fois essuyé, le premier d’une série de messages écrits sur des post-it et laissés intentionnellement dans mes sous-vêtements, par ma tendre moitié; c’est sa façon personnelle d’être du voyage tout en demeurant à la maison. Ce n’est pas la première fois qu’elle le fait. Elle en mettait entre mes sandwiches quand je faisais la pêche. Mais d’une fois à l’autre, je l’oublie, alors j’ai toujours la surprise quand ça se produit et je suis toujours émerveillé. Mais je ne vous dirai pas ce qu'il y a sur ce post-it. Appelons ça, si vous voulez, "secret de couple". Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 4274335913

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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeMar 7 Juil 2015 - 20:14

Magnifique cher Passeur...
Je fais le voyage en ta compagnie, je sue autant que toi et me délecte de cette douche réparatrice... Les messages, je les mets de côté... C'est de l'ordre du privé mais l'imagination fait le roman de ce qu'il pourrait y être écrit et, en ce jour d'anniversaire de votre mariage, cela prend une signification tout à fait lumineuse...
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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeMar 7 Juil 2015 - 20:49

J'adore ces tribulations sous forme de suspens cher "Le Passeur" cheers

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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeMar 7 Juil 2015 - 21:05

Ce récit sous forme de feuilleton est tout simplement magnifique, merci Passeur.
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MessageSujet: Les tribulations d'un québécois en gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeMar 7 Juil 2015 - 21:21

C'est très vivant cher passeur et beaucoup de respect pour ce compte rendu. Pour y avoir séjourné en juin de cette année  (a l'hôtel de la poste) j'ajoute rais les odeurs et les bruits/ambiance de la fête foraine ... Ce qui contribue à compléter la panoplie des souvenirs...
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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeMar 7 Juil 2015 - 22:10

Je t'accompagne seconde par seconde dans ce récit mon cher Passeur, c'est comme si j'étais à tes côtés durant toutes tes pérégrinations… C'est simplement fantastique à lire.
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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeMar 7 Juil 2015 - 22:18

Tabadoc a écrit:
Je t'accompagne seconde par seconde dans ce récit mon cher Passeur, c'est comme si j'étais à tes côtés durant toutes tes pérégrinations… C'est simplement fantastique à lire.

+1, j'avais autant envie que toi de prendre enfin une douche Wink !

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"Tous les êtres de l'Univers sont contenus dans la Pipe, et ils fument avec vous pour envoyer une voix à Wakan Tanka, le Grand Esprit. Lorsque vous priez avec cette Pipe, vous priez pour toutes les choses de l'Univers, et toutes les choses de l'Univers prient avec vous"
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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeMar 7 Juil 2015 - 22:27

little smoke a écrit:
Tabadoc a écrit:
Je t'accompagne seconde par seconde dans ce récit mon cher Passeur, c'est comme si j'étais à tes côtés durant toutes tes pérégrinations… C'est simplement fantastique à lire.

+1, j'avais autant envie que toi de prendre enfin une douche Wink !
Heureusement que j'étais pas couché, sinon c'est sûr que j'en aurais eu des plaies de lit...

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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeMar 7 Juil 2015 - 22:33

Aaah mais c'est qu'il tient bien son public en haleine, le Passeur, avec ses tribulations... vivement la suite de ses souvenirs.
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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeMer 8 Juil 2015 - 9:28

Le Passeur est arrivé, St-Claude n'a qu'à bien se tenir. Very Happy

Merci pour la suite de tes aventures que nous avons beaucoup de plaisir à lire.

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Pétuner, subst. masc. verbe intrans. Fumer. Ça, monsieur, lorsque vous pétunez, La vapeur du tabac vous sort-elle du nez sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée? (Rostand, Cyrano, 1898, I, 4, p.42).D'autres rêveurs, accotés aux cloisons enfumées des brasseries et des tavernes pour (...) allumer et suçoter amoureusement leur pipe, pétuner et souffler de la fumée (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.252).

Pétuneur, subst. masc.Celui qui aime fumer, qui fume beaucoup. Batailleurs (...) soiffards jamais désaltérés (...) pétuneurs, chanteurs et conteurs bien disants (...). Ils soulèvent comme des plumes les coffres bardés de fer (Genevoix, Routes avent., 1958, p.133).
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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeMer 8 Juil 2015 - 13:34

Potassium a écrit:
Aaah mais c'est qu'il tient bien son public en haleine, le Passeur, avec ses tribulations... vivement la suite de ses souvenirs.

+1 ouioui

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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeMer 8 Juil 2015 - 18:27

Nous sommes toujours en haleine, et attendons avec impatience le prochain épisode...

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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeMer 8 Juil 2015 - 18:27

 Ce carnet de route m'envoûte
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MessageSujet: les secrets de Saint-Claude...   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeMer 8 Juil 2015 - 21:29

les tribulations d'un Québécois... les secrets de Saint-Claude

Pour avoir la quiétude nécessaire à mon mode d’écriture, je suis devenu ce qu’on pourrait appeler un oiseau de nuit. Il est également possible que ce soit mon mode de vie contraire à la moyenne des humains qui ait conditionné mon corps à travailler en tant qu’animal nocturne. J’ai souvenir en effet qu’adolescent, mes parents voulaient toujours que je me couche au moment où je devenais fonctionnel.
De façon complémentaire, il est également arrivé à maintes reprises à Mélu de me dire, aux environs de cinq heures du matin, que je devais songer à me coucher si je voulais pouvoir entrer au bureau à 8 ou 9 heures. J’avoue cependant que j’avais un patron en or (oui ça existe!) qui faisait preuve de complaisance à mon endroit. Il a très rapidement compris que j’étais nettement plus fonctionnel le soir, la nuit, que le matin. En fin de compte, il n’y a rien d’anormal à fonctionner comme moi. N’êtes-vous pas, vous aussi Européens, debout aux mêmes heures que moi? Mieux encore, lorsque je pioche sur un texte particulièrement dur, il m’arrive de me coucher comme vous, en soirée. D’accord, je vous concède qu’il m’est arrivé à maintes reprises de me faire dire que j’avais un tempérament nettement plus Européen que Nord-Américain.
Quoi qu’il en soit, sitôt la porte de ma chambre refermée derrière moi, je la verrouille et descends au rez-de-chaussée. Personne à l’accueil, je sors donc et me dirige vers le Café de la Poste, partie du même édifice. J’ai établi une liste de priorités, j’en suis maintenant à l’élément « sustentation », alors pas question de tergiverser. Sans raison aucune, je me désintéresse des clients attablés à l’extérieur et vais m’assoir au comptoir.
— Bonsoir madame, fais-je à l’endroit de la dame qui, de l’autre côté du comptoir, est à ranger les bouteilles sur les tablettes.
— Tiens, un Canadien... ou plutôt un Québécois, rectifie-t-elle en me gratifiant d’un magnifique sourire.
— Est-ce que je l’ai à ce point gravé dans le visage?
— Non, pas dans votre visage. Mais votre accent, à coup sûr, ne saurait tromper, réplique-t-elle en m’accordant un sourire encore davantage généreux. Puis, comme si besoin était, elle ajoute :
— J’adore l’accent des Québécois.
— Difficile pour moi de cacher mes origines
— Ne le faites surtout pas, il est tellement charmant cet accent.
— Ne craignez rien, ce n’est vraiment pas dans mes intentions. C’est un fait, je suis Québécois. Plus encore, je suis fier de l’être.
— Et que puis-je faire pour vous?
— Pouvez-vous me donner une idée de l’endroit où je pourrais manger à cette heure?
— Tout dépend de ce que vous voulez manger. Ça dépend aussi de la marche que vous êtes prêt à prendre. Parce que je ne crois pas, sauf erreur, que vous ayez de voiture.
— En autant que ce sera mangeable... je suis effectivement ici en mode marcheur.
Elle m’indique un endroit où je peux me rendre à pied, m’indique également la route à suivre, mais on me pardonnera de ne pas l’identifier. J’ai eu des maux avec la serveuse et si je n’étais pas en tort, ce qui ne fait aucun doute dans mon esprit, peut-être ne l’était-elle pas davantage. Aussi, plutôt que de faire mauvaise presse à ce commerce je préfère me taire quant à son identité.
J'avais en tête de taire l'épisode, mais Mélu n'est pas d'accord avec moi. C'est connu, tout agnostique que je sois, ce que Dieu veut, femme l'exige. Et plutôt que je me retrouver dans un conflit de ménage, surtout aujourd'hui, je préfère obtempérer...
Comment expliquer rapidement? Disons tout d'abord, que le restaurant offre un menu avec une large part aux pizzas. J'aime bien la pizza, à l'occasion. Je n'ai donc rien contre le fait d'en avoir dans mon assiette. Mais gardons à l'esprit mon statut de Nord-Américain. Chez nous, partout où on sert de la pizza, on offre ce qu'on appelle une pizza garnie.  En France, puisqu'on parle français on l'appellerait  « all dressed ». Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 202812
Je cherche donc cette pizza sur le menu mais n'en trouve évidemment pas puisqu'on est en Europe. Alors je tergiverse, n'arrivant pas arrêter mon choix. Personne n'attend derrière moi et la serveuse a déjà répondu à une commande téléphonique, apporté le repas à d'autres clients. Bref, comme elle n'est pas tenue à moi, je m'autorise à tergiverser, jusqu'à ce que la serveuse m'apostrophe.
— Alors, vous vous décidez?
— Je ne sais pas trop, que je réplique, toujours accoudé au comptoir, une main sur la joue.
— Si tu t'enlevais la main de devant la bouche, peut-être qu'on comprendrait ce que tu veux, réplique-t-elle en appuyant fortement sur le tutoiement pour bien me faire comprendre que je l'exaspère. Alors, de but en blanc, je rétorque:
— Si tu te lavais les oreilles, peut-être que tu comprendrais ce qu'on dit.
Sous l'effet de la surprise, ses yeux s'agrandissent à un point tel que, un temps, je crains qu'ils ne lui sortent des orbites, jouant à la trampoline comme certains masques utilisés pour apeurer les enfants, pendant que sa mâchoire s'ouvre démesurément. Sur l'heure, cependant, j'avoue que je n'ai qu'une envie, lui f***re mon pied dans cette partie qu'elle a très charnue et qui fait contre-poids à la tête de l'individu. Mais comme j'ai pour principe de ne pas lever la main (est-ce que le pied ça compte?) sur une femme... Elle est visiblement soufflée. Je choisis finalement ce que je veux, et lui dis que c'est pour manger sur place. Elle ne m'adressera plus la parole jusqu'à ce que je quitte les lieux, comme si elle craignait un autre camouflet de ma part.
Je mange, sans grand appétit. Il faut dire que ma prise de bec avec la serveuse m’est si bien restée en travers de la gorge, même si je suis celui qui a eu le dernier mot, qu’elle me tient lieu de repas. Je ne saurais d’ailleurs dire, deux ans après, si le repas était bon ou non. Alors, dans ces conditions, passons à autre chose.
Je reviens à l’hôtel, mais ne m’y attarde pas. Je redescends au Café de la Poste et y prends un café pour faire descendre ce repas, de crainte, je m’en souviens maintenant, de n’être pas à la hauteur dans quelques instants  quand j’irai prendre un verre avec Potassium. Ah, décidément cette douche m’aura fait grand bien puisque la mémoire me revient.
Je présume que j’ai une tête qui ne revient à personne parce que pour la quasi-totalité des rencontres que j’ai faites au cours de ces deux pérégrinations en Europe, on m’a toujours reconnu avant que moi je reconnaisse mon interlocuteur. Certes je ne suis pas « très » physionomiste, mais ce n’est quand même pas à ce point un handicap chez moi. Si c’était mon accent qui me trahissait, je pourrais comprendre. À la rigueur. Mais ai-je à ce point une physionomie, un gabarit de Passeur d’âmes? Voilà une question à laquelle je ne suis pas près de trouver une réponse, que je le veuille ou non. Qu’importe au fond? Chose certaine on me reconnaît facilement.
C’est d’ailleurs ce qui se produira avec Potassium qui, arrivant derrière moi, me gratifie d’une tape sur l’épaule en ajoutant :
— Tiens, salut le Passeur, moi c’est Potassium.

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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeMer 8 Juil 2015 - 22:09

Quelle Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Insult11 serveuse !!!! Après, on s'étonne que les touristes aient une mauvaise image de l'accueil en France !
Enfin ! J'attends avec grande impatience la suite car avec Potassium sur les rangs, la soirée a dû continuer sur terrain beaucoup plus agréable...
En tout cas, tes écrits sont d'un vivant !!! Chapeau !! On sent vraiment le vécu !!
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Algir
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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeJeu 9 Juil 2015 - 9:33

"Si tu te lavais les oreilles, peut-être que tu comprendrais ce qu'on dit." Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 2524151128

Cette charmante anecdote me rappelle le fameux dicton "avoir les portugaises ensablées", je me demande d'ailleurs quelle est son origine.

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Pétuner, subst. masc. verbe intrans. Fumer. Ça, monsieur, lorsque vous pétunez, La vapeur du tabac vous sort-elle du nez sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée? (Rostand, Cyrano, 1898, I, 4, p.42).D'autres rêveurs, accotés aux cloisons enfumées des brasseries et des tavernes pour (...) allumer et suçoter amoureusement leur pipe, pétuner et souffler de la fumée (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.252).

Pétuneur, subst. masc.Celui qui aime fumer, qui fume beaucoup. Batailleurs (...) soiffards jamais désaltérés (...) pétuneurs, chanteurs et conteurs bien disants (...). Ils soulèvent comme des plumes les coffres bardés de fer (Genevoix, Routes avent., 1958, p.133).
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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeJeu 9 Juil 2015 - 9:38

Algir a écrit:
"Si tu te lavais les oreilles, peut-être que tu comprendrais ce qu'on dit." Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 2524151128

Cette charmante anecdote me rappelle le fameux dicton "avoir les portugaises ensablées", je me demande d'ailleurs quelle est son origine.

Very Happy
Portugaise = huître
Huître = oreille
Huitre ensablée = oreille bouchée
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Algir
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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeJeu 9 Juil 2015 - 9:42

Algir -> Frère Cadfel = Merci

Very Happy

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Pétuner, subst. masc. verbe intrans. Fumer. Ça, monsieur, lorsque vous pétunez, La vapeur du tabac vous sort-elle du nez sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée? (Rostand, Cyrano, 1898, I, 4, p.42).D'autres rêveurs, accotés aux cloisons enfumées des brasseries et des tavernes pour (...) allumer et suçoter amoureusement leur pipe, pétuner et souffler de la fumée (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.252).

Pétuneur, subst. masc.Celui qui aime fumer, qui fume beaucoup. Batailleurs (...) soiffards jamais désaltérés (...) pétuneurs, chanteurs et conteurs bien disants (...). Ils soulèvent comme des plumes les coffres bardés de fer (Genevoix, Routes avent., 1958, p.133).
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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeJeu 9 Juil 2015 - 10:10

Algir a écrit:
Algir -> Frère Cadfel = Merci

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Service !!!chapeau
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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeVen 10 Juil 2015 - 6:27

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 162771266 Encore, encore de la lecture!
Tu réussis à me réconcilier avec elle. Cher Passeur, je l'ai déjà dis mais tu as une bien belle plume !

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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeVen 10 Juil 2015 - 18:17

je plussois ENCORE ! ENCORE ! 
voyager est toujours une aventure petite ou grande , mais la c'est ....... jouissif

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Je suis né sans le demander
je vais mourir sans le vouloir
alors laissez moi vivre comme je le veux
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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeSam 11 Juil 2015 - 21:05

Frère Cadfael a écrit:
Algir a écrit:
Algir -> Frère Cadfel = Merci

Very Happy
Service !!!chapeau
Et n'oublie pas, de faire la quête, pour le service cher Frère Wink

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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeDim 12 Juil 2015 - 12:50

merci Le Passeur , je viens de me délecter de ton récit , un régal que de te lire 
vite la suite !!!! Wink
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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeDim 12 Juil 2015 - 15:57

Merci Nissart. Tiens-toi prêt, tout comme les autres qui ont décidé de prendre la route avec moi, la prochaine salve approche à grands pas... Suspect
pis encore, elle s'annonce plus importante que celles qui la précèdent. affraid

____________________________________________________________________________________________________________________________
La mort n'est pas la pire perte dans la vie;
le pire, c'est ce qui meurt en nous alors que nous vivons.   —
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MessageSujet: Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule   Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Icon_minitimeLun 13 Juil 2015 - 21:21

Les tribulations d’un Québécois... « Je suis maaa-laaa-deuuu »

Tous ceux qui ont participé à des rencontres de groupe, qu’il s’agisse de rencontres en solitaire ou en groupes plus important s, vous le diront, comme on se « connaît » de plus ou moins longue date via le cyber espace du forum, les frontières sont abolies à vitesse grand V. C’est valable pour la Noble Bouffarde, c’est également valable pour les autres fora. J’ai eu tout à loisir de le constater en organisant des rencontres chez moi à partir d’autres fora (ou autres « forums » pour les non-latinisant). Je parierais même que c’est tout autant valable pour les sites de cyber rencontre comme par exemple Facebook, Twitter, LinkedIn et autres.
Évidemment, sur un forum on parle de différents sujets et, de la sorte, malgré soi, on se dévoile. On dévoile son mode de pensée, son argumentaire, ce qui fait que notre vis-à-vis a l’impression de nous connaître de longue date et, finalement, ce n’est pas faux. Du moins, s’il ne nous connaît pas de fond en comble, il y a une bonne part de nous avec laquelle nous ne pouvons pas tricher. Certes c’est insidieux, mais ça demeure la réalité.
C’est exactement ce qui s’est produit entre Potassium et moi. Sans nécessairement être de vieux amis, de grands amis, nous étions déjà minimalement de vieilles connaissances. Nous aurions facilement pu demeurer au Café de la Poste où nous étions bien et avions droit à un service de première qualité. Mais nous avons préféré nous rendre dans un bar-terrasse sur la rue principale.
Nous avons pris un verre (peut-être deux...) et avons discuté de choses et d’autres, mais je confesse que j’étais distrait. Une affiche publicitaire attirait mon regard. Moi qui hais la publicité, je regardais cette affiche tridimensionnelle à l’effigie de Vincent van Gogh, et étais fasciné. Pas la moindre écriture (du moins, d’après mon souvenir deux ans plus tard). Tellement fasciné que j’ai même suggéré au garçon de me vendre l’affiche en question. C’eût été d’autant plus logique que, comme je l’apprendrai l’année suivante, la vente de l’absinthe est interdite en France, ce que je perçois comme une aberration puisqu’on en produit. Malgré mon propre entêtement, je reconnais ma déception d’être parti bredouille. Et cette déception me poursuit toujours.
Tout en discutant avec Potassium, survient un moment donné un coup de vent qui me confirme mon état. Arrivé par derrière, j’ai l’impression que le coup de vent me transperce de part en part, comme une dague. À compter de ce moment, je me mets à greloter. C’est là que j’aurais besoin d’une Absente ou de quelque autre absinthe, voire un Pontarlier, ce que je ne connaîtrai que le lendemain. Pour l’heure, je ne claque pas encore des dents, mais ça ne saurait tarder.
Je finis d’ailleurs par avouer à Potassium mon malaise et nous décidons de rentrer. De toute façon, la journée de demain sera longue et très fertile en événements, sans parler des rencontres. Je suis loin de m’endormir; pour moi, minuit correspond à la fin de l’après-midi. Alors, mon horloge biologique est loin, très loin de me conseiller l’oreiller.
Chemin faisant, je constate que tous les commerces, bars, restos, tous sont fermée. Potassium m’explique que c’est normal, puisqu’il n’y a plus de clients. Pour moi il en est tout autre. Chez moi, ce n’est pas l’affluence qui décide de l’heure de la fermeture. Qu’importe le fait qu’à compter de 21h il n’y ait plus de clients dans un bar, si ses heures d’ouverture sont affichées comme fermant à minuit, il ne fermera pas avant. Tant pis si son propriétaire paie un ou des employé(s) à ne rien faire entre 21 h et minuit, il ne fermera quand même qu’à minuit. Êtes-vous celui qui a raison ou si nous le sommes? Qu’importe?
Je découvrirai une autre différence entre la France et le Québec en entrant dans ma chambre. Chez moi, que ce soit une résidence ou une chambre d’hôtel, quelle que soit la période de l’année, il est possible d’interférer avec la température de la pièce. J’aimerais bien qu’il en soit ainsi dans ma chambre à l’hôtel de la Poste parce que maintenant je claque des dents. N’était-ce du risque de réveiller mon co-chambreur, je crois bien que je mettrais mes prothèses dentaires sur la table de nuit pour qu’elles claquent toutes seules. Mais je crains pour le sommeil de « l’autre ».
Je l’appelle « l’autre », mais je sais qui c’est, même si les présentations n’ont pas été faites. Histoire de diminuer les frais du voyage, j’ai accepté de partager la chambre avec Norsum. En conséquence, à moins qu’il s’agisse d’un itinérant qui a décidé de réquisitionner le lit, ce ne peut qu’être Norsum. Et si je fais des recoupements, sachant que ce dernier devait arriver à saint Claude avec son vieil ami SmokingDragon et NoSmokingDragonette, c’est signe que tous deux sont également arrivés. Je verrai donc tout ce beau monde demain matin. Ça m’attriste d’autant plus que Mélu ne soit pas parmi nous. Nous serions les quatre administrateurs de La Noble Bouffarde réunis, ce qui, j’en suis conscient, ne risque pas de se produire très fréquemment.
J’aurais envie de réveiller Norsum pour, comme on dirait chez moi, « faire un brin de causette », mais je suis conscient que ce ne serait pas gentil à son endroit. Je ne connais pas cet élément chez mon voisin de chambrée, mais je sais que chez certaines personnes, il est difficile de replonger dans le sommeil quand son cycle a été interrompu. Je réfrène donc mes envies et, pour m’assurer de le laisser dormir tranquille, je récupère une pipe, du tabac et ma clé de la chambre et je quitte les lieux sur la pointe des pieds. J’irai fumer dehors.
La nuit est à peine fraîche. À peu de chose près l’équivalent de ce à quoi j’aurais droit au Québec à pareille période de l’année. Je marche donc, la main droite tenant la clé de chambre dans mon pantalon, la gauche bien accrochée à ma bouffarde. Je marche à l’aveugle, espérant ne pas me retrouver devant un policier ou un gendarme. Non pas que j’aie quoique ce soit à me reprocher, Mais comment justifier devant eux que le fuseau horaire ne me convient pas? Vraiment pas envie de passer auprès d’eux pour un maraudeur!
Je rentrerai finalement un peu dépassé quatre heures. Il n’est encore que 22h chez moi, mais je suis conscient que ça y est, je couve un rhume carabiné. Je crains bien de me lever demain matin avec les yeux bouffis. Et ce n’est surtout pas une journée où je peux me permettre de perdre ne serait-ce  qu’une seconde de lucidité.

o0o

Éveillé à peine dépassé huit heures. Faut dire que même si tout le monde n’est pas arrivé, ça parle relativement fort dans les corridors et les portes de chambres se ferment fort. Manque d’attention ou courant d’air, je ne saurais le dire, mais reste que ça m’a sorti de mon sommeil. Ce n’est d’ailleurs pas un bien grand mal parce que je me sens bouffi. Congestionné ? C’est peu dire.  Et je transpire comme un cochon. Ça a beau être une expression vieille comme les chemins, c’est néanmoins une expression idiote parce que les porcs ne transpirent pas.
Norsum est dans la chambre de bain à se raser, je reste donc à l’abri sous les draps.  Mais j’ai hâte de passer sous la douche. Hâte de prendre mon déjeuner,  ou plutôt mon petit déjeuner comme diraient les Français. Parce qu’eux, ils déjeunent deux fois... Allez, Norsum est sorti, je me lève donc et m’en vais sous la douche à mon tour. Je sens un rhume comme je n’en ai pas eu depuis longtemps, mais il risque de traîner en longueur avant de se déclencher sérieusement. Pourvu qu’il ne me bousille pas mon voyage... En attendant, quand je sors de sous la douche, passant devant le miroir,  je constate que j’ai une tête affreuse. J’ai l’air de quelqu’un qui a pris une dérouillée. Les yeux gonflés comme un boxeur qui se les ai fait pocher, et le reste du visage à l’avenant, enflé comme ce n’est pas permis. J’ai un avantage, personne ne connaît mon visage. Sitôt habillé, je sors de la chambre et me retrouve nez à nez avec SmokingDragon
− Tiens, salut Gervais ! Est-ce que Norsum est réveillé ?
(merde, pour une tête que personne ne connaît... !)
− Non seulement il est levé, il a pris une douche, s’est rasé et il est parti pendant que j’étais à mon tour sous la douche.
− Tu vas déjeuner ?
− Oui, je vais au Café de la Poste, paraît que leurs croissants sont bons.
− D’accord, Christine et moi t’y rejoignons dans quelques minutes.
Je descends et, en ouvrant la porte de l’hôtel, je me retrouve devant Demosthène.
− Ah ben salut le Passeur !
(C’est ça, personne ne connaît mon visage... !)
− Salut.... fais-je en étirant la dernière syllabe pour bien faire comprendre que je ne sais pas à qui je m’adresse.
− Demosthène. Ou, si tu préfères Julien.
Je me dirige en sa compagnie vers e Café de la Poste d’où j’entends  avec trois ou quatre voix différentes simultanées :
− Salut le Passeur.
− Salut tout le monde, même si je ne vous connais pas.
Présentations faites sous tous les vocables, prénoms et pseudos, alors que Norsum entre sur mes talons, suivi de SmokingDragon et NoSmokingDragonette qui arrivent à leur tour. Le petit déjeuner (excellent avec un café comme je l’aime, fort et chaud, des croissants tendres à souhait...) s’éternise jusqu’à ce que Bandit arrive et, après nous avoir gratifié, Christine, Marc et moi de salutations particulières, demande :
− Est-ce que vous venez manger avec nous ?
Personne ne sait où, mais tout le monde est d’accord... Very Happy
Nous nous levons tous ensemble, et sitôt nos factures payées, nous partons suivant Bandit. On jurerait de vrais Français. Sitôt levés de table, ça s’en va ailleurs, pour manger encore. Évidemment je n’ai pas faim. Normalement je prends un petit déjeuner et un souper. Enfin, un dîner. Il me faut dire que je ne mange, normalement, jamais au saut du lit. Peu importe l’heure du lever, je ne prends que rarement mon petit déjeuner avant les environs de midi. Mais histoire de rester avec les copains, je n’ai pas envie de faire marche arrière. De toute façon, je suis conscient que nous passerons le reste de la journée ensemble. Sitôt entrés dans le restaurant, j’entends :
− Salut Gervais.
(Ah non, ça recommencera pas ici aussi ! j’ai quand même le droit de sortir incognito, quand même ! puis je réalise que c’est mon bon ami Gianni qui m’interpelle.) Je n’ai pas besoin de voir le menu : si Gianni est ici, c’est que c’est une spécialité de pâtes. Il n’est pas Italien pour rien. Si je me fiais au menu qu’il privilégie quand il vient manger chez moi, je croirais que Mélu et moi ne sommes pas capables de faire autre chose que des pâtes.
En plein milieu du repas, Bandit me demande comment je me présenterai à la salle capitulaire. Ne comprenant pas trop le sens de sa question, je lui demande de préciser. Finalement, je lui dis que je porterai mon t-shirt à l’effigie du Passeur, un t-shirt duquel je suis fier et, pour le ménager, je ne le porte que dans les grandes occasions.
− C’est tout ?
− Ben non, j’aurai aussi un pantalon, des chaussettes et des souliers.
Prenant la salle bondée du restaurant à témoin Bandit se lève et déclare que je n’ai rien prévu de spécial pour la fin de l’après-midi. Sans avertissement, il repousse son assiette et, sans même passer à la caisse, quitte le restaurant. (Peut-être a-t-il payé son addition avant de quitter, mais je ne l’ai pas vu.) Je ne le reverrai qu’en quittant à mon tour les lieux. Arborant un large sourire, il marche sur moi, une magnifique faux à la main.
− Veux-tu bien me dire où tu t’en vas avec ta faux ?
− Le Passeur sans sa faux c’est pas le Passeur ! Et il me pousse l’outil dans les mains.

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 4 Photo10

− T’es malade ou quoi ? Tu veux quand même pas que j’arrive avec ça à l’intronisation ?
− Et pourquoi pas, réplique-t-il en fronçant les sourcils, visiblement sérieux. Jugeant le débat clos, il pointe du doigt le bar voisin de l’hôtel et ajoute :
− On va maintenant aller prendre le digestif.
(Seigneur... si je ne tue pas le rhume avec un tel régime, au moins il sera sacrément joyeux !) On s’en doute, après un verre c’en est un autre, puis un autre, puis un pour fêter la faux, puis un pour fêter mon Intronisation, puis un pour fêter mon arrivée en la terre de mes ancêtres, puis un pour...
− Oh, un peu plus et j’allais oublier, faut qu’on aille au Quartier général. Si tu dois te changer, t’es aussi bien d’y aller tout de suite. Vas-y, je t’attends avec ta faux.
Je pars vers l’hôtel, suivi de quelques autres bouffardeux, et vais récupérer mon t-shirt à l’effigie du Passeur et y découvre un mot de circonstance de la part de Mélu. Elle savait bien que de tout mon voyage, si je devais porter ce t-shirt, c’est aujourd’hui que je le ferais :

C’est une journée importante pour toi,
J’espère que tu vas en passer une super belle...

(Je garde ce qu’il y a en lieu et place des points de suspension pour moi.) Je redescends rejoindre Bandit en me répétant mentalement que j’aimerais qu’elle soit avec moi pour être en mesure de profiter, elle aussi, de ces moments. Sitôt arrivé près de lui, Bandit me complimente pour l’effigie de mon Passeur d’âmes et, se levant, me pousse « mon arme » dans les mains. Et nous partons par les rues de saint Claude, contraint de faire attention pour ne pas crever l’œil d’un quelconque passant.
J’ignorais que le Quartier général était un autre bar... Je viens de l’apprendre, tout comme j’apprendrai dans quelques instants  l’incomparable goût du Pontarlier. Pour l’heure, cette faux me donne un air pour le moins singulier dans saint Claude. Je sens les regards des badauds tournés vers moi un peu comme si je me promenais avec une poupée gonflable sous le bras, dans les ailes d’un monastère...
Arrivant au Q-G, donc, je fais la connaissance de tous ceux que je ne connais pas encore et qui, comme moi, se sont rendus dans La Mecque de la pipe française, pour assister à la 134e édition des Intronisations au rang de confrères pipiers de Saint-Claude. Sont également parmi les assidus de la Confrérie que je rencontrerai au Q-G avant de les retrouver à la salle capitulaire, les Antoine Grenard, Gaël Coulons, de même que ceux qui, comme moi, ne termineront pas cette journée sans avoir été, eux aussi, sacrés membres de la Confrérie, mes frères d’armes, bientôt mes frères tout court, Mehdi Annaanaie, David Roche, Bruno Nuttens, Christophe Destrigneville, Sylvain Hemart, Luc Paindavoine, et Marc Versini. C’est en leur compagnie que je découvrirai ce nectar des dieux, le fameux Pontarlier que d’aucuns qualifient pleins d’une complice affection tout simplement de Pont. Pas question pour moi de l’éviter, je traverserai ce Pont en deux enjambées.
Malheureusement pour moi, je n’ai pas pris soin de demander un double, voire un triple comme ce à quoi j’ai droit à la maison, de sorte qu’après avoir trempé les lèvres pour goûter, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je suis arrivé de l’autre côté de la rive, mon verre désespérément vide. Je n’en ai pas fait état mais on comprendra que, compte tenu de mon t-shirt et de la faux qui ne me quitte pas, je n’ai nullement besoin de me présenter à cet auguste rassemblement de collègues, compagnons et amis et, dans bien des cas, également locataires de La Noble Bouffarde.
Évidemment je pense à ma compagne de tous les instants qui, pour une des rares fois depuis plus de trente ans, n’est pas à mon côté. C’est l’avantage (certains diront « l’inconvénient ») d’avoir un travail qui nous permet d’être à la maison, de prendre plus ou moins autant de café qu’on le souhaite dans une journée, de pouvoir fumer à souhait, même sur son lieu de travail, de pouvoir user davantage de charentaises que de souliers. L’avantage de prendre son heure de repas quand on le veut plutôt que quand les autres le décident, de prendre une pause d’une demi-heure ou de n’en prendre pas sans avoir le patron qui vous pousse dans le dos, regardant alternativement sa montre et vous, ou le syndicat qui vous accuse de faire le jeu du patron et, de ce fait, avoir des pratiques antisyndicales.
La tête me tourne un brin; je sens toujours les affres de ce rhume qui est là sans y être, qui refuse hypocritement de s‘avouer, le tout cumulé à cette sourde angoisse inhérente à la cérémonie qui approche et dont je ne sais strictement rien. Non je n’ai pas peur. Bien entendu. Mais il y a en moi une part pragmatique qui se refuse à être mise devant le fait accompli. Qui veut tout savoir à l’avance comme si j’étais devin. Or j’ai assez d’être Charon, le Nautonier des Enfers, le Passeur d’âmes sans en plus être Prolix le devin. Et je ne sais, pour le moment, rien de ce qui m’attend. Bandit a décidé de prendre la Confrérie de court avec cette Intronisation hors du commun, je ne suis pas en reste. Si je suis l’exécutant des Basses Œuvres de Bandit, je serai bientôt également le dindon de la farce de la Confrérie. Enfin, soyons honnête, de certains membres de la Confrérie...
− C’est l’heure, annonce officiellement Bandit, comme s’il était le Maître du Temps.
Aussitôt, comme s’ils attendaient l’ordre, tous se lèvent et se dirigent, à quelques pas de là, vers le Musée de la Pipe et du Diamant, Place Jacques-Faisant. Je ne suis pas mieux que les autres. Armé de ma faux, je ferme la marche. (Peut-être devrais-je l’ouvrir, plutôt, parce que je dois constamment surveiller mes faits et gestes pour éviter de blesser mes devanciers.
En entrant au Musée, évidemment, tous les regards sont tournés vers moi. Jai même la vague impression que les yeux des pipes sculptées de la Collection Rothschild sont également tournés vers moi. Alors qu’on pourrait s’attendre à ce que j’intimide mon entourage en tant que fossoyeur, c’est en fin de compte moi qui suis intimidé. Je n’ai pas pour habitude d’être le point de mire. Depuis longtemps j’exerce un métier qui fait que je suis un travailleur de l’ombre. Alors, cette impression d’être le centre d’intérêt m’indispose.

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Comme si je n’en avais pas déjà largement assez, je continue ma sudation qui, maintenant, me glace malgré moi. Attablé avec mes confrères, futurs intronisés, nous recevons les directives quant à ce qui nous attend dans la pièce adjacente. Entre Gianni qui me regarde, « sourire fendu jusqu’aux oreilles » comme on dirait chez nous pour parler d’hilarité, mais je n’en fais pas de cas. Gianni et moi nous connaissons depuis des années, nous rencontrons sur une base épisodique et je me flatte de partager avec lui une franche et sincère amitié. Le visage hilare qu’il me présente n’a, pour moi, rien d’étonnant parce que je le sais joyeux drille. Et il file vers la salle capitulaire.
Pendant qu’Antoine Grenard nous donne les dernières directives, entre à son tour, retardataire comme toujours, Pascal Piazzolla suivi (on pourrait répéter également « comme toujours ») de sa charmante épouse Thérèse. Il s’étonne de voir ma faux appuyée contre le mur, en tâte la lame pour en vérifier la véracité et demande, visiblement inquiet,
− C’est à qui ?
En canons, mes condisciples répondent, comme si une unique voix n’eut pas été suffisante,
− C’est au Passeur
J’ai maintenant les boules. Pas à cause de la faux, pas à cause de la présence de Pascal et Thérèse Piazzolla, mais à cause de la solennité du moment. Je serais devant un tribunal, jugé pour meurtre et je crois que, attendant le verdict, je ne serais pas davantage sous l’effet de cette tension. Non seulement j’ai les boules, j’ai mal au ventre, comme si j’avais une gastro et que je tentais de me retenir, alors que je sais très bien que tel n’est pas le cas. Mes jambes flageolent et je me sens vraiment mal. Si j’en avais la possibilité physique, je crois bien que je prendrais mes jambes à mon cou et que je fuirais les lieux.
Mais je suis coincé, pris comme en un carcan, dans la file où j’ai été placé à mon rang, entre mes geôliers de circonstance. Je ne sais pas comment eux se sentent, mais personnellement j’attends, anxieux, qu’on daigne bien ouvrir la porte de l’Antre aux Supplices, et j’ai la trouille. Il n’y a effectivement pas d’autre mot, c’est bel et bien la trouille que j’ai. Et malgré cela, je dois faire attention avec ma faux. S’il fallait que je blesse quelqu’un... Quelle histoire ça ferait ! Avoir la trouille et, malgré tout, me tenir sur mes gardes pour éviter, coûte que coûte, de blesser quelqu’un...
Enfin, nous avons le feu vert, la porte vient d’être ouverte et on nous autorise à pénétrer dans le Saint des saints. Et on nous prie de nous aligner, comme si on se préparait à nous passer au peloton d’exécution, face au Grand Maître de circonstance que je ne connais pas encore. Oui je sais que c’est Denis Blanc puisqu’on nous a avertis que le Grand Maître Michel Waille a dû s’absenter et que Denis Blanc a été prié d’officier. Mais  je ne sais pas encore qu’il est le patron de Butz-Choquin, LA marque à laquelle je voue une haine féroce en raison d’un différend vieux de plus d’une décennie. Et je remarque Gianni qui ne rit plus, il est franchement hilare. Est-ce moi qui le fais rire à ce point ? Est-ce ma faux ? Est-ce la situation ? (Je me souviens en effet, à quelques jours près, il y a un an, discutant de sa prochaine intronisation, j’avais dit à Gianni que je savais pertinemment que jamais je n’aurais l’importance suffisante pour que la Confrérie s’intéresse à mon cas.) Et je vois mon parrain, Pierre, dont la stature le fait dépasser tout autre membre de cette auguste assemblée. Comme si ce n’était pas suffisant, comme s’il n’était pas déjà assez grand, il est sur une tribune qui le grandit encore d’une vingtaine de centimètres. Et, quand il constate que je le regarde, je vois ses lèvres former les mots « t’es maaaa-laaaa-deu ».
Oh oui, mon bon ami, je suis malade ou plutôt, comme tu le dis, je suis « maaaa-laaaa-deu ». Je serai néanmoins, intronisé,  et comme on s’en doute, la pression diminuera sur mes épaules. Ne me manquerait plus que ma Paronelli « Stripteased » pour pouvoir fumer un peu, mais je l’ai donnée à la Confrérie il y a quelques instants. Si je le pouvais, je crois bien que je demanderais à la récupérer, mais je crains que ce ne soit ni le moment, ni le lieu.

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Heureusement pour moi, Sainte Nicotine vient à mon secours et on me gratifie d’une autre pipe, neuve celle là, avec du tabac. C’est un tabac avec lequel j’ai peu d’affinité, mais il semble bien que je n’ai pas le choix. Les photos prises, la tension revenue plus ou moins à la normale, exception faite de mon malaise, nous nous préparons à aller dîner, ensemble, au Retour de la Chasse.
Après le vin d'honneur (ou de bienvenue c'est selon), tout un chacun  prend place à la table qui lui a préalablement été désignée, jusqu'à ce que Gianni me crie à travers le brouhaha,
− T'es demandé au milieu de la salle.
Je quitte donc ma chaise de mauvaise grâce et me dirige vers le milieu de la pièce où je me retrouve face à face avec le Grand maître de circonstance, Denis Blanc, Et c'est là que je découvrirai  son statut officiel, c'est-à-dire patron, propriétaire de l'entreprise Butz-Choquin. Qui lui a raconté mes déboires avec la marque qu'il dirige maintenant? Certes, Gianni est dans le coup. Il est trop fier de me voir coq-en-pâte pour n'avoir pas participé à cette mise en boîte. Quant aux autres, j'avoue sincèrement ignorer.
Denis Blanc m'accueille donc au centre de la salle, devant quelques photographes amateurs. J'eus aimé que nous fussions des vedettes, soit lui, soit moi, pour attirer des photographes de presse qui nous eussent mitraillés de leur pellicule, de sorte qu'au moins une de ces photos croquées sur le vif, eurent pu témoigner du moment. Parce que me faire poser un trait sur un conflit d'une décade... j'ai la chance inouïe d'avoir une bonne mémoire.  Et cette mémoire me suit dans tout ce que je fais, dans tout ce qu'on me fait. En vieillissant, j'ai appris à pardonner, mais pas à oublier.
Quelles que soient les raisons qui m'ont fait entrer en guerre contre Butz-Choquin, j'ai assez raconté le fait à gauche et à droite, pour n'avoir pas envie de raconter une fois de plus, même pour ceux et celles qui n'y étaient pas, qui n'ont jamais entendu parler de cette histoire. Je suis entré en guerre contre la compagnie à ma façon, avec les armes qui étaient miennes. Pour moi, c'est devenu, ce soir là, après mon intronisation à la Confrérie des Maîtres pipiers de saint Claude, de l'histoire ancienne.

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La mort n'est pas la pire perte dans la vie;
le pire, c'est ce qui meurt en nous alors que nous vivons.   —
Norman Cousins

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