Je me souviens avec émotion de la première fois que j'ai fumé ma pipe sous la pluie, en la retournant pour qu'elle ne s'éteigne pas. Quelle délicieuse sensation de se trouver à la fois mouillé et au sec... J'avais trouvé l'idée dans un poème de Jean Richepin intitulé "Eau Forte" (extrait de la Chanson des Gueux). Et ça fonctionne! Là-dessus je composai ce deuxième rondel que voici, avec en exergue les deux vers de Richepin.


« Calme, un voyou sifflant recevait l’avalanche…

La pipe retournée et rouge par-dessous »

(Jean Richepin)




Quand il pleut des tonneaux,
Je retourne ma pipe.
La pluie mouille mes nippes ?
Je tourne mon fourneau.

Qu’on me verse un Pernod
Si j’attrape la grippe !
Quand il pleut des tonneaux,
Je retourne ma pipe.

Certains font les finauds :
« Pluie à la Saint-Philippe,
Range tonneaux et pipes. »
Mais ils sont bien penauds...

Quand il pleut des tonneaux.

Jaufré Cantolys

Voilà encore de biens beaux vers pour accompagner mes verres. 

Merci Jaufre et bravo

Un bien beau poème

Il paraîtrait que ce sont les marins qui pratiquent ces retournements de pipes, cela dit il doit falloir bien bourrer et ne pas trop émietter le tabac.

Je ne suis pas matelot, mais j'ai fait l'expérience en bourrant à mort et en bourrant normalement: ça marche dans les deux cas (à condition que la pipe soit chaude et le tirage bien établi). J'étais moi aussi surpris. Je vois deux explications possibles: soit un effet de dilatation qui comprimerait le tabac contre les parois du fourneau, l'empêchant de glisser. Soit un effet d'arc-boutant, similaire à celui que connaissent bien les mineurs quand ils bourrent un trou de mine avec du fin gravier. L'enchevêtrement des grains, même peu tassés, fait que quand la charge explose ils ne sont pas éjectés vers le haut (effet canon) mais obligent l'explosif à travailler radialement pour briser le rocher. Parole d'ancien mineur