Derniers sujets
» Courrieu à Cogolinpar soababa Aujourd'hui à 7:27
» C'est l'anniversaire de Stéphane !
par la hyène Aujourd'hui à 2:05
» Rencontres Pipe-Club de Morez
par la hyène Aujourd'hui à 2:02
» Pour ne pas se geler la m'Eustache, ceux qui s'en vingt à Morez ont prévu les bonnets et les gillez
par Alexmann Hier à 22:27
» Peterson christmas édition 2024
par Lefty Hier à 14:34
» Je dis neuf Septentrion vers Morez, j'ai du m'égarer mais où est donc le Sud et l'ALNB ?
par Van Gaughin Hier à 13:26
» Achats récents de pipes
par Brase d'Anjou Jeu 19 Sep 2024 - 23:53
» tabac et formes de pipe
par stéphane Jeu 19 Sep 2024 - 23:18
» Flying Dutschman
par soababa Jeu 19 Sep 2024 - 22:03
» Pipes BARLING
par bamcar Jeu 19 Sep 2024 - 19:25
» Regain d'été à la St Nadège, laisse tomber la neige
par Ildefonso Jeu 19 Sep 2024 - 11:43
» Marc dit c'est sept Ambre, non c'est Alexandre !
par Alexmann Mer 18 Sep 2024 - 0:35
» Lionel un nouveau pas tout jeune
par natalefr Mar 17 Sep 2024 - 18:57
» Lundi, zézette en bruyère pour une pipe légère...
par Ildefonso Mar 17 Sep 2024 - 11:44
» Schneiderwind original vintage blend CC1
par Brase d'Anjou Mar 17 Sep 2024 - 0:08
Qui est en ligne ?
Il y a en tout 578 utilisateurs en ligne :: 3 Enregistrés, 0 Invisible et 575 Invités A2L, natalefr, OscarOscar
Le record du nombre d'utilisateurs en ligne est de 586 le Sam 21 Sep 2024 - 10:41
Statistiques
Nous avons 2110 membres enregistrésL'utilisateur enregistré le plus récent est Thanatos930
Nos membres ont posté un total de 448004 messages dans 16749 sujets
DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
+2
Jaufré Cantolys
william1941
6 participants
Page 1 sur 1
DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
Istanbul 1984
DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
Nous étions à Istanbul logés au Pera Palas. Bien avant sa rénovation.
Ancien terminus de l’Orient Express, il avait encore le cachet d’un passé fastueux qui avait vu séjourner dans ses appartements des têtes couronnées et des célébrités. La chambre 411 d’où Agatha Christie a mystérieusement disparu pendant une semaine sans avoir jamais donné d’explication lors de sa réapparition. L’appartement 101 transformé en Musée Atatürk, Mustapha Kemal y ayant séjourné pendant des moments compliqués de sa vie politique.
Tout cela assez décati. Mais le prestige du passé auréolait le tout d’une ambiance charmante. Un escalier de marbre avec un beau tapis conduisait aux splendides grilles en fer forgé d’un ascenseur archaïque aux portes encadrées par de magnifiques chandeliers dorés, où un liftier sautait de son tabouret pour vous conduire à destination.
Le repas du soir se prenait dans une immense salle à manger avec un orchestre jouant des airs du temps passé
Tout baignait dans une atmosphère feutrée et belle époque.
Décision fut prise d’emprunter le bateau de ville pour parcourir le Bosphore,
Embarqués à Besikta et, mêlés aux Stanbouliotes vacants à leurs affaires quotidiennes, nous avons zigzagué d’une rive à l’autre du Bosphore au gré des villages et appontements desservis par ces aquabus. Nous avons débarqué à Pyraz pour redescendre vers Istanbul en voiture
Nous avons donc pris un « Taksi » à la station à côté du débarcadère
Une vieille américaine jaune et noire à deux banquettes dont le chauffeur, parfaite illustration de l’expression « fort comme un turc », c’est avancé la mine joviale et une énorme pipe à la main.
