Derniers sujets
» Courrieu à Cogolinpar soababa Aujourd'hui à 7:27
» C'est l'anniversaire de Stéphane !
par la hyène Aujourd'hui à 2:05
» Rencontres Pipe-Club de Morez
par la hyène Aujourd'hui à 2:02
» Pour ne pas se geler la m'Eustache, ceux qui s'en vingt à Morez ont prévu les bonnets et les gillez
par Alexmann Hier à 22:27
» Peterson christmas édition 2024
par Lefty Hier à 14:34
» Je dis neuf Septentrion vers Morez, j'ai du m'égarer mais où est donc le Sud et l'ALNB ?
par Van Gaughin Hier à 13:26
» Achats récents de pipes
par Brase d'Anjou Jeu 19 Sep 2024 - 23:53
» tabac et formes de pipe
par stéphane Jeu 19 Sep 2024 - 23:18
» Flying Dutschman
par soababa Jeu 19 Sep 2024 - 22:03
» Pipes BARLING
par bamcar Jeu 19 Sep 2024 - 19:25
» Regain d'été à la St Nadège, laisse tomber la neige
par Ildefonso Jeu 19 Sep 2024 - 11:43
» Marc dit c'est sept Ambre, non c'est Alexandre !
par Alexmann Mer 18 Sep 2024 - 0:35
» Lionel un nouveau pas tout jeune
par natalefr Mar 17 Sep 2024 - 18:57
» Lundi, zézette en bruyère pour une pipe légère...
par Ildefonso Mar 17 Sep 2024 - 11:44
» Schneiderwind original vintage blend CC1
par Brase d'Anjou Mar 17 Sep 2024 - 0:08
Qui est en ligne ?
Il y a en tout 494 utilisateurs en ligne :: 2 Enregistrés, 0 Invisible et 492 Invités Hirschmann, Van Gaughin
Le record du nombre d'utilisateurs en ligne est de 495 le Sam 21 Sep 2024 - 8:44
Statistiques
Nous avons 2110 membres enregistrésL'utilisateur enregistré le plus récent est Thanatos930
Nos membres ont posté un total de 448004 messages dans 16749 sujets
Exploitation de la bruyère - Prédominence historique de l'Algérie et une intéressante tentative de sylviculture malheureusement sans suite
+4
SmokingDragon
McHysius
berny
Bdt1200n
8 participants
A la Noble Bouffarde :: :: Les pipes et accessoires :: Les ateliers :: Les ateliers :: L'atelier de fabrication des pipes
Page 1 sur 1
Exploitation de la bruyère - Prédominence historique de l'Algérie et une intéressante tentative de sylviculture malheureusement sans suite
Au fil du temps certaines questions reviennent comme un leitmotiv, l'influence du terroir d'origine sur les qualités d'une bruyère sont au nombre de celles-ci.
Il est vrai que le grain, la densité, la couleur même des bruyères semble évoluer en fonction du terroir d'origine, qu'en est-il vraiment ?
Nous avons tous en tête les splendides bruyère marocaines avec 60 ans de séchage, au grain si serré, mais l'âge seul, s'il participe au séchage du bois ne saurait expliquer ce grain peu en rapport avec les capacité de rétractation du matériau.
Nous admirons tous les larges rings réguliers des blondes bruyères italiennes vendues de nos jours, légères et tendres . . .
Avant toute chose il est de la bruyère comme de toutes les végétaux donnant du bois : croissance lente = grain serré et bois plus dense et plus dur, croissance rapide = grain large et bois moins dense et moins dur.
Le taux de fibre par année de croissance change peu, ce qui évolue fortement c'est l'espace entre ces fibres, espace comblé par des parties molles, de la cellulose. Quelques années de sécheresse sur la croissance d'une plante vivant dans une région bien irriguée se traduiront par une zone plus sombre et plus dense du bois et inversement quelques années de pluie sur une plante poussant dans une zone aride se traduiront par une zone plus claire et plus friable.
Suivant la nature du terrain la bruyère risque d'enfermer en poussant des impuretés qui provoqueront en elle de nombreux sandpits et autres défauts, les souches coincées entre des rochers, ne s'épanouiront pas librement en tous sens donnant de belles boules au grain uniforme mais seront marquées par les difficultés rencontrées lors de leur croissance. Comme vous le savez sans doute, la bruyère peut pousser en buisson avec de multiples départs de branches, sans faire de "boule" avec une souche superficielle de faible importance ou ne disposer que d'une ou deux tiges avec une boule se formant à faible profondeur dans le sol (c'est dans cette boule que l'on va tirer les ébauchons).
Tout cela a longuement été observé par les exploitants au fil du temps. L'abondance de bruyère et le faible cout de la main d’œuvre en Afrique du nord en a fait une zone d'extraction prioritaire lorsque l'industrie pipière était à son apogée. Il y a eu, au temps coloniaux, de nombreuses exploitations de bruyère sauvages en Afrique du nord, la demande était forte, le transport couteux, la main d’œuvre locale coutant peu toute la préparation était réalisée sur place : séchage, débitage, bouillage des ébauchons étaient réalisés sur place et les ébauchons étaient livrés en sacs déjà calibrés. (De ce temps restent encore de nombreux sacs d'ébauchons de petite taille ou de mauvaise qualité . . .) Les propriétaires de ces exploitations étaient entreprenants, ils avaient défriché, dépierré, ameubli, irrigué, créant des plantations florissantes de fruits et légumes là où, avant eux, n'étaient que terres pauvres et stériles peinant à nourrir de maigres troupeaux. Le sol blessait la bruyère, qu'à cela ne tienne, il suffisait, pour obtenir de belles bruyères d'avoir recours à des plantations, sur un terrain préparé à cet effet, en éliminant les risques de contrainte sur les souches. Contrairement à des souches sauvages coincées entre des rochers, elles s'épanouiraient librement en tous sens donnant de belles boules au grain uniforme.
Tout l'art du sylviculteur consisterait à favoriser la formation et la qualité de la "boule", sa croissance aussi puisque, time is money, il faudrait déjà attendre de nombreuses années pour obtenir des diamètres suffisamment conséquents et placer les plantes en situation de croissance lente serait retarder de plusieurs années le retour sur investissement. Se lancer dans ce type d'exploitation imposerait d'investir à long terme pour que ses enfants récoltent le fruit de son labeur.
L'irrigation et la préparation voire l'entretien des sols, combinés à l'ensoleillement permettraient une croissance rapide et l'obtention de bruyères claires, peu denses mais avec une belle régularité de grain en une vingtaine d'année à peine contre de trente à quarante ans pour des bruyères sauvages dont on poursuivrait l'exploitation en parallèle.
Au lieu de déplacer ces exploitations en suivant les lieux de pousse naturels certains eurent l'idée de s'inspirer de la sylviculture pour préparer des sols et planter de la bruyère dans les meilleures conditions possibles.
En fait ils combinèrent, à l'instar des forestiers trois techniques simultanément : poursuite de l'exploitation traditionnelle d'une partie de l'exploitation, sarclage et protection des sols sur des plans sauvages sur une autre partie de l'exploitation et culture sur les parties les plus accessibles et transformables de zones déjà exploitées.
La culture de la bruyère n'a été réalisée qu'en Algérie - j'ai eu l'occasion de voir des photographies d'une plantation de bruyère en Algérie et de lire un article détaillé lui étant consacré décrivant cette méthode comme une méthode d'avenir, cet article datait de 1958, avant l'indépendance. C'était un article des services coloniaux français à ses ressortissants en Afrique du nord trouvé chez ma tante qui fut, jusqu'en 1962 institutrice en Tunisie - Comme cette culture n'a débuté que quelques années avant l'indépendance on n'a aucun retour sur les qualités de bruyère que ça permet réellement d'obtenir. Les exploitations devant attendre plusieurs dizaines d'années avant que les bruyères soient en age d'être récoltées ayant été abandonnées . . .
A l'emplacement des anciennes exploitations, il existe des "mines" de bruyère dense de forte taille dont les souches s’entremêlent, certaines fendues comme pastèque au soleil. Est-il encore possible d'en tirer quelque chose ? ? ?
Quoiqu'il en soit, si climat, irrigation ou non et préparation des sols sont prépondérants, la nature du sol et sa structure sont également des éléments importants tant dans la couleur du bois (plus jaune, plus sable, plus rose, plus fauve) que dans sa "minéralité" (qui participe à la différentiation de ton entre fibres dures et cellulose).
Suite à cette tentative avortée de culture de la bruyère on en est encore et toujours, à l'heure actuelle, sur du prélèvement libre. En Italie, à l'heure actuelle, ce sont souvent sur d'anciennes terres cultivées retournées en friche depuis la seconde guerre mondiale qu'on désouche les bruyères pour planter des vignes . . . L'utilisation de matériel agricole lourd permettant l'extraction de la totalité des souches y compris les plus grosses. C'est les viticulteurs eux même qui défrichent, par champs entiers, même s'il la valorisent, la bruyère n'est pas leur préoccupation majeure et les pourcentages de perte sont très élevés. En Corse, déjà à son époque, Lucien Georges utilisait une pelleteuse de bonne taille pour désoucher sans trop d'efforts . . . Au Maroc ça serait des particuliers qui désoucheraient avec les moyens du bord, ils n'extrairaient donc que des têtes de faible dimension.
Il pleut plus en Italie qu'en Afrique du nord et cela influe sur la croissance des souches mais il n'y a pas d'irrigation ni d'un côté ni de l'autre de la méditerranée.
Reste qu'on pourrait ou aurait pu cultiver la bruyère, en ayant trente ans devant soi. Il est loin aujourd'hui le temps de l'industrie pipière florissante et qui pourrait bien se lancer dans de tels investissements avec un marché qui est ce qu'il est avec toutes ses incertitudes . . .
Reste que ça me dirait bien quand même de voir quelques ébauchons tirés de l'ancienne plantation vue sur les photographies jaunies de ma tante . . .
Il est vrai que le grain, la densité, la couleur même des bruyères semble évoluer en fonction du terroir d'origine, qu'en est-il vraiment ?
Nous avons tous en tête les splendides bruyère marocaines avec 60 ans de séchage, au grain si serré, mais l'âge seul, s'il participe au séchage du bois ne saurait expliquer ce grain peu en rapport avec les capacité de rétractation du matériau.
Nous admirons tous les larges rings réguliers des blondes bruyères italiennes vendues de nos jours, légères et tendres . . .
Avant toute chose il est de la bruyère comme de toutes les végétaux donnant du bois : croissance lente = grain serré et bois plus dense et plus dur, croissance rapide = grain large et bois moins dense et moins dur.
Le taux de fibre par année de croissance change peu, ce qui évolue fortement c'est l'espace entre ces fibres, espace comblé par des parties molles, de la cellulose. Quelques années de sécheresse sur la croissance d'une plante vivant dans une région bien irriguée se traduiront par une zone plus sombre et plus dense du bois et inversement quelques années de pluie sur une plante poussant dans une zone aride se traduiront par une zone plus claire et plus friable.
Suivant la nature du terrain la bruyère risque d'enfermer en poussant des impuretés qui provoqueront en elle de nombreux sandpits et autres défauts, les souches coincées entre des rochers, ne s'épanouiront pas librement en tous sens donnant de belles boules au grain uniforme mais seront marquées par les difficultés rencontrées lors de leur croissance. Comme vous le savez sans doute, la bruyère peut pousser en buisson avec de multiples départs de branches, sans faire de "boule" avec une souche superficielle de faible importance ou ne disposer que d'une ou deux tiges avec une boule se formant à faible profondeur dans le sol (c'est dans cette boule que l'on va tirer les ébauchons).
Tout cela a longuement été observé par les exploitants au fil du temps. L'abondance de bruyère et le faible cout de la main d’œuvre en Afrique du nord en a fait une zone d'extraction prioritaire lorsque l'industrie pipière était à son apogée. Il y a eu, au temps coloniaux, de nombreuses exploitations de bruyère sauvages en Afrique du nord, la demande était forte, le transport couteux, la main d’œuvre locale coutant peu toute la préparation était réalisée sur place : séchage, débitage, bouillage des ébauchons étaient réalisés sur place et les ébauchons étaient livrés en sacs déjà calibrés. (De ce temps restent encore de nombreux sacs d'ébauchons de petite taille ou de mauvaise qualité . . .) Les propriétaires de ces exploitations étaient entreprenants, ils avaient défriché, dépierré, ameubli, irrigué, créant des plantations florissantes de fruits et légumes là où, avant eux, n'étaient que terres pauvres et stériles peinant à nourrir de maigres troupeaux. Le sol blessait la bruyère, qu'à cela ne tienne, il suffisait, pour obtenir de belles bruyères d'avoir recours à des plantations, sur un terrain préparé à cet effet, en éliminant les risques de contrainte sur les souches. Contrairement à des souches sauvages coincées entre des rochers, elles s'épanouiraient librement en tous sens donnant de belles boules au grain uniforme.
Tout l'art du sylviculteur consisterait à favoriser la formation et la qualité de la "boule", sa croissance aussi puisque, time is money, il faudrait déjà attendre de nombreuses années pour obtenir des diamètres suffisamment conséquents et placer les plantes en situation de croissance lente serait retarder de plusieurs années le retour sur investissement. Se lancer dans ce type d'exploitation imposerait d'investir à long terme pour que ses enfants récoltent le fruit de son labeur.
L'irrigation et la préparation voire l'entretien des sols, combinés à l'ensoleillement permettraient une croissance rapide et l'obtention de bruyères claires, peu denses mais avec une belle régularité de grain en une vingtaine d'année à peine contre de trente à quarante ans pour des bruyères sauvages dont on poursuivrait l'exploitation en parallèle.
Au lieu de déplacer ces exploitations en suivant les lieux de pousse naturels certains eurent l'idée de s'inspirer de la sylviculture pour préparer des sols et planter de la bruyère dans les meilleures conditions possibles.
En fait ils combinèrent, à l'instar des forestiers trois techniques simultanément : poursuite de l'exploitation traditionnelle d'une partie de l'exploitation, sarclage et protection des sols sur des plans sauvages sur une autre partie de l'exploitation et culture sur les parties les plus accessibles et transformables de zones déjà exploitées.
La culture de la bruyère n'a été réalisée qu'en Algérie - j'ai eu l'occasion de voir des photographies d'une plantation de bruyère en Algérie et de lire un article détaillé lui étant consacré décrivant cette méthode comme une méthode d'avenir, cet article datait de 1958, avant l'indépendance. C'était un article des services coloniaux français à ses ressortissants en Afrique du nord trouvé chez ma tante qui fut, jusqu'en 1962 institutrice en Tunisie - Comme cette culture n'a débuté que quelques années avant l'indépendance on n'a aucun retour sur les qualités de bruyère que ça permet réellement d'obtenir. Les exploitations devant attendre plusieurs dizaines d'années avant que les bruyères soient en age d'être récoltées ayant été abandonnées . . .
A l'emplacement des anciennes exploitations, il existe des "mines" de bruyère dense de forte taille dont les souches s’entremêlent, certaines fendues comme pastèque au soleil. Est-il encore possible d'en tirer quelque chose ? ? ?
Quoiqu'il en soit, si climat, irrigation ou non et préparation des sols sont prépondérants, la nature du sol et sa structure sont également des éléments importants tant dans la couleur du bois (plus jaune, plus sable, plus rose, plus fauve) que dans sa "minéralité" (qui participe à la différentiation de ton entre fibres dures et cellulose).
Suite à cette tentative avortée de culture de la bruyère on en est encore et toujours, à l'heure actuelle, sur du prélèvement libre. En Italie, à l'heure actuelle, ce sont souvent sur d'anciennes terres cultivées retournées en friche depuis la seconde guerre mondiale qu'on désouche les bruyères pour planter des vignes . . . L'utilisation de matériel agricole lourd permettant l'extraction de la totalité des souches y compris les plus grosses. C'est les viticulteurs eux même qui défrichent, par champs entiers, même s'il la valorisent, la bruyère n'est pas leur préoccupation majeure et les pourcentages de perte sont très élevés. En Corse, déjà à son époque, Lucien Georges utilisait une pelleteuse de bonne taille pour désoucher sans trop d'efforts . . . Au Maroc ça serait des particuliers qui désoucheraient avec les moyens du bord, ils n'extrairaient donc que des têtes de faible dimension.
Il pleut plus en Italie qu'en Afrique du nord et cela influe sur la croissance des souches mais il n'y a pas d'irrigation ni d'un côté ni de l'autre de la méditerranée.
Reste qu'on pourrait ou aurait pu cultiver la bruyère, en ayant trente ans devant soi. Il est loin aujourd'hui le temps de l'industrie pipière florissante et qui pourrait bien se lancer dans de tels investissements avec un marché qui est ce qu'il est avec toutes ses incertitudes . . .
Reste que ça me dirait bien quand même de voir quelques ébauchons tirés de l'ancienne plantation vue sur les photographies jaunies de ma tante . . .
Dernière édition par Bdt1200n le Mer 13 Fév 2013 - 3:18, édité 2 fois
Bdt1200n- Hôte fondateur - Confrère Pipier
- Messages : 935
Date d'inscription : 21/01/2013
Age : 65
Localisation : je viens de chez moi et d'ailleurs je ne vais pas tarder à y retourner
Re: Exploitation de la bruyère - Prédominence historique de l'Algérie et une intéressante tentative de sylviculture malheureusement sans suite
Wow! que d'informations, merci!
