Je vous ai réunis

En souvenir de Georges Moustaki
Je vous ai réunis
 
Approchez, mes amis, compagnons de bamboche,
Amateurs de ribotes, rois du bois de la cloche,
Libertins, noctambules, incurables fêtards,
Flambards, chicards, braillards et autres badouillards
Vous dont les chants feraient rougir les corps de garde,
Qui refusaient en chœur les règles de la harde ;
Et qui, pompeusement, fumez votre bouffarde
Là, juste sous le nez des élites geignardes,
Dites au tavernier de bien remplir les verres.
Et s’il manque des sièges, asseyez-vous par terre.
 
Je vous ai réunis compères de ripaille
Pour vous dire, marri : il faut que je m’en aille.

 
Buvez sans retenue, fumez tout à loisir ;
Que rien ne fasse obstacle à vos joyeux plaisirs.
Toi, tavernier du diable : du jambon et du vin.
D’alcool, de victuailles, qu’ils aient le ventre plein.
Apporte du tabac à ceux qui en ont besoin ;
Et que je vois des pipes fumer dans tous les coins.
Qu’en rêve ils voient demain, où ils étaient hier
Quand j’ai dit, élevant ma pipe et du corbières
 
Je vous ai réunis compères de ripaille,
Pour vous dire, marri : il faut que je m’en aille.

 
Non ! ne protestez pas. Pas de lamentations.
Je ne peux pas céder à vos supplications.
Buvez sans retenue, fumez tout à loisir.
Que rien ne fasse obstacle à vos joyeux plaisirs.
Pour mon dernier moment de joyeuse bombance,
Fumez, buvez, mangez, entrez tous dans la danse.
Si plus tard il advient que vous parliez de moi,
Qu’il y ait le bon vin, la fumée et la joie.
 
Je vous ai réunis compères de ripaille
Pour vous dire, marri : il faut que je m’en aille.
 
Demain, je me marie.

Jaufré Cantolys a écrit:Excellent! J'aime les rimes en "aille" et en "arde". Elles donnent à l'ensemble une tonalité rabelaisienne. Par contre j'ai du mal à discerner l'influence de Moustaki, du moins pour le style (car sur le fond et la chute, on pense bien sûr  à "Ma liberté"). Bravo et merci encore.

J'aime beaucoup Moustaki (encore un Georges bien sür)
j'aime Villon et Rabelais. Un peu de Brassens ajouté, deux doigts de Barbara, une liche de Vian, une bonne pipe, et je fais le ragoût de mes élucubrations. 
J'écoutais Moustaki (un pot pourri que je me suis composé, de parachutiste au jugement dernier en passant par le métèque)
C'est ''mes compagnons d'hier'' qui m'a remué la cervelle.
J'en ai fini avec Alain.
Si tu le souhaites je te dirai ce que je pense.
Mais je ne souhaite pas ouvrir une discussion "philosophique" et sans pipe sur le forum.
Et n'oublies pas: je rimaille. Tu écris de vrais poèmes. Tes compliments me touchent d'autant. Mais comme on dit "y a pas photo"
Merci pour ce que tu nous donnes avec tant de talent