A la Noble Bouffarde
Bonjour,
Ce site traitant de sujets comme le tabac ou l'alcool dont les effets sont néfastes pour la santé, nous vous demandons donc DE NE PAS VOUS INSCRIRE SUR CE SITE NI MEME LE VISITER SI VOUS N'ETES PAS MAJEUR. Merci par avance de votre compréhension.

SITE INTERDIT AUX MOINS DE 18 ANS

Rejoignez le forum, c’est rapide et facile

A la Noble Bouffarde
Bonjour,
Ce site traitant de sujets comme le tabac ou l'alcool dont les effets sont néfastes pour la santé, nous vous demandons donc DE NE PAS VOUS INSCRIRE SUR CE SITE NI MEME LE VISITER SI VOUS N'ETES PAS MAJEUR. Merci par avance de votre compréhension.

SITE INTERDIT AUX MOINS DE 18 ANS
Derniers sujets
» Courrieu à Cogolin
par Cénoman Aujourd'hui à 8:08

» Brèves de comptoir (pipesques)
par la hyène Aujourd'hui à 0:56

» Pour ne pas se geler la m'Eustache, ceux qui s'en vingt à Morez ont prévu les bonnets et les gillez
par Brase d'Anjou Aujourd'hui à 0:14

» A la saint Matthieu, tu peux fumer dans une Courrieu
par Van Gaughin Hier à 21:38

» Je dis neuf Septentrion vers Morez, j'ai du m'égarer mais où est donc le Sud et l'ALNB ?
par Ildefonso Hier à 12:11

» C'est l'anniversaire de Stéphane !
par la hyène Hier à 2:05

» Rencontres Pipe-Club de Morez
par la hyène Hier à 2:02

» Peterson christmas édition 2024
par Lefty Ven 20 Sep 2024 - 14:34

» Achats récents de pipes
par Brase d'Anjou Jeu 19 Sep 2024 - 23:53

» tabac et formes de pipe
par stéphane Jeu 19 Sep 2024 - 23:18

» Flying Dutschman
par soababa Jeu 19 Sep 2024 - 22:03

» Pipes BARLING
par bamcar Jeu 19 Sep 2024 - 19:25

» Regain d'été à la St Nadège, laisse tomber la neige
par Ildefonso Jeu 19 Sep 2024 - 11:43

» Marc dit c'est sept Ambre, non c'est Alexandre !
par Alexmann Mer 18 Sep 2024 - 0:35

» Lionel un nouveau pas tout jeune
par natalefr Mar 17 Sep 2024 - 18:57

Qui est en ligne ?
Il y a en tout 611 utilisateurs en ligne :: 2 Enregistrés, 0 Invisible et 609 Invités

A2L, Jean-Claude

[ Voir toute la liste ]


Le record du nombre d'utilisateurs en ligne est de 725 le Dim 22 Sep 2024 - 5:40
Statistiques
Nous avons 2113 membres enregistrés
L'utilisateur enregistré le plus récent est ZunZunRun

Nos membres ont posté un total de 448016 messages dans 16751 sujets
Le Deal du moment : -45%
Four encastrable Hisense BI64213EPB à ...
Voir le deal
299.99 €

Les tribulations d'un Québécois en Gaule

+29
rincevent
Letaiseux
franck friboulet
PSYCHOPAT
Kherberos
l3 83l63
Demosthène
piagru
Rascar Capac
berny
Drak Poy
nissart
au caïd
demangep
Potassium
Yvain
sebaca
El_Dos
Eifelbauer
Niconard
kenshiro
Harmoblues
Bog Oak
Norsum
Frère Cadfael
Algir
little smoke
CEDLAP
Le Passeur
33 participants

Page 8 sur 12 Précédent  1, 2, 3 ... 7, 8, 9, 10, 11, 12  Suivant

Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Invité Mer 5 Aoû 2015 - 21:07

Le Passeur a écrit:
Tabadoc a écrit:Merci beaucoup une fois de plus pour ta narration mon cher Passeur. Je l'attendais encore avec impatience et de nouveau je n'ai pas été déçu...
Ne te décourage pas, Tabadoc, demain matin je pars pour la Bretagne. trois jours dont deuxc de black out total et je serai chez toi. Prépare le café  Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 3562310278
Ah, si ces trois jours pouvaient être pour vrai à compter d'aujourd'hui...! Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 2755558921
Je ne t'apprendrai rien en te disant qu'il me semble revivre aussi ces jours d'attente...
Anonymous
Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Le Passeur Mer 5 Aoû 2015 - 21:16

little smoke a écrit:Toujours sur tes traces cher ami, merci de nous faire vivre ce beau voyage cheers!
Idea Ah, c'est chouette d'avoir quelqu'un avec qui parler le long de la route. Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 3562310278

____________________________________________________________________________________________________________________________
La mort n'est pas la pire perte dans la vie;
le pire, c'est ce qui meurt en nous alors que nous vivons.   —
Norman Cousins

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Skulln11
Le Passeur
Le Passeur
Monument

Messages : 11884
Date d'inscription : 19/01/2013
Age : 72
Localisation : Roxton Falls / Québec

http://passeur.chez.com/croissant.html

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Yvain Ven 7 Aoû 2015 - 20:59

Ah tiens je savais pas que tu avais été à Brouage ! C'est juste à côté de chez moi et j'y ai une maison, j'aime beaucoup ce village ! Very Happy

____________________________________________________________________________________________________________________________
"Meurent les biens/ Meurent les parents/ Et toi, tu mourras de même/ Mais je sais une chose/ qui jamais ne meurt/ Le jugement porté/ Sur chaque mort."
Havamàl (Les dits du Très-Haut)
Yvain
Yvain
Hameau des hobbits
Hameau des hobbits

Messages : 1637
Date d'inscription : 23/06/2014
Age : 30
Localisation : Paris

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Le Passeur Ven 7 Aoû 2015 - 22:02

Yvain a écrit:Ah tiens je savais pas que tu avais été à Brouage ! C'est juste à côté de chez moi et j'y ai une maison, j'aime beaucoup ce village ! Very Happy
Si j'avais su...!

____________________________________________________________________________________________________________________________
La mort n'est pas la pire perte dans la vie;
le pire, c'est ce qui meurt en nous alors que nous vivons.   —
Norman Cousins

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Skulln11
Le Passeur
Le Passeur
Monument

Messages : 11884
Date d'inscription : 19/01/2013
Age : 72
Localisation : Roxton Falls / Québec

http://passeur.chez.com/croissant.html

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty perdu au bout du monde

Message  Le Passeur Ven 14 Aoû 2015 - 18:52

Les tribulations d’un Québécois... perdu au bout du monde
 
Jeudi 10 octobre, j’aurais eu envie de ne rien écrire compte tenu de l’état dans lequel je me trouvais en cette journée et les deux qui suivirent. Mais ce ne serait pas jouer le jeu honnêtement. Alors je me mets au boulot le plus consciencieusement possible, comme depuis le début du récit de ce périple...
J’ai peu dormi. Couché tôt, dixit Maman Piagru, « parce que vous avez beaucoup de route à faire demain ». Je trouve cocasse cette différence entre Maman et Papa Piagru. Pour lui, le tutoiement est venu très vite, un peu comme s’il me connaissait depuis des lustres. Il me semble même que dès la première fois où il m’a adressé la parole, il m’a tutoyé. Maman Piagru, elle, même si  je l’ai invitée à en faire autant, s’est entêtée à me vouvoyer. Même  encore aujourd’hui, lorsqu’elle m’écrit un mot (parce que nous avons conservé contact), elle continue à me vouvoyer. D’après Papa Piagru, cette façon que lui a eu de me tutoyer dès le début est typique de l’esprit vendéen. Par opposition, maman Piagru qui a des origines Alsaciennes, le fait de s’entêter à vouvoyer les gens correspond à la nature alsacienne. Apparemment, j’aurais conservé plusieurs traits de caractère vendéens. Ce sont sans doute des traits innés, venus de mon lointain ancêtre.
Quoi qu’il en soit, à tous deux, soit dit en passant, je leur conserve une sincère affection. Non seulement ils n’étaient pas tenus de m’accueillir chez eux, ils l’ont fait avec une gentillesse, avec une ouverture d’esprit tout simplement extraordinaires. Et je ne parle même pas des soins qu’ils ont eus à mon égard, pour retaper ma santé ou la délicatesse pour me faire découvrir, malgré un horaire serré, le berceau de ma famille. Je leur en suis profondément reconnaissant.
Peu dormi, dis-je. À la fois un mélange de fatigue trop grande pour ma santé de l’heure, la route qui m’attend demain, avec les arrêts obligatoires, d’abord à Saint-Malo dans l’espoir d’y rencontrer Lysandre, tout comme son mentor. Puis m’arrêter à ...comment ça s’appelle déjà ? ah oui, Loudéac et après, pourvu que je les trouve tous deux, Lannion, avant de me rendre à Plouvien. Je ne sais pas commet ça ira, Loudéac, chez Georges-Alain que j’ai côtoyé quelques années sur un autre forum, tout comme Alf à Lannion.
Depuis l’accrochage avec l’autre, j’ai la vague impression que les choses ont changé, et pas pour le mieux. Je demeure le bienvenu sur ce forum, mais en même temps j’ai l’impression d’être l’empêcheur de tourner en rond, celui qui a foutu la merde alors que dans les faits...Mais bon, les absents ont toujours tort, c’est bien connu. Enfin, on verra.
J’ai remonté mon réveille-matin pour qu’il sonne à 6 heures, mais il n’est même pas encore quatre heures et je suis debout. Ma nuit et bel et bien terminée. C’est la troisième fois que je vais à la toilette et j’ai l’impression d’avoir chopé une gastro. Il y a longtemps que j’ai évacué le léger dîner que je me suis autorisé. Je n’ai plus rien à évacuer, mais j’évacue tout de même. Et je transpire comme ce n’est pas permis.
J’attends six heures pour passer sous la douche parce que je ne voudrais pas risquer de réveiller mes hôtes. En attendant, j’ai terminé de ramasser mes bagages. C’est la troisième fois que je recommence ce foutu courriel à Mélu pour lui dire que je continue mon périple. Mais cette merde de tablette n’en fait qu’à sa tête. Je ne sais pas si c’est moi qui ai les doigts trop gros ou elle qui a les touches du clavier trop petites, mais le résultat est le même, je fais une fausse manoeuvre et je perds ce que j’avais écrit. Même chose, d’ailleurs, quand je viens pour me brancher au forum. Décidément je ne suis pas fait pour travailler avec une tablette. Je ne comprends d’ailleurs pas comment on peut faire pour utiliser ces trucs en permanence. Allez, essayons une fois de plus...
Ah, foutue saleté de merde !!! Si je ne pensais pas en avoir besoin d’ici la fin du voyage, je lui offrirais un vol plané comme elle n’en a jamais vu ! Chose certaine elle ne retraverserait pas l’Atlantique avec moi. Avec un peu de chance Leneveu (c’est comme ça qu’il s’appelait avant de devenir Tabadoc...) pourra me dire ce qui ne va pas avec cette saleté. Allez, calmons-nous : allumons une bonne pipée et allons assister au lever du soleil. Au moins ce sera plus profitable.
 
