Un petit moment que je n’avais pas participé au forum. Mais ce n’est pas pour ça que j’ai disparu. Je viens régulièrement vous lire les uns et les autres et j’y prends toujours beaucoup de plaisir
.
Dernièrement je suis allé passer quelques jours à Rome avec ma femme et ma fille, et à Rome, je ne pouvais pas ne pas passer faire un tour à la fontaine de Trévi, mais surtout tout près de là chez Becker & Musico, le dernier pipier de Rome à ma connaissance, dont le magasin est situé au 29 via San Vincenzo.
L’histoire de Becker & Musico est le résultat d’une double rencontre.
Il faut remonter pour cela à la fin des années 30, période durant laquelle Fritz Becker, autrichien et juif, quitte l’Autriche pour l’Angleterre pour des raisons bien évidentes. Durant la guerre il est traducteur et officier de renseignements. C’est à cette époque qu’il découvre la pipe grâce à un officier anglais (et le tabac anglais
?).
Toujours est-il qu’après la guerre il s’installe à Rome et s’essaie à créer ses propres pipes au début des années 70 dans de la bruyère calabraise (tout ce que je vous raconte là, je l’ai lu sur le site Fumeurs de Pipe, rendons à César…en voici d’ailleurs le lien : http://www.fumeursdepipe.net/pipiersBbeckerpaolo.htm .).
Il est bientôt aidé par son fils Paolo, et tous deux commencent à produire des pipes qu’ils proposent bientôt au magasin Carmignani, un des plus anciens et célèbres magasins pour fumeurs de Rome, Piazza Colonna (qui a fermé ses portes en 2003).
Ces pipes plaisent tellement que Carmignani lance en 1975 une ligne » Carmignani hand made » qui connaîtra un franc succès et en 1979, ce succès aidant, sera lancée la marque Becker en lieu et place de la marque Carmignani.
Notons que Fritz Becker était également un artiste accompli, peintre, sculpteur et designer
. Il décède en 1991.
La rencontre avec Giorgio Musico, l’un des derniers directeurs de chez Carmignani, sera décisive. Giorgio Musico, en effet, aime les pipes anglaises, surtout les Dunhill, et plus particulièrement les petites Dunhill. Comme il l’explique, elles sont légères, on peut les garder en bouche. Il l’explique d’ailleurs très bien dans cet article intitulé « It’s short, I like it. http://www.rdfield.com/Becker_and_Musico/it's_short,_i_like_it.htm
Il demandera à Fritz et Paolo, dont il avait pu apprécier le travail ,de lancer une ligne de pipes au style anglais.
En 1989 s’ouvrira le magasin Becker & Musico, dans lequel Paolo et Massimo, le fils de Giorgio Musico, travailleront ensemble sous une nouvelle marque Becker & Musico, Paolo s’occupant davantage des formes, de la fabrication du fourneau et Massimo du montage (beaucoup de types Army ), des tuyaux, des finitions, . Ces pipes seront exportées aux USA par David Field, où elles connaîtront un net succès, jusqu’en 2002 date à laquelle Paolo Becker quittera Becker & Musico et ouvrira son propre magasin, toujours à Rome, où il produira des pipes de grande qualité jusqu’à son décès en 2014.
Massimo Musico continue à produire ses pipes sous la marque Foundation dans son magasin qui a gardé la raison sociale Becker & Musico, où il travaille sur des pipes réalisées par Gian Gamboni, Flavio Benucci et Fabio Marchese.
Mais la production s’est nettement réduite, et vous ne pouvez plus vous procurer une pipe Foundation que chez Becker & Musico.
Ce magasin est donc situé juste à côté de la fontaine de Trévi, via San Vincenzo. Ce n’est pas un grand magasin :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]A l’intérieur, un grand choix de pipes, de tout style :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Certaines photos ne sont pas de moi, je ne voulais pas être trop importun. Je les ai reprises d'autres articles. C’est juste pour vous donner une idée.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Massimo Musico était occupé, aussi nous avons été reçus par Giorgio, d’une façon dont je crois bien n’avoir jamais été reçu ailleurs.
Dans un mélange d’italien, d’anglais et de français (il nous a expliqué qu’il avait vécu autrefois quelques mois à Montparnasse), nous avons passé près d’une heure à discuter de son goût pour les pipes anglaises, surtout les Dunhill, mais surtout des groupes 1 à 3, car elles sont légères et on peut les garder longtemps en bouche. Nous avons parlé des pipes françaises également, entre autre des Chacom, qu’il estime beaucoup (voici qui devrait faire plaisir à Thomas
), et de Pierre Morel.Nous avons également parlé de tous ceux à qui il a vendu des pipes, de Simenon, de Gian Maria Volonte, de Lee Van Cleef à qui il a vendu l’écume courbe qu’il fume dans « Et pour quelques dollars de plus ».
Nous avons également parlé de littérature française, sujet qu’il semble affectionner. Il nous a également fait visiter l'atelier. Bref, nous avons passé environ une heure que ma femme et ma fille n’ont pas vu passer, de leur propre aveu. Et dans un tel magasin, pour elles, ce n’était pas gagné
.
Il m’a montré des Dunhill, neuves et en estate, mais j’étais venu pour acheter une Foundation.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]J’ai longtemps hésité entre une Foundation typique (une tomate sablée montage Army) et une moins classique, sans doute plus près de la nouvelle ligne Foundation, sans doute aussi parce qu’elle est très éloignée de ce que je fume d’habitude :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Je l’appelle mon Colibri. Il faut dire que par rapport à certaines comme par exemple ma Gr 6 :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Bref, une fois mon choix fait, Giorgio Musico m’a demandé si j’aimais le tabac anglais. Il m’a alors proposé de son mélange personnel (qui change d’ailleurs assez souvent si j’ai bien compris), m’expliquant qu’on ne pouvait plus fumer dans aucun magasin de Rome, sauf chez lui.
Lui-même allumait sa pipe, et c’est ainsi que vous pouvez me voir fumer ma nouvelle pipe en compagnie de Giorgio Musico qui a très gentiment accepté de figurer à mes côtés.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] La pipe était fournie dans un sac de peau marqué Foundation by Musico. Il m’a également donné un tasse braise Brebbia, des chenillettes et un briquet jetable (j’étais venu acheter, pas fumer, du coup je n’avais pas mon matos).
Quant à son mélange, c’était moitié EMP, moitié Vintage Syrian de chez Mac Baren. J’en ai trouvé pas loin à la tabaccheria Novelli au 21 et 22 via San Marcello.
Un magasin très bien fourni également, d’un côté un grand choix de pipes, de l’autre un choix satisfaisant de tabac. J’y ai acheté, outre l’EMP et le Vintage Syrian, une boite de Vinci parfumée au Chianti (je sais, mais faut pas dire avant de goûter
) pour la couleur locale.
Je connaissais l’EMP, mais j’ai goûté le Vintage Syrien tout seul. Ben je crois que je vais y revenir souvent, et que je vais lui dédier mon Colibri ! Nom d'un pipe, quel tabac mes aïeux !
Dommage qu’il soit si dur de s’en procurer.
Bon, j’en ai terminé avec ma petite aventure romaine. Si vous allez à Rome, ne manquez pas de passer chez Becker et Musico. Vous ne serez pas déçu.