Bonsoir,
Ce soir je souhaitais ajouter ma maigre contribution à cette rubrique. Un livre m'a profondément marqué il y a très longtemps et j'y reviens régulièrement tant je le trouve agréable. C'est "le Caporal Epinglé", un "vieux" livre, que les anciens d'ici connaissent sans doute. Un "gros pavé, écrit petit et serré"! Un peu rebutant visuellement parlant!
L'auteur, Jacques Perret, plutôt décrié pour des positions sur la fin de sa vie que certains pourraient qualifier vraisemblablement à raison de douteuses, d'autres de réac... mais quoiqu'il en soit un homme d'une grande culture, au vocabulaire d'une richesse rare, à l'humour truculent et à la vie très remplie, un homme aussi semble t'il d'une trempe peu commune (cf ses états de services)...
Il raconte dans ce livre la période où il fut prisonnier de guerre, dans les camps militaires, astreint à divers travaux... Un regard plein d'humour, sans apitoiement ni haine, plein d'humanité et de fraicheur finalement sur cette partie de l'histoire de France.
Grand fumeur de pipe, il en garda une tout au long de cette captivité, et on ressent bien l'attachement et la ressource inouïe que représente cette dernière pour son moral dans ces périodes difficiles. Il excelle dans la description de cette dernière et les émotions qu'elle lui procure... On perçoit bien qu'elle possède dans son regard une importance et presque une vie propre.
On ne lit pas ce livre pour le suspense ou l'aventure haletante. Clairement, il s'agit d'un livre plutôt lent, descriptif et observateur, mais truculent, parfois franchement jubilatoire, et surtout riche d'un vocabulaire que je n'ai jamais retrouvé ailleurs.
Alors si vous aimez les phrases un poil longues, les mots oubliés emprunt d'une culture classique solide, les descriptions d'ambiances de chambrées chatoyantes, parfois tristes, parfois burlesques, allez y! C'est un livre que l'on peut poser, puis reprendre 15 jours après, juste pour le plaisir des mots ou d'une description amusante.
Enfin, c'est en grande partie grâce à ses lignes sur sa pipe que j'ai eu envie de découvrir ce passe temps. Je me dit qu'un homme qui en parle de cette manière possède forcément une richesse que l'on se doit de respecter.