Chelsea Morning - G.L Pease

Le soleil déjà bien réveillé fait sa gymnastique, il parvient à se hisser au-dessus de l'immeuble à qui je dois de ne pas m'éveiller dans un four estival.
Les araignées retissent leurs toiles, les pigeons et les Manitou roucoulent dans un chant rythmé par les voluptés sonores de quelque connard à pot d'échappement exotique.
Des odeurs de boulangerie emplissent l'air sans nuage, Toulouse a déjà consommé ses étirements, les filles moulées trottinent sous les regards sifflants des employés municipaux en bleu.

Moi, je baille un coup, l'esprit mélangé par les miettes de cauchemar et les promesses magiques d'une boîte rare.

Les pieds dans la ptite boîte, il dorment. Tout plissés comme touplisserait un enfant malade, les brins font un somme. Munch, émiette-les doucement : ils ont froid.

Je frotte. Le génie de la boîte à tabac va-t-il apparaître ? Vient-elle du centre de la terre ?
C'est ce que nous allons voir.





Sweet red and bright Virginias, fragrant orientals, a bit of rich Cyprus Latakia, and just a pinch of Perique. The leaf is blended in layers, briefly pressed, then sliced and tumbled into ribbons. Lively and engaging, with a subtle fruitiness, and an elegant, creamy texture, it's a great bowl to accompany the morning cup.


Sans blague.

A un moment j'y ai cru, je me suis dit, Chelsea Morning, ça sonne angliche avec la tasse de thé du matin et tout, on va avoir droit à la version Pease de l'ancien Early Morning Pipe, vu qu'ils aiment tous ça, faire revivre les vieux Dunhill, ça fait vendre au moins l'essai...

Eh ben non, figurez-vous.
Parce que Chelsea Morning est une chanson de Joni Mitchell.
Si.
Le Canada, oui.
Et si Morning fait bien référence au matin (quoique...), Chelsea est un quartier de Manhattan.



Ça fait rêver hein ? Non ? Eh quoi ? Vous vous attendiez au Flower Show ?

Adieu donc, rêves d'effluves anglaises : le tapis volant nous a mené en terres ricaines, et ce morceau de Perique dans la composition n'est pas là pour me contredire. J'avais droit à trois souhaits de tabacs, et v'là qu'il m'en rajoute un quatrième. Ah ! Ces marchands. Je te parie qu'il va me le faire payer en plus des trois autres.

Heureusement, le décor reste oriental.

Vous savez, moi, j'aime les Virginia/Oriental. C'est plein de goût, épicé, agressif comme un plat arabo-perse.

Dans ce tabac, le latakia reste assez en retrait pour ne pas adoucir le mélange (car oui, contrairement à ce que prétendent ceux qui n'en fument pas, le latakia, charnel, drape votre tabac de velours dans une pose suggestive, promettant de suaves volutes sensuelles). C'est donc un latakié pas très latakié. Mais latakié quand même, juste pour le bon goût.

Dans ce tabac, le Virginia n'est pas dingue au point de vous faire frotter toutes les lampes à huile du souk d'Agrabah. C'est du jeune, du vert, de l'agressif ; un vrai Mamba. Pas mauvais, ceci dit, même si je n'ai jamais mangé de serpent.

Dans ce tabac, le Perique est désagréable car il ajoute de la nicotine à un mélange qui n'en a pas besoin et à mon corps qui n'en demandait pas tant. Il désarmorce un peu l'agressivité, cela dit, donc je lui pardonne (mais n'oublie pas).

Dans ce tabac, les orientaux mènent la danse et sentent bon. Il y a un goût très joli qui me fait penser à des patates cuites dans un four à pain. Vous sentez ? Un peu grillé, un peu sucré, doux. Par-dessus, vous ajoutez une bonne cuillère de poivre pour le nez, des herbes en pagaille, et nous y voilà.

Nous avons donc :

- Un Virginia bof, ce qui est toujours dommage.
- Trop peu de latakia. Ceux qui n'aiment pas trop le latakia mais qui ont une attirance pour les anglais seront heureux.
- Du Perique qui casse la tête, pour un début de journée avec un café à jeun c'est un peu violent. Y paraît qu'y en a qui aiment. Pas moi...
- Des orientaux qui rattrapent le tout - et c'est bon.

En conclusion, nous avons un tabac très ensoleillé, finalement, mais un peu déprimé. Le soleil ça favorise la pourriture, hein.
J'aurais choisi un autre nom ; et quitte à choisir une chanson, j'aime bien People of the Sun.
Et puis, ça réveille.

Une belle revue mon cher Munch dont la présence du Latakia me donne une furieuse envie d'y goûter et agrémentée d'un très beau morceau de Miss Anderson (Mitchell) dont un titre, "Woodstock", fut rendu célèbre par le trio CSN pour les plus vieux d'entre nous...
Par contre, même si j'aime bien les petits jeunes de "Rage against the machine", ce titre me fait plus penser à un RAP bien rythmé par les percussions qu'à un Rock endiablé... J'aime pas beaucoup mais chacun ses goûts... Que je testerais bien sur ce G. L. Pease... 

Ah ben, c'est sûr que c'est du râpe, c'est pas parce qu'il y a des relents de métal que Rage fait du rock.

Mais je te rassure, j'ai aussi un peu de mal à m'y faire :p

Homme de goût, cela ne m'étonne pas...