Voilà une bonne chose de faite. La douche est prise, ma valise est dans la voiture et j’ai trois pipes prêtes sur le siège du navigateur, avec mon tabac tout près. Ne me reste plus qu’à m’asseoir et mettre le moteur en marche. La portière fermée, attacher ma ceinture et filer. Mais avant, aller saluer maman et papa Piagru, en espérant que tout se passera bien. Je crois que je n’oublie rien.
— Bon matin ! fais-je en entrant dans la salle à manger.
— Bonjour, j’espère que vous... puis, après un bref temps d’arrêt, maman Piagru poursuit : ah non, ce n’est pas possible. Avez-vous au moins un peu dormi ? Vous avez une de ces têtes ce matin...
(Merde, comment est-ce qu’elles font, toutes, pour que ça leur saute aux yeux comme ça ?)
— Oui, j’ai dormi, merci. Papa Piagru n’est pas encore debout ?
— Oui, depuis longtemps. Il a même vu le soleil se lever.  Un peu comme vous, quoi.
— Il m’espionnait ? fais-je  en essayant de rire.
— Impossible, vous l’avez pris de court. Quand je vous vois... Ne pouvez-vous pas prendre un jour de repos avant de partir pour la Bretagne ? Je vous assure que vous n’êtes vraiment pas en état de prendre la route.
— Désolé, mais je ne peux pas faire autrement. Déjà que j’ai deux arrêts à faire avant d’arriver à destination ce soir, dans le Finistère. Je sais qu’il y en a au moins un où je devrai me défendre de n’arrêter que pour prendre un café. Parce que quand je dis que je suis attendu, ce n’est pas en blague. Par ailleurs, je n’ai la voiture que jusqu’au 15. Et je vous assure que mon temps sera compté. Non, ça me désole franchement, je n’ai aucune possibilité d’attendre à demain. Et pourtant, je suis conscient que ça me ferait du bien.
— Au moins vous allez prendre un bon petit déjeuner.
— Non merci. Je sens que ça ne passerait pas. Un café et ce sera nettement suffisant, merci.
— Ce n’est pas raisonnable, faut manger, même si ce n’est qu’un peu.
— Non, je vous remercie, je sens que ça ne passera pas.
Heureusement pour moi, Papa Piagru arrive, ce qui met court au sujet et me ravit. Je me montre un peu déçu et étonné, lors de mes recherches, j’avais cru comprendre qu’il y avait des menhirs aussi en Vendée et je n’en aurai vu aucun, soumets-je. Est-ce que j’aurais mal fait mes recherches ?
— Non, il y en a. Il y en a même quelques-uns qui sont tout près. Tu pourras les voir sur ta route.
 
Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Dscn6513

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Dscn6512
 
— Pour ta route, tu ne peux pas te perdre : prends la direction de Nantes. Tu files jusque là, mais tu n’entres pas dans Nantes. De là, tu prends la direction de Saint-Malo. C’est très facile en suivant ces indications-là, tu ne peux pas te perdre. Au fait, n’oublie pas de faire le plein à Nantes parce que sur la route, sans entrer dans les villes, il est possible que tu aies de la difficulté à repérer les stations-service.
— J’essaierai en effet de ne pas me perdre.
— Si tu fais un arrêt, comme tu disais, juste pour un café pour aller voir tes copains en Côte d’Armor, tu devrais être dans le Finistère un peu avant l’heure du dîner.
— Donnez-nous des nouvelles en cours de route, au moins pour nous assurer que tout va bien.
— Maman, ce n’est plus un gamin, réplique railleur Papa Piagru.
— On ne sait jamais ce qui peut arriver, surtout dans son état.
C’est là-dessus que je quitte les parents Piagru, maman me lançant, pendant que je tente de m’installer le plus confortablement possible les genoux de chaque côté du volant :
— Si vous avez oublié quelque chose, on vous l’enverra.
 
