W6496 6 Illustration Brase d'Anjou

william1941 Mer 6 Jan 2021 - 11:52

Pour en avoir le cœur net Jansomme se lève, pose sa pipe et se rend dans le bureau de Loursain
« Salut Jansomme. Tu as fini l’archivage des dossiers de Chanlier ?
- Pas encore.
- C’est si long ?
- Je remets de l’ordre dans chaque dossier avant de les classer.
- Comment ça de l’ordre ?
- Tu sais bien. Les feuillets en désordre, le rapport de mission pas avec les notes qui le concernent et traînent ailleurs. Ce genre de chose. Tu as bien dû t’en apercevoir ?
- Je ne les ai même pas ouverts. Le classement pour archivage, c’est ton job mon vieux. Je me suis contenté de les mettre par date dans les cartons. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi ils ont atterri chez moi
- Comment atterris chez toi ? Qui te les a apportés ?
- Personne. Ils étaient sur mon bureau avec ce mot».
Il montre une demi-feuille.

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Ecrit à la main :‘’Remettre les dossiers à Jansomme pour archivage.’’

« - D’habitude c’est l’appariteur qui me les apporte au bureau.
- C’est bien ce que je me suis dit. Bon, tu m’excuses mais j’ai du taf en retard.
- Je te laisse… Attends, pour la bonne marche, tu peux me laisser la note, je la mettrai dans le dossier pour le cas où quelqu’un poserait la question.
- Pas de problème »
Loursain lui tend la note.
Il la prend et retourne à son bureau.
Il réfléchit.
Manifestement Loursain n’a pas mis le nez dans les dossiers… ou c’est un fameux comédien.
Apparemment ce circuit anormal pour la transmission des dossiers à archiver ne l’a pas perturbé outre mesure.
Il ne semble pas avoir cherché à en comprendre le pourquoi.
J’espère ne pas lui avoir mis la puce à l’oreille.
Comment attraper un fil conducteur pour savoir ce qui est réellement arrivé à Chanlier ?
Jansomme tourne cette question dans sa tête.

Pipe, veste, quitter le bureau. En fermant à nouveau la porte à clef.

Dans le couloir, il croise Loursain qui discute avec un collègue.
Il raconte l’histoire des dossiers de Chanlier arrivés bizarrement sur son bureau.
Le collègue semble intéressé. Pose des questions :
Est-ce qu‘il a essayé de savoir ce qu’il s’est passé ?- Peut-être qu’il aurait dû s’assurer que les dossiers étaient les bons.
- C’est pas mon job. Je les ai apportés aux archives comme indiqué. Et basta.
- Tu as eu raison. Sûrement encore une secrétaire qui a merdé. A demain»
Et il part.
C’est Flavier, un officier du service qui gère des agents en mission.
Jansomme part aussi.
Une interrogation s’ajoute aux autres :
Pourquoi Flavier à-t-il questionné Loursain pour savoir s’il avait ouvert les dossiers et s’il cherchait à savoir pourquoi ces dossiers étaient arrivés sur son bureau. ?
Simple curiosité ? Ou plus ?
Il monte dans son bus, perdu dans ses réflexions.
Son dos lui fait mal et il n’y a pas de place libre pour s’asseoir.
Il a bien sa carte de handicapé, mais il ne veut pas s’en servir.
Une manière de refuser son état.

Les jours suivants, Jansomme les passe à reprendre les 7 derniers dossiers l’un après l’autre.
Il reste assis à son bureau des heures, la pipe au bec.
Il oublie son mal au dos.
Lire, relire, comparer les notes pour essayer de trouver. De trouver quoi ?
Aucune idée.
Les contenus des notes n’ont rien d’étrange.
Seul le dernier dossier semble presque artificiel. Comme si on l’avait ajouté après.
Surprenant.
Ainsi que les vides 2005/2008 et 2014/2017.
Ces questions ne trouvent pas le moindre début de réponse.
Aller questionner les collègues ?
Pour leur demander quoi ?
Bien sûr, c’est inutile.
Soit ils ne savent rien. Soit ils ne diront rien.
La mort de Chanlier est une affaire enterrée et demander pourquoi ne lui attirerait que des ennuis.
Ou pire des suspicions.

Aller demander au directeur ? Il connait la réponse habituelle.
« Vous n’avez pas besoin de le savoir pour faire votre travail ».

Pourtant il est sûr que la mort de Chanlier n’est pas simplement celle d’un autre agent mort en mission.
Son instinct, son expérience, le lui martèlent sans répit.

Relire, sans conviction, les feuillets étalés devant lui.
Toujours pas d’éléments à relier pour établir une hypothèse.
Il est près d’abandonner la partie.