____________________________________________________________________________________________________________________________
.....................................................À chacun sa baleine blanche
berny- Bienfaiteur des hobbits et ancien intendant du manoir
- Messages : 4891
Date d'inscription : 20/01/2013
Localisation : Trois-Rivières; Québec
Re: Exploitation de la bruyère - Prédominence historique de l'Algérie et une intéressante tentative de sylviculture malheureusement sans suite
Comme le montrent les courbes (sans échelle ? ? ?) publiées dans les pipiers français de Guyot, les temps bénis d'une industrie pipière florissante s'éloignaient déjà, condamnant dans l’œuf cette initiative.
L'extraction de la bruyère en Algérie, devenue la première puissance mondiale de cette industrie est très finement détaillée dans AFN25 qui traite de deux des principaux exploitants : L'entreprise A. et J. VASSAS. et L'entreprise Raoul AMIEL toutes deux productrices d'ébauchons.
Comme il est indiqué dans cet excellent texte de l'époque coloniale, "Les forêts du Tell constantinois produisent de très bonnes fougères arborescentes dont les racines fournissent une matière première de tout premier choix. Seulement, comme pour qu'ils soient utilisables, il est nécessaire que les sujets aient 40 ans, on doit envisager dés maintenant, en présence de l'énorme consommation qu'il s'en fait que les peuplements seront bientôt épuisés et que ruinée par sa propre activité, cette industrie dévorante devra disparaitre.
Hâtons-nous de dire que nous n'en sommes point encore là et que de longues années s'écouleront avant que les belles usines philippevilloises d'ébauchons de pipes ne soient obligées de fermer leurs portes." On comprend ainsi quelles étaient les motivations à entreprendre une mise en culture devant prendre deux décennies au moins avant tout espoir de récolte.
Je complèterai ce sujet par deux liens vers une étude pour l'exploitation de la bruyère française parue semble-t-il un peu tardivement en 1981 . . .
http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/21497/RFF_1981_2_127.pdf?sequence=1
http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/42602/FM_IV_1_43.pdf?sequence=1
Il s'agit de deux éditions différents notamment par l'iconographie.
En résumé, en ce qui concerne l'influence des origines de la bruyère sur le gout de nos pipes,
Selon Steve Laug :
La bruyère algérienne est légère et dure. Elle a une couleur rougeâtre qui persiste sous une teinture.Elle laisse un goût sucré sur la langue. La bruyère espagnole est plus lourde et plus tendre. Elle se teinte plus vite et n'a pas de goût spécial. La bruyère italienne est très dure et légère.Sa couleur tire plus vers le jaune ou le blanc, ce qui éclaircit une teinture rouge. Son goût est plus amer et fort que celui des précédentes.
Et selonTrever Talbert :
"Si vous insistez, j'ai généralement noté les caractéristiques mineures suivantes, mais elles sont certainement subtiles. La bruyère algérienne, selon moi, semble offrir une saveur plus forte, plus riche, plus lourde. La grecque semble extrêmement neutre, permettant au tabac lui-même de s'épanouir. L'italienne et la corse semblent "intelligentes", donnant à des mélanges un goût plus net. Du moins selon mon expérience. Mais souvent aucune de ces choses n'est vraie. Il en est ainsi, dans la nature…"
Certains des éléments de la deuxième partie de cette revue ont été communiqués par JiP qui a grande compétence sur le sujet.
L'extraction de la bruyère en Algérie, devenue la première puissance mondiale de cette industrie est très finement détaillée dans AFN25 qui traite de deux des principaux exploitants : L'entreprise A. et J. VASSAS. et L'entreprise Raoul AMIEL toutes deux productrices d'ébauchons.
Comme il est indiqué dans cet excellent texte de l'époque coloniale, "Les forêts du Tell constantinois produisent de très bonnes fougères arborescentes dont les racines fournissent une matière première de tout premier choix. Seulement, comme pour qu'ils soient utilisables, il est nécessaire que les sujets aient 40 ans, on doit envisager dés maintenant, en présence de l'énorme consommation qu'il s'en fait que les peuplements seront bientôt épuisés et que ruinée par sa propre activité, cette industrie dévorante devra disparaitre.
Hâtons-nous de dire que nous n'en sommes point encore là et que de longues années s'écouleront avant que les belles usines philippevilloises d'ébauchons de pipes ne soient obligées de fermer leurs portes." On comprend ainsi quelles étaient les motivations à entreprendre une mise en culture devant prendre deux décennies au moins avant tout espoir de récolte.
Je complèterai ce sujet par deux liens vers une étude pour l'exploitation de la bruyère française parue semble-t-il un peu tardivement en 1981 . . .
http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/21497/RFF_1981_2_127.pdf?sequence=1
http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/42602/FM_IV_1_43.pdf?sequence=1
Il s'agit de deux éditions différents notamment par l'iconographie.
En résumé, en ce qui concerne l'influence des origines de la bruyère sur le gout de nos pipes,
Selon Steve Laug :
La bruyère algérienne est légère et dure. Elle a une couleur rougeâtre qui persiste sous une teinture.Elle laisse un goût sucré sur la langue. La bruyère espagnole est plus lourde et plus tendre. Elle se teinte plus vite et n'a pas de goût spécial. La bruyère italienne est très dure et légère.Sa couleur tire plus vers le jaune ou le blanc, ce qui éclaircit une teinture rouge. Son goût est plus amer et fort que celui des précédentes.
Et selonTrever Talbert :
"Si vous insistez, j'ai généralement noté les caractéristiques mineures suivantes, mais elles sont certainement subtiles. La bruyère algérienne, selon moi, semble offrir une saveur plus forte, plus riche, plus lourde. La grecque semble extrêmement neutre, permettant au tabac lui-même de s'épanouir. L'italienne et la corse semblent "intelligentes", donnant à des mélanges un goût plus net. Du moins selon mon expérience. Mais souvent aucune de ces choses n'est vraie. Il en est ainsi, dans la nature…"
Certains des éléments de la deuxième partie de cette revue ont été communiqués par JiP qui a grande compétence sur le sujet.
Bdt1200n- Hôte fondateur - Confrère Pipier
- Messages : 935
Date d'inscription : 21/01/2013
Age : 65
Localisation : je viens de chez moi et d'ailleurs je ne vais pas tarder à y retourner
Re: Exploitation de la bruyère - Prédominence historique de l'Algérie et une intéressante tentative de sylviculture malheureusement sans suite
Tres interessant cet article. Il est dommage que cette experience de culture de la bruyere Algerienne n'ai pas abouti. Merci pour ton travail de recherche et la redaction qui a suivi.
Cela me laisse a penser que meme si le marché est petit a l'echelle mondiale, il n'empeche qu'il existe. Nous ici typiquement un marché de niche. L'investisseur disposant de surface agricole, de conditions climatiques favorables, de main d'oeuvre, de mecanisation, de capitaux disponibles, et de 25 ans, peu capter la majeure partie de ce marché, devenir la reference incontournable et faire fortune. En effet il sera le seul a pouvoir fournir des plateaux ou ebauchons en quantité, a qualité constante. Il offrira la simplicité, et la securité. Seul un passionné peut arriver la, car pour faire fortune, quand on dispose de capitaux, il existe des moyens plus simples et plus rapides.
Cela me laisse a penser que meme si le marché est petit a l'echelle mondiale, il n'empeche qu'il existe. Nous ici typiquement un marché de niche. L'investisseur disposant de surface agricole, de conditions climatiques favorables, de main d'oeuvre, de mecanisation, de capitaux disponibles, et de 25 ans, peu capter la majeure partie de ce marché, devenir la reference incontournable et faire fortune. En effet il sera le seul a pouvoir fournir des plateaux ou ebauchons en quantité, a qualité constante. Il offrira la simplicité, et la securité. Seul un passionné peut arriver la, car pour faire fortune, quand on dispose de capitaux, il existe des moyens plus simples et plus rapides.
Invité- Invité
Re: Exploitation de la bruyère - Prédominence historique de l'Algérie et une intéressante tentative de sylviculture malheureusement sans suite
Merci, Bandit pour ces infos et pour le temps consacré.
____________________________________________________________________________________________________________________________
McHysius
McHysius- Hôte fondateur
- Messages : 2400
Date d'inscription : 21/01/2013
Age : 59
Localisation : Suisse occidentale...
Re: Exploitation de la bruyère - Prédominence historique de l'Algérie et une intéressante tentative de sylviculture malheureusement sans suite
Argos a écrit:Tres interessant cet article. Il est dommage que cette experience de culture de la bruyere Algerienne n'ai pas abouti. Merci pour ton travail de recherche et la redaction qui a suivi.Cela me laisse a penser que meme si le marché est petit a l'echelle mondiale, il n'empeche qu'il existe. Nous ici typiquement un marché de niche. L'investisseur disposant de surface agricole, de conditions climatiques favorables, de main d'oeuvre, de mecanisation, de capitaux disponibles, et de 25 ans, peu capter la majeure partie de ce marché, devenir la reference incontournable et faire fortune. En effet il sera le seul a pouvoir fournir des plateaux ou ebauchons en quantité, a qualité constante. Il offrira la simplicité, et la securité. Seul un passionné peut arriver la, car pour faire fortune, quand on dispose de capitaux, il existe des moyens plus simples et plus rapides.
Et, ça ne pousse pas la bruyère sur l'ile Bourbon ? ? ?
Les 3 espèces de bruyères endémiques de la Réunion (source):
- Erica arborescens ou branle filao
- Erica galioides ou thym marron
- Erica reunionensis ou branle vert ou Philippia montana
Pas d' Erica arborea, utilisée pour la fabrication des pipes depuis le milieu du XIXe siècle, mais qui nous dit qu'elle ne pourrait pas pousser puisque d'autres espèces de bruyère y poussent déjà . . .
Et puis, Erica arborea, Erica arborescens, ça semble proche, non ?
L'Erica arborea est parfois appelée aussi bruyère blanche, en raison de la couleur de ses fleurs, qui poussent en grappes serrées au début du printemps (mars-avril). Ses rameaux sont velus, cotonneux, contrairement à la bruyère à balais (Erica scoparia) avec laquelle elle est parfois confondue. Arbuste plus qu'arbrisseau, la plante peut atteindre près de deux mètres de haut. Son rhizome présente l'aspect d'un gros bulbe de couleur rouge pesant plus d'un kilogramme, qui peut fournir un excellent bois de chauffage, mais qui est surtout utilisé pour fabriquer des ébauchons de pipes.
Par contre le fait que des ébauchons aient été exportée des pays du bassin méditerranéens vers l'Afrique du Sud à l'époque glorieuse incite à vérifications prudentes mais il est dores et déjà avéré que des bruyères arborescentes poussent sur des terres délaissées de l'Ile Bourbon . . .
Bruyère dans la plaine des sables
Bruyères poussant sur une coulée de lave sur l'Ile de la Réunion.
Bdt1200n- Hôte fondateur - Confrère Pipier
- Messages : 935
Date d'inscription : 21/01/2013
Age : 65
Localisation : je viens de chez moi et d'ailleurs je ne vais pas tarder à y retourner
Re: Exploitation de la bruyère - Prédominence historique de l'Algérie et une intéressante tentative de sylviculture malheureusement sans suite
Et ben quelle connaissance encyclopédique ! Avec Bandit ln est sûr de se coucher moins bête chaque fois qu' il écrit un article. Moi je dis chapeau bas.
____________________________________________________________________________________________________________________________
On dit que l’homme se bat pour ce qui lui manque le plus. Pour le pirate, c'était la liberté.(La Voile noire - Mikhaïl W. Ramseier)
Re: Exploitation de la bruyère - Prédominence historique de l'Algérie et une intéressante tentative de sylviculture malheureusement sans suite
Ah ben voila ! Je lance l'exploitation. Bon la plaine des sables il vaut mieux eviter, c'est le territoire du volcan, ca ressemble a la planete Mars.
Nous avons a la Reunion une quantité de plantes, arbres et arbustes endemiques, j'en ai d'ailleurs quelques uns dans le jardin (bois de judas, bois d'eponge, bois de fievre).
J'ai effectivement vu dans les hautes plaines des plantes arbusives, assez semblables a ce que l'on voit sur tes photos, mais en voiture... De plus j'ignorais que nous avions des varietés de bruyere, je pensais le climat trop humide.
Maintenant vu la rareté, et le prix du foncier ici, je ne crois pas que ce soit l'endroit idéal pour y faire une exploitation de bruyere.
Nous avons a la Reunion une quantité de plantes, arbres et arbustes endemiques, j'en ai d'ailleurs quelques uns dans le jardin (bois de judas, bois d'eponge, bois de fievre).
J'ai effectivement vu dans les hautes plaines des plantes arbusives, assez semblables a ce que l'on voit sur tes photos, mais en voiture... De plus j'ignorais que nous avions des varietés de bruyere, je pensais le climat trop humide.
Maintenant vu la rareté, et le prix du foncier ici, je ne crois pas que ce soit l'endroit idéal pour y faire une exploitation de bruyere.
Invité- Invité
Re: Exploitation de la bruyère - Prédominence historique de l'Algérie et une intéressante tentative de sylviculture malheureusement sans suite
manque le bois bandé!Argos a écrit:j'en ai d'ailleurs quelques uns dans le jardin (bois de judas, bois d'eponge, bois de fievre).
twisel- Hôte fondateur
- Messages : 238
Date d'inscription : 21/01/2013
Age : 111
Re: Exploitation de la bruyère - Prédominence historique de l'Algérie et une intéressante tentative de sylviculture malheureusement sans suite
Ne généralise pas à ton cas, Michel, tout le monde n'en a pas besoin . . .twisel a écrit:manque le bois bandé!Argos a écrit:j'en ai d'ailleurs quelques uns dans le jardin (bois de judas, bois d'eponge, bois de fievre).
Bdt1200n- Hôte fondateur - Confrère Pipier
- Messages : 935
Date d'inscription : 21/01/2013
Age : 65
Localisation : je viens de chez moi et d'ailleurs je ne vais pas tarder à y retourner
Re: Exploitation de la bruyère - Prédominence historique de l'Algérie et une intéressante tentative de sylviculture malheureusement sans suite
Amen ton tantine http://www.mi-aime-a-ou.com/bois_de_gaulette.php
Invité- Invité
Re: Exploitation de la bruyère - Prédominence historique de l'Algérie et une intéressante tentative de sylviculture malheureusement sans suite
Très bonnes informations, mais…
Chers amis, notez que le bruyère de ces photos n'est pas le plus approprié pour la fabrication de tuyaux. Cette bruyère, fleur jaune, a été utilisée en Espagne depuis longtemps pour fabriquer des balais. Le bruyère utilisé et est de meilleure qualité, est la fleur blanche qui pousse sur la côte méditerranéenne, en Corse, en Italie, en Espagne ... Comme l'Algérien de la meilleure qualité par une croissance lente en raison du manque d'eau provoquant l'absence d'impuretés.
Bruyère a fleur blanche.
Ici, je montre dans l’atelier quelques racines de bruyère qu’ils ont été donnés par un ami.
Chers amis, notez que le bruyère de ces photos n'est pas le plus approprié pour la fabrication de tuyaux. Cette bruyère, fleur jaune, a été utilisée en Espagne depuis longtemps pour fabriquer des balais. Le bruyère utilisé et est de meilleure qualité, est la fleur blanche qui pousse sur la côte méditerranéenne, en Corse, en Italie, en Espagne ... Comme l'Algérien de la meilleure qualité par une croissance lente en raison du manque d'eau provoquant l'absence d'impuretés.
Bruyère a fleur blanche.
Ici, je montre dans l’atelier quelques racines de bruyère qu’ils ont été donnés par un ami.
____________________________________________________________________________________________________________________________
____________________________
Haddock
La puissance intellectuelle d'un homme se mesure à la quantité de l'humour qui est capable d'utiliser.
Friedrich Nietzsche
____________________________
Re: Exploitation de la bruyère - Prédominence historique de l'Algérie et une intéressante tentative de sylviculture malheureusement sans suite
Ah bon c'est ça le bois de la bruyère ? Qui aurait pensé pouvoir faire des pipes avec ça ? Ben ceci dit ça me serait pas venu à l'idée de fumer dans du maïs non plus ...
DamienH- Nouvelle tête
- Messages : 99
Date d'inscription : 21/06/2013
Age : 35
Localisation : Amiens
Fleurs blanches
Tout juste,la bruyère "à pipes" a des fleurs blanches, au printemps ,à la floraison,les forêts des Maures sont superbes .
Pierre Morel- Confrérie des Maîtres Pipiers - Fabricant de pipes
- Messages : 16
Date d'inscription : 18/06/2013
Re: Exploitation de la bruyère - Prédominence historique de l'Algérie et une intéressante tentative de sylviculture malheureusement sans suite
Pierre Morel a écrit:Tout juste,la bruyère "à pipes" a des fleurs blanches, au printemps ,à la floraison,les forêts des Maures sont superbes .
C'est une balade qu'il me plairait de faire avec toi et le gros lapin . . .
Bdt1200n- Hôte fondateur - Confrère Pipier
- Messages : 935
Date d'inscription : 21/01/2013
Age : 65
Localisation : je viens de chez moi et d'ailleurs je ne vais pas tarder à y retourner
Sujets similaires
» Bien qu'appréciant les Caractères de La Bruyère, cela ne vaut rien sans une bruyère de caractère
» Le 8 ne restera pas sans suite...
» System Peterson - un peu d'historique
» Un Bonjour de votre avocat
» Et çà continue malheureusement
» Le 8 ne restera pas sans suite...
» System Peterson - un peu d'historique
» Un Bonjour de votre avocat
» Et çà continue malheureusement
A la Noble Bouffarde :: :: Les pipes et accessoires :: Les ateliers :: Les ateliers :: L'atelier de fabrication des pipes
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum