Je vous avais promis un petit article sur la restauration d'une Dunhill. Ca m'a pris plus de temps que prévu mais le voici enfin.
J'avais donc récupéré quelques pipes envoyées par colis dans lesquelles l'interlocuteur m'avait annoncé contenir
des Dunhill. Au prix intéressant que j'avais obtenu, j'étais très impatient de les recevoir. Hélas, à l'ouverture, je constatai d'une part que toutes étaient entassées sans protection dans un sac ballotant dans sa caisse. Beaucoup de dégâts donc à la réception et au final une seule Dunhill dans le lot.
Je ne me décourageai pas pour autant, la Dunhill devait me permettre de récupérer mes billes mais dès le premier coup d'oeil sur celle-ci je déchantai et, je l'avoue, pestai quelque peu envers l'expéditeur.
Là voici donc à l'ouverture:
La partie antérieure de la tête n'a pas du tout apprécié ce voyage parmi ces copines roturières et se retrouve affligée de blessures assez profondes (1 à 1,5 mm par endroits). Le fourneau montre un usage intensif sans nettoyage.
Le tuyau, quant à lui, est griffé légèrement au niveau du bec mais encore en très bon état néanmoins :
Je me décide donc à entamer les hostilités en douceur, en commençant par le plus facile : le tuyau.
Après une désinfection interne aux chenillettes alcoolisées, je passe le bec au papier de verre, grain 240 (c'est plus qu'assez car les marques sont heureusement peu profondes) :
A ce stade, le néophyte penserait que je gâche le tuyau car il y a maintenant plein de griffes, mais gardons la foi, ce n'est que le début. Je passe donc au grain 400 :
Les griffes sont encore présentes, mais plus fines, j'enchaîne donc sur du grain 600 :
Les choses s'améliorent mais on est encore loin du compte. On monte de quelques niveaux et enclenche le 1200 sur tout le bec:
C'est bien mais peut mieux faire, je passe un coup de chiffon à l'huile pour faire ressortir les microgriffes restantes et je termine tout le tuyau au 1800:
A ce stade, l'état du tuyau est acceptable, j'aurai l'occasion ensuite de le passer à la cire de carnauba poui redonner son éclat originel.
Après cette entrée en douceur, passons au plat de résistance, rattraper les blessures de cette Dunhill. Tout rebouchage des anfractuosités est exclu, ce serait bien trop visible et indigne de cette Lovat. Alors, à la bravade et quelques diables me poussant, je me décide de faire fi du sacrilège de modification d'une pipe de ce rang, et je sors le papier de verre grain 180! Je ponce la tête (sans rayer le casque, private joke
) au 180 et me limite au 400 pour la tige où sont situés les marquages:
Cependant, malgré ce premier passage et après dépoussiérage, les griffes ont bien diminué mais sont encore bel et bien présentes:
Il convient d'en finir avec ces satanées cicatrices, et pestant derechef, j'y retourne et m'arrête à ce résultat que j'estime non pas parfait mais satisfaisant:
Je m'attaque ensuite au fourneau qui comme vous l'avez vu sur les premières photos était fort loin, je le reame et je déplore en fin de compte une usure fort importante sur l'avant de la pipe, mais il y a peu de chose à faire à cela, poncer l'autre côté réduirait l'épaisseur de la paroi, je me décide donc à garder un fourneau peu esthétique. Cette pipe a vécu et l'on doit s'y faire:
Il me reste à passer ensuite un chiffon doux imprégné d'une solution magique mais naturelle dont je tairai le nom et voici la pipe à ce stade:
Satisfait à moitié, elle n'a plus l'éclat de sa prime jeunesse mais voilà, un passage final au touret à la cire de carnauba nous rappelle qu'il s'agit néanmoins d'une Dunhill Bruyère, de forme Lovat, et datant de 1985. J'espère qu'elle plaira à l'un d'entre vous car cette Dunhill sera bientôt mise à la prochaine loterie du forum.
Et je profite de l'occasion pour saluer la grandeur d'âme de SmockingDragon, sa générosité et sa bonne humeur sont des exemples que nous devrions tous suivre!
A bientôt pour de nouvelles aventures