Fascinant de voir ces route. Je ne sais pas si ce sera comme ça tout au long du voyage. Comment ils font ? Chez nous, la voirie répare les réparations de trous. Que ce soit sur les routes à grande affluence comme les autoroutes, les routes régionales ou celle en ville ou en campagne, en rien nous ne pouvons comparer nos routes à celles-ci. J’ai beau être en brouette, il n’y a rien pour déranger le confort, ni des passagers ni des conducteurs. Rien, absolument rien. On roule sans rien ressentir, pas le moindre petit trou, pas de bosse, pas même de dénivellation au commencement ou à la fin d’une zone de réfection. Faudrait que nos élus viennent faire un tour dans le coin.
Quoique, élu pour élu, y a rien qui ressemble à un élu come un autre élu. À les entendre, on est nettement mieux qu’ailleurs. Partout. Ailleurs ça leur coûte plus cher et ils ont moins. Chose certaine, en tout cas, la France n’a pas des routes pires que le Québec. Les seuls endroits pires que le Québec, en matière de routes, je pense que c’est la Russie et la brousse.
Enfin, voici Nantes. Arrivée à Nantes, faire bien attention pour faire le plein. Et qu’est-ce qu’il a dit, déjà d’autre qu’il fallait que je fasse à Nantes ? Bon, voici une station-service, le temps de faire le plein, j’aurai trouvé ce qu’il faut que je fasse. Ce n’était pas mettre ma ceinture de sécurité, je l’ai déjà bouclée. Ce n’est pas mon pare-brise, il est propre.
Ah oui ! Heureusement que j’ai vu ce panneau. Surtout ne pas entrer dans Nantes, continuer sur la même route en suivant la direction de Saint-Malo. Merde, je savais que j’avais loué une voiture économique, mais là... de Nantes à Olonne-sur-Mer à Nantes, 3,36 €... Ah, ces chers politiciens, toujours là pour nous faire peur. « Ah, allez en France et vous verrez que l’essence est beaucoup plus dispendieuse qu’ici. » Tout ça c’est de la foutaise. Ils calculent l’essence en France au prix du dollar canadien. Bien sûr qu’au total c’est disproportionné. Mais dans les faits, elle est même moins dispendieuse que chez nous. Allez, laissons les politiciens québécois là où ils sont et tentons de faire une bonne route. Donc, suivre en direction de Saint-Malo. De toute façon, c’est là que je vais pour commencer.
Et si je rencontrais Lysandre, qu’est-ce que je pourrais bien lui dire ? « Bonjour petite, bonjour ma chérie, je suis ton père » ? Avec le caractère qu’elle a, elle serait capable de m’éborgner. Avec ses plus ou moins 225 ans, difficile de lui entrer en tête qu’avec mes soixante ans, à peine, je suis son père. Et pourtant, n’est-ce pas incontestablement vrai ?
Je suis fatigué, mais fatigué... ! Papa Piagru m’a dit ce matin qu’il y avait entre 225 et 250 km entre Olonne-sur-Mer et Saint-Malo. Et pourtant, j’ai l’impression d’avoir plus ou moins 1000 km dans le corps depuis le matin. Je suppose que c’est une des conséquences de mon mal.
Je viens de quitter Saint-Malo où j’ai été reçu comme un chien dans un jeu de quilles. Je me suis arrêté dans un restaurant-bar pour manger parce que j’avais faim, en profiter pour me libérer les intestins, ce que je n’ai pas fait depuis Olonne-sur-Mer. Est venu m’accueillir un bonhomme de cinq ou dix ans mon aîné. Sûr de lui, il me donnait vraiment l’impression que je le dérangeais dans ses rots, que je lui en avais fait perdre le décompte.
— Bonjour monsieur, y a un endroit pour manger ici ?
— Y en a partout, me répond-il d’un air suffisant, sûr de lui-même, bourru.
(Wow ! Quand la courtoisie l’a serré dans ses bras, elle aurait dû serrer davantage, ne serait-ce que pour l’étouffer une bonne fois pour toutes !!!)
— J’aurais besoin de me reposer, vous pouvez m’indiquer un hôtel dans les environs, s’il-vous-plaît ?
— Y en a partout, me répond-il encore plus bourru, comme si ça se pouvait...
(Je comprends : il était en train de faire ch*er quelqu’un et maintenant. c’est moi qui le fait ch*er. Et ça l’em***de.)
— J’aurais besoin de faire le plein d’essence de ma voiture...
(Je n’ai pas même le temps de terminer ma phrase qu’il me répond, comme un vieux disque détraqué alors qu’en bout de piste je réaliserai que ce n’est pas un vieux disque détraqué, juste un vieux con qui l’est tout autant Smile
— Y en a partout !
(Chapeau pour l’étendu du vocabulaire ! Quant au sourire... Il doit avoir peur que je lui vole les plombages de ses mauvaises dents.)
— Je pourrais utiliser la toilette s’il-vous-plaît ?
— Non ! réplique-t-il cinglant. Sont bouchées, ajoute-t-il sèchement, comme pour faire pardonner son incommensurable gentillesse.
— Allez, je vous souhaite néanmoins une bonne fin de saison touristique même si, visiblement, vous n’en avez rien à foutre. Les touristes, ce sont des empêcheurs de se dégorger le fion en paix, visiblement. Au revoir, monsieur. Ah, et puis non. Pas « monsieur ». Pour moi c’est un titre qui se mérite. Ah et puis, tant qu’à y être, pas « au revoir » non plus, parce que je n’y tiens vraiment pas !
Et je sors, quittant la ville, amer. Je n’ai plus faim, je me fous du réservoir d’essence de la Fiat 500, je n’ai même plus sommeil. Ne me reste plus qu’une chose à faire pour oublier. Rouler. Rouler, et encore rouler. Mais tout à coup, je me rappelle que Lysandre est originaire de l’autre côté de la Rance, à Dinard. Alors je suis les indications routières pour m’y rendre. C’est tout près, mais je ferai un détour assez long. D’ailleurs, parlant des indications routières, j’avoue que je commence à avoir difficulté à les voir. Enfin, comprenons-nous : je vois l’enseigne, mais ma vue se trouble. C’est ainsi que je ne vois pas les indications pour passer sur les installations marée motrice reliant les deux rives. Je dois donc faire un détour en rejoignant l’autoroute, passant par Dinand. Au lieu de 2,5 km, en faire 45...
Je ne vois rien pour me satisfaire. Ni essence, ni hôtel ou motel, ni restaurant, pas même de toilettes publiques. Je reviens sur l’autoroute ; enfin, sur la départementale (faut m’excuser si j’ai de mauvaises identifications des routes, nous n’avons pas les mêmes dénominations chez nous alors je m’y perds un peu... même beaucoup) et roule une quinzaine de km. Je regarde le paysage défiler à gauche et à droite, j’ai la conviction de connaître cette route. Aurais-je tourné dans la mauvaise direction ? Je m’arrête, examine le paysage, et j’ai maintenant la certitude que j’ai déjà vu ce paysage. Je fais donc demi-tour et roule encore, je roule et roule encore et je vois les indications pour aller voir le vieux pisse-vinaigre, c’est-à-dire Saint-Malo. Je l’ai rencontré une fois et c’est nettement suffisant pour le reste de mes jours, même en ajoutant ceux du Passeur aux miens.
Je refais donc le chemin inverse jusqu’à mon point précédent. Satisfait, je continue à rouler de plus belle. Je regarde le paysage tant à gauche qu’à droite et plus j’avance, plus j’ai l’absolue certitude d’être passé par là. Comme c’est la première fois que je viens en Bretagne (du moins dans cette vie-ci), ça ne peut qu’être aujourd’hui que j’y suis passé. Je freine, m’arrête, une fois de plus j’examine le paysage et me conforte dans cette idée que je suis passé par ici. Je refais donc demi-tour une nouvelle fois.
Et je roule, à nouveau, sans vraiment porter attention à quoi que ce soit, ne me préoccupe pas vraiment du paysage parce que je me dis que, de toute façon, ça n’en vaut pas la peine puisque la fois précédente, je me suis rendu un peu plus loin, donc tant que je n’atteindrai pas le point où je me suis arrêté, la fois précédente... quoi ? C’est quoi cette rébellion des panneaux indicateurs ? Merde, j’arrive de Dinand ! Je suis quand même pas fou. Et je me range sur l’accotement. Je n’ai pas besoin de nettoyer mes lunettes, je ne les porte pas puisque je n’en ai pas besoin pour conduire.
Je suis découragé. Je fais donc à nouveau demi-tour. Et cette fois-ci, je me fais bien à l’idée que, quoi qu’il se passe, peu importe le paysage, qu’il soit beau ou non, que je le reconnaisse ou non, je ne fais pas demi-tour. Et si je me retrouve à Nantes, bordel de merde, je rends la voiture et file vers Paris ou l’Alsace où je sais que je serai accueilli à bras ouverts, même si je suis en avance sur mon horaire. Je suis fatigué, je roule depuis tôt le matin, je suis perdu et j’en ai plein le c*l. Ce n’est pas vrai que je vais tourner en rond entre deux trous perdus jusqu’à la fin des temps !
Et je roule, roule, je ne sais pas combien de temps. De toute façon, j’avoue que je ne sais plus l’heure, donc je ne sais pas depuis combien de temps. Ma montre n’est pas à mon poignet mais accrochée à ma ceinture. Je ne peux donc pas voir l’heure. Mais compte tenu de l’éclairage, je dirais qu’il doit être aux environs de dix-huit heures. Tiens, je vois des panneaux indicateurs, au loin. Songeons donc à ralentir pour ne rien manquer cette fois-ci.
Ah, enfin maintenant je sais que ne suis sur la bonne route, Saint-Brieuc sur la droite. D’accord, commençons par aller à Loudéac qui, si ma mémoire est bonne, est à gauche. Maintenant, mon carnet d’adresses. Avec ça ce ne sera pas difficile de me retrouver, avant de quitter le Québec, je me suis préparé un carnet d’adresses où j’ai indiqué les noms et prénoms des personnes que je dois rencontrer, de même que leur adresse civique, leur numéro de téléphone, leur adresse internet, leur pseudo, ainsi que différents autres renseignements au sujet de ces personnes.
Merde ! J’avais pourtant la conviction d’avoir mis ce foutu carnet bien en évidence sur le siège du navigateur, avec quelques pipes et ma tablette. Il n’a pas glissé sous le siège ? Non. Je ne l’aurais pas mis sur la banquette arrière par hasard ?...Non. Tombé entre les deux sièges ?...Non. Je suis convaincu de ne pas l’avoir laissé dans ma valise, mais à tout hasard, allons fouiller. Non. Bordel ! Tout ce que je peux voir c’est que je l’ai laissé à Olonne-sur-Mer.
J’y pense, j’avais fait une copie de ces dossiers sur un fichier que j’ai téléchargé sur ma tablette. Après tout, on n’est jamais trop prudent et deux précautions valant mieux qu’une... Donc, arrive ici, la tablette. Ah, qu’est-ce qui se passe ? Elle n’est pourtant pas supposée prendre autant de temps à se charger... Ah, foutue merde, la batterie est à plat. Quand ça va mal... Au diable ! J’arrêterai au retour, si je peux trouver mon carnet ou recharger la tablette.
Prenons donc la direction de Brest. Au moins je devrais, par là, me rapprocher de Plouvien et, tant qu’à y être, me rapprocher d’une station-service. C’est loin d’être urgent, mais si je n’aime pas aller au fond du réservoir avec ma propre voiture, je ne vois pas pourquoi j’irais avec un véhicule de location. D’autant que je ne connais pas vraiment son degré de consommation. Je n’ai pas envie de me retrouver dans un trou perdu en panne d’essence. Il m’est arrivé une fois dans ma vie de conducteur de me retrouver en panne d’essence, parce que la voiture brûlait mal son essence, et je n’ai vraiment pas envie de le refaire, surtout dans un coin que je ne connais absolument pas.
Je roule donc à basse vitesse dans l’espoir de trouver une station-service de façon à faire le plein. Je ne les connais pas, ne connais pas davantage leur logo, je ne sais pas de quelle façon ces compagnies s’affichent, bref je ne suis pas chez moi et je dois agir en conséquence. J’arrive finalement à Brest à 23h35. À cette heure-là, inutile de dire que j’arrive rapidement à la conclusion que toutes les stations-service sont fermées. Tant qu’à y être, cherchons un hôtel pour dormir puisque je n’ai plus mon carnet d’adresse et que la batterie de ma tablette est à plat. Si j’avais pu la brancher, je l’aurais rechargée et aurais téléphoné à... je ne sais plus. Tout ce dont je me souviens c’est qu’il n’habite pas loin. Je suis convaincu que ce n’est pas à Brest, mais ce n’est pas loin. Et je continue à tourner en rond, arpente les rues de Brest dans l’espoir de trouver un hôtel pour passer la nuit, mais je continue à ne rien trouver. Pourtant, il ne peut pas ne pas y avoir d’endroit pour poser sa tête sur un oreiller. Brest n’est sans doute pas une très grande ville, je n’en ai pas la moindre idée ; mais c’est tout de même une ville suffisamment grande pour qu’il y ait au moins un hôtel. Je suis fatigué, mais fatigué, je fonctionne littéralement comme un automate. J’erre, groggy comme un homme saoul. J’ai l’impression que je suis passé sur cette route, mais merde ça ne se peut pas, je ne me mettrai pas une fois de plus à revenir sur mes pas comme là-bas. C’était où, déjà ? Qu’importe ! Je m’en fous comme de ma première couche.
Et, à force de tourner en rond, je me retrouve en dehors de la ville. Je ne sais pas ce que c’est comme route, je sais encore moins où elle me mène, mais allons-y. Au point où nous en sommes... Savoir que j’ai le droit de le faire, je m’arrêterais le long de la route, sur l’accotement, et je dormirais là. Mais si les policiers sont aussi zélés que chez nous... je n’ai pas l’intention de me retrouver avec une contravention pour vagabondage. Alors je n’ai pas le choix, je continue à rouler. Et, s’il le faut, je roulerai tant que je ne serai pas en panne d’essence.
Tiens, une petite agglomération. C’est quoi comme coin, comme bled ?...c’est la troisième fois que je passe sur ce chemin, j’ai l’impression que c’est tout petit. Je sais que c’est la troisième fois parce que j’ai remarqué, les fois précédentes, l’église. Que je la trouve sur ma droite ou sur ma gauche, ça reste tout de même la même église. Allons voir sur ce chemin-là. Je suis, de toute façon, trop fatigué pour réfléchir, pour faire quoi que ce soit, en fait. Je suis vraiment devenu un robot, une véritable machine, incapable de réfléchir par elle-même.
Ah, y a un stationnement ici, vaste, on pourrait y garer au moins une cinquantaine de voiture comme ma boîte-à-savon. J’en profite, puisque c’est dans une zone sans éclairage, je quitte la voiture pour aller soulager ma vessie contre la clôture délimitant le fond du stationnement. La nuit est fraîche. Quand je m’assied à nouveau, je constate que le tableau de bord précise qu’il fait -1° C. Y a un édifice au fond du stationnement. Je m’en approcherais volontiers, j’irais même me stationner tout près. Mais alors je crains d’attirer les gendarmes. Je pense que je suis mieux de rester ici, sans attirer l’attention.
Je laisse monter la température dans la voiture, puis tente de trouver une position à peu près confortable pour loger mon 1,80 m et je ferme le moteur. Je prends mon coupe-vent que je mets sur ma tête pour me protéger des phares des éventuelles voitures qui passeront au cours de la nuit et j’essaie de dormir. Dix minutes ne se sont pas écoulées que je claque des dents. Il fait froid dans la voiture. Je ne peux pas me permettre de faire tourner le moteur continuellement ; je suis convaincu que je n’ai plus assez d’essence pour la nuit.