Il nous a invité à monter à l’arrière. Un bazar informel s’étalait sur la partie droite de la banquette avant
Exécution ! un peu serrés à quatre. Mais bon…
L’aventure c’est l’aventure n’est-ce pas ?
A quel point ? c’était encore à découvrir !
Qui lui a dit : « Istanbul. Pera Palas hôtel », je ne m’en souviens pas. Il semble avoir répondu « tamam ! evet ! »
Et c’est là que tout a commencé !
Notre homme c’est installé au volant, a sorti de la boîte à gant une sorte de pouch en cuir de la taille des deux poings, il a desserré la cordelette qui le fermait et entrepris de bourrer sa pipe. La tâche s’est avérée plus complexe qu’il n’y paraissait au départ.
Il s’est d’abord glissé vers la droite sur la banquette, pour ne pas être gêné par le volant, poussant avec ses fesses, le bric-à-brac qui occupait la place et dont une partie a rejoint le plancher en ordre dispersé
Il a alors attrapé du tabac par grosses pincées qu’il a écrasé entre ses doigts au-dessus de la bourse lui servant de blague. Il a répété cette opération à plusieurs reprises
Ensuite il a introduit le bol de sa pipe dans le pochon et entrepris, à l’aveugle, de bourrer le fourneau.
Après avoir posée soigneusement celle-ci sur la banquette entre ses jambes et refermé le cordon de son pochon qu’il a remis en place, il l’a récupérée et c’est remis derrière son volant.
Il s’est retourné vers nous et nous a parlé, le visage interrogatif. Nous avons supposé qu’il nous demandait s’il pouvait fumer.
Nous avons hoché la tête de haut en bas et essayé de dire "tamam evet ». Il a eu l’air très satisfait, nous offert son plus beau sourire et prenant dans sa poche un immense briquet à essence, il a allumé son… volcan.
Nous ne savions pas encore à quel point cet appareil diabolique allait se révéler dangereux.
Nous lui avons montré sur un plan le chemin que nous voulions prendre pour profiter du paysage et du panorama sur le Bosphore.
Encore des sourires et des rafales de mots incompréhensibles.
Et nous voilà partis.
Toutes vitres ouvertes.
Nous avons vite découvert que notre bonhomme se prenait pour Automédon menant le char d’Achille pendant la bataille. Manifestement les freins n’étaient plus qu’un souvenir lointain. Et les trajectoires erratiques, sans doute destinées à éviter les flèches ennemies, eurent vite fait de nous réduire à un silence alarmé.
C’est à ce moment-là que la traîtrise du calumet de notre « conducteur » a commencé à se révéler.
Il produisait une fumée malodorante : mais surtout il devait être parent proche de La Général car, à chaque bouffée de notre pétuneur de combat, il lâchait avec vigueur des essaims d’escarbilles vicieuses qui, emportées par les courants d’air qui parcouraient ce boulet à roulettes, nous bombardaient en essayant tantôt de nous incendier, tantôt de nous faire subir le sort de Michel Strogoff. Notre Charon conduisait son Char des Enfers avec une désinvolture terrifiante. Il se retournait pour nous parler avec de grands sourires et, pour se faire, attrapait le dossier de sa banquette de la main droite et maîtrisait le volant avec le poignet de sa main gauche, elle-même occupée à tenir sa bouffarde.
Nous n’avons rien vu du paysage !
Arrivés à l’entrée d’Istanbul les choses ont changé radicalement.
Tête passée par la fenêtre, pipe dans la main gauche et main droite rivée au volant il éructait des rafales de phrases véhémentes qui devaient être destinées à expliquer aux autres conducteurs ce qu’il pensait de leur conduite et de celle de leur mère. Peut-être aussi, grâce à la violence rageuse de son avertisseur, dont il tenait le petit levier de commande sous le volant énergiquement tiré, utilisait-il la méthode homologuée pour progresser dans ces embouteillages pour lesquels les Stanbouliotes semblent posséder un talent particulier.
