Résistance

Asmascega a écrit:

GrosMike a écrit:Et vous pensez sérieusement que la loi va être changée suite a cette pétition ?

Je pense moi aussi que c'est peine perdue. Mais que cette action change quelque chose ou pas n'est pas la question, on se contente d'agir en fonction de nos convictions. Le fait d'être certain que nous ne changerons rien ne nous empêchera pas de manifester au moins notre désaccord.

Ta remarque me fait penser à une fable connue dont j'ai oublié le nom. Je ne sais pas bien raconter mais je la résume:
Un jour, une gigantesque forêt dans laquelle vivent de nombreux animaux commence à brûler. Paniqués, les animaux quittent la forêt et vont se réfugier dans la plaine voisine dans laquelle coule une rivière. De là, tous ces animaux rassemblés par milliers (petits rongeurs, grands mammifères, oiseaux nocturnes, rapaces, prédateurs, etc...) observent leur forêt brûler; le brasier est immense et on ne voit même plus le bleu du ciel. Le seul qui ne reste pas inactif est un tout petit colibri, qui effectue des allers-retours de la rivière jusqu'à la forêt en transportant à chaque voyage une goutte d'eau dans son petit bec, qu'il lâche dans la fournaise à chaque fois. Après un certain nombre de trajets au cours desquels les autres animaux l'ont regardé faire sans réagir, il finit par être interpellé par un gros ours qui lui dit: "Arrêtes de faire ça, c'est inutile. Tu ne vois pas que ce feu est bien trop grand pour toi?", et au colibri de lui répondre: "Moi au moins, je fais ma part".
Il y a deux morales évidentes à cette fable: d'une part si tout le monde s'y mettait on s'en sortirait, et d'autre part que chacun doit faire consciencieusement ce qu'il juge être bien, quand bien même ça ne changerait rien.

Dans le domaine qui nous concerne, on a rien à perdre à part un peu de temps et d'énergie (et on en perd assez pour des broutilles!), mais faire ce qui est bien et juste n'est jamais vraiment perdu !  

Demosthène a écrit:"L'espoir fait vivre ?"
Cela ne sert à pas grand chose d'être défaitiste.

Et il ne faut pas oublier que les mots sont puissants.

Le rôle d'un sénateur est aussi de faire médiateur entre le citoyen et le sénat. De plus, en tant que citoyens et citoyennes de France, c'est aussi à nous qu'est donnée la charge d’enrichir les débats sociaux politiques lorsqu'ils s'écartent de trop d'une réalité qui ne peuvent entrevoir. Agir de la sorte ne coute pas beaucoup. Pour ma part, faire un tel copier coller avec formule de politesse et recherche m'a demandé à peine dix minutes de temps.

Je pense également que l'égoïsme de chacun et l'individualisme culturel de notre pauvre société les poussera à ignorer pour la majorité ce geste démocratique que nous avons fait ici mais d'expérience, je sais qu'un mot peut suffire parfois pour faire changer de direction un débat déjà bien engagé, houleux, d'importance, complexe et pas forcément apprécié de tous, c'est peu dire !

"Une bonne partie des charmes de la vie est sacrifiée à la sécurité de la vie," lisais-je sur un journal.

Cela s'opère au nom dudit principe de précaution : où ce qui apparaît comme précaution est en réalité certitude. Tout est bon pour littéralement anéantir le moindre risque et la logique de cette morale est aussi abjecte pour l'Homme que peut l'être toute pensée trop rationnelle telle que l'idée de libéralisme par exemple.
Et c'est un comportement facile à généraliser, qui se trouve peu de contradicteurs mais pose un réel malaise social. La volonté de contrôle de l'environnement ne m'a jamais paru sain et pour beaucoup, ça ne l'est pas non plus. Je ne vois pas de raison bien valable au silence et au laisser faire sur ce sujet car, non !, je ne consentirai pas à que mon existence me soit chapeautée par des notions déplacées de sécurité. Jamais je n'accepterai de vivre de façon assistée et irresponsable et c'est pourtant ce qui est projeté dans la longue litanie des mesures de sécurité imposant contraintes et servitudes au nom de la santé.

Pour ne pas vous pondre un essai complet sur la notion de responsabilité et d'argumenter sur la morale étriquée et pervertie de notre société hygiéniste actuelle, je ne citerai qu'un extrait d'article en conclusion :

[...] Jamais il n'a été énoncé aussi clairement que le gouvernement s'employait à corriger les comportements et à redresser les esprits. Le citoyen est réputé assez responsable pour se prononcer sur le budget de la nation, mais l'individu est jugé trop immature pour effectuer ses propres choix de santé. Quant au «paquet neutre», c'est une insulte à l'intelligence du consommateur. Qui, aujourd'hui, peut ignorer la dangerosité du tabac? Sommes-nous devenus des enfants qui, incapables de s'imposer une règle à eux-mêmes, réclament un maître pour les fouetter?

En adoptant au contraire la posture vicieuse de la nounou permissive, le gouvernement s'emploie à « dégrader les hommes sans les tourmenter », pour reprendre l'expression de Tocqueville.

De deux choses l'une: ou l'Etat considère le tabac comme un poison léthal, et il devrait en interdire purement et simplement la fabrication et la consommation ; ou il le traite comme un des innombrables plaisirs dangereux que nous prenons tous les jours, et il lui faut alors remplir son devoir d'information auprès du public et protéger les tiers (en luttant par exemple contre le «tabagisme passif»), tout en laissant l'individu majeur arbitrer les risques qu'il souhaite prendre.
En adoptant au contraire la posture vicieuse de la nounou permissive («tu peux le faire, mais je ne suis pas contente»), le gouvernement s'emploie à «dégrader les hommes sans les tourmenter», pour reprendre l'expression de Tocqueville. Dans un passage archi-classique que visiblement nos dirigeants n'ont pas bien en tête, l'auteur de la Démocratie en Amérique redoute ainsi l'avènement d'une forme nouvelle de despotisme, parfaitement compatible avec la démocratie parlementaire. «Un pouvoir immense et tutélaire (…) absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux», s'élèverait insidieusement au-dessus des hommes pour «les fixer irrévocablement dans l'enfance» en anticipant leurs craintes et leurs besoins. «Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre.» La vision noire de Tocqueville est-elle en train de se réaliser, deux siècles plus tard? On imagine aisément Marisol Touraine prenant Françoise Sagan et M. Hulot par la main, et leur demandant d'abandonner leur clope et leur pipe, pour leur bien.
C'est ainsi que l'Etat renonce progressivement à son rôle de garant des libertés individuelles, pour devenir leur pire ennemi. «Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, continue Tocqueville, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes ; (…) il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige.» L'abondance de normes, donc chacun se plaint pourtant, n'est que l'envers de notre appétit de protection. [...]

                                                                                                    Gaspard Koenig, Philosophe

                         Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté.
                                                                                                                 Confucius.


Bonnes pipes, allumées et publiques.

little smoke a écrit:

Je ne sais pas si un suisse peut faire quelque chose hors d'Europe et si sa voix peut compter, mais je ne peux qu'être à 200% derrière ce texte et avec vous ! 

miagy a écrit:

little smoke a écrit:

Je ne sais pas si un suisse peut faire quelque chose hors d'Europe et si sa voix peut compter, mais je ne peux qu'être à 200% derrière ce texte et avec vous ! 

absolument je suis tout comme little complètement avec vous et tout est dit et tres juste dans le texte de burnaros

Tabadoc a écrit:Qu'est-ce que tu veux ? le doc voit tout….

Demosthène a écrit:
"Une bonne partie des charmes de la vie est sacrifiée à la sécurité de la vie," lisais-je sur un journal.

Cela s'opère au nom dudit principe de précaution : où ce qui apparaît comme précaution est en réalité certitude. Tout est bon pour littéralement anéantir le moindre risque et la logique de cette morale est aussi abjecte pour l'Homme que peut l'être toute pensée trop rationnelle telle que l'idée de libéralisme par exemple.
Et c'est un comportement facile à généraliser, qui se trouve peu de contradicteurs mais pose un réel malaise social. La volonté de contrôle de l'environnement ne m'a jamais paru sain et pour beaucoup, ça ne l'est pas non plus. Je ne vois pas de raison bien valable au silence et au laisser faire sur ce sujet car, non !, je ne consentirai pas à que mon existence me soit chapeautée par des notions déplacées de sécurité. Jamais je n'accepterai de vivre de façon assistée et irresponsable et c'est pourtant ce qui est projeté dans la longue litanie des mesures de sécurité imposant contraintes et servitudes au nom de la santé.

natou a écrit:On change aujourd'hui bien plus efficacement en créant demain qu'en luttant contre hier.

Asmascega a écrit:

natou a écrit:On change aujourd'hui bien plus efficacement en créant demain qu'en luttant contre hier.

Une belle formule! Concise mais très complète; rien à ajouter.

natou a écrit:

Asmascega a écrit:

natou a écrit:On change aujourd'hui bien plus efficacement en créant demain qu'en luttant contre hier.

Une belle formule! Concise mais très complète; rien à ajouter.

Elle n'est pas de moi, mais j'essaie vraiment d'orienter ma vie (et mon militantisme) selon ce principe. Ce n'est pas évident, tant tout nous pousse à lutter "contre" quelque chose, et que nos chers dirigeants n'ont de cesse de nous désigner des ennemis ("diviser pour mieux régner"... c'est vieux comme le monde, et toujours aussi efficace !)

mrwipe a écrit:Super échange, quelle régal de vous lire, merci beaucoup  Beaucoup de très belles choses dites ici, des échanges cordiaux et plein de bon sens... Très enrichissant. 

Je vais de ce pas envoyer mon mail également, bien que je sois également conscient que la portée d'un geste comme celui ci soit quelque peu limité. Et c'est, pour ma part, une raison insuffisante pour justifier l'inaction. Même si cet amendement ne bougera pas suite à ces mails, les quelques sénateurs les ayant lu sauront tout de même que la communauté des fumeurs de pipe n'est pas morte et ça ne peut que nous être bénéfique.

Ainsi, j'encourage tout les pessimistes à en faire autant...

mrwipe a écrit:
Ainsi, j'encourage tout les pessimistes à en faire autant...

natou a écrit:

mrwipe a écrit:
Ainsi, j'encourage tout les pessimistes à en faire autant...

"Le pessimisme condamne à l'inaction"... je ne sais plus de qui est cette phrase, mais je la trouve très juste. Je reste optimiste par raison, considérant qu'il faut y croire pour avoir la moindre chance se saisir une opportunité de faire ce qu'on veut. Si on part battu, c'est cuit.