Je démarrerai à nouveau dans une demi-heure et je laisserai tourner pendant dix minutes. C’est d’ailleurs ce que je ferai pour le reste de la nuit. Mais dix minutes, ce n’est pas assez pour réchauffer la voiture. Et la voiture se refroidit tellement rapidement après. Alors, quand le jour se lèvera, je serai transi.

____________________________________________________________________________________________________________________________
La mort n'est pas la pire perte dans la vie;
le pire, c'est ce qui meurt en nous alors que nous vivons.   —
Norman Cousins

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Skulln11
Le Passeur
Le Passeur
Monument

Messages : 11884
Date d'inscription : 19/01/2013
Age : 72
Localisation : Roxton Falls / Québec

http://passeur.chez.com/croissant.html

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Demosthène Sam 15 Aoû 2015 - 9:15

Superbe prose, belles histoires. Un bel éclat d'humanité vibrante, comme toujours. Merci, Gervais.

____________________________________________________________________________________________________________________________
Infantile est non seulement celui qui persiste trop longtemps dans l’enfance, mais aussi celui qui, s’en séparant, prétend que ce qu’il ne voit plus n’existe pas.

C. G. Jung
Demosthène
Demosthène
Villageois
Villageois

Messages : 566
Date d'inscription : 08/01/2014
Age : 39
Localisation : Ivrey - Jura

http://www.etsy.com/shop/SanJuTampers

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Invité Sam 15 Aoû 2015 - 10:14

On prend toute la mesure du mot 'tribulations' ! Laughing 

On a presque envie de faire parler Maman Piagru "Vous voyez, je vous l'avais dit qu'il aurait fallu attendre d'être reposé !" Wink
Anonymous
Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Le Passeur Sam 15 Aoû 2015 - 16:35

Lightmyfire a écrit:On prend toute la mesure du mot 'tribulations' ! Laughing 

On a presque envie de faire parler Maman Piagru "Vous voyez, je vous l'avais dit qu'il aurait fallu attendre d'être reposé !" Wink
Oui, LMF, je suis d'accord avec toi. Je peux même te dire qu'au moment du départ, j'étais d'accord avec Maman Piagru. Mais le temps courait derrière moi, je devais rendre la voiture le 15 et j'avais encore toute la Bretagne à visiter, avec quatre arrêts à faire en comptant saint Malo, Lannion, Loudéac et Plouvien. Enfin, a posteriori, je réalise parfaitement que je consommais mes réserves d'énergie, tout comme celles concernant ma santé. J'ai d'ailleurs été rappelé à l'ordre sur ce plan par mon organisme, ce qui tend à prouver que lorsque ton organisme te dit de t'arrêter, tu devrais avoir la sagesse de l'écouter. cyclops

____________________________________________________________________________________________________________________________
La mort n'est pas la pire perte dans la vie;
le pire, c'est ce qui meurt en nous alors que nous vivons.   —
Norman Cousins

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Skulln11
Le Passeur
Le Passeur
Monument

Messages : 11884
Date d'inscription : 19/01/2013
Age : 72
Localisation : Roxton Falls / Québec

http://passeur.chez.com/croissant.html

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  little smoke Dim 16 Aoû 2015 - 16:36

Encore une fois merci à toi cher ami cheers !

On prends la pleine mesure de la fatigue, de la maladie, de l'amitié, de l'inconnu, des surprises, bonnes ou mauvaises, des rencontres, des tribulations de notre cher Passeur... Quel voyage chapeau!

____________________________________________________________________________________________________________________________
Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 1062px-2007-09-02_Le_Chasseron_02

"Tous les êtres de l'Univers sont contenus dans la Pipe, et ils fument avec vous pour envoyer une voix à Wakan Tanka, le Grand Esprit. Lorsque vous priez avec cette Pipe, vous priez pour toutes les choses de l'Univers, et toutes les choses de l'Univers prient avec vous"
Black Elk (Oglala Lakota)
little smoke
little smoke
Légende

Messages : 21987
Date d'inscription : 14/09/2013
Age : 49
Localisation : Suisse méridionale...

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Harmoblues Lun 17 Aoû 2015 - 8:51

"Tribulations" devient de plus en plus d'actualité au fur et à mesure de l'avancée de cette belle aventure gauloise... Bravo cher Passeur et merci pour ce récit qui me tiens en haleine...
Harmoblues
Harmoblues
La bande des joyeux loufoques
La bande des joyeux loufoques

Messages : 12787
Date d'inscription : 12/01/2015
Age : 64
Localisation : Dans un cuir Chesterfield, bouffarde au bec et Lagavulin à portée de main...

https://harmoblues1.shutterfly.com

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Invité Jeu 20 Aoû 2015 - 12:12

Tu m'avais dit que cela avait été dur, mais à ce point… J'en suis rétrospectivement malade aussi mon pauvre Gervais !
Anonymous
Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  little smoke Jeu 20 Aoû 2015 - 18:34

En effet, ce ne sont plus des tribulations, c'est presque un calvaire corde !

____________________________________________________________________________________________________________________________
Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 1062px-2007-09-02_Le_Chasseron_02

"Tous les êtres de l'Univers sont contenus dans la Pipe, et ils fument avec vous pour envoyer une voix à Wakan Tanka, le Grand Esprit. Lorsque vous priez avec cette Pipe, vous priez pour toutes les choses de l'Univers, et toutes les choses de l'Univers prient avec vous"
Black Elk (Oglala Lakota)
little smoke
little smoke
Légende

Messages : 21987
Date d'inscription : 14/09/2013
Age : 49
Localisation : Suisse méridionale...

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Invité Lun 24 Aoû 2015 - 14:39

Notre Passeur étant toujours coincé dans un état physique très triste quelque part au bout de la péninsule armoricaine, je me permets très humblement de saisir la plume pour conter quelques évènements en attendant la suite des évènements.
J'étais donc avec Bretonnette en attente du Passeur à la maison. A ce sens nous avions ses coordonnées téléphoniques et internet. A plusieurs reprises nous avons essayé de le contacter pour savoir quand il arrivait, puis devant l'absence de réponse s'il devait finalement arriver… et ce encore quelques heures avant la date d'arrivée prévue. J'ai compris ensuite pourquoi -entre la santé et les ennuis techniques- nous n'avions pas eu de réponse. Dans l'expectative et un peu inquiets par ailleurs nous avions contacté Smocking Dragon qui nous avait permis d'avancer un peu sur la piste mais sans plus……
Suite à ce petit intermède qui je l'espère aura permis à la foule haletante d'attendre encore un peu la suite des pérégrinations de notre Passeur, je repasse très volontiers le témoin à ce dernier qui vous régalera encore beaucoup plus que moi j'en suis certain...
Anonymous
Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty initiation à Kaamelott

Message  Le Passeur Mer 26 Aoû 2015 - 20:37

initiation à Kaamelott
Les tribulations d’un Québécois...

Vendredi 11, samedi 12 octobre, (J’aurais pu séparer ces deux journées, mais comme elles sont, pour moi, monobloc, je crois qu’il est préférable qu’elles soient, pour tous les lecteurs – qui se raréfient au fil du voyage – ce qu’elles sont dans mon esprit, d’une seule et unique pièce.)
Aux aurores, j’ai constaté un incessant va-et-vient dans la zone où je m’étais stationné, où j’ai évidemment passé la nuit.  J’ai fini par comprendre qu’il s’agissait du terminus d’autobus d’où les travailleurs partaient pour aller gagner la pitance de leur famille. J’ai donc eu l’explication de ce va-et-vient. Me tenant coi, je n’ai pas cherché à savoir où tout ce beau monde allait, dès potron-minet par ce vendredi matin où la barre du jour annonçait une journée radieuse. J’ai d’ailleurs voulu photographier le lever du soleil, mais la batterie de l’appareil-photo était à plat. Quand ça va mal, que les dieux sont contre toi... je ne sais pas si c’est une particularité du mien, mais la batterie a tendance à se retrouver à plat par temps froid. J’eus aimé avoir, pour passer cette nuit à la belle étoile, si on peut dire, une couverture pour me tenir au chaud, mais n’en avais pas. Je me suis donc, par la force des choses, tenu au froid.
Lorsque l’affluence matinale se fut calmée, pendant que je faisais tourner le moteur pour casser l’humidité dans l’habitacle afin de redonner aux vitres leur translucidité, je suis retourné soulager ma vessie puis j’ai allumé une bouffarde. Oui, je suis bien conscient que ce n’est pas particulièrement « santé », mais Mélu vous dirait que c’est l’une, parmi tant d’autres, de mes mauvaises habitudes. Même avant le petit-déjeuner, j’allume, parfois même deux bouffardes. Non, pas en même temps.
C’est que je suis incapable de prendre le petit déjeuner au saut du lit. Enfin, pour ce matin-là, au saut de la Fiat. J’en ai profité, d’ailleurs, pour me défaire des courbatures nocturnes, marchant un peu, je me suis rendu à cet édifice repéré à mon arrivée sur le stationnement, pour découvrir qu’il s’agissait de la bibliothèque paroissiale. Puis, tant bien que mal, je me suis assis à nouveau derrière ...enfin, autour du volant et, après avoir bouclé ma ceinture, j’ai embrayé. Où allais-je ? Je ne le savais pas. Je serais d’ailleurs bien embêté, me retrouvant au même endroit, de dire quelle direction prendre pour refaire le même parcours.
Je me suis donc retrouvé sur une route bordée d’arbres, champêtre, du type qui a l’art de me séduire. Compte tenu de mon état du moment, il est tout de même possible qu’il s’agisse d’une hallucination. J’eu en effet le plaisir de voir un lièvre traverser la route devant moi et c’est avec un infini plaisir que je lui ai laissé la priorité. J’ai roulé encore un peu et, arrivé à un carrefour, j’ai vu, sur ma droite, le Bistro des Moulins. Un peu tôt pour songer à prendre un verre, mais faute de mieux, avec un peu de chance j’aurais droit à des renseignements pour trouver de l’essence. Je me suis donc arrêté, espérant avoir affaire à quelqu’un de moins rébarbatif que la veille, quitte à ouvertement montrer mon mécontentement dans le cas contraire.
— Bonjour, fis-je avec toute la chaleur dont j’étais capable, lorsqu’une très jolie femme dans la jeune vingtaine vint me répondre.
— Bonjour monsieur, qu’est-ce que je peux vous servir ?
— D’abord, j’aimerais savoir à quel endroit je pourrais avoir de l’essence ce matin.
— Sous une dizaine de km en direction de Lannilis vous verrez, sur votre gauche. C’est très facile à trouver. Vous ne pouvez pas le rater, vous verrez de loin l’enseigne Leclerc.  
— Merci infiniment, c’est très gentil. Maintenant, si vous voulez bien, je prendrais un sandwich.
— Et qu’est-ce qu’on met dedans ?
(Il doit y avoir au moins 36 heures que je n’ai rien ingurgité quelque solide que ce soit. Je reconnais donc que je suis un peu embêté quant au choix. Je laisse donc la serveuse improviser selon sa propre fantaisie.)
— C’est pour manger ici ou pour apporter ?
(Ah, c’est une idée, manger sur place, je pourrais donc prendre un café avec. Je pourrais même aller à la toilette par la même occasion.)
—Je vais manger ici si ça ne vous incommode pas trop. Si vous aviez la gentillesse de me donner un café avec ça, je serais au comble du bonheur. Je m’installerai au comptoir.
—Je vous apporte le tout à l’instant, monsieur.
— Merci infiniment. Pendant ce temps, je passerais à la toilette pour me rafraîchir si ce n’est pas trop abuser de votre gentillesse.
— Allez-y, monsieur, c’est au fond de la salle sur votre gauche.
(Décidément, la courtoisie est bien différente d’un endroit à l’autre ! Je passe donc à la toilette et constate bien malgré moi que je commence à évacuer des toxines, parce que j’aurais sérieusement besoin d’un masque à gaz tellement l’odeur est fétide. Après m’être lavé les mains et rafraîchi la figure, je quitte ce lieu et vais m’installer au comptoir pour prendre mon petit déjeuner, mais le seul fait d’approcher le café de mon visage, je sens monter la nausée. Je suis pleinement conscient que ce n’est pas le café mais moi qui suis en cause.)
— Tout compte fait, mademoiselle, si vous n’y voyez pas d’objection, je vais manger sur la route. Combien vous dois-je ?
Et, une fois de plus, j’aurai droit à un regard étonné. Je sais bien pourquoi, va. Chez moi, enfin au Québec en général, la norme veut que nous laissions plus ou moins quinze pourcent de la facture sous forme de pourboire. Je suis conscient que c’est nettement plus qu’en France, ce que j’ai remarqué tout au long de ce voyage. Personnellement, comme je ne sais pas compter (ce que j’ai dit ouvertement et largement reconnu sur tous les fils du forum où il était question de mathématiques), j’y vais à l’aveugle. Et je suis conscient que mon calcul ne descend jamais sous le fameux quinze pourcent. Je serais incapable de laisser quinze centimes pour un café qu’on me facture un euro.
Sitôt payé, donc, je retourne à la voiture et dépose le sandwich emballé dans une pellicule protectrice sur le siège du navigateur, je boucle ma ceinture et démarre en direction de la station-service indiquée, surveillant étroitement le kilométrage parcouru, mais peut-être est-ce un message que je n’arrive pas à décoder, avant que de trouver la station-service, je m’arrête à une résidence et vois, sur la clôture, une affichette « gîtes de France ».
Je descends donc de la boîte de sardines et fais quelques pas, avant d’entendre des jappements qui se rapprochent furieusement de moi. Au moins je sais que mon malaise n’interfère pas avec mes habitudes, je ne crains nullement ces jappement. Non, je n’aime pas les Caniches, mais je suis très loin de les détester. Je leur reconnais même une intelligence qui est loin d’être à dédaigner. Malheureusement pour eux, ce ne sont pas de grands chiens, de sorte que je n’ai pour eux, qu’un intérêt mitigé. Je sais bien, Mélu dirait que ce n’est pas leur faute s’ils ne sont pas grands. Mais je sais aussi que ce n’est pas davantage la mienne. Les seuls chiens que je n’aime vraiment pas, ce sont les systèmes d’alarme. Qu’il jappe deux ou trois fois pour avertir, soit. Mais rien ne les oblige à japper jusqu’au jugement dernier. En fait, tant qu’à dire la vérité, non seulement je ne les aime pas, je les hais franchement.
— Tiens, salut toi, fais-je. Aussitôt il se calme, s’approche de moi et se met à trembler du bout de sa courte queue. Ou plutôt ladite queue oscille de droite à gauche. Et je vois une dame d’un âge plus ou moins aussi défraîchi que le mien venir à ma rencontre. Je voudrais bien prendre une chambre, mais suis néanmoins conscient que nous sommes à la mi-octobre.
— Bonjour madame, fais-je. Je me demandais si, par hasard, le gîte serait encore ouvert.
— Oui monsieur. Je peux vous faire visiter si vous voulez.
(Pour être honnête, dans mon état actuel, j’aurais deux ou trois balles de foin dans le poulailler et je m’en contenterais. De toute façon, est-ce que le terme « paillasse » ne signifiait pas, à l’origine, un lit de paille ?)
La dame m’emmène donc au second palier d’une maison en pierre et découvre que la literie n’a pas été changée depuis la dernière occupation. Certes, je constate que le lit n’a pas été fait, mais mon véritable premier constat est dans le fait que la décoration a été faite par une femme. Non, ce n’est pas un défaut. Mais il est difficile de ne pas en venir à une telle conclusion quand le papier peint est blanc à motif de petites roses, quand les endroits sans papier peint sont peints en rose.

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Dscn6515
La dame me prie de l’excuser et redescend au rez-de-chaussée, moi sur ses talons. Et elle m’emmène dans une « chambre » où évidemment tout est propre. Je mets le terme « chambre » entre guillemets parce qu’en fait c’est davantage une garçonnière qu’une chambre. Cuisine avec cuisinière et frigo, évier, vaisselle et marmites, bien entendu les ustensiles, plus une chambre à coucher avec lit pour deux, salle d’eau et douche. Bien que le rose soit moins dominant (en fait il est remplacé par un jaune soleil et bleu, avec décor « marin pour touristes »).
Bien sûr que ça me satisfait. Combien ? Elle me dit 45 Euros la nuit, petit déjeuner inclus, entre 7h30 et 11h00. Mais dans les conditions qui prévalent actuellement, elle me dirait cent euros et j’accepterais, même si je trouverais ça dispendieux, tant j’ai besoin de sommeil. Je lui paie la première nuit et lui dis que je lui paierai la journée suivante si j’ai besoin d’une autre nuit. Elle m’explique le principe et l’utilisation des volets-tempête, mais je lui demande de ne pas les remonter après sa démonstration. Sitôt que j’ai récupéré mon double de la clé et qu’elle est sortie, je descends le volet-tempête de la cuisine et entreprends de me déshabiller pour passer sous la douche. J’en ai un urgent besoin.
C’est sous la douche, d’ailleurs, que je réalise que je n’ai pas apporté ma valise. Je n’ai donc pas apporté ma trousse de nuit qui inclut, outre des sous-vêtements de rechange, une trousse de toilette dans laquelle j’ai un pain de savon, en plus d’un rasoir, brosse à dents et pâte dentifrice, bref hormis l’eau, j’y ai tout ce dont j’ai besoin pour faire ma toilette. Mais c’est dans la boîte d’allumettes. Enfin, dans la Fiat.
Oh non, pas question de m’habiller pour aller chercher ce matériel. Pas de pain de savon laissé par les derniers locataires, ni sur le lavabo. Je sors de sous la douche et, après m’être épongé les pieds, je vais voir sous l’évier, autour de l’évier, pas même un pain de savon pour nettoyer la cuisine/salle à manger. En désespoir de cause, j’attrape la bouteille de détergent liquide pour la vaisselle et retourne sous la douche. Je vous rassure, ça ne mousse pas uniquement dans le bac à vaisselle...
Bref, sitôt la douche prise, j’ouvre le téléviseur et file sous les couvertures. Je récupère la télécommande et tente de trouver quelque chose qui soit au choix, intéressant ou somnifère. J’ai l’impression d’être en circuit fermé, parce quelle que soit l’heure, quelle que sot la chaîne que je réussis à syntoniser, tout ce que je trouve c’est un épisode (ou un autre) de la télésérie Kaamelott. Dans le Finistère, il va sans dire que je suis au fait d’être au coeur de l’antique Brocéliande avant qu’elle ne soit réduite à ce qu’elle est actuellement. Alors écoutons Kaamelott.
Il n’y a pas cinq minutes que je suis sous les couvertures que je claque des dents. Je me relève donc et fouille l’armoire, la penderie et trouve une vieille peluche ayant sans doute (compte tenu de sa coupe) servi de housse pour les banquettes d’une voiture dans les années ’70 alors que c’était la mode, du moins de mon côté de l’Atlantique. Je la lance pour l’étendre tant bien que mal sur le lit et retourne sous les couvertures. Bientôt j’ai de la chaleur et le sommeil m’agresse avec autant de violence que si je perdais connaissance. Moins d’une demi-heure plus tard, je me réveille. Je ruisselle,
Après avoir relevé les couvertures pour aérer le lit, je file sous la douche. Ma transpiration sent les toxines que je commence à éliminer. Aussi, je n’hésite pas à récupérer le détergent à vaisselle malgré la mousse à venir. Sitôt que je me considère rafraîchi, épongé, je retourne sous les couvertures et tente de trouver une autre chaîne de télé, mais je tombe encore sur un épisode de Kaamelott. Bon, au moins ce n’est pas une émission casse-pieds, alors je ne m’en fais pas. Je regarde encore un peu avant que le sommeil m’assaille à nouveau. Et je m’endors comme assommé à coups de masse.
Et je me réveille à nouveau, une demi-heure plus tard, trempé comme une soupe. Après avoir relevé les couvertures pour permettre au lit de s’assécher, je retourne sous la douche. J’agirai de même jusqu’à la nuit tombée, quand je ne verrai plus de lumière dans la maison de mes hôtes (le gîte est indépendant de la maison principale), Je m’habillerai alors sommairement pour aller chercher ma trousse de nuit, de même que ma tablette  et mon appareil photo, en plus du convertisseur puisque l’Europe et l’Amérique du Nord  n’ont pas le même principe électrique non plus que les mêmes prises de courant. J’ai donc besoin d’un adaptateur que j’ai, fort heureusement, dans ma valise.
Je reviens quelques instants plus tard, fulminant. J’ai perdu mes deux fils pour recharger l’appareil-photo et ma tablette. Et, bien entendu, j’ai également perdu (à moins que je ne l’aie laissé au Québec, ce qui ne serait pas étonnant de ma part) mon convertisseur. Et je n’ai pas retrouvé mon carnet d’adresses. Sans les fils, ni mon appareil-photo ni ma tablette ne me servent plus à rien. Je me déshabille donc et, après avoir récupéré mon pain de savon et mon shampooing, je retourne sous la douche, puis au lit.
J'en ai ma claque. Sans mon carnet d'adresses, je ne peux pas entrer en contact avec qui que ce soit; ni proposer un rendez-vous ultérieur à Georges-Alain, ni à Alf. Me faut oublier aussi Leneveu. Le temps file à vive allure. Et dire que si je m'étais entêté dans mon projet de départ, je serais plus ou moins dans l'avion actuellement pour le retour. Quand il a été convenu avec Mélu que je viendrais en Europe, moi je m'étais dit que je me prendrais plus ou moins une semaine. C'est elle qui s'est entêtée pour que j'y passe plus de trois semaines. Moi je voulais être à la maison pour son anniversaire, ce qui me paraissait juste normal.
C'est la première fois en trente ans que je serai absent pour son anniversaire (le 15 octobre). Mais elle s'est entêtée. «Il y a quarante ans que tu rêves d'un tel projet et, maintenant que tu as l'opportunité de le faire, tu te contenterais d'une semaine? Elle est où ta logique? Si c'était à côté, je serais d'accord avec toi. Mais vu la distance, tu serais idiot de ne pas en profiter. En bas d'un mois, oublie ça !». Ça m'a d'ailleurs tout pris pour lui faire accepter de réduire à un peu plus de trois semaines.
Mais là je suis pris pour attendre et je ne sais même pas ce que j'attends. Chose certaine j'attends de ne plus être malade. Mais pour faire quoi? Allez, essayons de dormir un peu puisque je n'ai plus d'émission à la télé. Uniquement des nouvelles régionales, de régions que je ne connais pas. Peut-être que demain j'aurai les idées plus claires. Il y a combien de temps que je suis ici? Je l'ignore totalement. Si ça se trouve, je devrai payer une surprime pour avoir prolongé la location de la voiture. Il fait noir et, depuis que je suis allé chercher ma trousse de nuit, il a fait clair. C'est donc dire qu'il y a au moins deux jours que je suis ici. Mais rien ne dit que ce n'est pas davantage.

____________________________________________________________________________________________________________________________
La mort n'est pas la pire perte dans la vie;
le pire, c'est ce qui meurt en nous alors que nous vivons.   —
Norman Cousins

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Skulln11
Le Passeur
Le Passeur
Monument

Messages : 11884
Date d'inscription : 19/01/2013
Age : 72
Localisation : Roxton Falls / Québec

http://passeur.chez.com/croissant.html

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Invité Mer 26 Aoû 2015 - 21:16

Toujours aussi savoureux ce recit
Anonymous
Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  little smoke Mer 26 Aoû 2015 - 21:46

Mais quelle histoire mon pauvre ami, je n'ai jamais été malade à ce point Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 2740173328 !

____________________________________________________________________________________________________________________________
Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 1062px-2007-09-02_Le_Chasseron_02

"Tous les êtres de l'Univers sont contenus dans la Pipe, et ils fument avec vous pour envoyer une voix à Wakan Tanka, le Grand Esprit. Lorsque vous priez avec cette Pipe, vous priez pour toutes les choses de l'Univers, et toutes les choses de l'Univers prient avec vous"
Black Elk (Oglala Lakota)
little smoke
little smoke
Légende

Messages : 21987
Date d'inscription : 14/09/2013
Age : 49
Localisation : Suisse méridionale...

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Invité Mer 26 Aoû 2015 - 21:50

Il va sans dire que je vis cette aventure avec toi encore plus, maintenant que tu parles d'endroits que je connais par coeur...
Anonymous
Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Invité Mer 26 Aoû 2015 - 22:01

Tu as le don cher Passeur de susciter la curiosité; et j'ai déjà très envie de connaître la suite. Ce récit à la manière d'un reportage est succulent.
Anonymous
Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Le Passeur Mer 26 Aoû 2015 - 22:21

little smoke a écrit:Mais quelle histoire mon pauvre ami, je n'ai jamais été malade à ce point Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 2740173328 !
et pourtant... tu n'as qu'à regarder les photos prises chez Demosthène le 6 octobre
Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 12784012
et comparer avec celle prise par Bretonnette le 13 octobrte
Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Les_pi10
et tu te dis qu'il y a grosso modo une petite semaine entre ces photos. Ah oui, malade, c'est peu dire. Et pourtant n'était-ce des contraintes budgétaires, je t'assure que je réserverais ma place pour l'Intro d'Octobre! Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 2740173328

____________________________________________________________________________________________________________________________
La mort n'est pas la pire perte dans la vie;
le pire, c'est ce qui meurt en nous alors que nous vivons.   —
Norman Cousins

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Skulln11
Le Passeur
Le Passeur
Monument

Messages : 11884
Date d'inscription : 19/01/2013
Age : 72
Localisation : Roxton Falls / Québec