Arrivés devant l’hôtel il a quand même réussi à arrêter son monstre mécanique.
Nous sommes descendus pendant que les automobilistes autour de nous semblaient crier « olé » en nous évitant.
Notre énergumène est descendu et un groom de l’hôtel c’est avancé. Il a discuté avec notre homme et nous a dit, en anglais, que nous règlerions la course avec notre note d’hôtel
Au moment de partir notre homme a réalisé en même temps que moi, que j’avais ma pipe à la main. Tétanisé, je l’avais totalement oubliée depuis le départ !
Il est allé vers sa… voiture et a sorti son pochon pour m’offrir du tabac.
Il a pris ma pipe, l’a introduite dans la bourse et l’a bourrée à l’aveugle.
Il m’a rendu ma pipe, a sorti son briquet l’a allumé et m’a proposé du feu.
Je n’avais guère le choix ! La torche de lance-flamme qui sortait de cet objet antédiluvien était une menace pour la sécurité.
Il fallait faire vite !
J’ai aspiré les bouffées de démarrage, l’ai remercié et me suis dirigé vers l’entrée de l’hôtel.
Notre danger public est remonté dans son engin et est reparti, pipe au bec, avec un petit coup d’avertisseur d’adieu qui s’est perdu dans les rafales sonores de ceux à qui il avait coupé hardiment la route en repartant.
J’étais au courant pour les cerises de la grand-mère. Pas pour le tabac du chauffeur de taxi turc
Je n’ai toujours pas trouvé ce que j’ai pu faire pour avoir mérité ça !
DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
Nous étions à Istanbul logés au Pera Palas. Bien avant sa rénovation.
Ancien terminus de l’Orient Express, il avait encore le cachet d’un passé fastueux qui avait vu séjourner dans ses appartements des têtes couronnées et des célébrités. La chambre 411 d’où Agatha Christie a mystérieusement disparu pendant une semaine sans avoir jamais donné d’explication lors de sa réapparition. L’appartement 101 transformé en Musée Atatürk, Mustapha Kemal y ayant séjourné pendant des moments compliqués de sa vie politique.
Tout cela assez décati. Mais le prestige du passé auréolait le tout d’une ambiance charmante. Un escalier de marbre avec un beau tapis conduisait aux splendides grilles en fer forgé d’un ascenseur archaïque aux portes encadrées par de magnifiques chandeliers dorés, où un liftier sautait de son tabouret pour vous conduire à destination.
Le repas du soir se prenait dans une immense salle à manger avec un orchestre jouant des airs du temps passé
Tout baignait dans une atmosphère feutrée et belle époque.
Décision fut prise d’emprunter le bateau de ville pour parcourir le Bosphore,
Embarqués à Besikta et, mêlés aux Stanbouliotes vacants à leurs affaires quotidiennes, nous avons zigzagué d’une rive à l’autre du Bosphore au gré des villages et appontements desservis par ces aquabus. Nous avons débarqué à Pyraz pour redescendre vers Istanbul en voiture
Nous avons donc pris un « Taksi » à la station à côté du débarcadère
Une vieille américaine jaune et noire à deux banquettes dont le chauffeur, parfaite illustration de l’expression « fort comme un turc », c’est avancé la mine joviale et une énorme pipe à la main.
Il nous a invité à monter à l’arrière. Un bazar informel s’étalait sur la partie droite de la banquette avant
Exécution ! un peu serrés à quatre. Mais bon…
L’aventure c’est l’aventure n’est-ce pas ?
A quel point ? c’était encore à découvrir !
Qui lui a dit : « Istanbul. Pera Palas hôtel », je ne m’en souviens pas. Il semble avoir répondu « tamam ! evet ! »
Et c’est là que tout a commencé !
Notre homme c’est installé au volant, a sorti de la boîte à gant une sorte de pouch en cuir de la taille des deux poings, il a desserré la cordelette qui le fermait et entrepris de bourrer sa pipe. La tâche s’est avérée plus complexe qu’il n’y paraissait au départ.
Il s’est d’abord glissé vers la droite sur la banquette, pour ne pas être gêné par le volant, poussant avec ses fesses, le bric-à-brac qui occupait la place et dont une partie a rejoint le plancher en ordre dispersé
Il a alors attrapé du tabac par grosses pincées qu’il a écrasé entre ses doigts au-dessus de la bourse lui servant de blague. Il a répété cette opération à plusieurs reprises
Ensuite il a introduit le bol de sa pipe dans le pochon et entrepris, à l’aveugle, de bourrer le fourneau.
Après avoir posée soigneusement celle-ci sur la banquette entre ses jambes et refermé le cordon de son pochon qu’il a remis en place, il l’a récupérée et c’est remis derrière son volant.
Il s’est retourné vers nous et nous a parlé, le visage interrogatif. Nous avons supposé qu’il nous demandait s’il pouvait fumer.
Nous avons hoché la tête de haut en bas et essayé de dire "tamam evet ». Il a eu l’air très satisfait, nous offert son plus beau sourire et prenant dans sa poche un immense briquet à essence, il a allumé son… volcan.
Nous ne savions pas encore à quel point cet appareil diabolique allait se révéler dangereux.
Nous lui avons montré sur un plan le chemin que nous voulions prendre pour profiter du paysage et du panorama sur le Bosphore.
Encore des sourires et des rafales de mots incompréhensibles.
Et nous voilà partis.
Toutes vitres ouvertes.
Nous avons vite découvert que notre bonhomme se prenait pour Automédon menant le char d’Achille pendant la bataille. Manifestement les freins n’étaient plus qu’un souvenir lointain. Et les trajectoires erratiques, sans doute destinées à éviter les flèches ennemies, eurent vite fait de nous réduire à un silence alarmé.
C’est à ce moment-là que la traîtrise du calumet de notre « conducteur » a commencé à se révéler.
Il produisait une fumée malodorante : mais surtout il devait être parent proche de La Général car, à chaque bouffée de notre pétuneur de combat, il lâchait avec vigueur des essaims d’escarbilles vicieuses qui, emportées par les courants d’air qui parcouraient ce boulet à roulettes, nous bombardaient en essayant tantôt de nous incendier, tantôt de nous faire subir le sort de Michel Strogoff. Notre Charon conduisait son Char des Enfers avec une désinvolture terrifiante. Il se retournait pour nous parler avec de grands sourires et, pour se faire, attrapait le dossier de sa banquette de la main droite et maîtrisait le volant avec le poignet de sa main gauche, elle-même occupée à tenir sa bouffarde.
Nous n’avons rien vu du paysage !
Arrivés à l’entrée d’Istanbul les choses ont changé radicalement.
Tête passée par la fenêtre, pipe dans la main gauche et main droite rivée au volant il éructait des rafales de phrases véhémentes qui devaient être destinées à expliquer aux autres conducteurs ce qu’il pensait de leur conduite et de celle de leur mère. Peut-être aussi, grâce à la violence rageuse de son avertisseur, dont il tenait le petit levier de commande sous le volant énergiquement tiré, utilisait-il la méthode homologuée pour progresser dans ces embouteillages pour lesquels les Stanbouliotes semblent posséder un talent particulier.
Arrivés devant l’hôtel il a quand même réussi à arrêter son monstre mécanique.
Nous sommes descendus pendant que les automobilistes autour de nous semblaient crier « olé » en nous évitant.
Notre énergumène est descendu et un groom de l’hôtel c’est avancé. Il a discuté avec notre homme et nous a dit, en anglais, que nous règlerions la course avec notre note d’hôtel
Au moment de partir notre homme a réalisé en même temps que moi, que j’avais ma pipe à la main. Tétanisé, je l’avais totalement oubliée depuis le départ !
Il est allé vers sa… voiture et a sorti son pochon pour m’offrir du tabac.
Il a pris ma pipe, l’a introduite dans la bourse et l’a bourrée à l’aveugle.
Il m’a rendu ma pipe, a sorti son briquet l’a allumé et m’a proposé du feu.
Je n’avais guère le choix ! La torche de lance-flamme qui sortait de cet objet antédiluvien était une menace pour la sécurité.
Il fallait faire vite !
J’ai aspiré les bouffées de démarrage, l’ai remercié et me suis dirigé vers l’entrée de l’hôtel.
Notre danger public est remonté dans son engin et est reparti, pipe au bec, avec un petit coup d’avertisseur d’adieu qui s’est perdu dans les rafales sonores de ceux à qui il avait coupé hardiment la route en repartant.
J’étais au courant pour les cerises de la grand-mère. Pas pour le tabac du chauffeur de taxi turc
Je n’ai toujours pas trouvé ce que j’ai pu faire pour avoir mérité ça !
william1941- Poète, barde, troubadour...
- Messages : 6310
Date d'inscription : 03/04/2020
Age : 83
Localisation : Garrigue et méditerranée. studio à Paris
Re: DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
Un vrai régal ta prose! C'est rapide, nerveux, exotique, généreux, enlevé... Pour un peu, je me crois en train de relire Bourlinguer de Blaise Cendrars. Je ne sais pas faire mieux comme compliment.
____________________________________________________________________________________________________________________________
"Le poète doit être un professeur d'espérance. A cette seule condition il a droit au pain et au vin, à côté de l'homme qui travaille" (Jean Giono)
Re: DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
Super récit William, on s'y croirait. J'ai conduit en Turquie dans le secteur d'Adana il y a 27 ans déjà... Si on ne klaxonne pas, on n'avance pas. Puis on s'y fait, c'est assez dangereux mais très amusant si on conduit en oubliant le danger et en s'imposant pour passer. Mais pas d'escarbilles dans ma voiture avec des non fumeurs en passager...
Invité- Invité
Re: DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
Tout est dit, bravo williamJaufré Cantolys a écrit:Un vrai régal ta prose! C'est rapide, nerveux, exotique, généreux, enlevé... Pour un peu, je me crois en train de relire Bourlinguer de Blaise Cendrars. Je ne sais pas faire mieux comme compliment.
Cette page ferait très bonne figure comme intro d'un bon polar. Alors on attend la suite...
Brase d'Anjou- Vieux de la vieille
- Messages : 5814
Date d'inscription : 22/05/2020
Age : 58
Localisation : Campagne angevine à l'ouest d'Angers
Re: DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
Ravi que cela vous ait plu.
Cette petite aventure est authentique.
Octave sait bien sans doute que dans ces régions la vie est émaillée d'incident qui, devenus des souvenirs sont assez drôles. Ce qui n'était pas forcément vrai sur le moment...
Cette petite aventure est authentique.
Octave sait bien sans doute que dans ces régions la vie est émaillée d'incident qui, devenus des souvenirs sont assez drôles. Ce qui n'était pas forcément vrai sur le moment...
william1941- Poète, barde, troubadour...
- Messages : 6310
Date d'inscription : 03/04/2020
Age : 83
Localisation : Garrigue et méditerranée. studio à Paris
Re: DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
Superbe récit, on s'y croirait! J'ai également pris des taxis à Istambul, il y a plus de 50 ans (1967, précisément), c'était déjà l'aventure, sans les escarbilles, mais je me suis vu proposer un certain produit "fumable", verdâtre, un peu couleur olive, avant Midnight express, mais je n'étais pas intéressé, heureusement.
____________________________________________________________________________________________________________________________
Mourir est un manque de savoir vivre...
L'auvergnat- Villageois
- Messages : 518
Date d'inscription : 08/01/2020
Age : 75
Localisation : Puy de Dôme et Haut Cantal
Re: DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
Ha ha très belle histoire et très agréablement racontée !
____________________________________________________________________________________________________________________________
Mais ce n'est que mon petit avis, et encore, j'suis bourré.
Munch- Clan des anglais
- Messages : 2885
Date d'inscription : 11/02/2014
Localisation : Toulouse
Re: DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
juré, c'est du tabac: "verdâtre un peu couleur olive"!L'auvergnat a écrit:Superbe récit, on s'y croirait! J'ai également pris des taxis à Istambul, il y a plus de 50 ans (1967, précisément), c'était déjà l'aventure, sans les escarbilles, mais je me suis vu proposer un certain produit "fumable", verdâtre, un peu couleur olive, avant Midnight express, mais je n'étais pas intéressé, heureusement.
william1941- Poète, barde, troubadour...
- Messages : 6310
Date d'inscription : 03/04/2020
Age : 83
Localisation : Garrigue et méditerranée. studio à Paris
Re: DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
Pas mal !
Mais sérieusement, comment ça se fume ce truc. Ça se coupe et ensuite ça s'émiette ?
Mais sérieusement, comment ça se fume ce truc. Ça se coupe et ensuite ça s'émiette ?
Brase d'Anjou- Vieux de la vieille
- Messages : 5814
Date d'inscription : 22/05/2020
Age : 58
Localisation : Campagne angevine à l'ouest d'Angers
Re: DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
Juste avant d'aller mangerBrase d'Anjou a écrit:Pas mal !
Mais sérieusement, comment ça se fume ce truc. Ça se coupe et ensuite ça s'émiette ?
ROPE, TWIST :
La coupe "Rope / Twist" se traduit littéralement en "Corde / Torsion". Comme son nom l'indique, cette coupe se présente comme un tabac "non coupé" en forme de longue corde torsadée. Cette conception empilée et tressée est très originale. Fumer du "Rope" (ou du "Twist") demande une maîtrise de bourrage très particulière. En effet, il faudra déjà découper le tabac en morceaux avant de pouvoir bourrer votre pipe. Certains utilisent même un coupe cigare pour se créer des portions appropriées. Ces tabacs "à corde" requièrent une expérience certaine en tant que fumeur. Attention, cette coupe donne lieu à des tabacs avec un goût fort.
Bon appétit!
william1941- Poète, barde, troubadour...
- Messages : 6310
Date d'inscription : 03/04/2020
Age : 83
Localisation : Garrigue et méditerranée. studio à Paris
Brase d'Anjou- Vieux de la vieille
- Messages : 5814
Date d'inscription : 22/05/2020
Age : 58
Localisation : Campagne angevine à l'ouest d'Angers
Re: DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
Est-ce que ça se chique?
(on dirait du chorizo corse, ça donne envie de croquer dedans)
(on dirait du chorizo corse, ça donne envie de croquer dedans)
____________________________________________________________________________________________________________________________
"Le poète doit être un professeur d'espérance. A cette seule condition il a droit au pain et au vin, à côté de l'homme qui travaille" (Jean Giono)
Re: DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
____________________________________________________________________________________________________________________________
Mais ce n'est que mon petit avis, et encore, j'suis bourré.
Munch- Clan des anglais
- Messages : 2885
Date d'inscription : 11/02/2014
Localisation : Toulouse
Re: DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
Oui, encore un truc du temps du Méxicain...Munch a écrit:Bien sûr ça va le faire, faut pas se faire influencer par ces flipettes
Attention par contre, c'est un Virginia oui, mais diablement préparé : je ne comprends même pas comment on peut sentir que c'en est un.
Je veux dire, le goût c'est celui des résidus de barbecue passés au four crématoire et frottés contre des pneus de vacanciers Belges sur la rocade de Saint Jean de Luz en août.
Je connais pas le Brown, mais c'est pas trop ce qui ressort en lisant les zuns zé les zautres.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Invité- Invité
Re: DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
william1941 a écrit:Istanbul 1984
DU DANGER DU TAXIS TURC, DE SON CHAUFFEUR, DE SA PIPE ET DE SON TABAC
Nous étions à Istanbul logés au Pera Palas. Bien avant sa rénovation.
Ancien terminus de l’Orient Express, il avait encore le cachet d’un passé fastueux qui avait vu séjourner dans ses appartements des têtes couronnées et des célébrités. La chambre 411 d’où Agatha Christie a mystérieusement disparu pendant une semaine sans avoir jamais donné d’explication lors de sa réapparition. L’appartement 101 transformé en Musée Atatürk, Mustapha Kemal y ayant séjourné pendant des moments compliqués de sa vie politique.
Tout cela assez décati. Mais le prestige du passé auréolait le tout d’une ambiance charmante. Un escalier de marbre avec un beau tapis conduisait aux splendides grilles en fer forgé d’un ascenseur archaïque aux portes encadrées par de magnifiques chandeliers dorés, où un liftier sautait de son tabouret pour vous conduire à destination.
Le repas du soir se prenait dans une immense salle à manger avec un orchestre jouant des airs du temps passé
Tout baignait dans une atmosphère feutrée et belle époque.
Décision fut prise d’emprunter le bateau de ville pour parcourir le Bosphore,
Embarqués à Besikta et, mêlés aux Stanbouliotes vacants à leurs affaires quotidiennes, nous avons zigzagué d’une rive à l’autre du Bosphore au gré des villages et appontements desservis par ces aquabus. Nous avons débarqué à Pyraz pour redescendre vers Istanbul en voiture
Nous avons donc pris un « Taksi » à la station à côté du débarcadère
Une vieille américaine jaune et noire à deux banquettes dont le chauffeur, parfaite illustration de l’expression « fort comme un turc », c’est avancé la mine joviale et une énorme pipe à la main.
Il nous a invité à monter à l’arrière. Un bazar informel s’étalait sur la partie droite de la banquette avant
Exécution ! un peu serrés à quatre. Mais bon…
L’aventure c’est l’aventure n’est-ce pas ?
A quel point ? c’était encore à découvrir !
Qui lui a dit : « Istanbul. Pera Palas hôtel », je ne m’en souviens pas. Il semble avoir répondu « tamam ! evet ! »
Et c’est là que tout a commencé !
Notre homme c’est installé au volant, a sorti de la boîte à gant une sorte de pouch en cuir de la taille des deux poings, il a desserré la cordelette qui le fermait et entrepris de bourrer sa pipe. La tâche s’est avérée plus complexe qu’il n’y paraissait au départ.
Il s’est d’abord glissé vers la droite sur la banquette, pour ne pas être gêné par le volant, poussant avec ses fesses, le bric-à-brac qui occupait la place et dont une partie a rejoint le plancher en ordre dispersé
Il a alors attrapé du tabac par grosses pincées qu’il a écrasé entre ses doigts au-dessus de la bourse lui servant de blague. Il a répété cette opération à plusieurs reprises
Ensuite il a introduit le bol de sa pipe dans le pochon et entrepris, à l’aveugle, de bourrer le fourneau.
Après avoir posée soigneusement celle-ci sur la banquette entre ses jambes et refermé le cordon de son pochon qu’il a remis en place, il l’a récupérée et c’est remis derrière son volant.
Il s’est retourné vers nous et nous a parlé, le visage interrogatif. Nous avons supposé qu’il nous demandait s’il pouvait fumer.
Nous avons hoché la tête de haut en bas et essayé de dire "tamam evet ». Il a eu l’air très satisfait, nous offert son plus beau sourire et prenant dans sa poche un immense briquet à essence, il a allumé son… volcan.
Nous ne savions pas encore à quel point cet appareil diabolique allait se révéler dangereux.
Nous lui avons montré sur un plan le chemin que nous voulions prendre pour profiter du paysage et du panorama sur le Bosphore.
Encore des sourires et des rafales de mots incompréhensibles.
Et nous voilà partis.
Toutes vitres ouvertes.
Nous avons vite découvert que notre bonhomme se prenait pour Automédon menant le char d’Achille pendant la bataille. Manifestement les freins n’étaient plus qu’un souvenir lointain. Et les trajectoires erratiques, sans doute destinées à éviter les flèches ennemies, eurent vite fait de nous réduire à un silence alarmé.
C’est à ce moment-là que la traîtrise du calumet de notre « conducteur » a commencé à se révéler.
Il produisait une fumée malodorante : mais surtout il devait être parent proche de La Général car, à chaque bouffée de notre pétuneur de combat, il lâchait avec vigueur des essaims d’escarbilles vicieuses qui, emportées par les courants d’air qui parcouraient ce boulet à roulettes, nous bombardaient en essayant tantôt de nous incendier, tantôt de nous faire subir le sort de Michel Strogoff. Notre Charon conduisait son Char des Enfers avec une désinvolture terrifiante. Il se retournait pour nous parler avec de grands sourires et, pour se faire, attrapait le dossier de sa banquette de la main droite et maîtrisait le volant avec le poignet de sa main gauche, elle-même occupée à tenir sa bouffarde.
Nous n’avons rien vu du paysage !
Arrivés à l’entrée d’Istanbul les choses ont changé radicalement.
Tête passée par la fenêtre, pipe dans la main gauche et main droite rivée au volant il éructait des rafales de phrases véhémentes qui devaient être destinées à expliquer aux autres conducteurs ce qu’il pensait de leur conduite et de celle de leur mère. Peut-être aussi, grâce à la violence rageuse de son avertisseur, dont il tenait le petit levier de commande sous le volant énergiquement tiré, utilisait-il la méthode homologuée pour progresser dans ces embouteillages pour lesquels les Stanbouliotes semblent posséder un talent particulier.
Arrivés devant l’hôtel il a quand même réussi à arrêter son monstre mécanique.
Nous sommes descendus pendant que les automobilistes autour de nous semblaient crier « olé » en nous évitant.
Notre énergumène est descendu et un groom de l’hôtel c’est avancé. Il a discuté avec notre homme et nous a dit, en anglais, que nous règlerions la course avec notre note d’hôtel
Au moment de partir notre homme a réalisé en même temps que moi, que j’avais ma pipe à la main. Tétanisé, je l’avais totalement oubliée depuis le départ !
Il est allé vers sa… voiture et a sorti son pochon pour m’offrir du tabac.
Il a pris ma pipe, l’a introduite dans la bourse et l’a bourrée à l’aveugle.
Il m’a rendu ma pipe, a sorti son briquet l’a allumé et m’a proposé du feu.
Je n’avais guère le choix ! La torche de lance-flamme qui sortait de cet objet antédiluvien était une menace pour la sécurité.
Il fallait faire vite !
J’ai aspiré les bouffées de démarrage, l’ai remercié et me suis dirigé vers l’entrée de l’hôtel.
Notre danger public est remonté dans son engin et est reparti, pipe au bec, avec un petit coup d’avertisseur d’adieu qui s’est perdu dans les rafales sonores de ceux à qui il avait coupé hardiment la route en repartant.
J’étais au courant pour les cerises de la grand-mère. Pas pour le tabac du chauffeur de taxi turc
Je n’ai toujours pas trouvé ce que j’ai pu faire pour avoir mérité ça !
Magnifique,
Je découvre seulement ce texte et j’en remercie l’auteur de nous l’avoir partagé. Comme si on y était !
Bravo !
g00debriar- Habitant récent
- Messages : 260
Date d'inscription : 10/05/2020
Sujets similaires
» Loterie de Noël, une pipe, une blague à tabac, un briquet,4 supports à pipe et du tabac à gagner
» Revue de groupe sur le tabac Cutty pipe smoking (tabac d'âge inconnu)
» Pipe et tabac
» A chaque pipe (à petit foyer) son tabac, A chaque tabac sa pipe...
» Morceaux de charbon dans la bouche, danger ?
» Revue de groupe sur le tabac Cutty pipe smoking (tabac d'âge inconnu)
» Pipe et tabac
» A chaque pipe (à petit foyer) son tabac, A chaque tabac sa pipe...
» Morceaux de charbon dans la bouche, danger ?
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum