Une petite pipe en bruyère sans nom acheté chez Cupojoes.
Elle a la forme que j'aime: légèrement courbée; et la bonne grandeur: semi-churchwarden 7'' (17,5 cm) a un prix que je peux me payer: $40.00 neuve. Ce n'est certes pas du grand art, mais elle  fume bien.

Bien joué, Berny! Elle est mignonne comme tout. Bien du plaisir en sa compagnie!

Elle a mes formes préférées mais je savais qu' on avait les mêmes goûts concernant les pipes. Donc évidemment elle me plaît bien également. Bien content pour toi que tu ais fait cette acquisition. Tu vas la dédier à un tabac en particulier ?

L'arrivée d'une nouvelle pipe c'est toujours un vrai petit bonheur aussi je vous souhaite de passer d'agréables moments ensemble

SmokingDragon a écrit:

Elle a mes formes préférées mais je savais qu' on avait les mêmes goûts concernant les pipes. Donc évidemment elle me plaît bien également. Bien content pour toi que tu ais fait cette acquisition. Tu vas la dédier à un tabac en particulier ?

J'ai bien aimé le Winslow no.1. Je crois bien que je vais les marier ensemble...sans leurs approbations, mais je crois qu'ils vont bien s'entendre.

Très bonne idée le Winslow N°1

quelle élégance finesse cette pipe, classe j'aime bien.

Je te souhaite bonne compagnie avec elle aussi.

Fine, élégante, Bravo!!!!

Elle est bien sympatique, en effet !

Eh bien! voilà, la petite est arrivée. Jusqu'à présent, je n'avais pas eu vraiment à culotter mes pipes les ayant achetées usagées principalement. Cette fois, ce n'est pas le cas, elle est neuve et non pré-culottée, je devrai donc m'y mettre, et je me sens anxieux comme un pompier à son premier feu.

La douceur et la patience sont de mises parait-il.

Je bourre ma pipe de Semois, au tiers comme tous semblent d'accord à le faire ainsi, en pressant légèrement. Les grains qui s'entassent semblent plus ou moins d'accords avec le traitement que je leur impose, et encore... ils n'ont pas tout vu.

Je tire une allumette de sa boîte et la frotte avec assurance. La flamme grésille, crisaille et se démène dans tous les sens avant que d'atteindre un état stable qui me permet de l'approcher du fourneau... le moment est dramatique, la tension est palpable... l'irréparable est sur le point de se produire et j'en suis le responsable... titanesque sensation de culpabilité et de plaisir... je suis le dieu qui mettra le feu au buisson prisonnier de cette bête à grande queue d'où s'envoleront les milles lamentations ou les milles chants, selon que l'on soit au dedans ou au dehors, par sa bouche grande ouverte.

L'angoisse m'a coupé le souffle, cette première tentative s'étouffe avant que d'accomplir son devoir.

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Je prends le temps de m’éditer un peu sur le sens de l’acte que je suis sur le point d’accomplir. Ce n’est pas rien de confiner ainsi la vie dans un minuscule réduit et d’y mettre le feu pour en tirer du plaisir. Il faut être sûr de son droit sur la chose pour la traiter ainsi.

Je commencerais par la remercier de se mettre ainsi à notre disposition pour notre plus grand bonheur

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Je recommence, ma main tremble, mes yeux sont fixés sur la gueule de la bête — longue et élégante, faut le dire. De nouveau, j’approche la flamme lentement. La chaleur qui se dégage me fait craindre le pire : s'il fallait que je m'impatiente et que je tire trop fort, je pourrais blesser la bête avant même qu’elle ne s’affirme au monde.

Cette fois, je me ressaisis à temps et je sais maintenir mon souffle comme il se doit. Les premiers effluves jaillissent du trou sombre qui se trémousse nerveusement devant mes yeux. Je crois bien que cela sera bon… oui! Cette fois est la bonne. Je l’entends, je le vois, je le sens au bout de mes doigts ce feu rongeur qui rogne mes grains de plantes odorantes.

Le bonheur est total.  

Je tâche de rester calme et de consumer lentement, et, ma foi, j’y réussis assez bien     Jusqu'à ce que tout soit réduit à l’état de cendre.

J'ai donc commencé. Ma première pipée n'a apporté que peu de changement à l’apparence et la structure interne du fourneau. Je serais bien empressé de passé à la seconde carbonisation, mais voilà il faut attendre... attendons donc.

belle description de cette expérience!

C'est joli, je crois qu'en lisant ce texte, j'étais encore plus ému que toi, c'est un suspens élégant qui m'a envahi jusqu'au tripes et en même tant émouvant.

Merci et Bravo

Merci à vous deux
Je suis bien heureux de partager avec vous ces moments.

:qq2:Mais on a de vraies plumes ici !

Superbe texte mon cher Berny c'était très émouvant merci beaucoup. 

Superbe, merci je me suis régalé à lire ta description du baptême du feu de ta jolie church'! bon culottage!

Merci à tout le monde pour vos commentaires.

Fin de la première étape.

On dit que la pipe détend. En temps normal cela est vrai, mais en temps de culottage cela est un peu moins vrai, à moins que vous soyez un imperturbable, ce qui n'est pas mon cas.


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Moi qui, normalement, apprécierais plutôt déculotter que culotter voilà que je me surprends à tirer du plaisir de ce dernier exercice.

La première étape est finie,le premier tiers est fini, j'ai réalisé les dix premiers fumages. Une mince couche gris foncé recouvre le fond du fourneau. Scrupuleusement et anxieusement, j'inspecte l'intérieur du fourneau millimètre par millimètre à la recherche de la tare révélatrice de ma gaucherie. C'est qu'elle est devenu chaude par moment cette pipe,  alors on se demande si on a pas été trop dur avec elle, si on ne l'a pas poussé au-delà de ces limites; et déjà on se sent prêt à s'accuser de tous les torts : de tortionnaire, de tyran, de bourreau, de réincarnation de questionneur du moyen-âge... Heureusement, malgré mon acharnement à chercher le petit point révélateur de ma maladresse, je n'ai rien trouvé... rien! Il semble que j'aie respecté les limites de ses capacités. Je souffle un peu. C'est que je me sens terriblement responsable de sa venue dans le monde des grands, alors, vous comprenez, c'est normal de s'inquiéter.

J'ai pris de l'assurance d'une séance de fumage à l'autre : je frottai mon allumette d'un geste précis et sûr, je la portai au dessus d'un fourneau, qui ne tremblait plus, sans hésitation ni questionnement, j'aspirai la flamme avec assurance au coeur de la bête et contrôlai les vents pour que le tout soit bien consumé; finalement, j'apportai à ma bouche les effluves enjoués pour les faire rouler et les lancer au monde avec un rien de fierté comme on aimerait le faire avec nos rêves les plus éthérés.  

Malgré cela, je passai du bonheur à l'angoisse régulièrement : je me disais qu'une seule mauvaise séance pouvait tout gâcher — j'ai tendance à dramatiser — et réduire mes efforts en cendre ( je sais, elle est facile celle-là). Les séances se sont succédées ainsi l'une après l'autre.Pendant cette étape, j'ai traversé des périodes plus sombres ou je me demandais si j'en viendrais à bout, finalement, et puis apparaissait la lumière au bout du tunnel ( mais avant de se précipiter dessus, il faut d'abord s'assurer que ce n'est pas un train qui s'en vient; donc,encore là, pas de geste hâtif). Cette étape réussie me sera précieuse pour la suite, je sais maintenant que je peux le faire correctement, il suffit que je m'applique.  

Je me prépare donc à entamer la deuxième étape. Je remplis le four aux deux tiers minutieusement.Je m'efforce de ne pas trop appuyer pour ne pas écraser les grains aux limites du respirable. Comme tous devraient le savoir : il faut s'assurer que l'air circule suffisamment entre les grains pour que la combustion se produise correctement : il est inutile de presser pour bourrer sa pipe de plus de tabac, vous n'en tirerez que moins de plaisir.

Le premier fumage d'une nouvelle étape est toujours le pire d'après ce que je peux constater. On sait qu'une partie du fourneau est à vif, direct sur le bois, plus fragile donc et les premières angoisses reviennent nous hanter.Il faut laisser le feu lécher les parois du bol et non le laisser mordre : pour cela il est nécessaire de garder la bride bien serrée et de contrôler l'animal émotif en nous qui serait tenté par le geste rapide, impulsif, qui transformerait cette douce braise en un brasier dévorant. Il faut rester zen : si vous ne l'êtes pas, c'est le bon moment de le devenir.

Je frotte donc mon allumette... et c'est reparti... à la revoyure, à la fin de la deuxième étape..

En lisant ce texte, un sourire c'est peu à peu installé sur le rebord de mes lèvres  trtrès beau texte.

le_baroudeur a écrit:

En lisant ce texte, un sourire c'est peu à peu installé sur le rebord de mes lèvres  trtrès beau texte.

Merci pour le compliment.  

En effet, magnifique récit !

Merci, je me suis régalé à te lire!

idem je dois dire que c'est vraiment bien écrit!

Merci pour vos bons commentaires.  

C'est vrai que c'est bien écrit, il le tarde de lire la suite !