http://passeur.chez.com/croissant.html

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty L’engin diabolique

Message  Le Passeur Mar 1 Sep 2015 - 18:23

Dimanche 13 octobre, l’engin diabolique
 
J’ai faim, bordel de merde. Je ne sais pas à quand remonte mon dernier repas, mais j’ai une de ces faims, je dévaliserais une boulangerie. Et je dévaliserais aussi une charcuterie, une moutarderie, une cafetière, une... ah oui, j’ai une faim de loup. Je ne sais pas pourquoi on parle d’une faim de loup. C’est vrai, ils peuvent manger beaucoup, mais peuvent aussi être dix jours sans manger. Et la majeure partie de ce qu’ils mangent est rendue en régurgitation pour nourrir leurs petits. Alors... moi je ne régurgiterais pas même une miette.
C’est dément, je ne e souviens pas quand j’ai eu aussi faim. On dirait qu’il y a des jours que je n’ai pas mangé. Allez, un effort, passage sous la douche, avec un nettoyage en profondeur. D’abord, me laver les dents, et réparer l’haleine, ce ne sera pas un luxe. J’ai l’impression qu’il y a plusieurs jours que je ne me suis pas assuré de mon hygiène buccale. Après, je vais en profiter pour nettoyer la barbe, l’égaliser.
Mais au fait, qu’est-ce que mon shampooing fait là sur la vanité ? Normalement il devrait être quelque part dans la douche et tout ce qu’il y a là c’est le liquide à vaisselle. Pas même de pain de savon. Étrange. Je dirais plus, je dirais même que c’est étrange. Sortons donc le pain de savon, le shampooing, approchons les serviettes. Zut, elles sont encore humides. Alors tant pis, je m’essuierai avec des serviettes qui ne sont pas sèches.
Je ne sais pas quelle heure il est, non plus combien de temps j’ai passé sous la douche. Il y a bien un radioréveil dans la chambre, mais je ne crois pas qu’il soit à l’heure. Sans doute qu’il aura repris le fil après une panne de courant et on n’aura pas pensé à le mettre à jour. Oh, c’est pourtant vrai, je n’ai qu’à regarder sur mon pantalon. Je vérifierai quand j’aurai terminé de m’habiller. Ah, c’est agréable cette sensation d’être propre. On devrait pourtant prendre le temps de s’arrêter à ces petits détails de la vie.
En arrivant dans la cuisine, je constate que j’ai laissé le sandwich que j’ai fait préparer au Bistro des Moulins sur la table. Je n’ai pas pour habitude de manger froid, je veux dire directement sorti du frigo, ça me donne des maux d’estomac. Mais eut mieux valu le laisser dans le frigo, au moins il ne serait pas perdu. Le seul fait de m’approcher de la table me fait monter au nez des relents de tomate en décomposition. Je n’aime pas jeter de la nourriture, mais là, je ne vois pas vraiment comment y échapper.
Ah, je regrette de ne pas avoir vu cette épicerie dont parlait la demoiselle où j’ai acheté ce sandwich, j’y aurais acheté de quoi me taper un petit déjeuner, et surtout de quoi me faire un café. J’ai soif, mais soif, je me sens déshydraté. Ça me paraît d’ailleurs tout à fait normal dans les circonstances. Je ne sais pas à quel point, mais je sais que j’ai transpiré à profusion. Au moins je sais que je suis en bonne voie de guérison, parce que la faim et la soif ne me tenailleraient pas à ce point. Tabadoc qui est toubib confirmerait certainement. Je trouve ça moche d’avoir perdu mon carnet d’adresses, j’aurais bien aimé le rencontrer. Je suis conscient d’être près de chez lui, mais étant médecin, ça m’étonnerait beaucoup que son numéro de téléphone soit publié.
Ne me reste, finalement, qu’à poursuivre ma route comme un touriste. J’irai voir la Baie des Trépassés, j’irai voir ce monument de la Pointe du Raz, après je tenterai de trouver Georges-Alain, puis je ferai comme prévu, je poursuivrai jusqu’à ce que je sois prêt à rendre la voiture, le jour de l’anniversaire de Mélu. Je sais que c’est dimanche parce qu’on vient de l’annoncer à la télé. « Voici les nouvelles régionales de ce dimanche 13 octobre. » Il y a donc deux jours que je suis ici.
Bon, il est neuf heures trente, il est temps d’aller prendre le petit déjeuner. Je n’aurai pas l’air de celui qui attendait l’ouverture de la salle à manger pour s’y engouffrer. Sitôt que ce sera fait, j’essaierai de trouver cette épicerie, ou plutôt ce marché comme ils appellent ça ici, je m’achèterai une bouteille d’eau de même qu’un jus quelconque. Je déteste les jus, presque autant que l’eau, mais je sais que je dois boire. Je ferai donc sacrifice et je boirai. C’est vrai, me faut de l’essence aussi. Ah, la dame qui tient ce gîte me dira certainement où trouver tout ça.
Difficile de trouver plus sommaire en tant que petit déjeuner. Le terme frugal est vraiment à propos dans les circonstances. J’ai encore faim, même si le pire est passé. Au moins j’en ai assez pour me rendre au dîner. Et j’ai aussi pris mes bonbons. Je ne me souviens même pas depuis quand je ne les avais pas pris. Il me semble que c’est depuis saint Claude. J’ai également mes informations pour trouver une épicerie et un poste d’essence. Les deux sont d’ailleurs au même endroit, d’après madame. Je trouve ça quand même étrange. D’après elle, je suis passé devant quand je suis arrivé. Maintenant, préparons-nous, ramassons ce qui nous appartient et continuons notre route. Ça vaudra mieux pour nous.
Maintenant que j’ai récupéré ma trousse de nuit, ne me reste plus qu’à ranger tout ça dans la voiture, ou plutôt dans mes bagages, et rouler. Je viens d’ailleurs de retrouver, je ne sais pas comment il se fait que je ne l’aie pas vu avant, mon convertisseur de branchement, tout au fond de ma trousse de nuit, ce qui est logique. Malheureusement, je n’ai pas les fils. De toute façon, il est trop tard pour songer à recharger la tablette et l’appareil-photo, je suis sur le départ. C’est avant-hier qu’il eut été mieux de les trouver. Comme ça j’aurais pu les mettre à recharger pendant que je dormais. Enfin, l’important c’est de les avoir retrouvés.
Sitôt mes affaires bien rangées dans la valise, je m’assois derrière le volant, non sans remarquer que je n’avais pas verrouillé mes portières. Heureusement pour moi, Mélu n’est pas là, j’aurais droit à un de ces remontages de bretelles... Avec la tablette et l’appareil photo sur le siège du navigateur, déjà ce n’était pas très prudent de les laisser bien en vue, alors avec les portières non verrouillées, c’était déjà en soi une invitation au vol.
Oh merde ! Il y a aussi le GPS de Dragonette que je n’avais pas débranché et laissé bien en vue. Tiens donc, c’est étrange, je n’ai pas souvenir de l’avoir entendu sur la route. Comme si j’avais roulé en automate. Et je me souviens parfaitement avoir demandé à Dragon lorsqu’il l’a programmé à mon intention, de mettre le volume au maximum. Et je jurerais bien ne pas l’avoir entendu. Et maintenant il parle... enfin, l’important c’est précisément qu’il parle maintenant.
Sitôt dépassé le marché E. Leclerc, où j’ai acheté une baguette, de l’eau (j’en aurai jusqu’à plus soif, j’en ai six bouteilles puisque c’et tout ce qu’ils avaient en matière d’eau non gazéifiée. Bon, peut-être que ce n’est pas tout ce qu’ils avaient, mais c’est tout ce que j’ai vu. Acheté aussi des raisins parce que ça se mange bien sur la route sans avoir à la quitter des yeux, plus une bouteille de jus d’orange, de même que fait le plein d’essence, je suis prêt à repartir. Programmons donc le GPS (puisqu’il accepte maintenant de parler) pour aller à la Baie des Trépassés.
Dimanche matin, puisque je refais pour une partie du moins le même chemin que quand je suis arrivé, retournant littéralement sur mes pas, je roule pépère, de façon à découvrir ce paysage que je n’ai pas enregistré quand j’y suis passé la première fois. Il fait beau ce matin. Quelques nuages à l’horizon, mais c’est vraiment un temps splendide. Je regrette simplement de ne pas pouvoir m’arrêter et de n’avoir pas quelqu’un d’autre qui conduise pour me permettre de pleinement profiter du paysage. Soudain, je sursaute, le téléphone sonne. Je l’ai entendu dès les premières sonneries, mais pour moi qui n’en ai pas à la maison, qui n’en possède un que depuis saint Claude, c’est une surprise. Et je sursaute tellement que je suis près de me retrouver dans le décor. Heureusement, je suis seul sur cette route dominicale. Je me range donc et, après avoir mis le frein de sûreté, j’essaie de repérer le bouton que Dragon m’a clairement identifié pour répondre...
— Oui, bonjour...
— Allo Gervais, c’est Marc... T’as des problèmes ? Bon sang, Gervais, on est tous inquiets comme des malades, tout le monde demande et attend de tes nouvelles sur le forum, Mélu non plus n’a pas de nouvelles de toi, on est vraiment inquiets, je t’assure. Y a Tabadoc aussi avec qui j’ai parlé tout à l’heure, qui s’attendait à te voir arriver, au plus tard hier, mais plutôt avant-hier et qui n’a pas de nouvelles. Je te dis, tout le monde se demande où t’es passé...
Aussitôt les larmes me montent aux yeux. Depuis quelques temps, j’avais l’impression d’être seul au monde, rien de moins que perdu dans un monde que je ne connais pas et, tout à coup, je découvre qu’il y a des gens qui se préoccupent de mon sort, cette découverte est à ce point étrange, réconfortante, que je laisse couler les larmes sans gêne. Si Dragon était devant moi je me retiendrais, j’ai aussi mon orgueil, mais comme personne n’est en mesure de me voir, j’ouvre grandes les vannes et me laisse aller.
— Désolé pour l’inquiétude de tous et chacun, j’ai tout simplement été malade. Mais ça va mieux ce matin. Ne me reste plus qu’à me remplumer. Quant à Tabadoc, faudra bien faire une croix sur notre rencontre, parce que j’ai perdu mon carnet d’adresses. Si t’en as la possibilité, j’aimerais que tu envoies un mot à Mélu pour lui dire de ne pas s’inquiéter, tout est rentré dans l’ordre maintenant je vais nettement mieux.
— Tu nous as fait une de ces frousses, mon ami...
— Si tu savais, Dragon, à quel point ton téléphone me fait du bien ce matin !
— C’est aussi à ça que sert un forum. Dis-moi où t’es, actuellement.
— Je ne le sais pas, quelque part près de Plouvien, je pense, mais j’en suis pas certain.
— Bon, tu ne bouges pas de là, j’appelle Tabadoc puis on va te sortir de là. Je te rappelle d’ici quelques minutes. Surtout ne bouge pas.
Il est difficile de décrire la sensation du moment, tant physiquement que psychologiquement. Chose certaine, je ne bougerai pas. Je ne le ferais pas pour tout l’or du monde, même si la Gendarmerie au complet me mettait en joue et m’ordonnait de partir. Ah, ce que j’aime le téléphone ce matin. Depuis des lustres, je déteste les téléphones. Qu’on ne me demande pas pourquoi, je n’en ai pas souvenir. Mais je les déteste. Pour les utiliser, pour appeler quelqu’un, pour recevoir un appel, je les hais. Mais ce matin, je crois bien que je serais prêt à l’embrasser.
Et comme les choses semblent près de se régler, pour une fois, je m’autorise à prendre une bouffarde. L’une de celles que j’avais préparées en quittant la Vendée. Et mon contrat de location a beau stipuler que je n’ai pas le droit de fumer à bord, pour l’heure je n’en ai rien à cirer. De toute façon, la vitre de ma portière est ouverte. Alors ça ne peut pas faire grand mal. De toute façon, je suis convaincu que cette interdiction est à l’endroit des captifs de la Tueuse. J’attends donc maintenant, patient si besoin, que mon téléphone me rappelle à l’ordre et je songe au forum, songe à tous les forums par lesquels je suis passé depuis mon arrivée sur Internet. CaféIn avec ses suppôts du Front National avec lesquels je me suis copieusement engueulé, Psychaud que j’ai quitté en claquant la porte, Coyotetbipbip où il y avait fraternité mais trop peu d’affluence pour être viable, un autre dont je n’arrive pas à me souvenir dont le maître des lieux refusait catégoriquement de mettre des limites aux sujets abordés et qui est mort, précisément pour cette raison, ZeBistro, mon propre forum qui a tenu quatre ans mais mort quand son créateur, Vestris, a décidé de mettre la clé dans la porte , puis Yatahonga où j’ai connu mon amie Alsacienne il y a une dizaine d’années, de même que quelques autres personnes auxquelles je me suis attaché avant que nos routes divergent. J’ai quitté ce forum par dégoût après qu’un membre qui avait des privilèges que d’autres n’avaient pas en a profité pour prendre toute la communauté pour des dindes à farcir.
Puis, ce fut l’aventure merveilleuse avec le Tasse-braise où j’ai connu plusieurs personnes qui sont devenues des ami(e)s. Parfois ce forum me manque. Je sais bien qu’officiellement j’y ai retrouvé mes entrées avec pleins droits, mais il y a quelque chose qui est brisé et, en toute honnêteté, je n’y retourne pas parce que autant je m’y reconnaissais, autant aujourd’hui j’ai la sensation que ce n’est plus chez moi. Une aventure extraordinaire que le Tasse-Braise où j’ai connu Alf et Georges-Alain chez qui je devais passer et que j’essaierai de trouver un moyen de les contacter, peut-être même les voir avant de quitter la Bretagne. Ces deux jours hors de combat m'ont foutu dans la merde et pas à peu près. C’est difficile de dire à l’agence de location que je veux prolonger de deux jours sans frais additionnels parce que j’ai été alité pendant deux jours, de sorte que je n’ai pas pu utiliser la boîte à savon...
J’en ai fait du chemin depuis mon arrivée sur Internet. J’en ai vu des fora, de toutes les sortes. Mais je suis certain qu’aucun d’entre eux n’aurait pu m’apporter, en situation analogue, un tel sentiment de sécurité. Oui, on se sentait bien, on s’y amusait ferme dans bien des cas ; dans certains on pouvait ouvertement parler de choses qui ne plairaient pas dans d’autres sites ; on pouvait même, en quelques cas particuliers, se montrer grossier, jurer, mais une solidarité telle que celle que je sens, que je ressens à la Noble Bouffarde, je ne l’ai jamais vu et encore moins ressenti sur aucun autre forum que celui-ci...
(Tiens, le téléphone...)
— Salut Marc !
— Non c’est Tabadoc. Paraît que t’es perdu. Dis-moi, d’où es-tu parti ce matin ?
— Ça ne te dit probablement pas grand-chose, un coin qui s’appelle Lannilis.
— Et tu en es parti depuis longtemps ?
— Moins d’une demi-heure, je présume.
— Et qu’est-ce que tu vois autour de toi ?
— Le décompte est vite fait : à gauche une forêt, à droite un champ de maïs.
— Et qu’est-ce que tu vois au loin ?
—Je crois voir un clocher. Sans doute une église.
— C’est parfait. Reprends la route et dirige-toi vers ce clocher. Je suis sorti faire quelques courses, mais je t’y rejoindrai d’ici une vingtaine de minutes.
— D’accord, j’essaie de m’y rendre. De quel côté dois-je m’installer ?
— Peu importe. S’il le faut, je ferai le tour.
— D’accord. J’essaie de m’y rendre. À tout hasard j’ai une boîte d’allumettes ; enfin, une Fiat 500 blanche.
— C’est noté. À tout’.
Il me fut nettement plus facile de me rendre en bordure de cette église que je ne l’aurais initialement cru. Sans doute que les écarts de santé étant plus ou moins totalement derrière moi y étaient pour quelque chose, mais j’arrivai près du lieu du culte suffisamment avant Tabadoc pour avoir le temps de repérer les lieux tout en rallumant ma pipe, fasciné de constater que j’étais de biais (sur la même rue) avec la bibliothèque où j’ai passé la nuit.
—C’est une bagatelle, me dit Tabadoc en guise de salutations lorsqu’il me rejoint. Nous sommes à trois minutes de la maison.
Je n’ai pas osé, sur le coup, lui avouer que j’avais couché dans la voiture deux jours plus tôt, à trois malheureuses minutes de chez lui. De toute façon, je n’ai qu’à voir avec quelle déférence, avec quelle attention sa merveilleuse conjointe Bretonnette et lui se sont occupés de moi pendant mon séjour chez eux. Et je ne parle même pas de Audie qui m’a accueilli comme si j’étais parti depuis une semaine, comme si je faisais partie de la maison. Je n’ose pas mentionner sa race, de peur de me fourvoyer et par crainte de voir Bretonnette venir me tirer les oreilles. Enfin, je crois que c’est une Fox Terrier et puis ce sera tant pis si Bretonnette vient me donner la fessée Smile
 
Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Dscn6510
 
Parlant de Audie, elle, Tabadoc et moi sommes allés prendre une marche (forcée) que j’aurais préférée plus lente vu mon statut de convalescent, mais j’ai cru comprendre que c’est la manière de Tabadoc de se détendre après les affres de son statut professionnel qui, convenons-en, n’est pas dépourvu de stress. Alors je me suis tu et, tant bien que mal, j’ai pris les dispositions pour suivre.
J’ai droit à de sérieuses remontrances de la part du toubib qu’est Tabadoc. Vous parlez d’une idée, aller voir un toubib au sortir de maladie. Il me vilipende au sujet de ma déshydratation — comme si, plutôt que d’en être victime, j’en étais responsable — voudrait me faire prendre de l’eau (comme si je n’avais pas été suffisamment malade !). J’ai beau lui dire que je m’en suis acheté une bouteille à Lannilis, j’ai l’impression que ça ne lui suffit pas. Comme si une bouteille d’eau dans la voiture n’était pas intrinsèquement garante de ma bonne volonté en la matière, je suis menacé, moi qui suis déjà agonisant, d’être contraint à boire malgré moi...Tant qu’à boire de force, de mauvaise grâce, j’accepte un Ricard, évidemment sec Smile
J’ai d’ailleurs profité de l’occasion pour photographier, à l’intention de mon amie Alsacienne qui en est folle, une ânesse qui, si ma mémoire est bonne, avait été recueillie par le voisin de Bretonnette et Tabadoc un ou deux jours plus tôt. Je ne saurais cependant dire avec certitude dans quelle circonstance. Je crois cependant me souvenir que cette ferme était une sorte de gîte pour les animaux. Je serais d’ailleurs bien incapable de dire combien j’y ai vu de chats...
Le déjeuner dominical terminé, retenu par des affaires familiales et parti dans une direction, Tabadoc me laisse avec Bretonnette, sa sœur et son beau-frère et nous voilà partis vers les ruines de l’Abbaye saint Mathieu à la Pointe du même nom en Pays d’Iroise, laissée entre les mains de l’État qui, quant à elle, la laisse dépérir comme c’est souvent le cas, autant chez nous qu’en France. Construite entre le XIe et le XVe siècle, mélangeant les styles roman et gothique, je présume qu’au faite de sa gloire, c’était un temple simplement magnifique
 
Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Dscn6511
Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Dscn6512
Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Dscn6513
Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Dscn6514
 
Comme chacun le sait, j’ai de forte attaches pour la mer et à l’endroit des travailleurs de la mer comme les appelait Hugo, Nous nous sommes donc arrêtés au monument aux perdus en mer avant de filer jusqu’au Conquet où j’aurai le plaisir de photographier le sourire de Bretonnette, en compagnie de sa sœur.
 
Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Dscn6515
Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Dscn6516
 Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Dscn6517

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Dscn6519


De retour pour le dîner j’explique à Tabadoc et Bretonnette mon intention de revenir sur mes pas pour aller voir Georges-Alain et Alf après un saut de puce à la Pointe du Raz et à la Baie des Trépassés, avant de filer jusqu’à Carnac.
D’après leur dire, si j’avais encore un vingt-quatre heures supplémentaire ce serait toujours envisageable, mais je n’ai plus qu’une journée entière devant moi pour me rendre jusqu’à et visiter Carnac, ce qui est nettement trop peu pour faire un détour via Loudéac et Lannion. D’après mes hôtes, même si je dois me faire houspiller, il est hors de question pour moi de faire Loudéac et Carnac et visiter cette dernière dans la même journée. D’autant que le lendemain 15 au matin, je dois partir tôt parce que je dois rendre la voiture pour 9 heures du matin à Nantes. La mort dans l’âme, j’accepte donc leur verdict. Mais je me doute bien que je n’ai pas fini d’en entendre parler. Je suis conscient que je suis attendu à Loudéac alors que je suis espéré à Lannion.


Dernière édition par Le Passeur le Mar 1 Sep 2015 - 21:25, édité 1 fois

____________________________________________________________________________________________________________________________
La mort n'est pas la pire perte dans la vie;
le pire, c'est ce qui meurt en nous alors que nous vivons.   —
Norman Cousins

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Skulln11
Le Passeur
Le Passeur
Monument

Messages : 11884
Date d'inscription : 19/01/2013
Age : 72
Localisation : Roxton Falls / Québec

http://passeur.chez.com/croissant.html

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  l3 83l63 Mar 1 Sep 2015 - 18:41

On ne s'en lasse pas de ces tribulations... Vivement la suite Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 1003197484
l3 83l63
l3 83l63
Habitant récent
Habitant récent

Messages : 171
Date d'inscription : 14/08/2015
Age : 39
Localisation : Tournai

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Le Passeur Mar 1 Sep 2015 - 18:52

l3 83l63 a écrit:On ne s'en lasse pas de ces tribulations... Vivement la suite Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 1003197484
C'est essoufflant, donne-moi une chance...  Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 3993738309

____________________________________________________________________________________________________________________________
La mort n'est pas la pire perte dans la vie;
le pire, c'est ce qui meurt en nous alors que nous vivons.   —
Norman Cousins

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Skulln11
Le Passeur
Le Passeur
Monument

Messages : 11884
Date d'inscription : 19/01/2013
Age : 72
Localisation : Roxton Falls / Québec

http://passeur.chez.com/croissant.html

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Invité Mar 1 Sep 2015 - 19:52

2 points importants mon cher Passeur:
- tu oublies de dire que je t'ai baisé (c'est bien comme çà qu'on dit à Québec pour faire la bise ? Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 2524151128) sur le parking à Plouvien
- ce n'est pas le pays d'Oise mais bien le pays d'Iroise.

Voilà, çà t'apprendra à dire à tout le monde que je t'ai martyrisé avec mes conseils médicaux pendant tout ton séjour ou presque…
(et que Bretonnette a bien dû vérifier que tu avais pris tes lousous (nom breton pour les médicaments) suite aux recommandations expresses de Mélu…)
Anonymous
Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Le Passeur Mar 1 Sep 2015 - 21:19

Tabadoc a écrit:2 points importants mon cher Passeur:
- tu oublies de dire que je t'ai baisé (c'est bien comme çà qu'on dit à Québec pour faire la bise ? Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 2524151128) sur le parking à Plouvien
Voilà, çà t'apprendra à dire à tout le monde que je t'ai martyrisé avec mes conseils médicaux pendant tout ton séjour ou presque…
(et que Bretonnette a bien dû vérifier que tu avais pris tes lousous (nom breton pour les médicaments) suite aux recommandations expresses de Mélu…)
Ne lance pas des rumeurs ici, Tabadoc. Tu m'as fait la bise, tu m'as pas baisé...  Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 1297996604  Nous utilisons la même définition que vous  Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 3993738309
Merci pour le correctif au sujet du Pays d'Iroise, je vais faire la correction tout de suite dans le texte  Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 3562310278
Mélu vient de lire par-dessus mon épaule et demande à remercier Bretonnette pour sa solidarité féminine...

Voilà. Et une autre photo que j'aurais dû mettre, entre autres raisons parce que je l'aime bien:

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Dscn6518

____________________________________________________________________________________________________________________________
La mort n'est pas la pire perte dans la vie;
le pire, c'est ce qui meurt en nous alors que nous vivons.   —
Norman Cousins

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Skulln11
Le Passeur
Le Passeur
Monument

Messages : 11884
Date d'inscription : 19/01/2013
Age : 72
Localisation : Roxton Falls / Québec

http://passeur.chez.com/croissant.html

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  little smoke Mar 1 Sep 2015 - 21:21

Je n'ai pas encore tout lu cher ami, mais la superbe photo que tu viens de publier à tout d'un tableau de maître, merci Wink !

____________________________________________________________________________________________________________________________
Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 1062px-2007-09-02_Le_Chasseron_02

"Tous les êtres de l'Univers sont contenus dans la Pipe, et ils fument avec vous pour envoyer une voix à Wakan Tanka, le Grand Esprit. Lorsque vous priez avec cette Pipe, vous priez pour toutes les choses de l'Univers, et toutes les choses de l'Univers prient avec vous"
Black Elk (Oglala Lakota)
little smoke
little smoke
Légende

Messages : 21987
Date d'inscription : 14/09/2013
Age : 49
Localisation : Suisse méridionale...

Revenir en haut Aller en bas

Les tribulations d'un Québécois en Gaule - Page 8 Empty Re: Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Page 8 sur 12 Précédent  1, 2, 3 ... 7, 8, 9, 10, 11, 12  Suivant

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum